les perles de l'ESPE

Bonjour à tous!
Je lance ce nouveau sujet en réaction à mon allergie, que dis-je? à mon intolérance profonde et viscérale qui tend à prendre des proportions ahurissantes en cette (presque) fin de formation à l'ESPE. Rien que pour cette semaine, on a eu ici le droit à:

"Et vous n'oublierez pas d'aborder, lorsque vous étudierez Tartuffe avec vos 4èmes, d'évoquer le traitement des trois vertus théologales dans son dialogue avec Dorine, après bien sûr avoir mis en évidence l'écriture du théâtre dans le théâtre dans le théâtre".   VOUIIIIII!!

" Je suis bien consciente que les informations que je vous donne aujourd'hui pour la rédaction du mémoire arrivent un peu tard [sic] et que mes collègues ont un peu tardé [re sic] à vous transmettre des informations, mais il fallait faire preuve de professionnalisme et prendre les devants! En plus, pour ma part... [suit un quart d'heure résumant le CV de la dame...] donc je sais de quoi je parle!"

"VOUS NE DEVEZ PAS souligner les fautes d'orthographe des élèves qui ont des difficultés avec l'écriture, c'est STIG-MA-TI-SANT!! Il faut faire preuve de bienveillance et de négociation pour qu'il s'empare des règles de façon autonome et décloisonnée".   C'est beau...

"Non mais vous savez, si le formateur dont vous vous plaignez est à ce poste, c'est parce que personne d'autre n'en voulait, faut pas espérer y faire quoi que ce soit, hein!"

"Moi, je ne comprends pas ces stagiaires que j'entends raconter leur dernière sortie au cinéma. Si vous voulez espérer être titularisés à la fin de l'année, il faut vous en donner les moyens!"

"J'ai travaillé chez Nathan, surtout dans les annales. D'ailleurs, ils sont très bien leurs manuels, mieux que les autres-là, ceux qui respectent pas les nouveaux programmes. Les nouveaux programmes c'est le bien, faut pas écouter et lire ceux qui disent le contraire!"


Je crois que c'est tout pour les moments où j'étais éveillé. Et vous, vous avez des perles? On peut se les échanger pour faire des colliers? (de perles? de nouilles?)

Bonne idée ce sujet. Je me suis bien marrée.

orph a écrit:
(...) Les nouveaux programmes c'est le bien, faut pas écouter et lire ceux qui disent le contraire!"

J'ai peine à croire que cette retranscription soit exacte.

a peine modifiée pourtant, la citation précise était "les nouveaux programme c'est bien, faut pas écouter et lire ceux qui disent le contraire!" Suivait un réquisitoire sur l'erreur dans laquelle se noient les méchants détracteurs "qui ne sont pas de bons fonctionnaires et refusent d'appliquer la Réforme" par étroitesse d'esprit et réaction contre le progrès...

Je ne me souviens pas de toutes les perles que j'ai entendues l'année dernière pendant mon année de stage. Mais en tout cas, il est certain que j'ai passé l'année la plus infructueuse de toute ma vie, une année où je n'ai strictement rien appris et où on a essayé de me lobotomiser avec la bienveillance, le nivellement par le bas, l'évaluation par compétences, etc. J'ai même entendu qu'être cultivé était un frein pour être un bon prof.

J'ai aussi vu à quel point le copinage et le piston sont les deux mamelles de l'EN. On avait une formatrice, qui devait avoir une petite trentaine d'années, qui était une illettrée notoire (ses rapports et ses cours étaient truffés de fautes) et qui avait en charge les M2 MEEF que nous étions, tout enorgueillie d'avoir une telle responsabilité entre ses mains. Elle était également prof dans une option très convoitée au lycée. Je n'ai jamais osé lui montrer à quel point elle écrivait mal car je voulais obtenir ma titularisation. Je désespère de voir ce genre de personnes prendre du galon alors que ce sont des ignares.

BelaLugosi a écrit: Je désespère de voir ce genre de personnes prendre du galon alors que ce sont des ignares.

Tsss, tss, votre année ne vous a décidément rien appris: de la bienveillance, on vous dit, de la bienveillance. Et vous oubliez le dogme du "maître ignorant", il vaut mieux que l'enseignant n'en sache pas plus que ses élèves. Ainsi il ne les stigmatisera pas et leur permettra de construire leur savoir - aut non.
Votre formatrice est l'avenir du genre professoral, prenez exemple sur elle, dépouillez-vous de ces savoirs inutiles qui vous empêchent d'être en communion avec les élèves. Entrez dans ce monde dépouillé d'entraves, de règles arbitraires, orthographiques ou autres, où chacun peut suivre sa logique propre, élaborer son propre code. Peu importe d'énoncer clairement, de bien concevoir, de raisonner: soyez amour !

:labas:

Je dois avoir plus de chance que d'autres...
Mes formateurs sont vraiment bien.
On nous répète souvent "N'oubliez pas que les cimetières sont remplis de gens irremplaçables!"
"Vous avez besoin de vous reposer, ce soir vous ne travaillez pas, vous allez boire un verre et vous ferez une photocopie d'un livre demain dans votre établissement".

Ils sont tous en poste à plein temps. Je pense que ça aide! J'accorderais beaucoup moins de légitimité à un planqué qui a fui le contact avec les élèves.

A ce que je vois les années se suivent et se ressemblent. Et ce en dépit du changement d'étiquetage.

J'en ai une...
la semaine dernière 6H sur le thème de la progression, spiralaire bien sur. Notre formatrice a été jusqu'à nous parler de schéma de progression en 3D (vous avez du mal à visualiser? nous aussi...)
Comment on fait une progression sur une année, les "outils" bref l'artillerie lourde et bien culpabilisante (quoi vous n'en avez pas une à présenter pour votre titularisation? mais vous êtes nuls!)
Lundi formation de bassin avec un IPR et là... comment balayer 6H de formation en 2 phrases:
déjà on ne dit plus progression mais progressivité.
et on ne pense plus sur l'année mais sur un projet! rien ne doit être figé.
Ok alors va falloir informer nos formateurs, mais genre rapidement quoi...

orph a écrit:a peine modifiée pourtant, la citation précise était "les nouveaux programme c'est bien,faut pas écouter et lire ceux qui disent le contraire!"

C'est important parfois un article.

orph a écrit:
Les nouveaux programmes c'est le bien, faut pas écouter et lire ceux qui disent le contraire!"

Non?

orph a écrit:Bonjour à tous!
Je lance ce nouveau sujet en réaction à mon allergie, que dis-je? à mon intolérance profonde et viscérale qui tend à prendre des proportions ahurissantes en cette (presque) fin de formation à l'ESPE. Rien que pour cette semaine, on a eu ici le droit à:


"
"Non mais vous savez, si le formateur dont vous vous plaignez est à ce poste, c'est parce que personne d'autre n'en voulait, faut pas espérer y faire quoi que ce soit, hein!"

On parle du formateur ou du poste ?

Les meilleurs formateurs sont ceux qui sont encore en poste ou qui l'ont été pendant de longues années. J'en peux plus de ceux qui débarquent directement des sciences de l'éducation ou de socio ou de je ne sais plus quoi, et n'ont jamais vu un apprenant un chair et en os (et encore moins 35) autre que les étudiants.

Mon stagiaire m'en raconte des pas mal, également.
On a aussi le droit de jouer? Parce que vendredi j'ai une messe formation pour la sainte réforme, je suis sûre qu'il y aura des perles!

Oui, oui, faut jouer, car c'est drôle, en plus d'être pathétique.

Un souvenir d'Espe : "si un élève bavarde, vous mettez deux doigts sur sa table en le regardant et il va se taire." Je l'aurais bien envoyé dans une vraie classe ce formateur, avec ses astuces débiles.

Ponocrates a écrit:

BelaLugosi a écrit: Je désespère de voir ce genre de personnes prendre du galon alors que ce sont des ignares.

Tsss, tss, votre année ne vous a décidément rien appris: de la bienveillance, on vous dit, de la bienveillance. Et vous oubliez le dogme du "maître ignorant", il vaut mieux que l'enseignant n'en sache pas plus que ses élèves. Ainsi il ne les stigmatisera pas et leur permettra de construire leur savoir - aut non.
Votre formatrice est l'avenir du genre professoral, prenez exemple sur elle, dépouillez-vous de ces savoirs inutiles qui vous empêchent d'être en communion avec les élèves. Entrez dans ce monde dépouillé d'entraves, de règles arbitraires, orthographiques ou autres, où chacun peut suivre sa logique propre, élaborer son propre code. Peu importe d'énoncer clairement, de bien concevoir, de raisonner: soyez amour !

:labas:

Fires of Pompeii a écrit:Un souvenir d'Espe : "si un élève bavarde, vous mettez deux doigts sur sa table en le regardant et il va se taire." Je l'aurais bien envoyé dans une vraie classe ce formateur, avec ses astuces débiles.

Ah? Moi, j'ai eu droit à la version "trousse magique".
"Si un élève bavarde, vous prenez la trousse magique sur votre bureau [quoi, notre trousse de prof??] et vous la posez calmement sur le bureau de l'élève en le regardant dans les yeux. Et là, il n'a plus le droit de parler, alors il se tait."
J'imagine que dans une certaine mesure ça marche: l'élève doit sûrement rester muet de stupeur pendant au moins deux secondes!... avant de pousser des hurlements de rire et d'envoyer la troutrousse mazik au visage de son enseignant...

Fires of Pompeii a écrit:Un souvenir d'Espe : "si un élève bavarde, vous mettez deux doigts sur sa table en le regardant et il va se taire." Je l'aurais bien envoyé dans une vraie classe ce formateur, avec ses astuces débiles.

Crocodile Dundee fait un peu ça avec un gros buffle.

Ça me fait penser aux remarques de gens qui ne connaissent pas et ne se rendent pas du tout compte de ce qu'est devenu le métier : un jour que je racontais à ma belle-soeur l'attitude ce certains élèves et l'atmosphère de certaines classes particulièrement difficiles, elle me dit : "mais tu ne peux pas leur dire de se taire ?"
Sans déc, je n'y avais pas pensé

ipomee a écrit:Bonne idée ce sujet. Je me suis bien marrée.

Pas moi

Que je n'aimerais pas être stagiaire maintenant !
Mais mieux vaut que ceux qui subissent ça aient la force d'en rire, courage à eux !

Daphné, oui, c'est exactement ça, je dois souvent révéler la dure réalité à des gens qui n'en ont aucune idée.

Oudemia a écrit:

ipomee a écrit:Bonne idée ce sujet. Je me suis bien marrée.

Pas moi

Que je n'aimerais pas être stagiaire maintenant !
Mais mieux vaut que ceux qui subissent ça aient la force d'en rire, courage à eux !

Daphné, oui, c'est exactement ça, je dois souvent révéler la dure réalité à des gens qui n'en ont aucune idée.

Et qui ne comprennent pas, il faut dire que c'est difficilement réalisable de l'extérieur. Je crois que des gens me raconteraient ça, j'aurais du mal à réaliser ce que c'est si je ne l'avais pas vécu.

BelaLugosi a écrit:Je ne me souviens pas de toutes les perles que j'ai entendues l'année dernière pendant mon année de stage. Mais en tout cas, il est certain que j'ai passé l'année la plus infructueuse de toute ma vie, une année où je n'ai strictement rien appris et où on a essayé de me lobotomiser avec la bienveillance, le nivellement par le bas, l'évaluation par compétences, etc. J'ai même entendu qu'être cultivé était un frein pour être un bon prof.

Je dirai même plus : non seulement je n'ai rien appris mais, pire, j'ai désappris mon "métier d'étudiante" (pour reprendre une des expressions favorites de nos formateurs), à force de passer des heures et des heures à faire semblant de suivre un cours insipide ou de m'investir dans un travail de groupe bêtifiant : je n'oublierai jamais ce professeur qui a voulu nous occuper deux heures avec quatre enveloppes de papier kraft contenant chacune une activité ludique censée nous amuser et donc nous inspirer pour nos séances d'histoire en classe... Difficile de reprendre des études sérieuses après un tel régime (et encore, n'ayant subi qu'un an, je n'ose imaginer dans quel état on sort de quatre ou cinq années d'ESPE ). Une amie très appliquée en début d'année, toujours placée au premier rang de l'amphi, a fini par me rejoindre, un beau jour, au tout dernier rang, sans ses affaires : elle avait tout oublié chez elle   (incident révélateur qui ne l'a cependant pas empêchée de suivre les cours de la journée...) !

Daphné a écrit:Ça me fait penser aux remarques de gens qui ne connaissent pas et ne se rendent pas du tout compte de ce qu'est devenu le métier : un jour que je racontais à ma belle-soeur l'attitude ce certains élèves et l'atmosphère de certaines classes particulièrement difficiles, elle me dit : "mais tu ne peux pas leur dire de se taire ?"
Sans déc, je n'y avais pas pensé  

J'ai eu le même genre de conversation hier avec mon mec. Pourtant, il commence à savoir que les élèves ont changé depuis le temps où on était collégiens. Il m'a dit : "Mais pourquoi tu ne t'énerves pas quand tu veux le silence ?"
Je crois qu'il ne se rend pas compte de ce qu'est une classe quand il y a un brouhaha généralisé. Il croit qu'on entend ma petite voix de bonne femme qui s'égosille...

Ou encore "Tu verras, si tu dis à un élève que tu prends son carnet, il va se taire" et moi je réponds : "Non mais tu plaisantes ? J'ai parfois des tas de carnets sur la table et ça ne change rien. Et parfois, tu as aussi des élèves qui ne veulent pas te donner le carnet ou qui mettent 10 minutes à te le donner après moults menaces et négociations".

ou encore "Si tu dis à l'élève qu'il a un mot dans le carnet et que c'est un carton jaune. Il comprendra qu'il ne devra pas contester ta sanction car il comprendra qu'il peut recevoir un carton rouge !"

Oui oui mais bien sûr...

Et bien sûr, il est convaincu que lui saurait y faire...

Dis-lui que l'Education nationale recrute !