- InvitéInvité
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Monsieur le proviseur adjoint,
Puisque les élèves n’ont pas eu de prof devant eux depuis deux mois, la seule appréciation équitable et honnête me semble quelque chose du genre : « moyenne non représentative du niveau de l’élève, difficilement évaluable en raison d’une longue absence du professeur » (multipliée par 36). Je vous fais confiance pour trouver la bonne formule à destination des parents. Il m’est difficile d’évaluer individuellement les élèves après une absence de deux mois, mais n’hésitez pas à le faire si vous l’estimez nécessaire. M’est avis que tous les gamins méritent d’être encouragés.
Par ailleurs et surtout, réalisez-vous l’incroyable sécheresse de vos voeux de prompt rétablissement ? J’ai passé la nuit à réfléchir à votre prose et j’en suis venu à formuler quelques questions purement rhétoriques. Lors des réunions de cadres au rectorat, vous arrive-t-il d’évoquer les « risques psychosociaux » liés aux politiques d’affectation des TZR et des contractuels ? Et plus généralement de réfléchir aux conditions de travail que vous participez à mettre en œuvre ? J’ai constaté que les chefs d’établissement souffrent aussi parfois de la brutalité administrative qui est leur « coeur de métier » et qui ne doit pas manquer d’être en décalage avec leur vocation et leurs aspirations... Mais depuis six ans que je suis TZR, les personnels de direction qui me supervisent ne cessent de me montrer que je ne suis pour eux qu’un volume horaire interchangeable, un bloc de moyens provisoires, bmp pour les intimes, et aucun d’entre eux ne semble entrevoir les effets produits par la pensée néomanagériale dont l’Etat les abreuve apparement. Plus simplement, aucun d’entre eux ne semble non plus se préoccuper des effets produits par cette distance physique et symbolique qu’ils maintiennent entre eux et nous à coups de costumes, de vouvoiement et de postures d’autorité. Sommes nous collègues, ou pas ? Sommes-nous des êtres humains, ou pas ? Pas un coup de fil en deux mois pour savoir comment j’allais. Ça vous indiffère ? ou bien vous préférerez ne pas savoir ?
- MauvetteÉrudit
Bouleversant. J'ai partagé.
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Je vais bien, ne t'en fais pas
- User21929Expert
En effet c'est ce que nous vivons si nous ne nous rebellons pas.
Heureusement qu'il y a encore des collègues qui ont le courage de leur mettre un miroir en face !!!
Heureusement qu'il y a encore des collègues qui ont le courage de leur mettre un miroir en face !!!
- gauvain31Empereur
amethyste a écrit:Témoignage effrayant de ce que devient la machine EN.
+1000 Témoignage effrayant , mais pas étonnant hélas (je suis TZR dans l'académie avec la chance d'être affecté au sein d'une grande métrople, mais dans un département rural et dans les conditions d'exercice qui sont les siennes , n'importe qui aurait sûrement craqué. Effectivement la machine EN nous considère comme l'un de ses boulons, alors quand un boulon s'use, on ne lui demande pas comment il va . Logique, lorsque le système nous déshumanise.
Je vais l'afficher en salle des professeurs
- chmarmottineGuide spirituel
gauvain31 a écrit:amethyste a écrit:Témoignage effrayant de ce que devient la machine EN.
+1000 Témoignage effrayant , mais pas étonnant hélas (je suis TZR dans l'académie avec la chance d'être affecté au sein d'une grande métrople, mais dans un département rural et dans les conditions d'exercice qui sont les siennes , n'importe qui aurait sûrement craqué. Effectivement la machine EN nous considère comme l'un de ses boulons, alors quand un boulon s'use, on ne lui demande pas comment il va . Logique, lorsque le système nous déshumanise.
Je vais l'afficher en salle des professeurs
J'ai eu la même idée, mais je n'ose pas trop. Le collègue en question voudrait-il cela ?
- User17095Érudit
La situation est bouleversante effectivement, l'affectation des TZR est à revoir... même si c'est difficile d'éviter les affectations multiples auxquelles il est difficile de faire face, elle répond à une problématique de service public, qui passe brutalement avant les individus.
Je suis tout de même gêné par le reproche "Pas un coup de fil en deux mois pour savoir comment j’allais. Ça vous indiffère ? ou bien vous préférerez ne pas savoir ?"
Les nouvelles à prendre le sont par les collègues, c'est à dire ceux qui exercent le même métier. Je sais d'expérience que si j'appelle un professeur en arrêt chez lui pour prendre des nouvelles, je vais me faire envoyer promener.
C'est plus aux divisions du personnel que ce courrier doit être adressé...
Je suis tout de même gêné par le reproche "Pas un coup de fil en deux mois pour savoir comment j’allais. Ça vous indiffère ? ou bien vous préférerez ne pas savoir ?"
Les nouvelles à prendre le sont par les collègues, c'est à dire ceux qui exercent le même métier. Je sais d'expérience que si j'appelle un professeur en arrêt chez lui pour prendre des nouvelles, je vais me faire envoyer promener.
C'est plus aux divisions du personnel que ce courrier doit être adressé...
- gauvain31Empereur
pogonophile a écrit:La situation est bouleversante effectivement, l'affectation des TZR est à revoir... même si c'est difficile d'éviter les affectations multiples auxquelles il est difficile de faire face, elle répond à une problématique de service public, qui passe brutalement avant les individus.
Je suis tout de même gêné par le reproche "Pas un coup de fil en deux mois pour savoir comment j’allais. Ça vous indiffère ? ou bien vous préférerez ne pas savoir ?"
Les nouvelles à prendre le sont par les collègues, c'est à dire ceux qui exercent le même métier. Je sais d'expérience que si j'appelle un professeur en arrêt chez lui pour prendre des nouvelles, je vais me faire envoyer promener.
C'est plus aux divisions du personnel que ce courrier doit être adressé...
Merci de ne pas généraliser
- User17095Érudit
Précisément : c'est délicat.
On ne peut pas deviner à l'avance si le contact va être bienvenu et perçu comme ce qu'il est, c'est à dire un peu d'humanité, ou bien si la personne en arrêt va y voir un contrôle importun, une agression.
Je précise que je me suis fait menacer de plainte pour harcèlement quand même hein... ça échaude.
On ne peut pas deviner à l'avance si le contact va être bienvenu et perçu comme ce qu'il est, c'est à dire un peu d'humanité, ou bien si la personne en arrêt va y voir un contrôle importun, une agression.
Je précise que je me suis fait menacer de plainte pour harcèlement quand même hein... ça échaude.
- Philomène87Grand sage
pogonophile a écrit:Précisément : c'est délicat.
On ne peut pas deviner à l'avance si le contact va être bienvenu et perçu comme ce qu'il est, c'est à dire un peu d'humanité, ou bien si la personne en arrêt va y voir un contrôle importun, une agression.
Je précise que je me suis fait menacer de plainte pour harcèlement quand même hein... ça échaude.
Pour ça, je suis d'accord.
Il suffit de lire le forum pour se rendre compte que très peu d'enseignants apprécient d'être appelés pendant un arrêt.
- PaleoprofFidèle du forum
pogonophile a écrit:La situation est bouleversante effectivement, l'affectation des TZR est à revoir... même si c'est difficile d'éviter les affectations multiples auxquelles il est difficile de faire face, elle répond à une problématique de service public, qui passe brutalement avant les individus.
Je suis tout de même gêné par le reproche "Pas un coup de fil en deux mois pour savoir comment j’allais. Ça vous indiffère ? ou bien vous préférerez ne pas savoir ?"
Les nouvelles à prendre le sont par les collègues, c'est à dire ceux qui exercent le même métier. Je sais d'expérience que si j'appelle un professeur en arrêt chez lui pour prendre des nouvelles, je vais me faire envoyer promener.
C'est plus aux divisions du personnel que ce courrier doit être adressé...
+1
Ce témoignage me bouleverse. Ce message ne changera malheureusement probablement pas la situation terrifiante que vit Mathieu.
Mais je partage l'avis de Pogonophile concernant le mail du CdE. Je ne le trouve pas agressif ni qu'il démontre un profond désintérêt du CdE vis-à-vis de la convalescence de son collègue. Pour ma part, je n'accepterai pas davantage de la part de mon chef d'établissement. Et quand j'encadrais moi-même des collaborateurs, il m'est arrivé une unique fois de prendre directement des nouvelles de leur convalescence, cela a été reçu comme une injonction à revenir au poste de travail. Depuis, je me renseignais uniquement auprès des collègues directs de la personne ou auprès des RH.
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Je construis ma suite......
- sandGuide spirituel
Ca me rappelle une petite conversation :
"Allo Mme Sand ? Je vous appelle pour savoir si vous reprenez bien dans une semaine.
- Bonjour Mme la principale. C'est bien aimable de prendre de mes nouvelles.
- ...
- Je vous rassure, l'opération s'est bien passée et je serai au collège lundi."
"Allo Mme Sand ? Je vous appelle pour savoir si vous reprenez bien dans une semaine.
- Bonjour Mme la principale. C'est bien aimable de prendre de mes nouvelles.
- ...
- Je vous rassure, l'opération s'est bien passée et je serai au collège lundi."
- DhaiphiGrand sage
Mais depuis six ans que je suis TZR, les personnels de direction qui me supervisent ne cessent de me montrer que je ne suis pour eux qu’un volume horaire interchangeable, un bloc de moyens provisoires
Bah oui, c'est le boulot de "remplaçant" de boucher les trous au mieux selon les besoins et d'être déplacé si la nécessité s'en fait sentir. Dans Titulaire Mobile, il y a "mobile".
J'ai exercé cette coupable activité durant des années et il ne me serait pas venu de m'étonner du rôle qui m'était attribué.
Bah oui, c'est le boulot de "remplaçant" de boucher les trous au mieux selon les besoins et d'être déplacé si la nécessité s'en fait sentir. Dans Titulaire Mobile, il y a "mobile".
J'ai exercé cette coupable activité durant des années et il ne me serait pas venu de m'étonner du rôle qui m'était attribué.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- acsyleNiveau 10
Dhaiphi a écrit:Mais depuis six ans que je suis TZR, les personnels de direction qui me supervisent ne cessent de me montrer que je ne suis pour eux qu’un volume horaire interchangeable, un bloc de moyens provisoires
Bah oui, c'est le boulot de "remplaçant" de boucher les trous au mieux selon les besoins et d'être déplacé si la nécessité s'en fait sentir. Dans Titulaire Mobile, il y a "mobile".
J'ai exercé cette coupable activité durant des années et il ne me serait pas venu de m'étonner du rôle qui m'était attribué.
Tu as bien lu le texte ?
Tu dormais, toi aussi, "trois nuits par semaines seul dans un mobilier de salle de classe" ?
Je me reconnais sur bien des points dans ce témoignage. Mon soutien total à ce collègue.
- User17095Érudit
Euh y des chambres, elles sont sûrement moches mais elles existent, on lui a donné accès à ce qui existait, et qui n'existe pas toujours... A qui s'adresse le reproche au juste ?
- acsyleNiveau 10
Non mais les chambres c'est juste un exemple. De toute évidence il y a dans la situation du collègue une accumulation de problèmes qui ont conduit à un burn out.
Donc dire "on a signé pour ça , on ne doit pas se plaindre " euh...
Donc dire "on a signé pour ça , on ne doit pas se plaindre " euh...
- User17095Érudit
Je n'ai pas identifié la matière, comment reste-t-on TZR six ans ?
- LilypimsGrand sage
Ici, en lettres, c'est très courant.
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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- InvitéInvité
pogonophile a écrit:Je n'ai pas identifié la matière, comment reste-t-on TZR six ans ?
De la même façon qu'en restant TZR 14 ans... en se faisant passer devant par les rapprochements de conjoints.
- DesolationRowEmpereur
pogonophile a écrit:Précisément : c'est délicat.
On ne peut pas deviner à l'avance si le contact va être bienvenu et perçu comme ce qu'il est, c'est à dire un peu d'humanité, ou bien si la personne en arrêt va y voir un contrôle importun, une agression.
Je précise que je me suis fait menacer de plainte pour harcèlement quand même hein... ça échaude.
pogonophile a écrit:Euh y des chambres, elles sont sûrement moches mais elles existent, on lui a donné accès à ce qui existait, et qui n'existe pas toujours... A qui s'adresse le reproche au juste ?
pogonophile a écrit:Je n'ai pas identifié la matière, comment reste-t-on TZR six ans ?
On le sent venir, progressivement et discrètement, le "mais de quoi il se plaint, hein ?"
- User17095Érudit
DesolationRow a écrit:
On le sent venir, progressivement et discrètement, le "mais de quoi il se plaint, hein ?"
Tu sens ce que tu as envie de sentir, mais qui n'est pas là, donc garde ton procès d'intention ok ?
Je posais la question sur les TZR parce que la seule académie dont je connais un peu le mouvement est celle de Paris, pas mal blindée en Lettres.
Les entrants peuvent rester TZR quelques années, mais un voeu ouvert permet d'avoir un poste fixe relativement (c'est très relatif...) vite. Evidemment la contrainte géographique n'est pas comparable à Midi-Pyrénées ou à des régions rurales...
- CasparProphète
pogonophile a écrit:Je n'ai pas identifié la matière, comment reste-t-on TZR six ans ?
J'ai été TZR pendant huit ans, en anglais, alors que je faisais des voeux raisonnables.
@Dhaiphi: Titulaire Mobile ? À ma connaissance cette appellation n'existe pas.
- LilypimsGrand sage
Dhaiphi a écrit:Mais depuis six ans que je suis TZR, les personnels de direction qui me supervisent ne cessent de me montrer que je ne suis pour eux qu’un volume horaire interchangeable, un bloc de moyens provisoires
Bah oui, c'est le boulot de "remplaçant" de boucher les trous au mieux selon les besoins et d'être déplacé si la nécessité s'en fait sentir. Dans Titulaire Mobile, il y a "mobile".
J'ai exercé cette coupable activité durant des années et il ne me serait pas venu de m'étonner du rôle qui m'était attribué.
Bien sûr que c'est le boulot comme tu dis, mais c'est fatiguant ; quand on est sur poste partagé, ça l'est encore plus ; quand on passe du collège au lycée ou inversement sans transition, ou les deux en même temps, ça l'est encore plus ; quand on remplace quelqu'un qui fait des heures supp., ça l'est encore plus ; ou quelqu'un qui a une spécialité qu'on ne maîtrise pas ; et qu'il faut se battre pour ne pas enseigner le latin, ou le grec ; et qu'il faut s'adapter à l'organisation de chaque établissement (qu'on est censé connaître en débarquant comme si c'était pareil partout) ; et qu'il faut se taper les réunions de tous les côtés ; tout ça comme si on était une machine. C'est vraiment si difficile à comprendre ? Ça mérite vraiment ce mépris à peine voilé?
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...il faut continuer, je ne peux pas continuer, il faut continuer, je vais donc continuer...
- ddalcatelNiveau 9
Dans l'académie de Toulouse dans certaines matières la zone de remplacement est... l'académie. On peut être trimballé de Tarbes à Rodez, en passant par Foix ou Figeac, pour finir l'année à Millau ou Auch. Tout simplement honteux. Et ce, pendant des années...
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