- IllianeExpert
Bonjour à toutes et à tous,
Je suis en train de faire le corrigé d'une question sur corpus autour des repas de noces, et je m'interroge (depuis un certain temps en fait ^^) sur la plaisanterie faite par un cousin de la famille Rouault dans le chapitre 4 de Madame Bovary :
Merci par avance !
Je suis en train de faire le corrigé d'une question sur corpus autour des repas de noces, et je m'interroge (depuis un certain temps en fait ^^) sur la plaisanterie faite par un cousin de la famille Rouault dans le chapitre 4 de Madame Bovary :
J'ai du mal à comprendre le but de la plaisanterie, si ce n'est en prenant en considération le côté symboliquement salace (la bouche, le trou...). Mais cela ne me convainc pas tout à fait (je ne pense pas que le cousin fasse cela pour une question de symbole ^^). Du coup, auriez-vous d'autres explications à cette "blague" ?Flaubert a écrit:La mariée avait supplié son père qu'on lui épargnât les plaisanteries d'usage. Cependant un mareyeur de leurs cousins (qui même avait apporté, comme présent de noces, une paire de soles) commençait à souffler de l'eau avec sa bouche par le trou de la serrure, quand le père Rouault arriva juste à temps pour l'en empêcher, et lui expliqua que la position grave de son gendre ne permettait pas de telles inconvenances.
Merci par avance !
- IphigénieProphète
Bah je crains que si...
- OudemiaBon génie
Je crois que c'est tout simplement parce qu'il n'avait pas de pistolet à eau sous la main, c'est comme cela que je l'avais toujours compris : intrusion dans l'intérieur de la chambre, via le trou de la serrure, par lequel on peut aussi regarder, écouter, pas la peine d'en rajouter avec un sous-entendu salace.
- AphrodissiaMonarque
C'est le genre de blagues faites pour déranger les mariés pendant leur nuit de noces.
Maupassant, "Farce normande" dans les Contes de la bécasse a écrit:
Tout au bout de la table, quatre gars, des voisins, préparaient des farces aux mariés, et ils semblaient en tenir une bonne, tant ils trépignaient en chuchotant.
L’un d’eux, soudain, profitant d’un moment de calme, cria :
— C’est les braconniers qui vont s’en donner c’te nuit, avec la lune qu’y a !… Dis donc, Jean, c’est pas c’te lune-là qu’tu guetteras, toi ?
Le marié, brusquement, se tourna :
— Qu’i z’y viennent, les braconniers !
Mais l’autre se mit à rire :
— Ah ! i peuvent y venir ; tu quitteras pas ta besogne pour ça !
Toute la tablée fut secouée par la joie. Le sol en trembla, les verres vibrèrent.
Mais le marié, à l’idée qu’on pouvait profiter de sa noce pour braconner chez lui, devint furieux :
— J’te dis qu’ça : qui z’y viennent !
Alors ce fut une pluie de polissonneries à double sens qui faisaient un peu rougir la mariée, toute frémissante d’attente.
Puis, quand on eut bu des barils d’eau-de-vie, chacun partit se coucher ; et les jeunes époux entrèrent en leur chambre, située au rez-de-chaussée, comme toutes les chambres de ferme ; et, comme il y faisait un peu chaud, ils ouvrirent la fenêtre et fermèrent l’auvent. Une petite lampe de mauvais goût, cadeau du père de la femme, brûlait sur la commode ; et le lit était prêt à recevoir le couple nouveau, qui ne mettait point à son premier embrassement tout le cérémonial des bourgeois dans les villes.
Déjà la jeune femme avait enlevé sa coiffure et sa robe, et elle demeurait en jupon, délaçant ses bottines, tandis que Jean achevait un cigare, en regardant de coin sa compagne.
Il la guettait d’un œil luisant, plus sensuel que tendre ; car il la désirait plutôt qu’il ne l’aimait ; et, soudain, d’un mouvement brusque, comme un homme qui va se mettre à l’ouvrage, il enleva son habit.
Elle avait défait ses bottines, et maintenant elle retirait ses bas, puis elle lui dit, le tutoyant depuis l’enfance : « Va te cacher là-bas, derrière les rideaux, que j’ me mette au lit ».
Il fit mine de refuser, puis il y alla d’un air sournois, et se dissimula, sauf la tête. Elle riait, voulait envelopper ses yeux, et ils jouaient d’une façon amoureuse et gaie, sans pudeur apprise et sans gêne.
Pour finir il céda ; alors, en une seconde, elle dénoua son dernier jupon, qui glissa le long de ses jambes, tomba autour de ses pieds et s’aplatit en rond par terre. Elle l’y laissa, l’enjamba, nue sous la chemise flottante et elle se glissa dans le lit, dont les ressorts chantèrent sous son poids.
Aussitôt il arriva, déchaussé lui-même, en pantalon, et il se courbait vers sa femme, cherchant ses lèvres qu’elle cachait dans l’oreiller, quand un coup de feu retentit au loin, dans la direction du bois des Râpées, lui sembla-t-il.
Il se redressa inquiet, le cœur crispé, et, courant à la fenêtre, il décrocha l’auvent.
La pleine lune baignait la cour d’une lumière jaune. L’ombre des pommiers faisait des taches sombres à leur pied ; et, au loin, la campagne, couverte de moissons mûres, luisait.
Comme Jean s’était penché au dehors, épiant toutes les rumeurs de la nuit, deux bras nus vinrent se nouer sous son cou, et sa femme le tirant en arrière, murmura : « Laisse donc, qu’est-ce ça fait, viens-t’en ».
Il se retourna, la saisit, l’étreignit, la palpant sous la toile légère ; et, l’enlevant dans ses bras robustes, il l’emporta vers leur couche.
Au moment où il la posait sur le lit, qui plia sous le poids, une nouvelle détonation, plus proche celle-là, retentit.
Alors Jean, secoué d’une colère tumultueuse, jura : « Nom de D… ! ils croient que je ne sortirai pas à cause de toi ?… Attends, attends ! » Il se chaussa, décrocha son fusil toujours pendu à portée de sa main, et, comme sa femme se traînait à ses genoux et le suppliait, éperdue, il se dégagea vivement, courut à la fenêtre et sauta dans la cour.
Elle attendit une heure, deux heures, jusqu’au jour. Son mari ne rentra pas. Alors elle perdit la tête, appela, raconta la fureur de Jean et sa course après les braconniers.
Aussitôt les valets, les charretiers, les gars partirent à la recherche du maître.
On le retrouva à deux lieues de la ferme, ficelé des pieds à la tête, à moitié mort de fureur, son fusil tordu, sa culotte à l’envers, avec trois lièvres trépassés autour du cou et une pancarte sur la poitrine :
« Qui va à la chasse, perd sa place. »
Et, plus tard, quand il racontait cette nuit d’épousailles, il ajoutait : « Oh ! pour une farce ! c’était une bonne farce. Ils m’ont pris dans un collet comme un lapin, les salauds, et ils m’ont caché la tête dans un sac. Mais si je les tâte un jour, gare à eux ! »
Et voilà comment on s’amuse, les jours de noce, au pays normand.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- DesolationRowEmpereur
On sait rire, quand même, dans ces pays.
- AphrodissiaMonarque
On a peut-être moins le sens de l'humour aujourd'hui.
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- IllianeExpert
Je connais effectivement la nouvelle, mais sous le nom de "Farce normande" (c'est un autre extrait de mon corpus ^^). M'enfin, je ne dois effectivement pas avoir l'esprit fait pour apprécier pleinement le sel de leurs petites plaisanteries ... Mais merci en tout cas de m'y aider !Aphrodissia a écrit:C'est le genre de blagues faites pour déranger les mariés pendant leur nuit de noces.
- VinZTDoyen
J'ai connu, il n'y a pas si longtemps, dans la Nièvre, la cérémonie — de très bon goût — consistant à apporter dans la chambre nuptiale un pot de chambre rempli de champagne, dans lequel flottent des chocolats.
Ça et la jarretière jetée à la place du bouquet m'ont laissé des souvenirs impérissables de ce beau département.
Ça et la jarretière jetée à la place du bouquet m'ont laissé des souvenirs impérissables de ce beau département.
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« Il ne faut pas croire tout ce qu'on voit sur Internet » Victor Hugo.
« Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres. » Frédéric Dard
« Ne jamais faire le jour même ce que tu peux faire faire le lendemain par quelqu'un d'autre » Pierre Dac
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« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- AphrodissiaMonarque
Illiane a écrit:Je connais effectivement la nouvelle, mais sous le nom de "Farce normande" (c'est un autre extrait de mon corpus ^^). M'enfin, je ne dois effectivement pas avoir l'esprit fait pour apprécier pleinement le sel de leurs petites plaisanteries ... Mais merci en tout cas de m'y aider !Aphrodissia a écrit:C'est le genre de blagues faites pour déranger les mariés pendant leur nuit de noces.
Je corrige: bien sûr que c'est "normande"; mon esprit a fourché. Pourquoi? comment? :lol:
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Hominis mens discendo alitur et cogitando. (Cicéron)
Et puis les steaks ? Ça se rate toujours comme la tragédie. Mais à des degrés différents. (M. Duras)
- DeliaEsprit éclairé
Aphrodissia a écrit:Illiane a écrit:Je connais effectivement la nouvelle, mais sous le nom de "Farce normande" (c'est un autre extrait de mon corpus ^^). M'enfin, je ne dois effectivement pas avoir l'esprit fait pour apprécier pleinement le sel de leurs petites plaisanteries ... Mais merci en tout cas de m'y aider !Aphrodissia a écrit:C'est le genre de blagues faites pour déranger les mariés pendant leur nuit de noces.
Je corrige: bien sûr que c'est "normande"; mon esprit a fourché. Pourquoi? comment? :lol:
??????????
C'est farce normande, ou c'est farce normande ? à moins que ce ne soit farce normande...
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Ah oui, les lourdingues lors de la nuit de Noces... il y a ça aussi dans le film de Chabrol.
Mes élèves de seconde avaient quelques questions relatives à cette scène.
Cet humour paillard coutumier est bien loin des idéaux romantiques de Madame Bovary en tout cas.
Mes élèves de seconde avaient quelques questions relatives à cette scène.
Cet humour paillard coutumier est bien loin des idéaux romantiques de Madame Bovary en tout cas.
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«Primus ego in patriam mecum, modo uita supersit. »
Virgile Georgiques.
« Ma science ne peut être qu’une science de pointillés. Je n’ai ni le temps ni les moyens de tracer une ligne continue. »
Marcel Jousse
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