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- Spinoza1670Esprit éclairé
On lit ou entend souvent souvent que les questionnaires de lecture ne permettent pas de travailler la compréhension : vrai ou faux ?
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- archebocEsprit éclairé
Ce doit venir de ces auteurs qui clament aussi que la dictée ne permet pas de travailler l'orthographe.
Chance pour les profs de sport, il y a un consensus sur la course de fond pour développer l'endurance.
- ElyasEsprit sacré
La majorité des questionnaires de lecture ne travaillent pas la compréhension mais l'analyse, ce qui est différent. Cela ne remet pas en cause les questionnaires de lecture mais cela interroge sur ce que les exercices de compréhension sont. En fait, on mélange trop en France compréhension et analyse. Or, ce sujet de la compréhension est un des enjeux de la réussite des enfants des classes populaires.
- User17706Bon génie
Ben justement, ce serait l'occasion d'en parler, plutôt que de simplement faire du teasing
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Oui, sujet intéressant. Développe, Elyas, je suis intriguée.
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- ElyasEsprit sacré
Je développerai ce soir. J'étais sur ma tablette quand j'ai écrit et j'ai un souci d'ordinateur. Désolé. Bon, il y a aussi le fait que c'est un sujet hautement explosif et qu'il faut que j'écrive avec soin ce que je vais développer.
- User17706Bon génie
Pour ma part je promets de ne pas exploser
- IphigénieProphète
Il faudrait raisonner sur des exemples concrets. Personnellement je trouve qu'en français la mode est allée vers des questionnaires basés uniquement sur des détails de mémorisation du texte, et que je serais bien embêtée de devoir y répondre... Je préfère les questions sur la compréhension générale. Après tout dépend du but. Avant la compréhension ou l'analyse, il y a de fait, avant le questionnaire, le problème de la lecture...
- ElyasEsprit sacré
Je suis d'accord avec Iphigénie, le plus souvent les questions posées traitent soit de l'analyse soit effectivement de la mémorisation.
Deux exemples :
Qui sont les personnages principaux du roman ? --> ceci n'est pas une question de compréhension mais d'analyse. En effet, on demande aux élèves d'effectuer une hiérarchie entre les personnages du roman qu'ils ont lu pour en dégager les personnages principaux ou de répéter ce qui leur a été dit/fait écrire en classe (donc une question de mémorisation). Le problème est que nous sommes nombreux à être persuadés que c'est une question de compréhension. Or, non, elle relève déjà de l'analyse ou simplement de la mémorisation.
(le texte sur le sacre de Charlemagne le 25 décembre 800) :
Qui couronne Charlemagne ? Qu'est-ce que cela montre ?
La question est du prélèvement d'information, ce qui relève de l'analyse et non de la compréhension car l'élève lit le texte pour sélectionner la bonne information. On ne gère pas la compréhension là. La question associée, elle, relève de la mémorisation même si on peut estimer qu'elle se base sur le raisonnement (mais comme la réponse est dans le cours).
Une question de compréhension pour le premier exemple serait :
Ce personnage X est-il un personnage du roman ? OUI - NON.
Pour le deuxième exemple :
Le 25 décembre 800, Charlemagne devient (entoure la bonne réponse) :
Calife - Empereur - Basileus.
Et même là, tout dépend de quand le questionnaire est posé. Les questions de compréhension sont souvent perçues comme faisant baisser le niveau. Il est souvent pensé que c'est tellement simple qu'il n'y a pas besoin d'évaluer ou de poser des questions de ce type. On passe alors à des questions demandant d'analyser, de hiérarchiser, de trier en pensant que cela relève de la compréhension.
Il est vrai que pour beaucoup d'élèves, la compréhension est un processus automatisé et qu'il n'y a aucun problème à passer à l'analyse immédiatement. Or, ce sont nos élèves qui dans leurs rapports au langage restent dans l'expérience immédiate et non l'interrogation du monde qui sont totalement largués par l'omission de cette étape fondamentale pour eux.
On ne sait pas évaluer la compréhension en France. J'oserai dire même qu'on ne veut pas le faire car on pense que ça fait baisser le niveau (cependant, là, je suis conscient d'être dans un parti pris idéologique et je comprends qu'on ne partage pas ce point de vue). Or, je subodore que les professeurs qui passent par ce travail sur la compréhension sont ceux qui donnent à leurs élèves le plus de moyens de réussir.
Deux exemples :
Qui sont les personnages principaux du roman ? --> ceci n'est pas une question de compréhension mais d'analyse. En effet, on demande aux élèves d'effectuer une hiérarchie entre les personnages du roman qu'ils ont lu pour en dégager les personnages principaux ou de répéter ce qui leur a été dit/fait écrire en classe (donc une question de mémorisation). Le problème est que nous sommes nombreux à être persuadés que c'est une question de compréhension. Or, non, elle relève déjà de l'analyse ou simplement de la mémorisation.
(le texte sur le sacre de Charlemagne le 25 décembre 800) :
Qui couronne Charlemagne ? Qu'est-ce que cela montre ?
La question est du prélèvement d'information, ce qui relève de l'analyse et non de la compréhension car l'élève lit le texte pour sélectionner la bonne information. On ne gère pas la compréhension là. La question associée, elle, relève de la mémorisation même si on peut estimer qu'elle se base sur le raisonnement (mais comme la réponse est dans le cours).
Une question de compréhension pour le premier exemple serait :
Ce personnage X est-il un personnage du roman ? OUI - NON.
Pour le deuxième exemple :
Le 25 décembre 800, Charlemagne devient (entoure la bonne réponse) :
Calife - Empereur - Basileus.
Et même là, tout dépend de quand le questionnaire est posé. Les questions de compréhension sont souvent perçues comme faisant baisser le niveau. Il est souvent pensé que c'est tellement simple qu'il n'y a pas besoin d'évaluer ou de poser des questions de ce type. On passe alors à des questions demandant d'analyser, de hiérarchiser, de trier en pensant que cela relève de la compréhension.
Il est vrai que pour beaucoup d'élèves, la compréhension est un processus automatisé et qu'il n'y a aucun problème à passer à l'analyse immédiatement. Or, ce sont nos élèves qui dans leurs rapports au langage restent dans l'expérience immédiate et non l'interrogation du monde qui sont totalement largués par l'omission de cette étape fondamentale pour eux.
On ne sait pas évaluer la compréhension en France. J'oserai dire même qu'on ne veut pas le faire car on pense que ça fait baisser le niveau (cependant, là, je suis conscient d'être dans un parti pris idéologique et je comprends qu'on ne partage pas ce point de vue). Or, je subodore que les professeurs qui passent par ce travail sur la compréhension sont ceux qui donnent à leurs élèves le plus de moyens de réussir.
- User17706Bon génie
Alors je dois dire que je ne m'attendais pas à ça. Effectivement, je n'appellerais jamais, spontanément, « compréhension » ce que tes deux exemples vérifient. Peut-être que j'appelle « compréhension » ce que tu appelles, pour ta part, « analyse ».
- ElyasEsprit sacré
PauvreYorick a écrit:Alors je dois dire que je ne m'attendais pas à ça. Effectivement, je n'appellerais jamais, spontanément, « compréhension » ce que tes deux exemples vérifient. Peut-être que j'appelle « compréhension » ce que tu appelles, pour ta part, « analyse ».
Pourtant, ce que spontanément nous estimons être de la compréhension n'est pas de la compréhension techniquement. Avec cette situation, l'implicite est d'une force terrible et toutes les études depuis 1987 je crois vont dans le même sens : les élèves des classes populaires en souffrent dans leurs apprentissages.
- User17706Bon génie
Justement, mon message précédent était une invitation à définir un peu ce que tu entends par « compréhension techniquement », compréhension au sens technique du terme.
Mais je reconnais volontiers que c'était implicite.
(Ou, à défaut de définir, ce qui est peut-être une exigence un peu forte, expliciter : je suis par exemple certain que tes exemples ne rentrent pas du tout sous ce qu'Iphigénie nommait « compréhension générale », ce qui veut dire que nous n'avons pas, toi et moi,compris analysé son propos de la même façon.)
Mais je reconnais volontiers que c'était implicite.
(Ou, à défaut de définir, ce qui est peut-être une exigence un peu forte, expliciter : je suis par exemple certain que tes exemples ne rentrent pas du tout sous ce qu'Iphigénie nommait « compréhension générale », ce qui veut dire que nous n'avons pas, toi et moi,
- archebocEsprit éclairé
Elyas a écrit:Qui sont les personnages principaux du roman ? --> ceci n'est pas une question de compréhension mais d'analyse. En effet, on demande aux élèves d'effectuer une hiérarchie entre les personnages du roman qu'ils ont lu pour en dégager les personnages principaux ou de répéter ce qui leur a été dit/fait écrire en classe (donc une question de mémorisation). Le problème est que nous sommes nombreux à être persuadés que c'est une question de compréhension. Or, non, elle relève déjà de l'analyse ou simplement de la mémorisation.
Et bien, la compréhension n'est-elle pas de l'analyse ? Comprendre, c'est attraper le sens du texte au moyen des connaissances qu'on possède déjà. Comprendre, c'est mettre l'information du texte dans un réseau de sens préexistant.
Le 25 décembre 800, Charlemagne devient (entoure la bonne réponse) :
Calife - Empereur - Basileus.
En fait, ce que Elyas appelle compréhension, c'est la capacité de déchiffrage et de mémorisation.
La capacité à recopier ou à retranscrire l'information "empereur" est totalement orthogonal à la compréhension de ce qu'est un empereur, ou même de ce qui se passe le 25 décembre. La question fermée "Calife-Empreur-Basileus" ne permet pas d'aller plus loin que la lecture et la mémorisation d'une bribe de contenu, sans plus. C'est une compétence dont l'absence de maîtrise en fin de CE1 devrait être tenu pour un signal très inquiétant.
La compréhension, ici, pourrait être testé au niveau CE1 par : que se passe-t-il le 25 décembre 800 ? au niveau 5e, il n'est intéressant de tester la compréhension que sur un texte de plusieurs pages, enchaînant les liens logiques, les successions temporelles, en minimisant les effets d'implicite comme le dit très bien Elyas.
- DesolationRowEmpereur
Disclaimer : je ne connais rien à la didactique de l'histoire-géographie, ce que je vais écrire ne m'engage que pour ce qu'est l'étude d'un texte littéraire
L'exemple que tu donnes, Elyas, me paraît très significatif du flou conceptuel dans lequel tu évolues ; je ne vois pas comment tu peux donner ces sens à "compréhension" et à "analyse".
La question sur "basileus" / "empereur" / "roi" ne vérifie pas la "compréhension" du texte, tout juste son déchiffrage. Comprendre un texte, ce n'est pas le lire et être capable de pêcher une information. Tu ne vérifies pas ainsi si ton élève a compris le texte ; tu vérifies s'il est alphabétisé.
Déterminer quels sont les personnages principaux d'un texte, c'est précisément en montrer une certaine "compréhension", que l'on obtient, surprise surprise, au terme d'une analyse.
Je veux bien croire que ce genre de questions de "compréhension" soit nécessaire ; c'est extraordinairement inquiétant sur le niveau des collégiens. Ce niveau de compétence devrait être atteint définitivement en CM2.
Edit : archeboc.
L'exemple que tu donnes, Elyas, me paraît très significatif du flou conceptuel dans lequel tu évolues ; je ne vois pas comment tu peux donner ces sens à "compréhension" et à "analyse".
La question sur "basileus" / "empereur" / "roi" ne vérifie pas la "compréhension" du texte, tout juste son déchiffrage. Comprendre un texte, ce n'est pas le lire et être capable de pêcher une information. Tu ne vérifies pas ainsi si ton élève a compris le texte ; tu vérifies s'il est alphabétisé.
Déterminer quels sont les personnages principaux d'un texte, c'est précisément en montrer une certaine "compréhension", que l'on obtient, surprise surprise, au terme d'une analyse.
Je veux bien croire que ce genre de questions de "compréhension" soit nécessaire ; c'est extraordinairement inquiétant sur le niveau des collégiens. Ce niveau de compétence devrait être atteint définitivement en CM2.
Edit : archeboc.
- InhumaineNiveau 8
Je rejoins les collègues me précédant.
Je rajouterais également qu'effectivement, on ne travaille peut-être pas assez -ou pas assez bien- la compréhension littérale et explicite en début de collège. Tout du moins je me suis aperçue que moi, je ne le faisais pas assez.
Depuis que j'ai découvert Lector Lectrix, j'essaye systématiquement de passer par une phase de reformulation du texte : un élève raconte le "film mental" qu'il s'est fait de l'histoire en la lisant ou en l'entendant. On voit à cette étape que nombre d'élèves n'arrivent pas à se représenter fidèlement l'histoire, omettent d'importants éléments, ou surinterprètent des détails...
Je rajouterais également qu'effectivement, on ne travaille peut-être pas assez -ou pas assez bien- la compréhension littérale et explicite en début de collège. Tout du moins je me suis aperçue que moi, je ne le faisais pas assez.
Depuis que j'ai découvert Lector Lectrix, j'essaye systématiquement de passer par une phase de reformulation du texte : un élève raconte le "film mental" qu'il s'est fait de l'histoire en la lisant ou en l'entendant. On voit à cette étape que nombre d'élèves n'arrivent pas à se représenter fidèlement l'histoire, omettent d'importants éléments, ou surinterprètent des détails...
- User17706Bon génie
Oui, je ne sais pas bien comment définir ce qu'Elyas a nommé « compréhension » à partir des seuls exemples donnés, mais quoi que ce puisse être, il me semble clair que c'est de toute façon une très mauvaise idée de l'appeler ainsi. Je n'ai rien contre les termes techniques, bien sûr, mais lorsqu'on fait d'un mot de la langue courante un terme technique, il est bon de ne pas s'éloigner à ce point de son sens courant.
Après, il y a l'autre problème soulevé par DesolationRow, qui consiste dans le fait que ce niveau de compréhension ou, pour employer un terme qui est à mon sens plus propre, d'alphabétisation, doit encore être contrôlé ou plutôt affermi, voire soutenu, au collège : sans bien connaître le primaire ni le collège, je ne peux me départir du sentiment que ce n'est pas normal, voire que c'est profondément anormal.
Après, il y a l'autre problème soulevé par DesolationRow, qui consiste dans le fait que ce niveau de compréhension ou, pour employer un terme qui est à mon sens plus propre, d'alphabétisation, doit encore être contrôlé ou plutôt affermi, voire soutenu, au collège : sans bien connaître le primaire ni le collège, je ne peux me départir du sentiment que ce n'est pas normal, voire que c'est profondément anormal.
- ElyasEsprit sacré
Le flou conceptuel... Je savais bien que je n'avais pas à venir ici. Toujours ce besoin d'humilier et de salir. Cela me fatigue. Bonne soirée.
- User17706Bon génie
Rhââ, vous nous l'avez vexé et la discussion va tourner court. Depuis le temps, vous savez qu'il faut prendre des précautions spéciales...
- InhumaineNiveau 8
Il est vrai qu'il est assez offensant de s'entendre dire que l'on "évolue dans un flou conceptuel", sous-entendu "en permanence".
- DesolationRowEmpereur
Inhumaine a écrit:Il est vrai qu'il est assez offensant de s'entendre dire que l'on "évolue dans un flou conceptuel", sous-entendu "en permanence".
Non mais c'est une blague ? "Humilier et salir" ? "Offensant" ?
Je veux bien aller jusqu'à "maladroit", parce que la bienveillance c'est mon truc.
- DesolationRowEmpereur
Disons que je modifie habilement, et avec un profond repentir, la phrase incriminée, qui devient soudain : "L'exemple que tu donnes, Elyas, me paraît très significatif d'un certain flou conceptuel".
Mieux ?
Mieux ?
- thrasybuleDevin
Non, dégradant et très méchant, et je pèse mes mots.
- InhumaineNiveau 8
DesolationRow a écrit:Disons que je modifie habilement, et avec un profond repentir, la phrase incriminée, qui devient soudain : "L'exemple que tu donnes, Elyas, me paraît très significatif d'un certain flou conceptuel".
Mieux ?
Oui
(ici, tu n'incrimines que les propos, et pas tout le système de pensée de la personne.)
- User17706Bon génie
Je veux bien, mais c'est aussi un risque lié à l'effet d'annonce : quand on dit qu'« on mélange trop en France compréhension et analyse », qu'on ne « sait pas évaluer la compréhension » voire qu'« on ne veut pas », tout en mettant sous ce terme une signification dite « technique », mais qui est en réalité plutôt exotique (en tout cas aux yeux de quelques professionnels qui ne sont pas forcément parmi les moins informés), il est inévitable qu'on reçoive des commentaires qui reflètent l'étonnement de voir que ces formules un peu tonitruantes recouvrent en réalité tout autre chose, et quelque chose de beaucoup plus élémentaire, que ce qu'elles semblaient dire de prime abord.
Après, ce peut être un mérite, et d'ailleurs nul ne l'a contesté, de contrôler et épauler le processus de compréhension y compris à ses stades les plus élémentaires, et ce jusqu'en collège. C'est juste que le packaging de ce propos, si j'ose dire, n'avait guère de chances de n'attirer aucune réaction.
Après, ce peut être un mérite, et d'ailleurs nul ne l'a contesté, de contrôler et épauler le processus de compréhension y compris à ses stades les plus élémentaires, et ce jusqu'en collège. C'est juste que le packaging de ce propos, si j'ose dire, n'avait guère de chances de n'attirer aucune réaction.
- DesolationRowEmpereur
Inhumaine a écrit:DesolationRow a écrit:Disons que je modifie habilement, et avec un profond repentir, la phrase incriminée, qui devient soudain : "L'exemple que tu donnes, Elyas, me paraît très significatif d'un certain flou conceptuel".
Mieux ?
Oui
(ici, tu n'incrimines que les propos, et pas tout le système de pensée de la personne.)
Mea culpa.
Pour le reste, comme dit PY.
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