Quand est-ce que l'écriture de nos élèves est devenue aussi catastrophique et pourquoi ?

capucine42 a écrit:Oui. Il faut juste le vouloir. C' est comme tout.
Tu parles de la pression pour le bac de français, elle est normale à mon sens, les élèves ont le droit de réussir cette épreuve qui peut être très importante pour l' entrée en prépa ou de grandes écoles. Ils ont besoin de ces points d' avance au bac et j' estime que je suis là pour eux et pas pour faire plaisir aux IPR qui changeront de lubies dans quatre ans.
Mais bon, il faut aussi renoncer parfois à un avancement autre qu' à l' ancienneté. Enfin, c' est un autre sujet.

Malheureusement il ne suffit pas de le vouloir. Il faut aussi recevoir un minimum de soutien. On ne s'oppose pas à un système dans l'incertitude de ses convictions personnelles. On serait vite broyé.
Quant à renoncer à son avancement, c'est un choix que je peux faire à titre personnel (j'ai même fait pire), mais que je ne peux pas décemment conseiller à quelqu'un d'autre. Si on a besoin d'héroïsme pour sauver l'école, on ne va pas aller loin.

D' ailleurs on ne va pas loin.

capucine42 a écrit:D' ailleurs on ne va pas loin.

De fait. 40 ans de réformes pour que dalle. On en redemande.

Si vous attendez de moi des conseils pour être bien vus par la hiérarchie, c'est sûr que je suis la plus mauvaise personne du monde. J'ai quitté l'école, au bout de 18 ans et demi de bons et loyaux services, avec une note de 14 ou 14,5 - alors que j'avais démarré en trombe à 13 en 1996, donc la progression fut plus que laborieuse ! J'ai tout de même échappé aux baisses de note...

Bref, j'ai quitté ma dernière école en ayant la note la plus basse de toute l'équipe, en avançant à l'ancienneté (le système où ton échelon compense à peine la perte de pouvoir d'achat depuis le dernier échelon, entre le gel du point, l'augmentation des charges et le reste), avec la moitié de l'école qui me considérait comme une facho adepte des coups de règles et des bonnets d'âne.

Le truc, c'est toujours pareil, c'est que tant que tout le monde s'écrase pour ne pas trop avoir d'ennui, la hiérarchie peut impunément imposer le dernier gadget à la mode. Que ça soit la collation (d'abord source de toutes les vertus, puis de tous les vices), les sciences expérimentales, les cours en anglais, le développement durable, les ateliers philo, la classe inversée, la dictée négociée...

Et pendant ce temps-là, on n'a clairement pas de temps à perdre à écrire dans les cahiers. On a mieux à faire avec le PROJET.

Heureusement qu'il y a encore des enseignants qui résistent...J' espère qu'ils ne sont pas en voie de disparition car ça m' arrangerait que ma fillette en croise sur son chemin !

Danska a écrit:
Une question, pour les collègues qui enseignent au collège notamment : comment éviter ces exercices à trous ? Le fait est qu'ils permettent de gagner du temps ; est-ce que vous avez la possibilité matérielle de les limiter pour faire écrire les élèves à la place ?

Je fais très rarement des exercices à trous. J'explique aux réfractaires que ça leur permet de banaliser le geste d'écriture, qui, pour beaucoup trop, semble être une torture, qu'on ne peut pas comprendre le fonctionnement d'une phrase si on n'a pas la phrase et qu'ils apprennent à bien construire les leurs par imitation (mais je viens de découvrir que c'était un gros mot...)

Ça fait probablement perdre du temps mais tout nous en fait perdre : je passe mon temps à regretter de ne pas faire assez de dictées, ou pas assez de rédactions, ou pas assez de textes... Cette année je fais moins d'évaluations, mais je passe plus de temps à les y préparer, ça me semble un bon compromis, même si je ne finirai pas le programme, comme d'habitude, et même si je pense qu'à moins de 6h/semaine on ne fera jamais que du bricolage.

au collège en mathématiques, on a aussi ce problème de manque d'entraînement et de manque d'automatisme. Un inspecteur m'avait dit, en voyant une liste d'équations à résoudre, que c'étaient des exercices pathologiques!!!!

zouzou42 a écrit:au collège en mathématiques, on a aussi ce problème de manque d'entraînement et de manque d'automatisme. Un inspecteur m'avait dit, en voyant une liste d'équations à résoudre, que c'étaient des exercices pathologiques!!!!

Je ne te raconte pas ce que ça donne au lycée ... Et donc je plaide coupable pour les cours à trous, mais ça me dégage du temps pour reprendre les bases pas acquises par manque de pratique (je ne jette pas la pierre aux profs de collège, on a une liaison collège-lycée super efficace qui nous a bien permis de comprendre ...)

zouzou42 a écrit:au collège en mathématiques, on a aussi ce problème de manque d'entraînement et de manque d'automatisme. Un inspecteur m'avait dit, en voyant une liste d'équations à résoudre, que c'étaient des exercices pathologiques!!!!

Et c'est censé être contagieux, des exercices pathologiques ? :shock:

madu a écrit:

Danska a écrit:
Une question, pour les collègues qui enseignent au collège notamment : comment éviter ces exercices à trous ? Le fait est qu'ils permettent de gagner du temps ; est-ce que vous avez la possibilité matérielle de les limiter pour faire écrire les élèves à la place ?

Je fais très rarement des exercices à trous. J'explique aux réfractaires que ça leur permet de banaliser le geste d'écriture, qui, pour beaucoup trop, semble être une torture, qu'on ne peut pas comprendre le fonctionnement d'une phrase si on n'a pas la phrase et qu'ils apprennent à bien construire les leurs par imitation (mais je viens de découvrir que c'était un gros mot...)

Ça fait probablement perdre du temps mais tout nous en fait perdre : je passe mon temps à regretter de ne pas faire assez de dictées, ou pas assez de rédactions, ou pas assez de textes... Cette année je fais moins d'évaluations, mais je passe plus de temps à les y préparer, ça me semble un bon compromis, même si je ne finirai pas le programme, comme d'habitude, et même si je pense qu'à moins de 6h/semaine on ne fera jamais que du bricolage.

Merci pour ta réponse (ainsi que pour les réponses précédentes). Pour résumer, c'est un peu ce que je pensais : on peut choisir de faire écrire les élèves, mais au détriment d'autres éléments, tout aussi importants (dont les activités "découverte et libre participation" ne font pas partie à mon sens, je rejoins egomet sur ce point ). Mais il y a également le problème de la hiérarchie et notamment de la pression exercée sur les enseignants du 1er degré mais aussi du second (peut-être à moindre échelle, mais bien réelle tout de même, y compris en termes d'avancement).

Bref, on n'a pas fini de se lamenter sur le niveau en français de nos élèves

Voilà.

Mais plus on commence tôt à donner les bonnes habitudes, mieux c'est.

Il est clair que quand on récupère une classe de lycéens qui ne savent pas écrire, on est mal...

Rikki a écrit:Voilà.

Mais plus on commence tôt à donner les bonnes habitudes, mieux c'est.

Il est clair que quand on récupère une classe de lycéens qui ne savent pas écrire, on est mal...

J'en ai quelques-uns qui auraient besoin de toi.

Rikki a écrit:Voilà.

Mais plus on commence tôt à donner les bonnes habitudes, mieux c'est.

Il est clair que quand on récupère une classe de lycéens qui ne savent pas écrire, on est mal...

Mal à double titre : non seulement c'est difficile de rattraper des années de mauvaises habitudes ou de lacunes, mais en plus on n'a tout simplement pas le temps, étant donné que ces habitudes de lecture et d'écriture sont supposées acquises depuis longtemps

Bonjour,
j'ai lu avec intérêt la quasi totalité de ce topic et j'ai même appris des choses (comme bien tourner sa feuille ).

Dans mes souvenirs (années 90), je n'ai vu que des lettres scripts en maternelle et je n'ai pas compris pourquoi on les abandonne pour l'écriture cursive en primaire. Pourquoi apprend-t-on l'écriture cursive ? Pourquoi ne pas apprendre aussi l'écriture script qui permet d'écrire plus lisiblement ?

Autre question, comment bien écrire sur le tableau ?

AmyR a écrit:Dans mes souvenirs (années 90), je n'ai vu que des lettres scripts en maternelle et je n'ai pas compris pourquoi on les abandonne pour l'écriture cursive en primaire. Pourquoi apprend-t-on l'écriture cursive ? Pourquoi ne pas apprendre aussi l'écriture script qui permet d'écrire plus lisiblement ?

Autre question, comment bien écrire sur le tableau ?

il me semble que l'écriture cursive permet d'écrire plus vite ?
Quant à bien écrire au tableau, je pense que c'est une histoire d'entraînement et d'attention .. Mais je ne suis pas une spécialiste

J'avais retenu la même idée pour l'écriture cursive (même si certaines personnes semblent écrire aussi vite en script qu'avec une écriture cursive).

Pour l'écriture au tableau, je n'ose me prononcer : avec mon écriture épouvantable, je suis du côté des preneurs de conseils, pas des donneurs

Rikki a écrit:Si vous attendez de moi des conseils pour être bien vus par la hiérarchie, c'est sûr que je suis la plus mauvaise personne du monde. J'ai quitté l'école, au bout de 18 ans et demi de bons et loyaux services, avec une note de 14 ou 14,5 - alors que j'avais démarré en trombe à 13 en 1996, donc la progression fut plus que laborieuse ! J'ai tout de même échappé aux baisses de note...

Bref, j'ai quitté ma dernière école en ayant la note la plus basse de toute l'équipe, en avançant à l'ancienneté (le système où ton échelon compense à peine la perte de pouvoir d'achat depuis le dernier échelon, entre le gel du point, l'augmentation des charges et le reste), avec la moitié de l'école qui me considérait comme une facho adepte des coups de règles et des bonnets d'âne.

Le truc, c'est toujours pareil, c'est que tant que tout le monde s'écrase pour ne pas trop avoir d'ennui, la hiérarchie peut impunément imposer le dernier gadget à la mode. Que ça soit la collation (d'abord source de toutes les vertus, puis de tous les vices), les sciences expérimentales, les cours en anglais, le développement durable, les ateliers philo, la classe inversée, la dictée négociée...

Et pendant ce temps-là, on n'a clairement pas de temps à perdre à écrire dans les cahiers. On a mieux à faire avec le PROJET.

Et la multiplication des polycopiés n'arrange rien. Au lycée j'ai parfois la sensation que mes secondes découvrent qu'il faut écrire :abb: (on va écrire encore ?), lire (c'est encore long le texte ? :shock: ). Mais oui, mes lapinous, vous êtes là pour travailler ! :diablecontent:

Olympias

On a aussi la version 1ère, avec les TPE :
"Madame, on trouve pas de sources pour notre sujet !
- Ah ? Etonnant, ça... Attendez, écartez-vous deux minutes."

*prend l'ordi, tape trois mots dans la barre de recherche, tombe sur des milliers de pages de résultats*

"Mais c'est super long, ça, madame ! On doit pas tout lire quand même ? "

Ah, oui, si en plus il vous faut la version pré-digérée...

ça me rassure de savoir qu'on a les mêmes

Ça a toujours été comme ça ou y a-t-il une augmentation du nombre de paresseux ?

Je ne sais pas s'il s'agit de paresseux, en réalité. Une partie, oui ; mais la plupart des élèves qui n'ont pas les bases sont tout bonnement largués et n'arrivent pas à remonter la pente, même s'ils y mettent du leur (ce qui pas le cas de tous, il faut bien l'avouer).

Edit : pour mes élèves de TPE, ok, c'est de la flemme à l'état pur
Mais d'autres groupes ont rendu des dossiers épouvantables, alors qu'ils ont sérieusement travaillé dessus - enfin, essayé de travailler dessus !

cursive vs scripte par Ouzoulias : LIEN.

mafalda16 a écrit:Un bon BAFA d'animateur.

Ben oui, pourquoi?

PS: Vous pas taper! Moi plaisanter! Rigolo non? Nous beaucoup rire

zouzou42 a écrit:au collège en mathématiques, on a aussi ce problème de manque d'entraînement et de manque d'automatisme. Un inspecteur m'avait dit, en voyant une liste d'équations à résoudre, que c'étaient des exercices pathologiques!!!!

Mais voyons Zouzou, il faut donner du sens à votre enseignement. Un exo d'une demi page qui a pour but de vous faire découvrir le prix du pain au chocolat après avoir résolu un système de 2 équations à 2 inconnues, OUI!! (alors qu'il suffit de regarder le prix sur l'étiquette   ....)  
Des exercices répétitifs en vue d'acquérir des méthodes, BOUH, PAS BIEN !!  :diablecontent:

De nos jours, le savoir n'est certainement pas l'avenir de l'homme...

Franchement, je ne crois pas une seconde à la paresse comme explication de tous les maux.

Je ferais quoi, moi, si on me balançait dans un cours de physique nucléaire où je n'ai pas l'ombre d'une base pour capter de quoi il retourne ? Je vois trois options : m'endormir dans un coin en attendant que ça passe, faire une dépression ou faire le kéké.

Après, c'est normal d'être flemmard, bien sûr, ça n'est pas la question. Mais je trouve qu'on rend bien facilement les gamins responsables de leur propre mauvais niveau, alors que bon, c'est les victimes du truc.

Pour la question de l'écriture scripte / cursive, va voir ici : http://www.sos-ecriture.fr/2012/10/lecriture-cursive-lecriture-script.html

Pour les lycéens,  le problème, c' est qu' on est passé du collège unique au lycée général unique, enfin, c' est ce que je constate dans les établissements qui n' offrent pas de filières technologiques. Chez nous, le gamin qui met un pied en  sixième a toutes les chances d' en ressortir huit ou neuf ans plus tard, de préférence après une TS, bien souvent laborieuse puisqu'ils sont aussi scientifiques que moi...
De fait de nombreux élèves pourtant raisonnablement travailleurs traînent des casseroles pendant toute leur scolarité parce qu'ils visent un but qui leur est difficilement accessible.