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- EllyNiveau 9
Bonjour
Je suis en train de préparer mon évaluation finale sur la poésie (chapitre DIRE L'AMOUR) et je coince bêtement sur un vers que je voudrais faire décomposer par les élèves.
Soit le vers tiré d'Hélène de René Guy Cadou
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent
comment expliquez vous que le e final suivi pourtant d'une consonne ne compte pas ? sinon, ce n'est pas un alexandrin ...
Je suis en train de préparer mon évaluation finale sur la poésie (chapitre DIRE L'AMOUR) et je coince bêtement sur un vers que je voudrais faire décomposer par les élèves.
Soit le vers tiré d'Hélène de René Guy Cadou
Les herbes les gibiers les fleuves me répondent
comment expliquez vous que le e final suivi pourtant d'une consonne ne compte pas ? sinon, ce n'est pas un alexandrin ...
- Thalia de GMédiateur
Le -nt de répondent ne se prononce pas. C'est donc bien un alexandrin.
_________________
Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- EllyNiveau 9
d'accord merci. je crois que je vais choisir un autre vers à décomposer pour éviter l'erreur.
- VicomteDeValmontGrand sage
Quel "e" final suivi d'une consonne? Ce vers m'a l'air tout à fait traditionnel.
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Cette insigne faveur que votre coeur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.
- ipomeeGuide spirituel
Thalia de G a écrit:Le -nt de répondent ne se prononce pas. C'est donc bien un alexandrin.
Je précise :
En fait aucun e muet en fin de vers ne compte (-e, -es, ent).
Dans le vers -es et -ent comptent toujours sauf dans les finales en -ée(s), -aie(s), -aient et autres.
Toujours à l'intérieur du vers, -e ne compte pour une syllabe que suivi d'une consonne.
- CelimeneNiveau 4
Le son "e" en finale d'un vers (que la graphie soit -e /-ent/-es) est toujours muet...
Cette question me perturbe.
Sinon on peut compter 13 syllabes avec une diérèse sur "gibiers".
Cette question me perturbe.
Sinon on peut compter 13 syllabes avec une diérèse sur "gibiers".
- sifiÉrudit
Il me paraît tout à fait standard cet alexandrin?
Les herbes les gibiers// les fleuves me répondent
On a deux hémistiches de 6 syllabes, la césure au bon endroit, et un écho avec le "e" accentué en 3ème syllabe à chaque fois.
Les herbes les gibiers// les fleuves me répondent
On a deux hémistiches de 6 syllabes, la césure au bon endroit, et un écho avec le "e" accentué en 3ème syllabe à chaque fois.
- ipomeeGuide spirituel
Celimene a écrit:Le son "e" en finale d'un vers (que la graphie soit -e /-ent/-es) est toujours muet...
Cette question me perturbe.
Sinon on peut compter 13 syllabes avec une diérèse sur "gibiers".
Les rimes féminines se termine par un e muet. Mais ce n'est pas ce e qui rime, mais la syllabe ou la voyelle précédente.
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
sifi a écrit:Il me paraît tout à fait standard cet alexandrin?
Les herbes les gibiers // les fleuves se répondent
On a deux hémistiches de 6 syllabes, la césure au bon endroit, et un écho avec le "e" accentué en 3ème syllabe à chaque fois.
Il me semble que le e muet ne porte jamais l'accent, mais la syllabe qui le précède.
Je découperais comme ça (en gras les syllabes accentuées):
Les her/bes les gibiers//les fleu/ves se répond(ent)
Les groupes rythmiques sont : 2+4 // 2+4 ce qui contribue à la régularité et à l'harmonie de ce vers.
- tannatHabitué du forum
C'est curieux j'aurais découper ainsi :ipomee a écrit:
Je découperais comme ça (en gras les syllabes accentuées):
Les her/bes les gibiers//les fleu/ves se répond(ent)
Les groupes rythmiques sont : 2+4 // 2+4 ce qui contribue à la régularité et à l'harmonie de ce vers.
Les herbes/ les gibiers//les fleuves / se répondent
Et je voyais plutôt des groupes rythmiques : 3+3 // 3+3...
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- ipomeeGuide spirituel
Non, car un e muet ne peut pas porter l'accent.
Voir à ce sujet dans la partie sur les accents :
https://www.etudes-litteraires.com/versification.php
Voir à ce sujet dans la partie sur les accents :
https://www.etudes-litteraires.com/versification.php
- VicomteDeValmontGrand sage
Ce ne sont justement pas ici des "e" muets et le découpage 3/3 // 3/3 est plus cohérent.
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- ipomeeGuide spirituel
Non, je me suis mal exprimée, il faut parler de e caducs, qui lorsqu'ils sont prononcés et comptent pour une syllabe, ne peuvent en aucun cas porter l'accent (ni fixe, ni mobile) dans le vers.
Le découpage 3+3+3+3 n'est pas possible ici, à cause justement de la place des accents.
Le découpage 3+3+3+3 n'est pas possible ici, à cause justement de la place des accents.
- Eliza-JaneNiveau 2
ipomee a écrit:Je découperais comme ça (en gras les syllabes accentuées):
Les her/bes les gibiers//les fleu/ves se répond(ent)
Les groupes rythmiques sont : 2+4 // 2+4 ce qui contribue à la régularité et à l'harmonie de ce vers.
C'est aussi mon analyse.
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Fais ce que dois, advienne que pourra.
- NLM76Grand Maître
Il faut effectivement comprendre (et entendre) le rythme = brève-longue/brève-brève-brève-longue. C'est davantage une question de durées que de silences. En tout cas pour le français du nord.
En français du sud, le problème pourrait se poser autrement (on pourrait faire une pause après l'e prétendument muet).
En français du sud, le problème pourrait se poser autrement (on pourrait faire une pause après l'e prétendument muet).
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- User17706Bon génie
C'est 2-4/2-4 inévitablement, oui, il suffit de le lire à voix haute. Incidemment ça répond aussi à la question d'origine : si on le lit à voix haute on écarte assez vite la tentation de lire « me répondeûûnnnhttth ».
- DesolationRowEmpereur
Tentation qui devrait demeurer assez fugace si l'on a ne serait-ce qu'un mince vernis de connaissances en versification.
- User17706Bon génie
Mais je n'y vois même pas une question de versification, en fait : tous les francophones savent que le « n » et le « t » de savent ne se prononcent pas plus que le « n » et le « t » finaux de prononcent.
Une contagion de la pratique du e final vocalisé qu'on entend régulièrement dans la chanson françaaaaaiiiiiiiiiiseuuuhh ?
Une contagion de la pratique du e final vocalisé qu'on entend régulièrement dans la chanson françaaaaaiiiiiiiiiiseuuuhh ?
- AnaxagoreGuide spirituel
nlm76 a écrit:Il faut effectivement comprendre (et entendre) le rythme = brève-longue/brève-brève-brève-longue. C'est davantage une question de durées que de silences. En tout cas pour le français du nord.
En français du sud, le problème pourrait se poser autrement (on pourrait faire une pause après l'e prétendument muet).
Écoute. C'est bien simple. Je n'ai jamais rien compris à ces histoires. Rien.
Avec mon accent, je ne sais pas ce que je devrais prononcer.
_________________
"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- User17706Bon génie
Tout ce que tu prononces d'habitudeAnaxagore a écrit: Avec mon accent, je ne sais pas ce que je devrais prononcer.
Je ne peux pas croire que ce soit difficile pour un musicien !
- NLM76Grand Maître
Anaxagore a écrit:nlm76 a écrit:Il faut effectivement comprendre (et entendre) le rythme = brève-longue/brève-brève-brève-longue. C'est davantage une question de durées que de silences. En tout cas pour le français du nord.
En français du sud, le problème pourrait se poser autrement (on pourrait faire une pause après l'e prétendument muet).
Écoute. C'est bien simple. Je n'ai jamais rien compris à ces histoires. Rien.
Avec mon accent, je ne sais pas ce que je devrais prononcer.
En fait cette affaire date du XVIe siècle. Comme les occitans se sont mis au français, ils se sont mis à la poésie française (en langue d'oïl) aussi, pour l'écrire aussi bien que pour la lire. De sorte qu'il a bien fallu s'arranger pour qu'un alexandrin écrit dans le sud fût aussi un alexandrin dans le nord, et vice-versa. Or dans le nord, on ne prononçait, pratiquement, déjà plus aucun -e-; dans le sud on les prononçait pratiquement tous.
Bon. Tout le monde était d'accord pour l'élision avant consonne. Donc on ne compte pas, puisqu'on ne prononce pas.
Ceux du nord, en diction tenue, prononçaient qqfois les -e- en finale de mot s'ils étaient suivis d'une consonne. Donc on a dit : on les compte et les prononce toujours. (Alors qu'on a des poèmes de Ronsard première manière où il en fait sauter.)
Les -e en fin de vers étaient prononcés par les sudistes, et les nordistes dans un contexte déclamatoire ou musical, mais sont placés après l'accent, qui restait en position 6 (du second hémistiche). Donc pas gênant. On prononce, mais on ne compte pas.
En revanche, les -e- en fin de mot après une voyelle ("vie") étaient prononcés par les sudistes, mais jamais par les nordistes. Ouille. Solution = soit on fait suivre ces mots d'un mot commençant par une voyelle, auquel cas ce -e- est élidé et ne compte pas. Soit... ben soit rien : on évite, parce que les uns auraient une syllabe de plus que les autres.
@PY : parisianiste ! Comme le dit Iphigénie, par ici on dit "y ne safte pas" (ils ne savent pas). Dans le sud, on prononce les -e- prétendument muets. La bonne articulation de la poésie n'est pas essentiellement parisienne. Elle s'efforce d'entrelacer le meilleur des différentes variantes régionales du français.
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- User17706Bon génie
Ce n'est pas du parisianisme, c'est un soupçon de jacobinisme, de bon aloi
- AnaxagoreGuide spirituel
nlm76 a écrit:Anaxagore a écrit:nlm76 a écrit:Il faut effectivement comprendre (et entendre) le rythme = brève-longue/brève-brève-brève-longue. C'est davantage une question de durées que de silences. En tout cas pour le français du nord.
En français du sud, le problème pourrait se poser autrement (on pourrait faire une pause après l'e prétendument muet).
Écoute. C'est bien simple. Je n'ai jamais rien compris à ces histoires. Rien.
Avec mon accent, je ne sais pas ce que je devrais prononcer.
En fait cette affaire date du XVIe siècle. Comme les occitans se sont mis au français, ils se sont mis à la poésie française (en langue d'oïl) aussi, pour l'écrire aussi bien que pour la lire. De sorte qu'il a bien fallu s'arranger pour qu'un alexandrin écrit dans le sud fût aussi un alexandrin dans le nord, et vice-versa. Or dans le nord, on ne prononçait, pratiquement, déjà plus aucun -e-; dans le sud on les prononçait pratiquement tous.
Bon. Tout le monde était d'accord pour l'élision avant consonne. Donc on ne compte pas, puisqu'on ne prononce pas.
Ceux du nord, en diction tenue, prononçaient qqfois les -e- en finale de mot s'ils étaient suivis d'une consonne. Donc on a dit : on les compte et les prononce toujours. (Alors qu'on a des poèmes de Ronsard première manière où il en fait sauter.)
Les -e en fin de vers étaient prononcés par les sudistes, et les nordistes dans un contexte déclamatoire ou musical, mais sont placés après l'accent, qui restait en position 6 (du second hémistiche). Donc pas gênant. On prononce, mais on ne compte pas.
En revanche, les -e- en fin de mot après une voyelle ("vie") étaient prononcés par les sudistes, mais jamais par les nordistes. Ouille. Solution = soit on fait suivre ces mots d'un mot commençant par une voyelle, auquel cas ce -e- est élidé et ne compte pas. Soit... ben soit rien : on évite, parce que les uns auraient une syllabe de plus que les autres.
@PY : parisianiste ! Comme le dit Iphigénie, par ici on dit "y ne safte pas" (ils ne savent pas). Dans le sud, on prononce les -e- prétendument muets. La bonne articulation de la poésie n'est pas essentiellement parisienne. Elle s'efforce d'entrelacer le meilleur des différentes variantes régionales du français.
Merci Nlm!
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"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- sifiÉrudit
Merci nlm pour le cours d'histoire, très intéressant!
Effectivement Ipomée, à la relecture je pense que tu as raison. J'ai essentiellement fait attention au "e" qui est prononcé mais avec une lecture à voix haute, j'entends mieux les accents...
Il me reste du boulot avant de passer l'agrégation...
Effectivement Ipomée, à la relecture je pense que tu as raison. J'ai essentiellement fait attention au "e" qui est prononcé mais avec une lecture à voix haute, j'entends mieux les accents...
Il me reste du boulot avant de passer l'agrégation...
- Thalia de GMédiateur
Cette affaire me parle, comme on dit. mes parents originaires du sud de l'Italie (les Pouilles) parlent encore entre eux avec un patois dans lequel les finales vocaliques du toscan se sont amuïes, ce qui est un phénomène plutôt naturel.nlm76 a écrit:Anaxagore a écrit:nlm76 a écrit:Il faut effectivement comprendre (et entendre) le rythme = brève-longue/brève-brève-brève-longue. C'est davantage une question de durées que de silences. En tout cas pour le français du nord.
En français du sud, le problème pourrait se poser autrement (on pourrait faire une pause après l'e prétendument muet).
Écoute. C'est bien simple. Je n'ai jamais rien compris à ces histoires. Rien.
Avec mon accent, je ne sais pas ce que je devrais prononcer.
En fait cette affaire date du XVIe siècle. Comme les occitans se sont mis au français, ils se sont mis à la poésie française (en langue d'oïl) aussi, pour l'écrire aussi bien que pour la lire. De sorte qu'il a bien fallu s'arranger pour qu'un alexandrin écrit dans le sud fût aussi un alexandrin dans le nord, et vice-versa. Or dans le nord, on ne prononçait, pratiquement, déjà plus aucun -e-; dans le sud on les prononçait pratiquement tous.
Bon. Tout le monde était d'accord pour l'élision avant consonne. Donc on ne compte pas, puisqu'on ne prononce pas.
Ceux du nord, en diction tenue, prononçaient qqfois les -e- en finale de mot s'ils étaient suivis d'une consonne. Donc on a dit : on les compte et les prononce toujours. (Alors qu'on a des poèmes de Ronsard première manière où il en fait sauter.)
Les -e en fin de vers étaient prononcés par les sudistes, et les nordistes dans un contexte déclamatoire ou musical, mais sont placés après l'accent, qui restait en position 6 (du second hémistiche). Donc pas gênant. On prononce, mais on ne compte pas.
En revanche, les -e- en fin de mot après une voyelle ("vie") étaient prononcés par les sudistes, mais jamais par les nordistes. Ouille. Solution = soit on fait suivre ces mots d'un mot commençant par une voyelle, auquel cas ce -e- est élidé et ne compte pas. Soit... ben soit rien : on évite, parce que les uns auraient une syllabe de plus que les autres.
@PY : parisianiste ! Comme le dit Iphigénie, par ici on dit "y ne safte pas" (ils ne savent pas). Dans le sud, on prononce les -e- prétendument muets. La bonne articulation de la poésie n'est pas essentiellement parisienne. Elle s'efforce d'entrelacer le meilleur des différentes variantes régionales du français.
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