Méthodes pourries en CP : Juin - le bilan, et maintenant ?

Rabelais a écrit:Ce qui est rapporté est la réalité générale.
La qualité dans l'apprentissage de l'écriture en école primaire est plutôt anecdotique.
Ce n'est d'ailleurs guère la faute des collègues mais une lacune extrême dans la formation.
( EDIT ) A l'espè, nos collègues PE s'étonnaient de ne pas avoir de formation pour apprendre aux éléves à écrire.
C'est débrouille-toi, renseigne-toi, et c'est grave, très grave.
Mon fils et ses amis n'ont pas travaillé le geste graphique en MS, ils ont fait comme ils pouvaient en CP, CE1.
Après un an de rééducation en écriture en CM1, cela va un peu mieux, mais ce n'est pas encore ça et il est très lent s'il veut être lisible, sur les lignes.
Je ne parle même pas de l'écriture des chiffres...c'est ça qui m'avait mis la puce à l'oreille ( parce que sans aucun devoir écrit, aucune leçon non polycopiée, il était difficile de connaître son écriture autrement que dans ses cahiers de vacances ), des 9 et des 4 tracés à l'envers,
Je m'en veux terriblement de ne pas y avoir prêté plus d'attention, je suis tout autant responsable, ma confiance m'a perdue.
En fait, aujourd'hui , en France, on n'apprend plus à écrire aux enfants.

Non Rabelais , je t'en prie , ne te culpabilise pas. Tu n'as pas à t'en vouloir: tu a fais confiance à l'institution. La maîtresse de ton fils est adulte et tu t'es logiquement dit qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle-même a dû faire ce qu'elle pensais être le mieux avec les maigres moyens dont elles disposait .Tu as réagit comme tu le devais et à temps.

Quant à moi ça, me confirme dans l'idée que je vais suivre très attentivement les débuts de la scolarité de ma petit nièce et filleule (elle va faire un an le 19 avril). Ma sœur et son compagnon font aussi confiance en l'école et c'est normal; je ne leur dis pas tout le fond de ma pensée sur la formation des PE à l'ESPE pour ne pas les effrayer. Elle peut tomber en effet sur une excellente maîtresse. On verra bien.

J'ai appris à lire à mon ainé avec la méthode "J'apprends à lire et à écrire" de Colette Ouzilou, conseillée ici. Cela nous prenait 15 minutes par séance et en 6 mois, il savait lire. Il a une lecture extrêmement fluide et rapide. Je réitère avec mon deuxième qui a priori n'a pas les facilités de son frère : j'avais tort, avec cette méthode, c'est tout aussi facile pour lui. Je suis une vraie angoissée de l'apprentissage de la lecture à cause de tous ces élèves que nous avons en classe et qui sont bousillés par la semi-globale. Là, je sais que mes propres gosses seront sauvés au moins pour ça.

Ma troisième a appris à lire en anglais et en français en parallèle.
En français avec Leo et Lea à la maison, sans aucun problème en 3 mois, mais j'aurai dû faire plus d'écriture en parallèle. Le problème est qu'elle ne voulait pas car elle apprenait le script anglais en même temps.

En anglais, elle a commencé dès 4 ans avec des comptines à apprendre et des lignes de la lettre correspondante, puis l'année suivante les différentes prononciations des diphtongues, et enfin vraiment la lecture à 6ans, en parallèle avec le script attaché.

Au retour en France, elle a essayé pendant un an de reprendre son écriture cursive mais était très lente, puis elle vient de revenir au script attaché, qui est l'écriture qui lui convient le mieux (elle est en CM1). Elle se concentre plus sur l'orthographe et non plus seulement sur la façon de former ses lettres.

Cleroli a écrit:Je viens de lire vos derniers échanges (et je lirai les autres d'ici peu) et j'ai une question à te poser, Véronique. Je vais essayer de la formuler simplement : comment as-tu fait pour te rendre compte que ta fille avait besoin de l'être d'un graphothérapeute ? Je veux dire par là que les enfants en situation d'apprentissage de l'écriture rencontrent sûrement des difficultés qui se résolvent au fil du temps. A partir de quel moment s'inquiéter ? Je suis très intéressée par ta réponse car ma fille va sauter le CP et je n'arrive pas à déterminer si son écriture est "satisfaisante" (elle écrit lisiblement mais certains tracés de lettres me semblent hésitants, sans que je sache si c'est "normal" ou pas -pour un enfant de CP, puisqu'il faut que je la compare aux enfants qu'elle va côtoyer en septembre prochain). Merci pour tes précisions.

Ce que je te propose, Cleroli, c’est de m’envoyer en mp l’écriture de ta puce. Je te dirai ce que j’en pense.
Si tu souhaites, tu peux aussi consulter une rééducatrice de l’écriture (dis-moi où tu te trouves) pour faire le point.
Dans le cas de ta fille, il va lui manquer de la pratique.
Le risque, c’est qu’on lui demande d’aller vite, alors qu’elle n’a pas encore automatisé les bons gestes. Et là, ça se complique très vite.

Si tu veux l’aider par toi même, tu peux aussi te tourner vers les cahiers de Rikki. Il ne faut surtout pas brûler les étapes, au risque de s’en mordre les doigts pas la suite.
Commencer par enseigner la bonne tenue de crayon et la posture, le cahier guide bien pour ça.
Crayon bien tenu, cahier incliné dans l’axe de l’avant bras, main sous la ligne !

Bonjour Ajupouet et merci de ta proposition. J'ai fait écrire ma fille ce matin et je t'envoie une photo dès que possible.

J'ai édité le titre pour signaler que j'arrive à l'heure du bilan.
À présent, ma puce est officiellement dans les meilleurs de sa classe en lecture. Youpi, me direz-vous. Oui, si on veut, car elle revient de loin. Mais en fait non. Je ne suis pas du genre à me contenter d'à peu près ni de lauriers vite décernés par une EN qui confond bienveillance et complaisance. Je la fais lire tous les jours, ma pupuce, et il est vrai qu'elle a énormément progressé. Mais je ne suis jamais venue à bout de la sale habitude qu'elle a développé toute l'année de deviner certains mots. Elle lit à peu près bien - mais à peu près seulement. Et je suis bien placée pour savoir que, très vite, cet à peu près là va lui jouer de vilains tours. Elle invente la terminaison des verbes (qu'elle ne se donne pas la peine de lire réellement : elle met tout au présent, que ce soit de l'imparfait, du passé simple...) ; elle remplace régulièrement un mot par un autre qui lui ressemble. Elle se corrige quand ça n'a pas de sens, mais quand même... Cela me consterne parce que je reconnais là les défauts de nombreux de mes élèves, intelligents mais limités dans leurs capacités de lecture à cause de ces défauts.
Comment faire, maintenant ?
Je ne veux pas la laisser dans cet état.
Une des meilleures de la classe ? Ben qu'est-ce que ce doit être les autres...
Nous sommes en juin. Ma puce a six ans, elle est encore en CP. Je refuse de penser que c'est foutu. Maintenant, on fait quoi ? Auriez-vous des conseils à me donner ?

Purée, qu'est-ce que je m'en veux ! Comment moi qui suis passée par le GRIP, par SLL, qui ai travaillé avec tant d'instits, partagé leurs déboires, moi qui ai lu Deauvieau, Dehaene, comment ai-je pu faire confiance à l'école aux dépens de ma petite ? À ce point, c'est plus de la naïveté, c'est de la connerie !
Comment réparer, maintenant ? Dites-moi qu'on ne me l'a pa tout handicapée, ma jolie...

Ce n'est pas foutu. Une mauvaise habitude n'est pas un handicap. Beaucoup de gens qui apprennent à jouer d'un instrument de musique développent de mauvaises habitudes qui ne se révèlent que plus tard ; il faut alors beaucoup de travail pour s'en débarrasser, on croit même régresser, mais on s'en sort à force de persévérance.

Je n'ai qu'une idée : lui faire faire des exercices de lecture qui l'obligent à lire les mots jusqu'au bout. Lecture de mots qu'elle ne connaît absolument pas ? Jeux de ressemblances et de différences ?

Mais non, rien n'est foutu. Il faut la faire lire et lire encore à haute voix, corriger systématiquement... et puis la maîtresse de CE1 aura peut-être une méthode efficace et rigoureuse.
Courage!

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

Je n'ai qu'une idée : lui faire faire des exercices de lecture qui l'obligent à lire les mots jusqu'au bout. Lecture de mots qu'elle ne connaît absolument pas ? Jeux de ressemblances et de différences ?

Exercices de lectures sur des mots proches, différents par la prononciation? Il porta/portera/portait/porterait, ce genre de choses, de manière à rééduquer les réflexes de lecture? Faire beaucoup lire à haute voix durant les vacances?

Provence a écrit:Exercices de lectures sur des mots proches, différents par la prononciation? Il porta/portera/portait/porterait, ce genre de choses, de manière à rééduquer les réflexes de lecture?

Oui, c'est ce qui m'est venu à l'esprit. Mais je n'ai aucune expertise. J'ajouterais : bien expliquer à la petite le problème précis et le but de ces exercices.

Véronique, je te fais part d'un conseil que m'avait donné Double Casquette pour rééduquer à la lecture syllabique, mais je ne sais pas s'il vaut pour une petitoune de six ans : il s'agit de faire lire un texte difficile (on se fiche, pour cet exercice, de ne pas comprendre ce qu'on lit, il faut surtout ne pas pouvoir deviner) avec un cache permettant de lire uniquement syllabe par syllabe, voire lettre par lettre. Tu découpes un trou dans une feuille de papier, et tu déplaces le trou pour faire apparaître le texte au fur et à mesure de la lecture.

Est-ce que je suis assez claire ?

Merci pour vos conseils. On va faire ça, alors. Les jeux de différences et la lorgnette.
Bon, elle vient de finir Les quatre Filles du docteur March (lu à deux, je précise), qu'elle a beaucoup aimé : tout n'est pas perdu.

Un super livre pour une petite comme ça...


[Mode hors-sujet ON]
Lire vos stratégies pour "sauver" votre enfant des méthodes de l'école me fait penser à la discussion que j'ai eu il y a peu avec une collègue de GS/CP, fière d'annoncer que la moitié de ses élèves savaient lire à la fin GS et elle avait de très bon lecteur en fin CP, ce qui justifiait à ses yeux une méthode de lecture hyper global, vu que ça marche sur ses élèves...
Moi, quand on me dit que la moitié des GS savent lire en juin, immédiatement je pense que les parents apprennent à lire à leur enfant en prévision du CP hyper global.
C'est un cercle vicieux, les parents apprennent à lire à leurs enfants à cause de la méthode de l'enseignant, et l'enseignant se conforte dans sa méthode car les élèves savent lire et que donc sa méthode marche....
Ben, on n'est pas sorti des ronces...
[Mode hors-sujet OFF]

Oui, Volubilys, c'est pourquoi je me suis décidée à aller parler à l'enseignante.

D'un autre côté, comment ne pas devancer l'école quand on ignore quel sort sera réservé au petit qui entre au CP à la rentrée prochaine ?

mais je comprends tout à fait, je ferai(s) pareil.
Moi, ce qui me sidère c'est la naïveté de la collègue...

V. Marchais a écrit:Oui, Volubilys, c'est pourquoi je me suis décidée à aller parler à l'enseignante.

J'espère que tu ne tomberas pas sur cette enseignante :







Dessins d'un certain Jacques Risso, que je vois apparaître de temps en temps sur Facebook parce qu'une amie l'aime bien. Amie qui aime aussi toutes sortes de méthodes, du moment qu'elles ne sont pas classées réac. Il y a bien longtemps que je n'essaye plus de la convaincre de quoi que ce soit.

ces célèbres statistiques... très biaisées, où on compare une personne de 16 ans qui sort de l'école à une personne qui en est sorti depuis plus de 50 ans... Mais dans le même genre de stat, il en existe une où on compare des CM2 de 1990 1987 et des CM2 de 2014 2007 et 2016(après vérification )... étrangement, celle-là n'est jamais cité tellement la chute est flagrante.

Sinon, Risso ne dessine pas que des bêtises et cela lui a valu de gros soucis avec son IEN...

Moi aussi, une petite puce en cp, une instit plutôt vieille école c'est-à-dire globale, mais très bien en math et en écriture. En revanche Ribambelle à partir d'octobre : vraiment toxique. J'ai tout de suite réagi en faisant La Journée des tout petits tous les jours, une fois terminée j'ai recommencé. J'adore vraiment cette méthode.
La situation à la fin du cp me semble correcte sans être extraordinaire, je trouve qu'elle confond par moments trop, elle essaye encore de deviner parfois. J'attends les grandes vacances pour accentuer la précision de la lecture. Comme elle aime bien écrire je vais passer par Cahier d'écriture de La Librairie des écoles, à partir de la deuxième partie de l'ouvrage : je le trouve très bien.
Bon courage

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:





Dessins d'un certain Jacques Risso, que je vois apparaître de temps en temps sur Facebook parce qu'une amie l'aime bien. Amie qui aime aussi toutes sortes de méthodes, du moment qu'elles ne sont pas classées réac. Il y a bien longtemps que je n'essaye plus de la convaincre de quoi que ce soit.

Première remarque, les tranches d'âges ne sont pas égales, la première est plus courte que les autres, ce qui tend à en minimiser l'importance.
Deuxièmement, ces statistiques ne valent rien si elles ne sont pas rapportées à la pyramide des âges.
Troisièmement, il faudrait aussi les rapporter à l'immigration. Nous avons eu par le passé de fortes vagues d'immigration d'illettrés, voire d'analphabètes. C'est moins vrai aujourd'hui, à cause des progrès dans les pays pauvres. Par ailleurs quelqu'un qui arrive en France enfant va à l'école. Quelqu'un qui arrive en France à l'âge adulte a de très faibles chances d'apprendre à lire. Le problème est particulièrement lourd pour les femmes.
Enfin, comment sont testées les cohortes? Si je vois assez bien à quel moment on peut tester les jeunes de 18 à 25 ans, j'ai de sérieux doutes sur l'exhaustivité des tests pour les gens plus âgés.
On constatera l'absence des retraités, pourtant pertinents par rapport à la question. Serait-ce le signe que les chiffres sont collectés dans le monde du travail? Si c'était le cas, cela pourrait signifier un gonflement des chiffres en ce qui concerne les actifs. Il y a des chances que les gens à problèmes soient plus testés que les autres.

Ne parlons même pas des jeunes qui échappent de peu à l'étiquette, mais qui finiront pas perdre leur peu de maîtrise de la lecture, faute de pratique sérieuse.

@Sinan
Pour l'écriture, je te conseille plutôt les cahiers d'écriture de Laurence Pierson (voir plus haut), en plus tu peux discuter ici avec l'auteur (Rikki)

egomet a écrit:


Ne parlons même pas des jeunes qui échappent de peu à l'étiquette,  mais qui finiront pas perdre leur peu de maîtrise de la lecture, faute de pratique sérieuse.

Ou même qui sont lecteurs mais qui, après 50 ans sans lire, deviendront mauvais ou non lecteur faute de pratiquer...

Volubilys a écrit:ces célèbres statistiques... très biaisées, où on compare une personne de 16 ans qui sort de l'école à une personne qui en est sorti depuis plus de 50 ans... Mais dans le même genre de stat, il en existe une où on compare des CM2 de 1990 et des CM2 de 2014 (date de mémoire)... étrangement, celle-là n'est jamais cité tellement la chute est flagrante.

Sinon, Risso ne dessine pas que des bêtises et cela lui a valu de gros soucis avec son IEN...

Tu aurais le lien? Ca m'intéresserait.

Je n'ai pas le lien de l'étude d'origine(je l'avais sur mon ancien ordi avant qu'il décède il y a quelques mois), juste cet article qui en parle :
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/14/comparez-le-niveau-en-dictee-des-ecoliers-aujourd-hui-et-il-y-a-30-ans_5030868_4355770.html

Le lien vers l'étude (c'est une comparaison sur une dictée) :
http://cache.media.education.gouv.fr/file/2016/07/5/depp-ni-2016-28-performances-orthographe-eleves-fin-ecole-primaire_658075.pdf#page=2
Chiffre sympathique : sur le 3e mot (la dictée commence par "le soir tombait"), 87% d'orthographe correcte en 1987, 56% en 2015. On a clairement tout explosé en ce qui concerne les compétences.

[quote="Volubilys"]@Sinan
Pour l'écriture, je te conseille plutôt les cahiers d'écriture de Laurence Pierson (voir plus haut), en plus tu peux discuter ici avec l'auteur (Rikki)[/quote
J'ai déjà acheté l'autre, ily a longtemps. Que reproches - tu à celui de La Librairie des écoles ?