Génération Z' : amis profs du secondaire, ils seront chez vous dans trois ans

pseudo-intello a écrit:

Elaïna a écrit:Je suis très claire là-dessus avec mes élèves : je n'écris rien dans Pronote, par principe. C'est le seul truc sur lequel mon ancienne PA m'a toujours soutenue, elle qui disait aux parents "Pronote ne remplace pas l'agenda et encore moins le cerveau des élèves".
Comme ça, ils ne peuvent pas se plaindre.

C'est ce que je faisais jusqu'à cette année. Mais là, avec les demi-groupes, et les élèves contacts en isolement, j'entre les devoirs dans Pronote.

Techniquement, je n'aurais pas besoin de le faire, aprce qu'un téléphone, ça sert AUSSI à communiquer pour demander les devoirs, mais je ne serais pas soutenue du tout par ma CDE.

Mais non non non, pseudo-intello, tu te trompes ! Si j'en crois mon expérience, un téléphone d'élève c'est configuré nativement pour diffuser l'info que le cours est annulé, que le prof est absent, à la rigueur pour filer le corrigé du prochain DM ou contrôle, mais ce n'est absolument pas conçu pour demander les devoirs ou les cours manqués. Il doit y avoir un verrouillage hardware qui l'empêche.

henriette a écrit:

pseudo-intello a écrit:

Elaïna a écrit:Je suis très claire là-dessus avec mes élèves : je n'écris rien dans Pronote, par principe. C'est le seul truc sur lequel mon ancienne PA m'a toujours soutenue, elle qui disait aux parents "Pronote ne remplace pas l'agenda et encore moins le cerveau des élèves".
Comme ça, ils ne peuvent pas se plaindre.

C'est ce que je faisais jusqu'à cette année. Mais là, avec les demi-groupes, et les élèves contacts en isolement, j'entre les devoirs dans Pronote.

Techniquement, je n'aurais pas besoin de le faire, aprce qu'un téléphone, ça sert AUSSI à communiquer pour demander les devoirs, mais je ne serais pas soutenue du tout par ma CDE.

Mais non non non, pseudo-intello, tu te trompes ! Si j'en crois mon expérience, un téléphone d'élève c'est configuré nativement pour diffuser l'info que le cours est annulé, que le prof est absent, à la rigueur pour filer le corrigé du prochain DM ou contrôle, mais ce n'est absolument pas conçu pour demander les devoirs ou les cours manqués. Il doit y avoir un verrouillage hardware qui l'empêche.

Exactement !! Et un téléphone ça ne peut pas non plus prendre la photo du cahier pour envoyer au copain absent (malade ou simplement pas envie de venir, exclu ou autre), ça ne prend que des selfies avec les copains comme photos. Du coup si machin n'était pas là au cours, je dois lui retaper le cours (la trace écrite car mon cours tel quel n'est pas utilisable par les élèves) et le lui envoyer par mail, l'appeler pour lui dire qu'il a un mail et au final ben faire quand même le test à sa place car de toutes les façons il a pas ses codes ENT !!

Ce matin, un élève s'est indigné que je n'ai pas fourni le cours de mercredi dernier sur pronote alors que j'avais bien dû voir qu'il était absent. Il a ajouté que si je ne faisais pas mon travail de prof, il ne voyait pas pourquoi je lui demandais de faire son travail d'élève.

Ce qui est drôle, c'est que moi je mets tout sur l'ENT, pour que les absents n'aient pas d'excuse quand ils reviennent.
Et devinez quoi ?

Gagné ! C'est pas plus fait ! Ils ont tous les codes de la Terre, voire de l'Univers sur leur téléphone, mais pas ceux de l'ENT !
C'est vraiment pas de bol quand même...

Ma'am a écrit:Ce qui est drôle, c'est que moi je mets tout sur l'ENT, pour que les absents n'aient pas d'excuse quand ils reviennent.
Et devinez quoi ?

J'ai eu x fois la discussion avec mes collègues/ami(e)s : moi je ne met rien sur l'ENT, ah si, le titre de la leçon, ou je signale le DST.

Le dernier élève qui m'a sorti une phrase du genre doit s'en souvenir. Le dernier élève qui a été interrogé sur la leçon précédente, fin mars (alors qu'il n'était pas là, car il avait séché), s'est pris un 0. Il était prévenu dès septembre. Il n'a pas regimbé. Le cours c'est en cours, et le cours manqué, il se rattrape.

Désolé, mais votre échange m'a foutu en rogne :sourit:

Loin de moi l'idée de te mettre en rogne !

Justement mon propos était de dire que ça ne changeait pas grand chose. Ceux qui ne veulent rien faire ne font rien en toute mauvaise foi, qu'on ait mis les cours sur l'ENT ou pas. Et ceux qui veulent rattraper trouveront toujours un moyen de le faire !

Sur ce sujet nous sommes tous d'accord...

Mais je suis d'accord Ha@_x. Je lui ai d'ailleurs dit en termes peu aimables ce que j'en pensais. Mais je ne suis pas allée plus loin car je suis stagiaire cette année et je veux éviter tout incident qui puisse remonter à la direction. Mon inspection de titularisation aura lieu le 26 mai. En attendant, j'essaie de rester calme.

@Sisyphe

Ah oui, dans ton cas, il faut rester calme :sourit:

Quand tu seras titulaire, non seulement tu pourras allumer l'élève, et si les parents t'embêtent avec des mots kilométriques dans le carnet, tu pourras viser d'un simple vu, daté, et souverain

Et bon courage pour ton inspection

Concrètement, la chose est claire : plus j'en fais pour mes élèves, plus je mâche, moins j'obtiens de travail en retour. Pire : tout ce que je fais pour eux en plus, tous les services que je leur rends se retournent à un moment ou à un autre contre moi.
Octobre, je leur demande la lecture de quelques nouvelles de Maupassant que je leur distribue. Comme je souhaite éviter que les petits malins absents juste avant les vacances ne se servent de leur absence pour justifier leur manque de travail ("j'ai pas eu le livre !"), je prends la peine de mettre sur Pronote des liens vers les nouvelles en questions (pour ça, c'est pratique de faire lire des textes courts et libres de droits). Je me frotte les mains : enfin ils ne vont plus pouvoir me prendre pour une imbécile ! J't'en fous, comme dirait ma grand-mère : le jour de la rentrée, ils se sont ramenés, la bouche en coeur, contents de n'avoir rien fichu : "les liens y marchaient pas !" Il fallait les copier-coller, vous comprenez, c'était trop dur.  
Février : je demande aux mêmes de lire le recueil super court de Fred Vargas, "Coule la Seine". Je distribue le livre. A la rentrée, les éternels absents de fin de période me disent : "j'ai pas eu le livre, j'étais absent !" "Et donc, tu n'as pas demandé à tes parents de te l'acheter ?" "Ben si, mais il était en rupture donc j'ai pas pu !" Dois-je préciser que ce livre n'est PAS en rupture ?  
Mais là où j'ai vraiment halluciné, c'est quand une petite péronnelle m'a répondu : "ben j'ai pas pu le lire le livre, vous avez pas mis le lien sur Pronote !"  
Là, vraiment, quand j'ai compris ce qu'elle me reprochait (parce qu'au début je n'ai pas saisi), j'ai eu des pulsions de violence. En fait, elle utilisait contre moi le fait qu'en octobre, j'avais mis un lien vers les nouvelles de Maupassant. Le fait que cela n'ait pu être possible pour Fred Vargas la dispensait selon elle de réaliser le travail.
En gros, toutes les perches que nous leur tendrons pour les aider à bosser, ils s'en saisiront pour nous frapper avec.

Mais en même temps on s'en fout de leurs justifications non ?

Je fais la chose suivante : je note absolument tout.
Un exercice à faire ? Petite note sur 2 ou 5 : c'est fait, maximum de points (je ne note pas si c'est juste, mais si c'est fait) ; ce n'est pas fait, cahier oublié ou je ne sais quoi : w.

J'ai créé un sous-service "suivi du travail", cela me fait une moyenne qui compte pour un cinquième de la moyenne de français. Cela valorise les faibles mais bosseurs, et pénalise les pas mauvais mais palmés. Cela permet aussi en temps réel aux parents qui essaient de suivre leur gamin de savoir qu'il y a un problème, et cela coupe l'herbe sous le pied de ceux qui disent "si si, il travaille" ou qui reprochent de ne pas avoir été alertés.
Au début c'est fastidieux, mais cela devient payant relativement rapidement.

C'est comme ça que plus de 5 élèves ont 0 de moyenne en spé en 1ère. Jamais vu en 15 ans à ce point-là.

Elaïna a écrit:Mais en même temps on s'en fout de leurs justifications non ?

Bien sûr, mais je comprends que des collègues moins flegmatiques que moi aient le coup de boule qui démange juste le temps que le cerveau analyse logiquement la situation et dise "osef, c'est juste un naze avec un poil dans la main et une arrogance aux hormones, il déchantera assez vite avec parcoursup".

Oui c'est certain.

Comme Cléopatra, moi ce qui me sidère c'est que de plus en plus assument sans souci avoir zéro de moyenne quelque part. Après moi je m'en cogne, c'est pas mes gamins, mais ne même pas voir lesparents réagir, ça laisse songeur, quand même.

Dans ce genre, moi ce qui me fait proprement halluciner c’est quand je note une punition dans le carnet de liaison et qu’au cours suivant : carnet signé mais punition pas faite. Comment des parents peuvent-ils signer sans demander à voir la punition faite ?

Ce qui me choque le plus ces dernières années, ce sont les parents de ces chérubins qui cautionnent les pires actes commis par leurs enfants et qui sont prêts à faire preuve de mauvaise foi ou même à mentir effrontément.

henriette a écrit:Je fais la chose suivante : je note absolument tout.
Un exercice à faire ? Petite note sur 2 ou 5 : c'est fait, maximum de points (je ne note pas si c'est juste, mais si c'est fait) ; ce n'est pas fait, cahier oublié ou je ne sais quoi : w.

J'ai créé un sous-service "suivi du travail", cela me fait une moyenne qui compte pour un cinquième de la moyenne de français. Cela valorise les faibles mais bosseurs, et pénalise les pas mauvais mais palmés. Cela permet aussi en temps réel aux parents qui essaient de suivre leur gamin de savoir qu'il y a un problème, et cela coupe l'herbe sous le pied de ceux qui disent "si si, il travaille" ou qui reprochent de ne pas avoir été alertés.
Au début c'est fastidieux, mais cela devient payant relativement rapidement.

J'étais prof d'HG.
Je faisais ça aussi à propos des petites choses à faire à la maison d'une fois sur l'autre. Un tas de micro-notes sur 4.
Fait en respectant "écrire en français correct" (c'est à dire avec des phrases) , c'était la moyenne, 2.
Fait en étant juste, c'était 3 ou 4.

Et souvent des interros de début de cours, sur une demi-feuille de récup que je donnais.
Cette fois, sans faire de phrase, uniquement pour vérifier des connaissances. réponse au fur et à mesure, comme si c'était au tableau.
Rapide au corriger, et ça les maintient en haleine.
Et l'année suivante, certains élèves réclamaient ce système à mes collègues !

Amaury a écrit:Concrètement, la chose est claire : plus j'en fais pour mes élèves, plus je mâche, moins j'obtiens de travail en retour. Pire : tout ce que je fais pour eux en plus, tous les services que je leur rends se retournent à un moment ou à un autre contre moi.

Quand je suis arrivé sur ma zone (il y a une petite dizaine d'années), actuellement classée en éducation toute pourrie, je mâchais aussi beaucoup trop le travail. J'ai eu des déconvenues, du renvoi à la figure, de l'ingratitude, et j'ai constaté beaucoup de paresse. Pour préserver ma santé mentale je me suis vite converti à un système beaucoup plus classique et beaucoup plus marche ou crève.

Les élèves ne m'en veulent pas, bien au contraire.

Je pratique (enfin, je pratiquais avant le passage au télé-enseignement d'avril) un peu de tout ça: petites interros (sur du papier de récup aussi), parfois incluant la vérification que l'exercice du jour avait été fait, ou sinon vérification systématique du travail fait, avec des micro notes aussi. Aucun effet pour certains, alors que d'autres accrochaient très vite et y voyaient l'intérêt pour leur moyenne.
La reprise en classe est laborieuse, ne serait-ce que pour avoir le cahier et le livre. Il faut réactiver beaucoup de choses dans les quinze jours à venir mais j'ai l'impression que les décrocheurs du confinement du printemps 2020 sont devenus des "enfants sauvages " scolairement à la dérive. La mauvaise foi qui accuse Pronote  et la connexion Internet de tous les maux est hautement contagieuse.

Elaïna a écrit:Mais en même temps on s'en fout de leurs justifications non ?

Oui et non : quand tu en viens à mépriser profondément une part non négligeable des personnes que ton travail consiste à instruire, cela retire à ce dernier une bonne partie de son sens.  

Ha@_x a écrit:

Amaury a écrit:Concrètement, la chose est claire : plus j'en fais pour mes élèves, plus je mâche, moins j'obtiens de travail en retour. Pire : tout ce que je fais pour eux en plus, tous les services que je leur rends se retournent à un moment ou à un autre contre moi.

Quand je suis arrivé sur ma zone (il y a une petite dizaine d'années), actuellement classée en éducation toute pourrie, je mâchais aussi beaucoup trop le travail. J'ai eu des déconvenues, du renvoi à la figure, de l'ingratitude, et j'ai constaté beaucoup de paresse. Pour préserver ma santé mentale je me suis vite converti à un système beaucoup plus classique et beaucoup plus marche ou crève.

Les élèves ne m'en veulent pas, bien au contraire.

Je me plie pourtant beaucoup moins en quatre que beaucoup de mes collègues, qui passent des heures à discuter avec les élèves, à appeler les parents, à refaire les photocopies, à adapter pour les PAP, à remplir Pronote en long en large et en travers, etc etc. Moi je pars du principe que mon taff consiste à proposer un cours destiné à un groupe et qu'un groupe ne saurait être une somme d'individus. Je suis donc assez pour la méthode du "marche ou crève". Mais les élèves ne m'en remercient pas. J'ai l'impression que d'une femme, ils attendent un comportement maternant.

Amaury a écrit:Je me plie pourtant beaucoup moins en quatre que beaucoup de mes collègues, qui passent des heures à discuter avec les élèves, à appeler les parents, à refaire les photocopies, à adapter pour les PAP, à remplir Pronote en long en large et en travers, etc etc. Moi je pars du principe que mon taff consiste à proposer un cours destiné à un groupe et qu'un groupe ne saurait être une somme d'individus. Je suis donc assez pour la méthode du "marche ou crève". Mais les élèves ne m'en remercient pas. J'ai l'impression que d'une femme, ils attendent un comportement maternant.

Le marche ou crève obtient rarement, voire jamais une gratification immédiate :sourit: . C'est plutôt l'élève de première ou de terminale, croisé à la station de RER, qui va te faire des compliments quelques années plus tard. Et c'est toujours gratifiant.
D'ailleurs, pour aller dans ton sens, les élèves que je materne le plus, ceux de ma classe, et je suis vraiment papa poule en ces mois d'orientation, sont presque les plus ingrats et les plus ch...ts.

Beaucoup de mes élèves souvent me détestent au moins jusqu'aux vacances de Toussaint. Je m'en contrefiche : ils sont là pour bosser, pas pour m'apprécier. Puis ils s'habituent, prennent le pli. Ce qui leur semblait un effort horrible devient moins dur. Et au bout du compte, ils sont contents de voir qu'ils ont un peu repoussé leurs limites. Et des années plus tard, il n'est pas rare qu'ils me remercient.

henriette a écrit:
J'ai créé un sous-service "suivi du travail", cela me fait une moyenne qui compte pour un cinquième de la moyenne de français.

Merci de l'astuce.
Je mets un lien pour ceux que ça intéresserait aussi : Méthode pour créer un sous-service

henriette a écrit:Beaucoup de mes élèves souvent me détestent au moins jusqu'aux vacances de Toussaint. Je m'en contrefiche : ils sont là pour bosser, pas pour m'apprécier. Puis ils s'habituent, prennent le pli. Ce qui leur semblait un effort horrible devient moins dur. Et au bout du compte, ils sont contents de voir qu'ils ont un peu repoussé leurs limites. Et des années plus tard, il n'est pas rare qu'ils me remercient.

En REP, j’avais marqué des points auprès d’une 4e difficile qui me reprochait d’être exigeante avec eux c’est-à-dire de ne pas fournir le cours imprimé, d’apprendre la leçon à chaque cours, de ne pas faire de textes à trou... J’avais répondu que je n’avais pas envie de les prendre pour des idiots et que REP ou pas, je travaillais de la même manière pour éviter qu’ils ne se retrouvent avec des élèves en seconde qui avaient l’habitude de noter un cours sous la dictée et de rédiger... Je leur ai dit que je pensais qu’ils en étaient capables et que c’était normal que ça soit dur au début. Ça en avait fait réfléchir certains dans la classe après quelques semaines.
Ces demandes ne sont pas revenues.  Ils ont intégré que je continuerai à alterner dictée et cours au tableau et à les faire beaucoup écrire.

Autre classe qui me faisait tourner bourrique : je surveillais des élèves collés  j’entends un de mes très très pénibles dire à son voisin tout fièrement : « ah mais vous n’avez fait que ça sur l’islam... nous, on a appris plein de choses avec Mme Jenny ». Élève que je collais régulièrement pour qu’il fasse son boulot...  et qui m’avait cassé les pieds pendant ce cours en particulier.

Comme Henriette, j’ai souvent 2/3 mois où les élèves contestent, où j’ai les parents sur le dos parce que je mets des notes trop basses... et après ça se tasse, ils s’y font. Cette année, aucun souci, mes collègues notent plus sec que moi et les élèves ont l’habitude de bosser.

Elaïna a écrit:Oui c'est certain.

Comme Cléopatra, moi ce qui me sidère c'est que de plus en plus assument sans souci avoir zéro de moyenne quelque part. Après moi je m'en cogne, c'est pas mes gamins, mais ne même pas voir  lesparents réagir, ça laisse songeur, quand même.

En même temps c'est les mêmes parents qui te disent que junior de 2 ans ne veut pas ses légumes car il n'aime pas, ou ne fait plus de sieste ou ne dort pas le soir car il ne veut pas... etc...
Ca m'a toujours fait halluciner.
Pas de raison que ça change avec l'âge du gamin.... Il n'a pas fait ses devoirs car il n'aime pas, n'a pas envie, et c'est une justification.