- DeliaEsprit éclairé
Les notions de compléments essentiel et facultatif sont intéressantes pour des adultes
Je croyais que cette discussion se tenait entre adultes. Qu'est-ce que les enfants viennent faire ici ?
Pourquoi l’enseignement de la grammaire à travers des critères de distribution, et par conséquent les notions de complément de phrase ou de verbe sont inefficaces
C'est bien vrai, ça, l'enseignement de la grammaire sont inefficaces !
- SoirHabitué du forum
*Plume* a écrit:Bonsoir,
Désolée de faire retomber le débat mais j'aurais besoin de votre aide sur cette phrase car j'ai un doute :
"Il n’y avait personne qui riait sincèrement."
Quelle est la fonction de "sincèrement" dans cette phrase, s'il vous plaît?
Je n'ose pas vous dire mes idées, je suis ridicule en grammaire ... Mais j'essaie de me soigner !
Je dirais complément circonstanciel de manière mais sans certitude.
- V.MarchaisEmpereur
Delia a écrit:Des tas de gens se ruinent au jeu : ils s'y ruinent.Pronominalisable avec effacement de la préposition ;
À cette aune, tous les compléments introduits par à ou de sont des compléments essentiels.
Je ne suis pas d'accord, ou alors, essentiel ne veut plus dire grand chose.
Phrase minimale : Le petit chat est mort.
Mon dieu ! quelle horreur ! de quoi est-il mort ? Où ? Quand ? Comment ?
Il est mort à la maison, d'une crise cardiaque. / Il est mort d'une crise cardiaque, à la maison.
Oui, il en est mort, le pauvre. Il y est mort d'une crise cardiaque.
Ce sont bien des précisions sur les circonstances, ajoutées à la phrase minimale, qui ne sont pas appelées par la construction du verbe.
Cette phrase est tout simplement une phrase correcte. Ça veut dire quoi, canonique ? Selon le contexte, elle peut être bien plus "canonique" que dans un ordre différent.non déplaçable en phrase canonique : *au jeu, des tas de gens se ruinent ;
- Le jeu est dangereux.
- Ben pourquoi ?
- Au jeu, des tas de gens se ruinent (s'enchaine ici plus naturellement que Des tas de gens se ruinent au jeu).
Et puis de jeunes enfants sont-ils censés connaître ce canon ?
Là non plus, je ne suis pas d'accord. Tu n'as pas changé le sens du verbe. Évidemment, tu as enlevé de l'information. Mais ce n'est pas comparable avec Depuis des semaines, il décline ses invitations vs Depuis des semaines, il décline.non supprimable sans changer le sens : des tas de gens se ruinent.
Sinon, on peut aussi dire que Je t'ai écrit n'a pas le même sens que Je t'ai écrit hier.
Et en fait, on a dit quoi, quand on a dit ça, qui fait débat entre les professionnels que nous sommes ? Est-ce bien nécessaire d'embrouiller les élèves qui n'ont aucun repère dans la langue avec ce qui ne fait pas consensus ?Ce n'est pas un circonstant mais un complément essentiel.
- *Plume*Niveau 10
Hum
_________________
- "Humeur du moment" :
Ma motivation est sans limite. Hum...
- V.MarchaisEmpereur
Delia a écrit:
Les notions de compléments essentiel et facultatif sont intéressantes pour des adultes
Je croyais que cette discussion se tenait entre adultes. Qu'est-ce que les enfants viennent faire ici ?
Pourquoi l’enseignement de la grammaire à travers des critères de distribution, et par conséquent les notions de complément de phrase ou de verbe sont inefficaces
C'est bien vrai, ça, l'enseignement de la grammaire sont inefficaces !
Ah ! tiens, j'ai laissé une coquille dans un texte remanié plusieurs fois. C'est vrai.
À part ça, sur le fond, tu as une réponse à cette critique ?
- V.MarchaisEmpereur
*Plume* a écrit:Bonsoir,
Désolée de faire retomber le débat mais j'aurais besoin de votre aide sur cette phrase car j'ai un doute :
"Il n’y avait personne qui riait sincèrement."
Quelle est la fonction de "sincèrement" dans cette phrase, s'il vous plaît?
Je n'ose pas vous dire mes idées, je suis ridicule en grammaire ... Mais j'essaie de me soigner !
Déjà, si tu veux te soigner, c'est positif.
Pour que "sincèrement" puis être attribut du sujet "personne", il faudrait déjà qu'ils soient dans la même proposition. Les fonctions syntaxiques s'exercent en général à l'intérieur d'une même proposition.
Par ailleurs, "sincèrement" est un adverbe de manière. Lesquels sont généralement CC de manière, tout simplement. Même si dans "Ce livre est très bien", l'adverbe bien est effectivement attribut du sujet.
- DeliaEsprit éclairé
Pour y répondre, il aurait fallu que je la comprisse. Je dois être fatiguée, je n'ai rien saisi, mais alors rien de rien.
_________________
Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- *Plume*Niveau 10
Merci V.Marchais pour tes explications. Maintenant que tu le dis ça me semble évident mais j'avais besoin d'une confirmation pour lever mes doutes.
Je redécouvre la fonction "attribut du sujet" que j'ai longtemps crue réservée aux seuls adjectifs. J'ai tendance à voir cette fonction un peu partout désormais.
Je redécouvre la fonction "attribut du sujet" que j'ai longtemps crue réservée aux seuls adjectifs. J'ai tendance à voir cette fonction un peu partout désormais.
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- "Humeur du moment" :
Ma motivation est sans limite. Hum...
- V.MarchaisEmpereur
Si cela peut t'aider, Plume, en général, quel que soit le verbe qui relie le sujet à son attribut, tu peux le remplacer par être. Tu perds de l'information, bien sûr, mais tu obtiens une phrase correcte, de sens proche.
Elles resteront amies toute leur vie. = Elles seront amies toute leur vie.
Ils sont tombés amoureux. = Ils sont amoureux.
Je suis née têtue et je mourrai têtue. = Je suis têtue et je suis têtue. (Je vous aurai prévenus.)
Il est rentré fatigué. = Il est fatigué.
Il riait sincèrement =/= * Il était sincèrement.
Elles resteront amies toute leur vie. = Elles seront amies toute leur vie.
Ils sont tombés amoureux. = Ils sont amoureux.
Je suis née têtue et je mourrai têtue. = Je suis têtue et je suis têtue. (Je vous aurai prévenus.)
Il est rentré fatigué. = Il est fatigué.
Il riait sincèrement =/= * Il était sincèrement.
- *Plume*Niveau 10
Merci pour l'astuce V.Marchais !
Je m'entraîne aussi avec des cahiers d'exercices et ça ne me serait jamais venu à l'idée que "Il passe déjà pour le concurrent du Boeing 747" contienne un attribut du sujet. Il va falloir que je sois plus vigilante.
Je m'entraîne aussi avec des cahiers d'exercices et ça ne me serait jamais venu à l'idée que "Il passe déjà pour le concurrent du Boeing 747" contienne un attribut du sujet. Il va falloir que je sois plus vigilante.
_________________
- "Humeur du moment" :
Ma motivation est sans limite. Hum...
- lisette83Érudit
+1, pour les discussions entre adultes qui ont aussi leur intérêt.Delia a écrit:
Les notions de compléments essentiel et facultatif sont intéressantes pour des adultes
Je croyais que cette discussion se tenait entre adultes. Qu'est-ce que les enfants viennent faire ici ?
Pourquoi l’enseignement de la grammaire à travers des critères de distribution, et par conséquent les notions de complément de phrase ou de verbe sont inefficaces
C'est bien vrai, ça, l'enseignement de la grammaire sont inefficaces !
- sinanNiveau 9
Merci pour vos réponses
Mais j'avoue que je ne comprends pas bien la question du COI.
Pourquoi est-ce totalement impossible que "au jeu" soit un coi ?
Le verbe ne pourrait-il pas se construire comme "se ruiner à qqch" ?
Avec le Cod c'est clair : il est objet du verbe.
Mais avec le coi c'est, je trouve, beaucoup moins évident.
ex: j'obéis à mon frère. "mon frère" n'est pas l'objet de l'obéissance
Désolée, c'est quelque chose qui me chiffonne depuis longtemps...
Mais j'avoue que je ne comprends pas bien la question du COI.
Pourquoi est-ce totalement impossible que "au jeu" soit un coi ?
Le verbe ne pourrait-il pas se construire comme "se ruiner à qqch" ?
Avec le Cod c'est clair : il est objet du verbe.
Mais avec le coi c'est, je trouve, beaucoup moins évident.
ex: j'obéis à mon frère. "mon frère" n'est pas l'objet de l'obéissance
Désolée, c'est quelque chose qui me chiffonne depuis longtemps...
- V.MarchaisEmpereur
Les compléments d'objet, directs ou indirects, font partie de la construction des verbes.
Tu dis obéir à qqn, donner qqch à qqn, pas se ruiner à qqch.
Tu dis obéir à qqn, donner qqch à qqn, pas se ruiner à qqch.
- egometDoyen
V.Marchais a écrit:lisette83 a écrit:Sauf les circonstanciels !Delia a écrit:Si tu considères que seule la pronominalisabilité (argh ) compte, tous les compléments de lieu sont essentiels...
Tout juste, Auguste !
Ce qui est d'une immense clarté pour les élèves qui ont toute leur grammaire à construire...
Non mais vous vous rendez-compte ? Si au moins, on n'introduisait ces termes que dans le secondaire... Mais non, cette terminologie prétend s'imposer en primaire, avec des gosses de 8 à 11 ans, qui n'ont pas une grande idée de ce qui est correct ou non, recevable ou non. Et pendant ce temps là, on n'explique plus le sens des mots qui désignent les concepts grammaticaux - objet, circonstance - parce que ces concepts sont réduits à leurs propriétés syntaxiques. C'est du formalisme d'un aridité extrême pour des petits - et encore au collège, je trouve. Le sémantisme, s'il ne peut se substituer à la syntaxe, ne peut être évacué de la grammaire, sous peine de produire, comme en ce moment, une grammaire qui ne fait plus sens. C'est tout de même essentiel (!) que les élèves identifient la cause, la conséquence, le moyen, le sujet et l'objet de l'action, et pas seulement des compléments déplaçables-pronominalisables-ou-pas.
Les notions de compléments essentiel et facultatif sont intéressantes pour des adultes à la représentation de la langue structurée, qui vont pouvoir affiner cette représentation, entrer dans des considérations sur l'organisation du propos (thème, rhème, thématisation, réflexion sur la valence, actants...). Mais tout ça, c'est comme les maths modernes : totalement inadéquat à faire entrer des enfants dans un système.
Bon, si vous voulez, je vous refais l'argumentaire.
- Spoiler:
Pourquoi l’enseignement de la grammaire à travers des critères de distribution, et par conséquent les notions de complément de phrase ou de verbe sont inefficaces
La distinction entre complément de verbe (ou encore complément essentiel) et complément de phrase (ou encore complément facultatif) se fonde sur des critères de distribution qui, s’ils ont une certaine constance, sont loin d’être toujours vrais, en particulier dans la langue littéraire, celle que la grammaire devrait permettre de comprendre et d’imiter. En conséquence, ces critères sont impropres à permettre d’identifier de façon certaine un groupe syntaxique, surtout quand on s’adresse à de jeunes enfants. En outre, les manipulations exigées par cette approche conduisent le plus souvent les élèves à s’embrouiller dans la phrase plutôt qu’à la démêler.
Cette distinction pose que les compléments du verbe sont essentiels, c’est-à-dire impossibles à supprimer ou à déplacer. On y range les COD, les COI, les attributs (qui ne sont même pas des compléments au sens strict du terme), certains compléments de lieu, de temps – rien que ça ! Et l’on explique qu'ils s'opposent aux compléments facultatifs que l’on peut, eux, supprimer ou déplacer.
Le problème, c'est que ce n'est pas vrai – pas de façon suffisamment régulière, en tout cas, pour constituer un critère d’analyse fiable.
En effet, un verbe transitif est un verbe qui PEUT se construire avec un complément d’objet, mais ce CO n'est pas toujours obligatoire, loin de là.
Ex : Je lis un livre. > Je lis. Je réfléchis à ce que tu m'as dit. > Je réfléchis.
Un très grand nombre de COD ou de COI peuvent être supprimés.
Un COI peut presque toujours être déplacé.
Ex : À cette douleur s’ajoutait l’humiliation ressentie. (Zola) > L’humiliation ressentie s’ajoutait à cette douleur.
De même l’attribut : Nombreux sont les exemples qui pourraient étayer ce propos. > Les exemples qui pourraient étayer ce propos sont nombreux.
Même le COD se promène volontiers dans la langue soutenue, comme nous l'allons monter. > Même le COD se promène volontiers dans la langue soutenue, comme nous allons le monter.
Ne protestons pas que c'est rarissime : Molière le fait sans cesse, La Fontaine, Perrault aussi, et ce sont des auteurs susceptibles d’être abordés dès l’école primaire. Après tout, nous prétendons enseigner une grammaire qui permette de mieux lire, mieux comprendre...
Même le verbe aller, généralement présenté comme l’archétype du verbe qui réclame un complément essentiel de lieu, résiste à l’analyse.
"Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, / Par la Nature, heureux - comme avec une femme." (Rimbaud)
Pardon Arthur, on peut tout aussi bien dire : Et j'irai, comme un bohémien, par la nature, loin, bien loin, heureux...
Ou : Et j'irai, par la nature, loin, bien loin, comme un bohémien...
Ou : Belle Marquise, j'irai loin, bien loin, comme un bohémien, heureux avec vos beaux yeux... (Telle est en général, à ce stade, la situation de l’élève sommé de se débrouiller avec ses manipulations…)
D’aucuns diront que ce n’est pas le complément du verbe, qui a changé de place, mais le complément de phrase. Mais comment l’élève est-il censé faire la différence, lui qui constate simplement que le complément n’est plus au même endroit ?
Allons plus loin. Aller est intransitif. S'il est presque toujours accompagné d'un complément CIRCONSTANCIEL de lieu, c'est parce qu'en général, quand on décrit son déplacement, c'est pour apporter cette information, justement, mais syntaxiquement, cela n'a rien d'obligatoire. Va, cours, vole et nous venge, déclare Don Diègue, foulant au pied les amours du Cid et le complément de verbe.
Quand je relis les pages précédentes de mon récit, je me rends compte que je vais dans les mots comme un gibier traqué, qui file vite, zig-zague, essaie de dérouter les chiens et les chasseurs lancés à sa poursuite. (Ph. Claudel). > Quand je relis les pages précédentes de mon récit, je me rends compte que je vais comme un gibier traqué, qui file vite, zig-zague, essaie de dérouter les chiens et les chasseurs lancés à sa poursuite. Cette dernière phrase est parfaitement correcte. De même que : Je suis une force qui va. (Hugo).
Première conclusion : le complément du verbe n'est ni suppressible ni déplaçable sauf lorsqu'il est suppressible ou déplaçable.
Examinons à présent le cas du complément de phrase.
Il y a plein de compléments circonstanciels impossibles à déplacer.
Il réagit normalement.
Il mourut de faim et de soif.
Partir de bonne heure nous permettra d’arriver suffisamment tôt pour travailler un peu avant la nuit. Lequel de ces soi-disant compléments de phrase peut-on séparer du verbe dont il dépend ?
Et nous ne nous étendrons pas sur les phrases complexes où la notion de complément de phrase n’a plus aucun sens, tant il est vrai que les éléments syntaxiques sont avant tout, comme on disait avant, "termes de la proposition".
Deuxième conclusion : le complément de phrase est suppressible et déplaçable sauf lorsqu'il n'est ni suppressible ni déplaçable.
D'où il apparaît que le complément essentiel est essentiel sauf s'il ne l'est pas et que le complément facultatif est facultatif sauf quand il ne l'est pas.
C'est cela que nous enseignons aux élèves depuis 25 ans. Et nous nous étonnons qu'en 3e, ils ne sachent toujours pas reconnaître un COD, mais qu'ils pataugent dans les manipulations les plus hasardeuses.
Quelques remarques encore…
La place des mots, en littérature, est régie par des règles complexes, où se mêlent impératifs syntaxiques (place du thème, évitement d’ambiguïtés, de lourdeurs…) et considérations stylistiques (mise en relief, effet d’attente…). Dès lors, les critères de distribution, vrais en théorie, sont souvent inopérants dans la réalité de la langue, concurrencés qu’ils sont par des règles supérieures.
La structure canonique sujet + verbe + complément du verbe est concurrencée par la structure, prééminente, thème + prédicat, et par tous les effets stylistiques possibles.
Du point de vue de la progression thématique, un phrase comme Une sorcière vivait dans cette maison est hautement improbable, et un élève à qui on demande d’identifier le complément de phrase par simple déplacement ou suppression dans la phrase Dans cette maison vivait une sorcière peut parfaitement en avoir l’intuition et rejeter le critère de déplacement, ainsi que celui de suppression (car Une sorcière vivait. ou, a fortiori, Vivait une sorcière sonne fort étrangement à l’oreille).
En outre, n'importe quel groupe fonctionnel peut être placé, à des fins stylistiques, en début ou en fin de phrase :
- sujet : Au commencement était le verbe.
- complément d'objet (indirect) : A toi, mon fils, je donnerai mon royaume. / De ce choix dépendrait tout le reste de son existence.
- attribut du sujet : Grande était la douleur de Roland.
- complément circonstanciel : Longtemps, ils marchèrent.
Nous remarquerons enfin que ces critères de distribution suffisent à conclure que ni en ni y ne sauraient être des compléments de phrase, puisqu’en tant que pronom, ils ont une place bien définie dans la phrase – avant le verbe.
Donc, si on écrit : Il y rencontra Bérénice, y n’est pas un complément de phrase : y est littéralement adjoint au verbe (c’est pourquoi l’on parle de pronom ad-verbial).
Par contre, si on remplace le pronom par son antécédent, par exemple : Il rencontra Bérénice au bal de la Marquise d’Estampes, le groupe qui commute avec ce pronom devient, lui, un complément de phrase, rompant avec la règle qui veut qu’un groupe qui commute avec un autre occupe la même fonction.
Qu’est-ce qu’un élève est censé comprendre de toutes ces manipulations ? N’est-il pas infiniment plus simple de lui expliquer que le complément d’objet, c’est la chose dont on parle quand on peut dire quelque chose après le verbe (prendre qqch, avaler qqch) ? Que les compléments circonstanciels expriment les circonstances de l’action ?
Les critères de distribution ne sont pas des critères suffisants d’identification des groupes syntaxiques. Ils sont pourtant, à cause de notre refus d’expliquer clairement des notions, les seuls que nous donnons aux enfants depuis plus de 20 ans. Pourtant, expliquer ces notions de sorte que l’élève puisse les comprendre véritablement (et pas seulement en supputer de vagues propriétés) et les apprendre, c’est lui permettre de les faire siennes, de les intégrer pleinement, afin de pouvoir les mobiliser aisément dans le raisonnement. Au lieu de quoi, à l’heure actuelle, l’élève qui veut réfléchir sur la langue, doit perpétuellement refaire l’analyse de chaque groupe syntaxique. Cela encombre sa mémoire de travail et limite fortement ses possibilités de raisonnement, d’autant plus qu’il a moins de facilités au départ. Cette méthode renforce donc les inégalités. En outre, cette méthode coûteuse sur le plan cognitif ne permet jamais l’automatisation de la reconnaissance des groupes fonctionnels. Dès lors, l’application des règles de grammaire, en particulier en orthographe, devient impossible. Comment bien écrire au rythme de la dictée ou de l’écriture d’invention quand il faut, au fur et à mesure, se souvenir des critères de distribution de chaque groupe et se lancer dans l’analyse de la phrase que l’on est en train d’écrire ? C’est strictement impossible.
Que gagne-t-on à embrouiller ainsi avec des manipulations complexes et coûteuses sur le plan cognitif des enfants qui n’ont encore aucune base en grammaire ?
Rien, si l’on en juge par l’évolution des résultats des élèves ces 20 dernières années.
L’injonction à suivre une méthode impropre, au lieu d’aider les élèves, accentue leurs difficultés. Il est temps d’en finir avec la seule description des critères de distribution (et avec l’opposition entre compléments de verbe et compléments de phrase) et d’exiger des professeurs qu’ils fassent véritablement preuve de pédagogie, en expliquant clairement les notions (ce qui n’empêche pas d’en observer le fonctionnement), afin que l’élève puis les com-prendre, c’est-à-dire, littéralement, les intégrer, en automatiser la reconnaissance, et les mobiliser pour le raisonnement.
J'ajouterai que les critères sémantiques sont extrêmement utiles quand on passe d'une langue à une autre. Je ne me demande pas comment exprimer un complément essentiel ou circonstanciel en latin ou en khmer, mais comment exprimer le lieu, le temps, la cause et tous les rapports logiques. La structure change, mais le rapport logique reste. Va appliquer des critères de position au latin!
_________________
Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- Fires of PompeiiGuide spirituel
sinan a écrit:Merci pour vos réponses
Mais j'avoue que je ne comprends pas bien la question du COI.
Pourquoi est-ce totalement impossible que "au jeu" soit un coi ?
Le verbe ne pourrait-il pas se construire comme "se ruiner à qqch" ?
Avec le Cod c'est clair : il est objet du verbe.
Mais avec le coi c'est, je trouve, beaucoup moins évident.
ex: j'obéis à mon frère. "mon frère" n'est pas l'objet de l'obéissance
Désolée, c'est quelque chose qui me chiffonne depuis longtemps...
Si, ce qui fait l'objet de ton obéissance c'est bien ce que ton frère te dit.
Mais Vero a tout bien expliqué. C'est le caractère obligatoire de cette partie du verbe qui fait tout.
_________________
Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- IphigénieProphète
dans "se ruiner au jeu" le rapport entre l'action de "se ruiner" et le "jeu" est un rapport de circonstance: le jeu est la cause, par métonymie le lieu où tu te ruines- c'est une circonstance de l'action. ("il meurt de faim")
On peut se ruiner au jeu, par le jeu, à cause du jeu, dans le jeu.
dans "obéir à mon frère" mon frère n'est pas une circonstance mais un destinataire de l'action, on peut "obéir à quelqu'un", et... c'est tout.
Un coi, c'est comme un cod sauf que le verbe rend obligatoire l'emploi de la préposition "à. (ou "de" pour certains):
"je me rappelle mes vacances", "je me souviens de mes vacances".
C'est juste ce qui complete l'action verbale
On peut se ruiner au jeu, par le jeu, à cause du jeu, dans le jeu.
dans "obéir à mon frère" mon frère n'est pas une circonstance mais un destinataire de l'action, on peut "obéir à quelqu'un", et... c'est tout.
Un coi, c'est comme un cod sauf que le verbe rend obligatoire l'emploi de la préposition "à. (ou "de" pour certains):
"je me rappelle mes vacances", "je me souviens de mes vacances".
C'est juste ce qui complete l'action verbale
- User14996Niveau 10
V.Marchais a écrit:Delia a écrit:Des tas de gens se ruinent au jeu : ils s'y ruinent.Pronominalisable avec effacement de la préposition ;
À cette aune, tous les compléments introduits par à ou de sont des compléments essentiels.
Je ne suis pas d'accord, ou alors, essentiel ne veut plus dire grand chose.
Phrase minimale : Le petit chat est mort.
Mon dieu ! quelle horreur ! de quoi est-il mort ? Où ? Quand ? Comment ?
Il est mort à la maison, d'une crise cardiaque. / Il est mort d'une crise cardiaque, à la maison.
Oui, il en est mort, le pauvre. Il y est mort d'une crise cardiaque.
Ce sont bien des précisions sur les circonstances, ajoutées à la phrase minimale, qui ne sont pas appelées par la construction du verbe.
Exactement, rappelons-nous que en et yproviennent d'adverbes latins exprimant pour l'un le lieu, pour l'autre disons l'origine de façon générale.
La pronominalisation peut-être mauvaise conseillère, sauf pour les pronoms personnels stricto sensu qui ont conservé leur flexion de l'ancien français.
- sinanNiveau 9
Merci pour votre aide.
Je pense que mon problème vient que je ressentais "se ruiner à qqch" comme une structure transitive possible.
Merci encore
Quelqu'un aurait-il la référence d'un livre qui étudierait à fond le problème de la complémentation ?
Je pense que mon problème vient que je ressentais "se ruiner à qqch" comme une structure transitive possible.
Merci encore
Quelqu'un aurait-il la référence d'un livre qui étudierait à fond le problème de la complémentation ?
- TensiaNiveau 1
Bonjour,
Je dois passer une épreuve de dissertation mais j'ai des problèmes de maîtrise de langue française : problème d'orthographe , de grammaire, de syntaxe et de vocabulaire. Que me conseillez vous de faire afin de résoudre ce problème au plus vite?
Je dois passer une épreuve de dissertation mais j'ai des problèmes de maîtrise de langue française : problème d'orthographe , de grammaire, de syntaxe et de vocabulaire. Que me conseillez vous de faire afin de résoudre ce problème au plus vite?
- IllianeExpert
Au plus vite = combien de temps ? Quoi qu'il en soit, à ta place je commencerais déjà par (re)prendre un bon vieux Bescherelle...
- egometDoyen
Au plus vite? Mazette! C'est le travail le plus long à faire. Tu aurais demandé des conseils sur l'organisation du devoir, j'aurais pu te fournir des astuces assez efficaces. Mais régler des problèmes de vocabulaire ou d'orthographe, c'est un travail de longue haleine. Tu ne verras pas des progrès fulgurants.Tensia a écrit:Bonjour,
Je dois passer une épreuve de dissertation mais j'ai des problèmes de maîtrise de langue française : problème d'orthographe , de grammaire, de syntaxe et de vocabulaire. Que me conseillez vous de faire afin de résoudre ce problème au plus vite?
Cela dit, tu peux déjà commencer par améliorer ta relecture, par exemple en reprenant ce que tu as écrit précédemment. Identifie les fautes que tu fais fréquemment. Tu sauras sur quoi porter ton attention. Une bonne astuce est de se relire à voix haute quand c'est possible. Un des problèmes à la relecture, c'est qu'on a tendance à relire ce qu'on a voulu écrire et non ce qu'on a réellement écrit. Autrement dit, on ne voit pas ses fautes parce qu'on a l'esprit encore tout occupé par sa réflexion. Si c'est possible, il est bon de se relire après plusieurs heures ou plusieurs jours. Quand on ne se souvient plus de ce que l'on a voulu dire, les phrases absurdes sautent aux yeux. En devoir surveillé, évidemment, c'est difficile. Mais on peut faire un petit break, le temps de résoudre une équation au second degré pour se vider l'esprit.
A plus long terme, prendre l'habitude de vérifier le sens et la construction des mots dans le dictionnaire permet déjà d'avancer.
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- TensiaNiveau 1
Ok.J'achèterai un Bescherelle. En moins de six mois est ce possible ?
Je me suis inscrite sur projet voltaire...
Correction de mon post .
Bonjour,
Je dois passer une épreuve de dissertation mais j'ai des problèmes de maîtrise de langue française : problèmes d'orthographe , de grammaire, de syntaxe et vocabulaire. Que me conseillez-vous de faire afin de résoudre ce problème au plus vite?
Je me suis inscrite sur projet voltaire...
Correction de mon post .
Bonjour,
Je dois passer une épreuve de dissertation mais j'ai des problèmes de maîtrise de langue française : problèmes d'orthographe , de grammaire, de syntaxe et vocabulaire. Que me conseillez-vous de faire afin de résoudre ce problème au plus vite?
- egometDoyen
En six mois, tu peux déjà faire pas mal de choses, si tu en as la volonté.
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- Bobby-CowenFidèle du forum
J'ai un trou de mémoire... comment appelle-t-on un nom aussi bien féminin que masculin (cet/cette après-midi par exemple) ? comment appelle-t-on un nom qui change de genre au pluriel (amour, orgue...) ?
Merci les super-néos
Merci les super-néos
- Fires of PompeiiGuide spirituel
épicène, pour le nom au genre indifférencié
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
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