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- bernardoFidèle du forum
1) Le grand changement apporté par la réforme tient en peu de mots : les horaires disciplinaires, qui avant la réforme, étaient des horaires "plancher" sont devenus des horaires "plafond".
Exemple :
Horaire hebdomadaire de français en 6e = 4h30.
Avant la réforme : on pouvait ajouter à ces 4h30 une heure en demi-groupe : 4,5 +1 = 5,5h
Après la réforme : si on veut faire une heure en demi-groupe il faut la faire dans le cadre des 4,5h : 4,5h = 3,5 +1 = 4,5h !
Pour un professeur, cela revient à choisir entre se couper un bras ou une jambe :
- soit je garde mes 4,5h hebdomadaires pour avancer dans le cours avec tout le groupe … mais je ne vois jamais les élèves en demi-groupe
- soit je vois une heure les élèves en demi-groupe (occasion pour certains élèves de poser des questions qu'ils ne posent pas en classe entière) … mais je n'ai plus que 3,5h pour avancer dans le cours.
A cela, il faut ajouter ceci :
2) la perte d'heures en français : une demie-heure hebdomadaire en classe de 6e et de 3e, ce qui représente sur 30 semaines de cours 15 heures annuelles de français en moins en 6e et en 3e
3) l'illusion de l'accompagnement personnalisé (AP) :
"L'accompagnement personnalisé concerne les élèves de tous les niveaux. Tenant compte des spécificités et des besoins de chaque élève, il est construit à partir du bilan préalable de ses besoins. Tous les élèves d'un même niveau de classe bénéficient du même nombre d'heures d'accompagnement personnalisé.
Toutes les disciplines d'enseignement peuvent contribuer à l'accompagnement personnalisé. Il est destiné à soutenir la capacité des élèves à apprendre et à progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d'éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans sa conception et à participer à sa mise en œuvre.
L'accompagnement personnalisé prend des formes variées : approfondissement ou renforcement, développement des méthodes et outils pour apprendre, soutien, entraînement, remise à niveau. Quelles que soient les formes retenues, il repose sur les programmes d'enseignement, dans l'objectif de la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment le domaine 2 « les méthodes et outils pour apprendre ».
En classe de sixième, les 3 heures d'accompagnement personnalisé ont pour objectif de faciliter la transition entre l'école et le collège, en rendant explicites les attendus du travail scolaire dans les différentes disciplines enseignées au collège et en conduisant tous les élèves à les maîtriser. On cherchera notamment à faire acquérir plus explicitement les méthodes nécessaires aux apprentissages : en lien avec les attendus des différentes disciplines, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, effectuer une recherche documentaire, organiser son travail personnel, etc.
Au cycle 4, les élèves bénéficient d'une heure à deux heures hebdomadaires d'accompagnement personnalisé. Il favorise, en classe de troisième, la construction de l'autonomie, dans la perspective de la poursuite d'études au lycée.
Les élèves peuvent être regroupés en fonction de leurs besoins, au sein de groupes dont la composition peut varier durant l'année. Des heures professeurs sont mobilisées pour la prise en charge des groupes."
(http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=90913)
Comme vous pouvez le lire dans la circulaire ci-dessus (2 juillet 2015), rien n'oblige à faire des groupes pour faire de l'AP. Il est seulement écrit que les élèves "peuvent" être regroupés. Et surtout : si les élèves sont regroupés, cela ne se traduit pas par un apport de moyens. Au contraire : "des heures professeurs (heures de marge) sont mobilisées pour (cela)" ! Rappelons que les heures de marge servent à la fois pour les enseignements complémentaires (latin), les groupes (sciences, langues, français, maths, technologie …), le co-enseignement … Il faut se partager un "gâteau" équivalent à une dotation globale de 3h multipliées par le nombre de classes dans le collège (16 classes = 3x16 = 48 heures), ce qui est si peu que le Rectorat (dans mon académie) se sent obligé (pour l'instant) d'ajouter des heures à cette dotation évidemment insuffisante par rapport aux besoins en groupes.
3) Fonctionnement effectif des heures d'AP
Les heures d'AP (3h en 6e, 1h au cycle 4) sont donc des heures "fictives" puisqu'elles se fondent dans les heures des disciplines.
Admettons par exemple qu'on "attribue" au cours de français en 6e une heure "d'AP". Cela change quoi ? Rien.
Soit le cours de français reste à 4,5h hebdomadaires.
Soit on prend une heure de marge pour faire un groupe (3,5 h +1h = 4,5h) … exactement comme pour n'importe quelle matière qui voudrait un groupe, "AP" ou pas !
4) Mais alors pourquoi l'AP ?
Tout simplement parce que, quand on a besoin d'une heure pour compléter le service d'un professeur, plutôt que de dire : le professeur de français qui a la classe entière partagera sa classe (pour une heure) avec tel collègue, on préfère dire : c'est une heure "d'AP".
Exemple (réel) : en 5eB, sur les 4,5 heures de français, 4h sont assurées par M. B., et la demie-heure restant par Mme L.
Mme L. étant stagiaire (18h), et le chef d'établissement ayant "besoin" d'une heure (prof) pour compléter son service, il l'a donc prise en 5eB en français. Et devinez comment s'appelle cette demie-heure dans l'emploi du temps des élèves ? "AP", of course !
Moralité : l'AP c'est de la communication ! Ou comment masquer d'un concept pédagogique attractif la flexibilité en matière de gestion des postes.
Exemple :
Horaire hebdomadaire de français en 6e = 4h30.
Avant la réforme : on pouvait ajouter à ces 4h30 une heure en demi-groupe : 4,5 +1 = 5,5h
Après la réforme : si on veut faire une heure en demi-groupe il faut la faire dans le cadre des 4,5h : 4,5h = 3,5 +1 = 4,5h !
Pour un professeur, cela revient à choisir entre se couper un bras ou une jambe :
- soit je garde mes 4,5h hebdomadaires pour avancer dans le cours avec tout le groupe … mais je ne vois jamais les élèves en demi-groupe
- soit je vois une heure les élèves en demi-groupe (occasion pour certains élèves de poser des questions qu'ils ne posent pas en classe entière) … mais je n'ai plus que 3,5h pour avancer dans le cours.
A cela, il faut ajouter ceci :
2) la perte d'heures en français : une demie-heure hebdomadaire en classe de 6e et de 3e, ce qui représente sur 30 semaines de cours 15 heures annuelles de français en moins en 6e et en 3e
3) l'illusion de l'accompagnement personnalisé (AP) :
"L'accompagnement personnalisé concerne les élèves de tous les niveaux. Tenant compte des spécificités et des besoins de chaque élève, il est construit à partir du bilan préalable de ses besoins. Tous les élèves d'un même niveau de classe bénéficient du même nombre d'heures d'accompagnement personnalisé.
Toutes les disciplines d'enseignement peuvent contribuer à l'accompagnement personnalisé. Il est destiné à soutenir la capacité des élèves à apprendre et à progresser, notamment dans leur travail personnel, à améliorer leurs compétences et à contribuer à la construction de leur autonomie intellectuelle. Les professeurs documentalistes et les conseillers principaux d'éducation, dans leurs champs de compétences respectifs, ont vocation à apporter leur expertise dans sa conception et à participer à sa mise en œuvre.
L'accompagnement personnalisé prend des formes variées : approfondissement ou renforcement, développement des méthodes et outils pour apprendre, soutien, entraînement, remise à niveau. Quelles que soient les formes retenues, il repose sur les programmes d'enseignement, dans l'objectif de la maîtrise du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, notamment le domaine 2 « les méthodes et outils pour apprendre ».
En classe de sixième, les 3 heures d'accompagnement personnalisé ont pour objectif de faciliter la transition entre l'école et le collège, en rendant explicites les attendus du travail scolaire dans les différentes disciplines enseignées au collège et en conduisant tous les élèves à les maîtriser. On cherchera notamment à faire acquérir plus explicitement les méthodes nécessaires aux apprentissages : en lien avec les attendus des différentes disciplines, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, effectuer une recherche documentaire, organiser son travail personnel, etc.
Au cycle 4, les élèves bénéficient d'une heure à deux heures hebdomadaires d'accompagnement personnalisé. Il favorise, en classe de troisième, la construction de l'autonomie, dans la perspective de la poursuite d'études au lycée.
Les élèves peuvent être regroupés en fonction de leurs besoins, au sein de groupes dont la composition peut varier durant l'année. Des heures professeurs sont mobilisées pour la prise en charge des groupes."
(http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=90913)
Comme vous pouvez le lire dans la circulaire ci-dessus (2 juillet 2015), rien n'oblige à faire des groupes pour faire de l'AP. Il est seulement écrit que les élèves "peuvent" être regroupés. Et surtout : si les élèves sont regroupés, cela ne se traduit pas par un apport de moyens. Au contraire : "des heures professeurs (heures de marge) sont mobilisées pour (cela)" ! Rappelons que les heures de marge servent à la fois pour les enseignements complémentaires (latin), les groupes (sciences, langues, français, maths, technologie …), le co-enseignement … Il faut se partager un "gâteau" équivalent à une dotation globale de 3h multipliées par le nombre de classes dans le collège (16 classes = 3x16 = 48 heures), ce qui est si peu que le Rectorat (dans mon académie) se sent obligé (pour l'instant) d'ajouter des heures à cette dotation évidemment insuffisante par rapport aux besoins en groupes.
3) Fonctionnement effectif des heures d'AP
Les heures d'AP (3h en 6e, 1h au cycle 4) sont donc des heures "fictives" puisqu'elles se fondent dans les heures des disciplines.
Admettons par exemple qu'on "attribue" au cours de français en 6e une heure "d'AP". Cela change quoi ? Rien.
Soit le cours de français reste à 4,5h hebdomadaires.
Soit on prend une heure de marge pour faire un groupe (3,5 h +1h = 4,5h) … exactement comme pour n'importe quelle matière qui voudrait un groupe, "AP" ou pas !
4) Mais alors pourquoi l'AP ?
Tout simplement parce que, quand on a besoin d'une heure pour compléter le service d'un professeur, plutôt que de dire : le professeur de français qui a la classe entière partagera sa classe (pour une heure) avec tel collègue, on préfère dire : c'est une heure "d'AP".
Exemple (réel) : en 5eB, sur les 4,5 heures de français, 4h sont assurées par M. B., et la demie-heure restant par Mme L.
Mme L. étant stagiaire (18h), et le chef d'établissement ayant "besoin" d'une heure (prof) pour compléter son service, il l'a donc prise en 5eB en français. Et devinez comment s'appelle cette demie-heure dans l'emploi du temps des élèves ? "AP", of course !
Moralité : l'AP c'est de la communication ! Ou comment masquer d'un concept pédagogique attractif la flexibilité en matière de gestion des postes.
- gauvain31Empereur
Merci pour ce résumé qui aurait pu être un copié collé de l'AP et des enseignements d'exploration en seconde mis en place suite à la réforme de 2010 de Chatel.
Hélas, tout ce que tu décris était prévisible depuis la présentation de la réforme des collèges en mars 2015. C'est pour cela que j'ai manifesté à Toulouse dès mai 2015. Nous étions peu à la manifestation. Très peu de collègues ne voyaient pas à l'époque le problème de cette réforme. Ils se la prennent désormais en pleine face. C'est triste. Profondément triste.
Hélas, tout ce que tu décris était prévisible depuis la présentation de la réforme des collèges en mars 2015. C'est pour cela que j'ai manifesté à Toulouse dès mai 2015. Nous étions peu à la manifestation. Très peu de collègues ne voyaient pas à l'époque le problème de cette réforme. Ils se la prennent désormais en pleine face. C'est triste. Profondément triste.
- laMissSage
Je suis bien d'accord avec toi, bernardo.
Ce que tu dis fonctionne aussi avec les EPI.
AP et EPI sont des dispositifs inclus dans les heures.
Les dédoubler, c'est utiliser "la marge" (qu'on peut utiliser pour tout autre chose, on le dit trop peu).
Mais EPI et AP, dans les médias, c'est sexy, c'est sûr. Marge, ça reste trop technique, c'est louche, un peu mal choisi, donc le ministère parle de aussi de "moyens" à disposition des collèges dans le cadre de leur - attention autre mot très sexy qui peut recouvrir le meilleur comme le pire - AUTONOMIE.
Toute la com' du Ministère autour de cette réforme est basée sur de l'emballage pour que les parents n'y comprennent rien. Il faut y regarder de très près. Expliquer cela, c'est expliquer les postes, les heures, les DHG.
Qui peut sérieusement s'intéresser d'aussi près à tous les sujets d'actualité ? En effet, il y a fort à parier que la technique de com' du MEN est à peu près la même ailleurs.
A mon humble avis, le mot sexy de l'année 2017 pour l'école sera plus que jamais AUTONOMIE.
Ben quoi, être autonome, c'est forcément bien, non ?
...
Flexible aussi, c'est cool.
Ce que tu dis fonctionne aussi avec les EPI.
AP et EPI sont des dispositifs inclus dans les heures.
Les dédoubler, c'est utiliser "la marge" (qu'on peut utiliser pour tout autre chose, on le dit trop peu).
Mais EPI et AP, dans les médias, c'est sexy, c'est sûr. Marge, ça reste trop technique, c'est louche, un peu mal choisi, donc le ministère parle de aussi de "moyens" à disposition des collèges dans le cadre de leur - attention autre mot très sexy qui peut recouvrir le meilleur comme le pire - AUTONOMIE.
Toute la com' du Ministère autour de cette réforme est basée sur de l'emballage pour que les parents n'y comprennent rien. Il faut y regarder de très près. Expliquer cela, c'est expliquer les postes, les heures, les DHG.
Qui peut sérieusement s'intéresser d'aussi près à tous les sujets d'actualité ? En effet, il y a fort à parier que la technique de com' du MEN est à peu près la même ailleurs.
A mon humble avis, le mot sexy de l'année 2017 pour l'école sera plus que jamais AUTONOMIE.
Ben quoi, être autonome, c'est forcément bien, non ?
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Flexible aussi, c'est cool.
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- gauvain31Empereur
laMiss a écrit:
A mon humble avis, le mot sexy de l'année 2017 pour l'école sera plus que jamais AUTONOMIE.
Ben quoi, être autonome, c'est forcément bien, non ?
...
Oui des professeurs autonomes de leur hiérarchie ce sera plus que bien, ce sera salutaire pour les élèves. Qu'on nous fiche la paix une bonne fois pour toute
- AndmaExpert spécialisé
C'est exactement ça.
Cette réforme m'a appris à faire du vent ( ça tombe bien avec des EPI éoliennes...)
Cette réforme m'a appris à faire du vent ( ça tombe bien avec des EPI éoliennes...)
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Nelson Mandela : « en faisant scintiller notre lumière nous offrons la possibilité aux autres d'en faire autant »
- bernardoFidèle du forum
laMiss a écrit:Je suis bien d'accord avec toi, bernardo.
Ce que tu dis fonctionne aussi avec les EPI.
AP et EPI sont des dispositifs inclus dans les heures.
Les dédoubler, c'est utiliser "la marge" (qu'on peut utiliser pour tout autre chose, on le dit trop peu).
Mais EPI et AP, dans les médias, c'est sexy, c'est sûr. Marge, ça reste trop technique, c'est louche, un peu mal choisi, donc le ministère parle de aussi de "moyens" à disposition des collèges dans le cadre de leur - attention autre mot très sexy qui peut recouvrir le meilleur comme le pire - AUTONOMIE.
Toute la com' du Ministère autour de cette réforme est basée sur de l'emballage pour que les parents n'y comprennent rien. Il faut y regarder de très près. Expliquer cela, c'est expliquer les postes, les heures, les DHG.
Qui peut sérieusement s'intéresser d'aussi près à tous les sujets d'actualité ? En effet, il y a fort à parier que la technique de com' du MEN est à peu près la même ailleurs.
A mon humble avis, le mot sexy de l'année 2017 pour l'école sera plus que jamais AUTONOMIE.
Ben quoi, être autonome, c'est forcément bien, non ?
...
Flexible aussi, c'est cool.
Oui, "favoriser l'autonomie" ça sonne mieux que "faire des économies" : c'est la même réalité mais le mot qui la désigne est plus sexy.
- OlympiasProphète
gauvain31 a écrit:Merci pour ce résumé qui aurait pu être un copié collé de l'AP et des enseignements d'exploration en seconde mis en place suite à la réforme de 2010 de Chatel.
Hélas, tout ce que tu décrit était prévisible depuis la présentation de la réforme des collège en mars 2015. C'est pour cela que j'ai manifesté à Toulouse dès mai 2015. Nous étions peu à la manifestation. Très peu de collègues ne voyaient pas à l'époque le problème de cette réforme. Ils se la prennent désormais en pleine face. C'est triste. Profondément triste.
- KrilinXV3Neoprof expérimenté
@bernardo Merci pour ce résumé.
Dans mon établissement, l'AP n'existe pas vraiment, l'estampe "AP" sert à justifier des heures de groupe pour les matières concernées, qui ne s'en plaignent pas. Il y a donc bien aussi "illusion pédagogique", mais dans un sens qui satisferait la plupart des collègues.
Pour ce qui est de ce que tu décris, deux (vraies) questions:
_ Les CA peuvent-ils s'opposer à ce genre de dérive ?
_ En cas de forcing illégal du CDE, et étant donné que la notion de "sous-service" n'a pas d'existence légale (nos ORS définissant des maxima), n'aurait-on pas intérêt à favoriser la co-animation "sur le papier" et à laisser le/la collègue corriger ses copies au fond de la salle ?
Dans mon établissement, l'AP n'existe pas vraiment, l'estampe "AP" sert à justifier des heures de groupe pour les matières concernées, qui ne s'en plaignent pas. Il y a donc bien aussi "illusion pédagogique", mais dans un sens qui satisferait la plupart des collègues.
Pour ce qui est de ce que tu décris, deux (vraies) questions:
_ Les CA peuvent-ils s'opposer à ce genre de dérive ?
_ En cas de forcing illégal du CDE, et étant donné que la notion de "sous-service" n'a pas d'existence légale (nos ORS définissant des maxima), n'aurait-on pas intérêt à favoriser la co-animation "sur le papier" et à laisser le/la collègue corriger ses copies au fond de la salle ?
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Asinus asinum fricat
- ThalieGrand sage
Le C.A. ne peut rien car si on reprend l'exemple de Bernardo, ce qui va être le cas dans mon bahut cette annéeet qui a été voté en C.A. la semaine dernière. En 6e, on aura 3,5h en classe entière + 1h en demi-groupe par semaine donc les élèves auront toujours 4,5h et les profs feront 5,5h. Ok. On est content. Pour l'instant, c'est avec un seul prof/classe mais au moindre souci comme un collègue qui arrive à mi-temps ou qui refuse plus d'une HSA et patatras. Le CDE peut décréter que cette 1h prof sera faite par un autre collègue qui n'aura pas la classe. Nous serons tous contraints à accepter car il n'y aura pas d'autres solutions. Ce n'est pas voté en C.A. c'est de la cuisine interne.
- JiPe38Niveau 5
On connait bien ce problème dans le sup puisqu'il y a soit trois niveaux de regroupement des étudiants (cours magistral / TD / TP), soit deux (Cours-TD / TP) pour les formations à faible effectif (licences pro, etc.).
On a souvent la situation où un enseignant fait les heures de TD ou TP pour un groupe, et un autre (classiquement un vacataire extérieur) les heures non assurées par le premier sur les autres groupes.
Transposé dans le second degré, cela permettrait effectivement à des jeunes profs (stagiaires, etc.) d'assurer une bonne partie de leur service en "AP", prenant un 1/2 groupe alors que le titulaire des heures principales prend l'autre : bonne manière pour eux de se former au contact d'un collègue plus expérimenté, d'entrer en contact avec une discipline dans un niveau donné, etc. Donc ce partage des taches en AP ne me choque pas.
Le risque à long terme est que l'administration en vienne à considérer que les heures d'AP, réputées moins pénibles et/ou exiger moins de corrections, soient payées moins que les heures normales. C'est le cas pour les enseignants-chercheurs dans le sup, et en partie pour les PRAG pour les heures complémentaires au delà du service annualisé.
On a souvent la situation où un enseignant fait les heures de TD ou TP pour un groupe, et un autre (classiquement un vacataire extérieur) les heures non assurées par le premier sur les autres groupes.
Transposé dans le second degré, cela permettrait effectivement à des jeunes profs (stagiaires, etc.) d'assurer une bonne partie de leur service en "AP", prenant un 1/2 groupe alors que le titulaire des heures principales prend l'autre : bonne manière pour eux de se former au contact d'un collègue plus expérimenté, d'entrer en contact avec une discipline dans un niveau donné, etc. Donc ce partage des taches en AP ne me choque pas.
Le risque à long terme est que l'administration en vienne à considérer que les heures d'AP, réputées moins pénibles et/ou exiger moins de corrections, soient payées moins que les heures normales. C'est le cas pour les enseignants-chercheurs dans le sup, et en partie pour les PRAG pour les heures complémentaires au delà du service annualisé.
- t3-Niveau 5
Oui, l'AP peut être en classe entière. Cela n'a rien d'une découverte.bernardo a écrit:Comme vous pouvez le lire dans la circulaire ci-dessus (2 juillet 2015), rien n'oblige à faire des groupes pour faire de l'AP. Il est seulement écrit que les élèves "peuvent" être regroupés.
À mon avis, l'AP doit juste être vu comme une modalité pédagogique : on doit essaie de faire, au minimum 3h par semaine, de la pédagogie différenciée, et à côté des élèves plutôt que en frontal.bernardo a écrit:3) Fonctionnement effectif des heures d'AP
Les heures d'AP (3h en 6e, 1h au cycle 4) sont donc des heures "fictives" puisqu'elles se fondent dans les heures des disciplines.
Admettons par exemple qu'on "attribue" au cours de français en 6e une heure "d'AP". Cela change quoi ? Rien.
Je ne vois pas plus loin.
Ton argument anti-AP ne tient pas, car on pouvait faire la même chose avant. Avant 2016, on pouvait aussi compléter un service et dire "c'est du soutien".bernardo a écrit:4) Mais alors pourquoi l'AP ?
Tout simplement parce que, quand on a besoin d'une heure pour compléter le service d'un professeur, plutôt que de dire : le professeur de français qui a la classe entière partagera sa classe (pour une heure) avec tel collègue, on préfère dire : c'est une heure "d'AP".
On pouvait même ajuster plus facilement les services avant 2016, puisqu'on avait le droit de rajouter 1h à une classe (sans même forcément que les autres classes du même niveau l'aient). Il y avait plus de liberté pour ajuster les services avant (en tout cas niveau AP, je ne parle pas du combo techno/svt/physique en 6e qui lui est une vraie variable d’ajustement).
Oui c'est de la com...bernardo a écrit:Moralité : l'AP c'est de la communication ! Ou comment masquer d'un concept pédagogique attractif la flexibilité en matière de gestion des postes.
La communication positive c'est de faire passer un message aux enseignants : essayez donc la pédagogie différenciée.
La mauvaise com, c'est la com ministérielle qui laisse croire que personnalisé = en groupe de 4 (vu à la TV) ou en demi classe.
Oui...KrilinXV3 a écrit:Dans mon établissement, l'AP n'existe pas vraiment, l'estampe "AP" sert à justifier des heures de groupe pour les matières concernées, qui ne s'en plaignent pas. Il y a donc bien aussi "illusion pédagogique", mais dans un sens qui satisferait la plupart des collègues.
J'ai aussi remarqué deux CE qui confondent marge et AP : ils laissaient penser que l'AP est forcément en groupe.
Alors qu'il y a d'une part l'AP, en classe entière ou en groupe. Et d'autre part, les groupes, qui peuvent être pour les langues, les tp, ou tout autre chose...
Enfin, j'ai aussi l'impression que les CE veulent faire "remonter" que l'AP est bien mis en place, et donc estampillent tout et n'importe quoi AP.
Bref, pour conclure, j'ai envie de dire tout ce bruit (le présent post par exemple, les estampillages des CE, la com ministérielle comme si l'AP était LE truc fou) me paraît disproportionné à côté du "essayez donc un peu de pédagogie différenciée" auquel je crois.
- bernardoFidèle du forum
"essayez donc un peu de pédagogie différenciée" auquel je crois.
Libre à toi de croire ce que tu veux. Ce qui me gêne, c'est quand on incite fortement les professeurs à "essayer un peu" avec deux messages connexes :
- vous n'avez jamais essayé donc vous ne savez pas ce que c'est (j'ai essayé, merci, il faut arrêter de prendre les gens pour des ***)
- c'est à cause de votre pédagogie (non différenciée) que les élèves se découragent (etc.) et là je dis tout de suite : STOP !
Halte à la culpabilisation ! Que les idéologues des cahiers pédagogiques aillent se rhabiller, eux dont les "arguments" ont servi à habiller les "réformes" budgétaires qui nous plombent depuis belle lurette.
Je soutiens, même si ce n'est pas le sujet ici, que la "pédagogie différenciée" est un leurre, une erreur, un fantasme (dangereux). Et je reste poli.
Et, pour rester dans le sujet, si tout était pareil avant, et même pire, alors tant mieux.
Libre à toi de croire ce que tu veux. Ce qui me gêne, c'est quand on incite fortement les professeurs à "essayer un peu" avec deux messages connexes :
- vous n'avez jamais essayé donc vous ne savez pas ce que c'est (j'ai essayé, merci, il faut arrêter de prendre les gens pour des ***)
- c'est à cause de votre pédagogie (non différenciée) que les élèves se découragent (etc.) et là je dis tout de suite : STOP !
Halte à la culpabilisation ! Que les idéologues des cahiers pédagogiques aillent se rhabiller, eux dont les "arguments" ont servi à habiller les "réformes" budgétaires qui nous plombent depuis belle lurette.
Je soutiens, même si ce n'est pas le sujet ici, que la "pédagogie différenciée" est un leurre, une erreur, un fantasme (dangereux). Et je reste poli.
Et, pour rester dans le sujet, si tout était pareil avant, et même pire, alors tant mieux.
- MoonchildSage
C'est bien que quelqu'un l'ait dit ; ça m'évitera d'être impoli.bernardo a écrit:Je soutiens, même si ce n'est pas le sujet ici, que la "pédagogie différenciée" est un leurre, une erreur, un fantasme (dangereux). Et je reste poli.
- t3-Niveau 5
Et vous le dites bien tardivement... Il aurait été plus intéressant de lancer ce débat d'idées ("pédagogie différenciée", leurre ou pas ? ) dans le message original.Moonchild a écrit:C'est bien que quelqu'un l'ait dit ; ça m'évitera d'être impoli.bernardo a écrit:Je soutiens, même si ce n'est pas le sujet ici, que la "pédagogie différenciée" est un leurre, une erreur, un fantasme (dangereux). Et je reste poli.
Au lieu de cela, j'ai retenu du premier message un argument anti-AP qui ne tient pas la route (l'histoire de "compléter des services").
L'autre point que j'ai retenu du premier post, tu le soulèves rapidement dans ton 1).
Vaut-il mieux 4h30 et 1h de plus par semaine en classe entière ? Ou 4h30, dont 1h par semaine en demi groupe ?Avant la réforme : on pouvait ajouter à ces 4h30 une heure en demi-groupe : 4,5 +1 = 5,5h
Après la réforme : si on veut faire une heure en demi-groupe il faut la faire dans le cadre des 4,5h : 4,5h = 3,5 +1 = 4,5h !
Personnellement, j'ai tendance à préférer la 2e solution, je trouve que les élèves profitent mieux des groupes, en particulier les moyens/fragiles. De plus, l'heure en plus risque d'être tard dans la journée si trois matières font ce choix d'heures en plus. Mais ce choix est complètement discutable, et là aussi il pourrait y avoir un débat d'idées.
Par contre, ta solution 4h30 + 1h en demi-groupe par semaine coûte plus cher. Evidemment, avec budget illimité, on serait tous d'accord pour prendre cette dernière solution...
- Valentine24Niveau 1
Je suis bien d'accord : l'Ap sert à ajuster les services. Ex : cette année, on a nos classes en 1/2 groupes sur les 2 cycles, l'année prochaine on passe à la co-intervention sur le cycle 4 pour donner des heures à un collègue qui viendra d'un autre établissement pour compléter son service. Cela veut dire travailler avec quelqu'un qu'on ne connaît pas, et du temps à donner pour la concertation. Je pense que je l'inviterai aussi à corriger ses copies au fond de la salle.
- ElyasEsprit sacré
Dédoubler des groupes n'est pas automatiquement faire de l'AP même si on étiquette actuellement tous les dédoublements comme AP.
Quant à la différenciation, je suis curieux de connaître la définition et les pratiques de ceux qui la condamnent.
Enfin, l'AP ne sert pas qu'à la différenciation mais aussi à l'explicitation. C'est bizarre comme c'est rarement dit. De plus, les textes sont clairs : l'AP est disciplinaire, on y fait le programme.
Quant à la différenciation, je suis curieux de connaître la définition et les pratiques de ceux qui la condamnent.
Enfin, l'AP ne sert pas qu'à la différenciation mais aussi à l'explicitation. C'est bizarre comme c'est rarement dit. De plus, les textes sont clairs : l'AP est disciplinaire, on y fait le programme.
- lessayNiveau 6
Donner une série d'exercices à faire à toute la classe et laisser les élèves en autonomie les faire et passer dans les rangs aider, c'est de l'accompagnement personnalisé ou pédagogique
_________________
- Encore en vacances ? Déjà fatiguée ?
- Oui, vivement la rentrée que je me repose !
- bernardoFidèle du forum
Elyas a écrit:Dédoubler des groupes n'est pas automatiquement faire de l'AP même si on étiquette actuellement tous les dédoublements comme AP.
Quant à la différenciation, je suis curieux de connaître la définition et les pratiques de ceux qui la condamnent.
Enfin, l'AP ne sert pas qu'à la différenciation mais aussi à l'explicitation. C'est bizarre comme c'est rarement dit. De plus, les textes sont clairs : l'AP est disciplinaire, on y fait le programme.
Admettons que je (ou "nous" ou "la majorité des professeurs") n'y connaisse rien, puisque c'est le postulat (un brin de mépris ?). J'ai donc été "formé" par l'IUFM en 1993-1994, mais, admettons, je n'ai rien compris, rien lu, rien écouté, rien entendu, et la question "comment faire cours à des élèves de niveaux (et autres) si différents ?" ne m'a jamais effleuré l'esprit.
J'ai cru remarquer, pourtant, dans mes longues années de non-pratique de la "différenciation", que :
- les élèves ne veulent pas qu'on les différencie : ils veulent être comme les autres (en particulier comme les "bons") ; ils veulent apprendre la même chose que les autres
- les élèves ne comprennent pas qu'on différencie la notation : or comment différencier sans différencier la notation ?
Bien sûr, je me défends mal, je parle des élèves, je mélange les termes (différenciation, personnalisation, personnification, personnalisé, évaluation, inclusion, explication, explicitation, etc.) Mais n'est-ce pas l'art du pouvoir que d'utiliser des termes que personne ne comprend (ne sait définir) en disant : vous critiquez ? Commencez d'abord par définir le terme que vous critiquez …
- ElyasEsprit sacré
bernardo a écrit:Elyas a écrit:Dédoubler des groupes n'est pas automatiquement faire de l'AP même si on étiquette actuellement tous les dédoublements comme AP.
Quant à la différenciation, je suis curieux de connaître la définition et les pratiques de ceux qui la condamnent.
Enfin, l'AP ne sert pas qu'à la différenciation mais aussi à l'explicitation. C'est bizarre comme c'est rarement dit. De plus, les textes sont clairs : l'AP est disciplinaire, on y fait le programme.
Admettons que je (ou "nous" ou "la majorité des professeurs") n'y connaisse rien, puisque c'est le postulat (un brin de mépris ?) de départ. J'ai donc été "formé" par l'IUFM en 1993-1994, mais, admettons, je n'ai rien compris, rien lu, rien écouté, rien entendu, et la question "comment faire cours à des élèves de niveaux (et autres) si différents ?" ne m'a jamais effleuré l'esprit.
J'ai cru remarquer, pourtant, dans mes longues années de non-pratique de la "différenciation", que :
- les élèves ne veulent pas qu'on les différencie : ils veulent être comme les autres (en particulier comme les "bons") ; ils veulent apprendre la même chose que les autres
- les élèves ne comprennent pas qu'on différencie la notation : or comment différencier sans différencier la notation ?
Bien sûr, je me défends mal, je parle des élèves, je mélange les termes (différenciation, personnalisation, personnification, personnalisé, évaluation, inclusion, explication, explicitation, etc.) Mais n'est-ce pas l'art du pouvoir que d'utiliser des termes que personne ne comprend (ne sait définir) en disant : vous critiquez ? Commencez d'abord par définir le terme que vous critiquez …
C'est un peu facile, ta réponse. Me faire passer pour quelqu'un de méprisant est déjà assez pénible. Ensuite, j'ai aussi été formé dans les IUFM et qu'à aucun moment, personne n'a su me dire ce qu'est la pédagogie différenciée (terme utilisé à mon époque) et que, pour ce que j'en connais dans les ESPE, la différenciation pédagogique n'y est pas enseignée.
Ensuite, on ne différencie pas par la notation. Cela conduit à des pratiques surréalistes qui mentent.
Ensuite, j'ai déjà défini la pédagogie différenciée à plusieurs reprises sur ce forum, ouvrant même un fil complet pour présenter des méthodes pour ce faire ( https://www.neoprofs.org/t99537-quelques-pistes-pour-differencier-personnaliser-en-hg?highlight=diff%E9rencier ), donc je ne me sens pas concerné par ta remarque.
Le fait est que beaucoup de gens conchient la différenciation pédagogique en ne sachant pas réellement ce que c'est. L'institution est en énorme partie responsable de ce fait. On peut aussi y rajouter des oppositions de principe faits par certaines personnes qui ont une vision de l'école que je ne partage pas.
Néanmoins, pour les deux éléments que j'ai graissés, c'est facile à résoudre. On laisse la liberté aux élèves de choisir le parcours proposé parmi les différents (car différencier, ce n'est pas imposer, c'est offrir des parcours amenant au même endroit). Pour le second, c'est un non-sens. On ne différencie pas par la note. Pour moi, cela ne signifie rien.
- bernardoFidèle du forum
Déjà que je trouve difficile de préparer un bon cours. Si en plus il faut préparer des par-cours différents … Et j'avoue que je suis sceptique : si les parcours sont différents, comment peuvent-ils mener au même "endroit" ? Et concrètement, qu'est-ce qu'un "endroit" ? Une connaissance ? Une méthode ?
Est-ce que, puisque chaque élève est différent et apprend différemment, il ne faudrait pas faire un cours le plus clair et progressif possible, pour se donner le plus de chances d'être compris par le plus grand nombre (chacun selon sa façon) ? Quitte à répéter, en variant les exercices, les explications, bref, en s'entraînant, et en ne "lâchant rien" jusqu'à ce que, disons 5/6e des élèves aient compris l'essentiel ?
J'espère ne pas avoir dit trop de gros mots ?
Est-ce que, puisque chaque élève est différent et apprend différemment, il ne faudrait pas faire un cours le plus clair et progressif possible, pour se donner le plus de chances d'être compris par le plus grand nombre (chacun selon sa façon) ? Quitte à répéter, en variant les exercices, les explications, bref, en s'entraînant, et en ne "lâchant rien" jusqu'à ce que, disons 5/6e des élèves aient compris l'essentiel ?
J'espère ne pas avoir dit trop de gros mots ?
- lessayNiveau 6
bernardo a écrit:Déjà que je trouve difficile de préparer un bon cours. Si en plus il faut préparer des par-cours différents … Et j'avoue que je suis sceptique : si les parcours sont différents, comment peuvent-ils mener au même "endroit" ? Et concrètement, qu'est-ce qu'un "endroit" ? Une connaissance ? Une méthode ?
Est-ce que, puisque chaque élève est différent et apprend différemment, il ne faudrait pas faire un cours le plus clair et progressif possible, pour se donner le plus de chances d'être compris par le plus grand nombre (chacun selon sa façon) ? Quitte à répéter, en variant les exercices, les explications, bref, en s'entraînant, et en ne "lâchant rien" jusqu'à ce que, disons 5/6e des élèves aient compris l'essentiel ?
J'espère ne pas avoir dit trop de gros mots ?
Préparer un cours en ayant à l'esprit que seuls cinq sixièmes le suivront est déjà discriminant et pourrait être reproché.
Dans les référentiels dévaluation de notre pratique professionnelle nous avons à à tout mettre en œuvre pour favoriser la réussite de tous les élèves.
_________________
- Encore en vacances ? Déjà fatiguée ?
- Oui, vivement la rentrée que je me repose !
- bernardoFidèle du forum
Ah ? Pardon. J'ai donc dit un gros mot. Je suis discriminant. C'est moche.
- ElyasEsprit sacré
bernardo a écrit:Déjà que je trouve difficile de préparer un bon cours. Si en plus il faut préparer des par-cours différents … Et j'avoue que je suis sceptique : si les parcours sont différents, comment peuvent-ils mener au même "endroit" ? Et concrètement, qu'est-ce qu'un "endroit" ? Une connaissance ? Une méthode ?
Est-ce que, puisque chaque élève est différent et apprend différemment, il ne faudrait pas faire un cours le plus clair et progressif possible, pour se donner le plus de chances d'être compris par le plus grand nombre (chacun selon sa façon) ? Quitte à répéter, en variant les exercices, les explications, bref, en s'entraînant, et en ne "lâchant rien" jusqu'à ce que, disons 5/6e des élèves aient compris l'essentiel ?
J'espère ne pas avoir dit trop de gros mots ?
Belle rhétorique.
- MoonchildSage
Je vais certainement donner l'impression de botter en touche, mais ce qu'il faudrait connaître avant tout c'est la définition claire et précise ainsi que les pratiques concrètes et transposables de ceux qui présentent la différenciation comme une solution aux problèmes actuels du secondaire.Elyas a écrit:Quant à la différenciation, je suis curieux de connaître la définition et les pratiques de ceux qui la condamnent.
Personne ne peut sérieusement te reprocher de ne pas avoir fait d'effort pour nous expliquer ta démarche pédagogique mais en réalité tu n'as pas défini ce qu'est "la différenciation" car tu as simplement donné une définition de "la différenciation en HG" ainsi que des exemples de mise en application dans cette discipline ; c'est déjà une belle contribution à la discussion, mais cela ne dit absolument pas ce qu'est "la différenciation en maths" ni comment la mettre en oeuvre (et pour redire ce que j'avais déjà énoncé lors d'échanges passés, ta vision de la différenciation me semble être une impasse en maths notamment parce que, contrairement à l'HG, il n'y a pas une méthodologie générale applicable à tous les problèmes et dont les élèves pourraient avoir un niveau de maîtrise plus ou moins approfondi tout en travaillant sur le même sujet).Elyas a écrit:Ensuite, j'ai déjà défini la pédagogie différenciée à plusieurs reprises sur ce forum, ouvrant même un fil complet pour présenter des méthodes pour ce faire ( https://www.neoprofs.org/t99537-quelques-pistes-pour-differencier-personnaliser-en-hg?highlight=diff%E9rencier ), donc je ne me sens pas concerné par ta remarque.
- ycombeMonarque
Ce n'est pas aux enseignants de définir la différenciation. C'est au ministère de définir les termes qu'il emploie pour décrire le boulot qu'il nous demande.Elyas a écrit:
Quant à la différenciation, je suis curieux de connaître la définition et les pratiques de ceux qui la condamnent.
Pour les autres matières, je ne sais pas, mais pour les mathématiques, c'est là:
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/ressources_transversales/93/4/RA16_C4_MATH_ladifferentiation_pedagogique_547934.pdf
On peut peut-être supposer que c'est la même définition dans toutes les matières?
Cette définition est présentée comme reprise du Conseil supérieur de l’éducation du Québec. Il est extrêmement amusant de constater qu'en 1993, ce même Conseil supérieur de l’éducation du Québec présentait la différenciation pédagogique comme s'étant développée en France:
La différenciation pédagogique consiste à mettre en œuvre un ensemble diversifié de moyens et de procédures d’enseignement et d’apprentissage pour permettre à des élèves d’aptitudes et de besoins différents d’atteindre par des voies différentes des objectifs communs.
Ce document cite ses sources, lui. Du beau monde: Prost, Meirieu, Legrand. Des pédagogues qui n'ont jamais testé leurs théories en situation réelle. On peut résumer: la différenciation pédagogique, c'est une théorie imaginée dans les années 1980 par des chercheurs en sciences de l'éducation adeptes de grands discours et qui n'ont jamais apporté la moindre preuve que leurs élucubrations tenaient la route. Et quand on sait comment Meirieu a tourné sa veste depuis, on est en droit de poser des questions sur la validité du concept.https://www.cse.gouv.qc.ca/fichiers/documents/publications/RapportsAnnuel/ra92-93.pdf a écrit:
La pédagogie différenciée s’est développée en France. Globalement, c’est une démarche qui met en oeuvre un ensemble diversifié de moyens d’enseignement et d’apprentissage, afin de permettre à des élèves d’âges, d’origines, d’aptitudes et de savoir-faire hétérogènes d’atteindre par des voies différentes des objectifs communs et, ultimement, la réussite éducative.
Il y a un certains nombres d'éléments importants dans cette définition:
- élèves d’aptitudes et de besoins différents
- objectifs communs
Le premier problème, c'est que ce concept a été imaginé à une époque où l'hétérogénéité dans les classes était nettement inférieure à ce qu'elle est aujourd'hui. Jusqu'à la fin des années 1980, il y a des CPPN (orientation en 4e, mais parfois les élèves étaient maintenus au primaire jusqu'à avoir l'âge) et une orientation vers le CAP avant la 4e. Quelle validité quand 47% des élèves de troisièmes ne dépasse pas un niveau début de 5e en mathématiques? Est-il sérieusement possible d'imaginer inventer une stratégie dans laquelle ces élèves vont, en neuf mois, rattraper les contenus des programmes des trois années ? C'est cela qu'on nous promet, qu'il est possible de faire atteindre des objectifs communs (i.e. le programme de 3e) aux élèves d'aptitudes différentes (niveau 5e) qu'on a devant nous.
Il y a un certain nombre de non-dits. Ce n'est pas parce que le mot licorne existe que l'animal en question existe aussi. De même cette définition, pour aboutie qu'elle paraisse, ne nous garantit en rien l'existence réelle de cette pratique pédagogique.
Pour caricaturer, appelons aéromobilité pédagogique le fait pour un enseignant de favoriser l'apprentissage de ses élèves en les promenant par la voie des airs en battant des bras pendant qu'il explique les contenus. Voici une pratique bien définie, parfaitement justifiable, tout à fait enthousiasmante.
Mais ce n'est pas parce que j'ai ainsi défini cette pratique qu'elle existe, et n'importe qui est fondé à traiter d'escroc tout enseignant qui la revendique.
Il en va de même pour la différenciation pédagogique. C'est à celui qui prétend qu'il faut le faire de préciser comment le faire, clairement, avec des exemples qui fonctionnent et sur lesquels on peut bâtir une pratique. Or, ces preuves, ces exemples, on les attend toujours. On entend parler d'enseignants qui prétendent différencier, on n'entend pas parler de preuve de leur efficacité (je parle de ma discipline).
J'ai eu droit à une formation interdisciplinaire sur la question l'an dernier (J2 ou J3, je ne sais plus) et c'était un après-midi de vide intersidéral. Lecture des textes et des programmes. Aucun exemple sur lequel s'appuyer, aucune réponse aux questions. La différenciation pédagogique? C'est Godot. On en parle, c'est sûr.
Je rappelle que le CNESCO doit clarifier tout ça prochainement (le 7 et 8 mars, les recommandations quelques semaines plus tard):
https://www.neoprofs.org/t107514p125-le-point-nathalie-mons-pisa-2015-le-college-unique-reduit-les-inegalites#3950986
_________________
Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
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