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- MathadorEmpereur
Panta Rhei a écrit:Ta remarque est très juste Zagara. Le fait est aussi que les métiers "manuels" (terme impropre mais vous comprendrez) n'ont pas la côte. La chaudronnerie en 2018 n'a rien à voir avec ce qu'elle était il y a 20 ans.
Il faudrait rénover les 2 autres voies: professionnelle et technique et leur donner de l'attractivité. (Bon, il faudrait aussi que les élèves acceptent de travailler en utilisant leurs mains et leur tête).
J'ai eu il y a bien longtemps un élève qui a fait un CAP puis un Bac pro puis une BTS et une licence. Il vient de terminer son Master. :o)
D'après les échos que j'ai eus, les postes de gratte-papier bac+2/3 sont bien plus convoités que ceux de chaudronnier. De là à attribuer une valeur ajoutée négative à la massification incontrôlée de l'université…
Et pour donner de l'attractivité à la voie professionnelle, on pourrait déjà commencer par supprimer les CCF qui combinent les défauts des épreuves terminales et ceux du contrôle continu, et remonter le niveau d'exigence des diplômes afin qu'ils attestent de l'aptitude à exercer le métier mentionné.
- ZagaraGuide spirituel
@DR : Je peux t'assurer qu'avec une licence tu as déjà accès à plein de bullshit jobs bureaucratiques dont les grandes entreprises rafollent, mais qui te sont fermés à bac+0. Anecdote : cet hiver, à une fête, j'ai rencontré la copine d'un pote, dont le métier se résume à remplir des cases excel pour la BNP. 7h par jour, elle met des chiffres dans des cases. Une autre amie est dans le service paie d'une entreprise moyenne : elle fait les fiches de paie des autres. Il y a vraiment beaucoup de jobs qui demandent une qualification minimale du type "bonjour je sais écrire, compter et suivre des instructions" ; pour garantir cette qualification, les entreprises vont piocher dans les bac+3, parce qu'elles considèrent que le bac ne permet pas de s'assurer que l'élément saura faire le job. Le bac+3 permet aussi d'avoir accès à des concours de catégorie B. Bref, la licence permet tout de même de caser pas mal de monde.
Si tu en refuses l'accès à des gens qui auraient pu l'obtenir (je suis persuadée que la sélection sera plus dure que le reliquat final des 20-30% d'échecs réels), que vas-tu faire de ces gens ?
Si j'étais une néolibérale, je saurais facilement répondre à cette question. Je fais un nouveau pôle-emploi modelé sur hartz 4. Chaque chômeur est relié à un centre. Le centre lui envoie des ordres de missions journalières, qui ne plafonnent pas à plus de 400 euros par mois et, à côté, une aide chômage de 400 euros par mois. Si il ne se présente pas à un ordre de mission, il est radié. Ainsi, mes petits chômeurs deviennent une main d'oeuvre corvéable à merci, servile, disponible pour 400 boules (prix roumain) pour les entreprises, incapable de faire grève ou même de lever les yeux (sinon on leur retire leurs faibles moyens de subsistance et ils crèvent). C'est tout bénef. J'ai gagné (je peux les mettre dans la case "chômeur de catégorie B" et comme les journalistes ne regardent que la catégorie A, ils annoncent que le chômage baisse), les entreprises ont gagné (elles ont des roumains à disposition sans avoir à en importer et qui parlent la langue, c'est Byzance) et l'opinion publique générale est contente (parce qu'elle ne lit que les gros titres).
Si c'est la réforme proposée par Macron, je m'achète un magnum de champagne pour me féliciter de bien connaître ces gens-là (puis je le bois cul sec pour oublier que je connais bien ces gens-là).
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une nécessaire synergie entre la politique éducative du supérieur et la politique de l'emploi ou de la gestion des chômeurs, puisque les deux stocks sont liés. La désindustrialisation a pu se faire avec une violence forte mais acceptable pour l'opinion publique parce que plein de gamins allaient dans le supérieur, ce qui entretenait l'espoir d'arriver quelque part.
Si tu en refuses l'accès à des gens qui auraient pu l'obtenir (je suis persuadée que la sélection sera plus dure que le reliquat final des 20-30% d'échecs réels), que vas-tu faire de ces gens ?
Si j'étais une néolibérale, je saurais facilement répondre à cette question. Je fais un nouveau pôle-emploi modelé sur hartz 4. Chaque chômeur est relié à un centre. Le centre lui envoie des ordres de missions journalières, qui ne plafonnent pas à plus de 400 euros par mois et, à côté, une aide chômage de 400 euros par mois. Si il ne se présente pas à un ordre de mission, il est radié. Ainsi, mes petits chômeurs deviennent une main d'oeuvre corvéable à merci, servile, disponible pour 400 boules (prix roumain) pour les entreprises, incapable de faire grève ou même de lever les yeux (sinon on leur retire leurs faibles moyens de subsistance et ils crèvent). C'est tout bénef. J'ai gagné (je peux les mettre dans la case "chômeur de catégorie B" et comme les journalistes ne regardent que la catégorie A, ils annoncent que le chômage baisse), les entreprises ont gagné (elles ont des roumains à disposition sans avoir à en importer et qui parlent la langue, c'est Byzance) et l'opinion publique générale est contente (parce qu'elle ne lit que les gros titres).
Si c'est la réforme proposée par Macron, je m'achète un magnum de champagne pour me féliciter de bien connaître ces gens-là (puis je le bois cul sec pour oublier que je connais bien ces gens-là).
Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une nécessaire synergie entre la politique éducative du supérieur et la politique de l'emploi ou de la gestion des chômeurs, puisque les deux stocks sont liés. La désindustrialisation a pu se faire avec une violence forte mais acceptable pour l'opinion publique parce que plein de gamins allaient dans le supérieur, ce qui entretenait l'espoir d'arriver quelque part.
- Lord StevenExpert
La nièce de mon mari vient de passer ce soi disant test, 24 réponses exactes sur 25, ça ne doit pas être si sorcier....
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- TristanaVénérable
Zagara a écrit:Le bac+3 permet aussi d'avoir accès à des concours de catégorie B.
Oh, même à des concours de catégorie A, en réalité.
Pour les concours de catégorie B on demande uniquement le bac (sauf quelques exceptions).
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« C’est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n’y met pas assez du sien. »
Virginie Despentes
- CeladonDemi-dieu
Habillée pour l'hiver, la nièce... heureusement, passkil fait froid.Lord Steven a écrit:La nièce de mon mari vient de passer ce soi disant test, 24 réponses exactes sur 25, ça ne doit pas être si sorcier....
- marceretteNiveau 4
Panta Rhei a écrit:
Je me pose toutefois la question suivante: une évaluation nationale ou alors locale (permettrait alors un échange entre le secondaire et le supérieur)
Et puis, pour terminer (et me faire définitivement enterrer):
pas de sélection en L1 = au pif 1000 étudiants L1 (hétérogénéité totale) donc groupes de TD surchargés, étudiants noyés dans la masse.
sélection en L1 (dossier scolaire + "épreuve") = 500 étudiants en L1 => possibilité d'accorder une attention particulière aux étudiants qui ont des difficultés mais qui en veulent vraiment (ça existe encore, et quand on voit les exigences pour le Bac. , il y a un fossé entre le lycée et la fac).
Sinon, il y a une autre solution : donner plus de moyens à l’université pour que plus de créneaux horaires soient ouverts et embaucher des profs. Ca limiterait le nombre d'étudiants par groupe et le suivi serait facilité.
- RogerMartinBon génie
marcerette a écrit:Sinon, il y a une autre solution : donner plus de moyens à l’université pour que plus de créneaux horaires soient ouverts et embaucher des profs. Ca limiterait le nombre d'étudiants par groupe et le suivi serait facilité.
Très certes, mais pour l'instant ce n'est pas du tout à l'ordre du jour.
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Yo, salut ma bande ! disait toujours le Samouraï.
I User5899.
User 17706 s'est retiré à Helsingør.
Strange how paranoia can link up with reality now and then.
- BoubouleDoyen
Zagara a écrit:
[...]
Il y a vraiment beaucoup de jobs qui demandent une qualification minimale du type "bonjour je sais écrire, compter et suivre des instructions" ; pour garantir cette qualification, les entreprises vont piocher dans les bac+3, parce qu'elles considèrent que le bac ne permet pas de s'assurer que l'élément saura faire le job.
[...]
Quand je vois nos TS, je ne peux pas leur donner tort de repousser à bac+3.
- archebocEsprit éclairé
Bouboule a écrit:Zagara a écrit:
[...]
Il y a vraiment beaucoup de jobs qui demandent une qualification minimale du type "bonjour je sais écrire, compter et suivre des instructions" ; pour garantir cette qualification, les entreprises vont piocher dans les bac+3, parce qu'elles considèrent que le bac ne permet pas de s'assurer que l'élément saura faire le job.
[...]
Quand je vois nos TS, je ne peux pas leur donner tort de repousser à bac+3.
C'est la réponse à Zagara, lorsqu'elle défend les études longues.
Les postes d'employés qu'elle décrits étaient tenus il y a cinquante ans par des gens qui avaient pour diplôme le certificat d'étude. 15 ou 16 ans, c'était le temps nécessaire pour apprendre à un jeune tout ce qu'il fallait de math et de français pour remplir des tâches de secrétariat. Si nécessaire, on ajoutait une courte formation professionnalisante par dessus, par exemple dactylo, et c'était plié.
Si aujourd'hui on demande un bac +3, ce n'est pas pour les compétences acquises à la fac, mais pour le filtre que la fac a exercé pendant trois ans, filtre qui permet de garantir des compétences qui étaient déjà en place en sortie de lycée mais qui n'étaient certifiées par aucun diplôme. Distribuons plus généreusement les licences et les masters, pour protéger plus efficacement les jeunes du chômage, et les employeurs réclameront un doctorat.
Les diplômes qui protègent du chômage, c'est comme la suppression des wagons de tête -qui concentrent le plus de victimes dans les accidents ferroviaires- et des lits d'hôpitaux -hautement dangereux, la mortalité y est effroyable-.
- BoubouleDoyen
archeboc a écrit:Bouboule a écrit:Zagara a écrit:
[...]
Il y a vraiment beaucoup de jobs qui demandent une qualification minimale du type "bonjour je sais écrire, compter et suivre des instructions" ; pour garantir cette qualification, les entreprises vont piocher dans les bac+3, parce qu'elles considèrent que le bac ne permet pas de s'assurer que l'élément saura faire le job.
[...]
Quand je vois nos TS, je ne peux pas leur donner tort de repousser à bac+3.
C'est la réponse à Zagara, lorsqu'elle défend les études longues.
Les postes d'employés qu'elle décrits étaient tenus il y a cinquante ans par des gens qui avaient pour diplôme le certificat d'étude. 15 ou 16 ans, c'était le temps nécessaire pour apprendre à un jeune tout ce qu'il fallait de math et de français pour remplir des tâches de secrétariat. Si nécessaire, on ajoutait une courte formation professionnalisante par dessus, par exemple dactylo, et c'était plié.
Si aujourd'hui on demande un bac +3, ce n'est pas pour les compétences acquises à la fac, mais pour le filtre que la fac a exercé pendant trois ans, filtre qui permet de garantir des compétences qui étaient déjà en place en sortie de lycée mais qui n'étaient certifiées par aucun diplôme. Distribuons plus généreusement les licences et les masters, pour protéger plus efficacement les jeunes du chômage, et les employeurs réclameront un doctorat.
Les diplômes qui protègent du chômage, c'est comme la suppression des wagons de tête -qui concentrent le plus de victimes dans les accidents ferroviaires- et des lits d'hôpitaux -hautement dangereux, la mortalité y est effroyable-.
Bien sûr que c'est une histoire de filtre.
- PonocratesExpert spécialisé
Dans les années 80 un article du Monde mettait déjà en garde contre une massification du bac, en expliquant qu'une fois que "tout le monde" l'aurait, le niveau de recrutement augmenterait mécaniquement...
_________________
"If you think education is too expensive, try ignorance ! "
"As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? "
- ForsterÉrudit
Test fait ce matin lors de l’inscription à Parcoursup par la classe dont je suis PP (TL section internationale). Première réaction: « ils nous prennent pour des débiles ou quoi? ». Test fait en moins de 15 minutes sans souci.
Deuxième session d’inscription une heure plus tard avec des TSTMG où j’assiste aussi pour aider mon stagiaire: abandon au bout de quelques questions parce que « c’est trop dur », « j’y arriverai jamais ». La plupart des élèves a remplacé par un vœu psychologie/sociologie et enlever droit. Ils étaient sûrement capable sur de répondre en’ réfléchissant mais ils ont directement baissé les bras.
Ce test est tout bête mais terriblement dissuasif.
Deuxième session d’inscription une heure plus tard avec des TSTMG où j’assiste aussi pour aider mon stagiaire: abandon au bout de quelques questions parce que « c’est trop dur », « j’y arriverai jamais ». La plupart des élèves a remplacé par un vœu psychologie/sociologie et enlever droit. Ils étaient sûrement capable sur de répondre en’ réfléchissant mais ils ont directement baissé les bras.
Ce test est tout bête mais terriblement dissuasif.
- PonocratesExpert spécialisé
Ou "efficace", parce que si c'est pour chauffer les bancs les premières semaines du premier semestre et ensuite abandonner, il vaut peut-être mieux qu'ils voient leurs limites - pas intellectuelle, hein, mais de motivation- tout de suite.Forster a écrit:Test fait ce matin lors de l’inscription à Parcoursup par la classe dont je suis PP (TL section internationale). Première réaction: « ils nous prennent pour des débiles ou quoi? ». Test fait en moins de 15 minutes sans souci.
Deuxième session d’inscription une heure plus tard avec des TSTMG où j’assiste aussi pour aider mon stagiaire: abandon au bout de quelques questions parce que « c’est trop dur », « j’y arriverai jamais ». La plupart des élèves a remplacé par un vœu psychologie/sociologie et enlever droit. Ils étaient sûrement capable sur de répondre en’ réfléchissant mais ils ont directement baissé les bras.
Ce test est tout bête mais terriblement dissuasif.
Le problème est bien là. La plupart des lycées n'ont aucune idée du travail que leur demandera le supérieur- déjà que certains n'ont aucune idée de ce que "travail" signifie...Il est juste dommage que psycho n'ait pas aussi mis en ligne un test...
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- ForsterÉrudit
Je n’ai pas dit qu’il était négatif de dissuader. Les questions étaient très simples ceci dit... du moins pour un bachelier général.
- snoopÉrudit
Sauf que le nombre de bac + 3 passant des concours de catégorie B et C est très important. Je n'ai pas de chiffres, mais pour avoir repassé et réussi des concours dans ces deux catégories, j'ai rencontré en formation bien plus de bac + 3 voire bac + 4 et 5 que de bac - 3 ou bac. Seuls les meilleurs peuvent avoir les concours de catégorie A, les autres ou ceux qui sont pressés de trouver un job, passent aussi des concours de catégorie moindre, avec la perspective de monter en grade une fois en place.Tristana a écrit:Zagara a écrit:Le bac+3 permet aussi d'avoir accès à des concours de catégorie B.
Oh, même à des concours de catégorie A, en réalité.
Pour les concours de catégorie B on demande uniquement le bac (sauf quelques exceptions).
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