Comment faites-vous en langue au collège ?

Je suis en pleine phase de remise en question de moi-même, de mon investissement et de mes méthodes, je vais probablement inonder le forum de topics divers et variés dans les semaines à venir ^^

Je m'interroge sur la façon dont je fais les cours de langue et de grammaire avec mes classes. Très tôt, j'ai adopté le système de la progression grammaticale séparée et du cloisonnement, qui m'a toujours paru avoir le mérite de la clarté. Mes élèves ont un cahier rien que pour la grammaire et la langue. La réforme est passée par là, et notre inspectrice, qui nous a formé pendant deux jours, a bien insisté sur le fait qu'elle ne voulait plus de cloisonnement et que pour elle, bloquer des heures hebdomadaires pour un pur enseignement de langue (ce que je fais...) était une hérésie. Je prie pour qu'elle ne vienne pas m'inspecter cette année.

Outre l'avis de l'inspectrice, j'ai l'impression que la façon dont je m'y prends ne fonctionne pas bien. Je fais cours de grammaire de façon très classique : je distribue une fiche de leçon, on l'explique puis les élèves font de nombreux exercices pour s'approprier le cours et les règles vues en classe. Quand il me semble que c'est maitrisé, on fait un contrôle. Je ne suis plus très satisfaite de cette façon de faire, car elle me pousse surtout à faire de la grammaire, et pas assez d'orthographe, alors que c'est ce dont les élèves ont besoin. J'en ai discuté avec une collègue expérimentée, bientôt en retraite, qui trouve qu'au vu de l'indigence des questions de grammaire en 3e au brevet, ça ne sert à rien de leur apprendre les différents types de propositions subordonnées ou de revoir en long en large et en travers les classes grammaticales en remplissant des tableaux à plusieurs colonnes. Elle me dit que cette année, en 3e, elle n'a pas fait une progression grammaticale, mais une progression orthographique : elle fait travailler ses élèves sur les accords, l'emploi des temps, revoit des règles d'orthographe simples mais méconnues/oubliées/mal maitrisées. Son argument est qu'entre la dictée et la réécriture, l'orthographe compte pour 10 points dans le sujet de brevet. Elle a raison. De temps en temps, elle fait une leçon de grammaire en bonne et due forme sur des points précis (les expansions du nom par exemple, mais sans s'appesantir). J'ai envie de tenter la même chose l'année prochaine et j'aimerais savoir si certains d'entre vous travaillent de cette façon, ou ont ce parti pris. De façon générale, j'aimerais bien savoir comment les profs de collège s'y prennent pour enseigner la langue (méthodes, liens ou pas avec la progression littéraire, cahier différent ou pas, quels supports, quels types d'exercices...)

Bonjour,
Personnellement je cloisonne, inspectrice ou pas - mais je suis en fin de carrière donc j'en profite pour résister- Je sépare orthographe et grammaire et je pratique les deux; même en troisième en insistant sur la subordination dont ils auront besoin au lycée. Pour faire un commentaire composé également il est nécessaire d'avoir des bases en grammaire mes anciens élèves ne se plaignent nullement...il s'y retrouvent.

Adso a écrit:Bonjour,
Personnellement je cloisonne, inspectrice ou pas - mais je suis en fin de carrière donc j'en profite pour résister- Je sépare orthographe et grammaire et je pratique les deux; même en troisième en insistant sur la subordination dont ils auront besoin au lycée. Pour faire un commentaire composé également il est nécessaire d'avoir des bases en grammaire mes anciens élèves ne se plaignent nullement...il s'y retrouvent.

Puis-je te demander comment tu organises ton enseignement concrètement ? Consacres-tu par exemple une heure hebdo à la grammaire, une autre heure à l'orthographe ?

Je cloisonne en ayant fait une partie "langue" dans le classeur, mais je fais de la grammaire un peu n'importe quand dans mes séquences. C'est un cloisonnement de rangement dirons-nous.

Pour la grammaire, j'ai fait une liste de chose à voir/revoir plutôt qu'une progression et j'adapte selon la séquence : revoir la phrase complexe, les subordonnée relatives et complétives, revoir les cod/coi/cos et c.circonstantiels, revoir l'adjectif/superlatif/comparatif, revoir les types de discours et l'énonciation, revoir les connecteurs logiques, faire le discours argumenté, et faire la modalisation. Si temps faire l'expression du but, de l'opposition, de la concession...

Pour la conjugaison facile : revoir tous les temps et leurs valeurs.

Par contre j'insiste énormément sur l'orthographe : on a revu les règles des accords du participe passé, les bases des pluriels (si si même en 3e "manteau" peut prendre un "s" -_- ), l'écriture des mots-composés, des homophones divers et variés. On fait régulièrement des dictées.

Je ne comprends pas les propos de l'IPR. Comment peut-on faire de la grammaire si l'on ne doit pas y consacrer une heure entière ? Ce n'est pas très clair pour moi. As-tu compris ce qu'elle entendait par là ?

Je cloisonne aussi. Mais il est clair que c'est de la résistance ; voir ceci, par exemple :
J'alterne séquences de lecture / écriture et séquences de grammaire :
période 1 : Séq.1 : grammaire / Séq. 2 : lecture / écriture
période 2 : Séq. 3 et 4 : grammaire
période 3 : Séq. 5 : lecture / écriture
période 4 : Séq. 6 et 7 : grammaire
période 5 : Séq. 8 : lecture / écriture / séq. 9 et 10 : grammaire
Dans une séquence de grammaire je ne fais que de la grammaire (et de l'orthographe).
En lecture / écriture, je fais lire et rédiger.
Très cloisonné donc, et l'inspecteur (que j'appelle l'imposteur) chargé de me vendre la réforme, je lui dis poliment que je me passe de ses "conseils"

Dans l'intérêt de tes élèves je pense que tu devrais continuer à faire des vrais cours de grammaire.

Moi, ce que je ne comprends pas, c'est comment on progresse en orthographe sans maîtriser la grammaire. Comment expliquer aux élèves qu'on écrit je l'ai vu et pas je les vu, si ce n'est en créant chez eux la conscience de ce qu'ils écrivent ?
Outre cela, réduire la grammaire à l'orthographe, c'est extrêmement... réducteur ! La grammaire permet aussi de mieux comprendre le sens des phrases en relation avec leur construction, avec toutes les nuances nécessaires. Elle permet la correction de la langue (pour éviter, par exemple, l'homme que je t'ai parlé de lui) et la précision de la pensée. Bref, elle est indispensable.
Marjorie, l'orthographe, tu peux la travailler tout au long de tes leçons de grammaire. Il est vrai que beaucoup de manuels, plus encore les fiches d'activité que l'on trouve sur internet, réduisent les exercices de grammaire pure à l'analyse, et ça peut donner le sentiment de tourner un peu à vide. Mais des exercices bien conçus vont justement s'efforcer de faire, pour chaque notion, le tour des problèmes qu'elle pose, y compris les problèmes orthographiques. Par exemple, quand on étudie COD et COI, faire des exercices de transformation des noms COD en pronoms justement pour travailler la distinction la / l'a, les / l'ai, ni / n'y, sans / s'en, etc.
Si tu sens le besoin de modifier ta pratique parce que tu sens que tu fais trop peu d'orthographe, c'est plutôt dans ce sens que tu devrais travailler, à mon avis, qu'en revenant à un modèle séquentiel qui a trop souvent pour effet de déstructurer l'enseignement de la grammaire et de réduire considérablement le temps qui lui est consacré.

Bonsoir,

Comment faire quand on n'a que 3 heures par semaine ? J'ai du mal à articuler tout cela. J'ai bien deux progressions distinctes mais je n'avance pas avec ces heures réduites à peau de chagrin...
Les conseils seront les bienvenus...

Thalie a écrit:Je ne comprends pas les propos de l'IPR. Comment peut-on faire de la grammaire si l'on ne doit pas y consacrer une heure entière ? Ce n'est pas très clair pour moi. As-tu compris ce qu'elle entendait par là ?

On peut y consacrer une heure entière, mais pas de façon "fixe" dans la semaine. Pour ma part, j'ai organisé la semaine ainsi : lundi et mercredi, on fait de la langue et le jour où j'ai les élèves deux heures, on fait de la littérature. Or il semble que c'est ce que mon inspectrice ne veut pas. Or, j'estime que la seule façon de faire de la langue régulièrement, c'est de "bloquer" des heures. Sinon, la tentation serait trop grande, je pense, de ne faire que des textes et de l'expression.

Pour cette année, je vais maintenir mon fonctionnement, mais je vais réfléchir à ce qu'a écrit Véronique. J'ai simplifié la vision de ma collègue, qui a sans doute un enseignement plus proche de ce que propose Véronique que de ce que j'ai expliqué un peu rapidement sur ce post.

V.Marchais a écrit:Moi, ce que je ne comprends pas, c'est comment on progresse en orthographe sans maîtriser la grammaire. Comment expliquer aux élèves qu'on écrit je l'ai vu et pas je les vu, si ce n'est en créant chez eux la conscience de ce qu'ils écrivent ?
Outre cela, réduire la grammaire à l'orthographe, c'est extrêmement... réducteur ! La grammaire permet aussi de mieux comprendre le sens des phrases en relation avec leur construction, avec toutes les nuances nécessaires. Elle permet la correction de la langue (pour éviter, par exemple, l'homme que je t'ai parlé de lui) et la précision de la pensée. Bref, elle est indispensable.
Marjorie, l'orthographe, tu peux la travailler tout au long de tes leçons de grammaire. Il est vrai que beaucoup de manuels, plus encore les fiches d'activité que l'on trouve sur internet, réduisent les exercices de grammaire pure à l'analyse, et ça peut donner le sentiment de tourner un peu à vide. Mais des exercices bien conçus vont justement s'efforcer de faire, pour chaque notion, le tour des problèmes qu'elle pose, y compris les problèmes orthographiques. Par exemple, quand on étudie COD et COI, faire des exercices de transformation des noms COD en pronoms justement pour travailler la distinction la / l'a, les / l'ai, ni / n'y, sans / s'en, etc.
Si tu sens le besoin de modifier ta pratique parce que tu sens que tu fais trop peu d'orthographe, c'est plutôt dans ce sens que tu devrais travailler, à mon avis, qu'en revenant à un modèle séquentiel qui a trop souvent pour effet de déstructurer l'enseignement de la grammaire et de réduire considérablement le temps qui lui est consacré.

C'est en effet le risque, et c'est pour cette raison que je refuse de revenir à la séquence, malgré les propos de mon inspectrice. Elle se déplace d'ailleurs fin janvier pour inspecter deux de mes collègues, je ne comprends pas pourquoi j'y échappé (1. je ne suis pas "officiellement" à l'échelon +6, la CAPN n'ayant pas encore eu lieu 2. j'ai déjà été inspectée deux fois en 7 ans).

diana19 a écrit:Bonsoir,

Comment faire quand on n'a que 3 heures par semaine ? J'ai du mal à articuler tout cela. J'ai bien deux progressions distinctes mais je n'avance pas avec ces heures réduites à peau de chagrin...
Les conseils seront les bienvenus...

Mais où est passée l'heure et demie qui manque, et qui est obligatoire dans les programmes ? Si elle est consacrée à l'AP, même si ce n'est pas toi qui a les élèves en charge à ce moment-là (ce qui serait bien compliqué), cet AP DOIT permettre la conduite du programme. Sinon, évidemment, c'est intenable.
La première chose à faire, c'est donc clarifier ce point, avec collègues et CDE.

V.Marchais a écrit:

diana19 a écrit:Bonsoir,

Comment faire quand on n'a que 3 heures par semaine ? J'ai du mal à articuler tout cela. J'ai bien deux progressions distinctes mais je n'avance pas avec ces heures réduites à peau de chagrin...
Les conseils seront les bienvenus...

Mais où est passée l'heure et demie qui manque, et qui est obligatoire dans les programmes ? Si elle est consacrée à l'AP, même si ce n'est pas toi qui as les élèves en charge à ce moment-là (ce qui serait bien compliqué), cet AP DOIT permettre la conduite du programme. Sinon, évidemment, c'est intenable.
La première chose à faire, c'est donc clarifier ce point, avec collègues et CDE.

En troisième, c'est quatre heures en classe entière cette année.

C'est 4,5 h en 6e, 5e, 4e dont, souvent, en 6e : une heure d'AP sur le français (mais pas 1 heure et demie) et, en 5e et 4e, des EPIS.
Tout est inclus dans le cours de français, ce qui signifie qu'on peut faire 4,5 h hebdomadaires de grammaire si on veut pendant plusieurs semaines !
Je ne vois pas non plus où est passée l'heure et demie ... sauf classe partagée ?

Progression totalement séparée de mes séquences et totalement cloisonnée.
Aucun rapport, pas d'exemples dans les textes étudiés mais des exemples choisis pour leur pertinence.
Rien n'empêche au détour d'un texte d'utiliser une notion ou d'y revenir, mais c'est tout.
Qu'on vienne m'embêter avec ça et je sors le scan de copies de rédaction des élèves : après avoir contemplé ce désastre, je ne pense pas qu'on me somme de m'expliquer sur ces points.

Rabelais a écrit:Progression totalement séparée de mes séquences et totalement cloisonnée.
Aucun rapport, pas d'exemples dans les textes étudiés mais des exemples choisis pour leur pertinence.
Rien n'empêche au détour d'un texte d'utiliser une notion ou d'y revenir, mais c'est tout.
Qu'on vienne m'embêter avec ça et je sors le scan de copies de rédaction des élèves : après avoir contemplé ce désastre, je ne pense pas qu'on me somme de m'expliquer sur ces points.

Tu suis la progression d'un manuel, tu as ta propre progression ou c'est une progression commune aux professeurs de français de ton établissement ?

bernardo a écrit:C'est 4,5 h en 6e, 5e, 3e dont, souvent, en 6e : une heure d'AP sur le français (mais pas 1 heure et demie) et, en 5e et 4e, des EPIS.
Tout est inclus dans le cours de français, ce qui signifie qu'on peut faire 4,5 h hebdomadaires de grammaire si on veut pendant plusieurs semaines !
Je ne vois pas non plus où est passée l'heure et demie ... sauf classe partagée ?

Je maintiens c'est 4 heures en troisième pas 4,5.

Oui, pardon, je voulais écrire 6e, 5e, 4e ...

Oui, c'est 4 heures en 3e. Et pas 3. Donc rien ne saurait justifier l'horaire de Diana. Il manque au moins une heure hebdo, voire une heure trente.

bernardo a écrit:

Rabelais a écrit:Progression totalement séparée de mes séquences et totalement cloisonnée.
Aucun rapport, pas d'exemples dans les textes étudiés mais des exemples choisis pour leur pertinence.
Rien n'empêche au détour d'un texte d'utiliser une notion ou d'y revenir, mais c'est tout.
Qu'on vienne m'embêter avec ça et je sors le scan de copies de rédaction des élèves : après avoir contemplé ce désastre, je ne pense pas qu'on me somme de m'expliquer sur ces points.

Tu suis la progression d'un manuel, tu as ta propre progression ou c'est une progression commune aux professeurs de français de ton établissement ?

J'ai ma propre progression sur les niveaux cinquième et quatrième.
Elle n'est pas très compliquée : je fais tout,(enfin, le maximum, je ne suis pas Dieu) mais à des niveaux de complexité gradués.
Par exemple, il y a quelques notions qui ne sont qu' abordées en 5e et approfondies en 4e ( l'accord du participe passé des verbes pronominaux, par exemple ).
Dans mon ETB, nous avons choisi au départ de suivre la répartition proposée par le SNALC, même si le SNES est majoritaire, car elle nous semblait à peu près pertinente.
Mais après avoir perçu mes eleves, j'ai décidé de tout reprendre, du déterminant en septembre aux subordonnees circonstancielles en fin d'année.
Mais bon, j'ai sérieusement réduit la littérature.
Et... Oubliez moi pour le prédicat, hein.

Rabelais a écrit:

bernardo a écrit:

Rabelais a écrit:Progression totalement séparée de mes séquences et totalement cloisonnée.
Aucun rapport, pas d'exemples dans les textes étudiés mais des exemples choisis pour leur pertinence.
Rien n'empêche au détour d'un texte d'utiliser une notion ou d'y revenir, mais c'est tout.
Qu'on vienne m'embêter avec ça et je sors le scan de copies de rédaction des élèves : après avoir contemplé ce désastre, je ne pense pas qu'on me somme de m'expliquer sur ces points.

Tu suis la progression d'un manuel, tu as ta propre progression ou c'est une progression commune aux professeurs de français de ton établissement ?

J'ai ma propre progression sur les niveaux cinquième et quatrième.
Elle n'est pas très compliquée : je fais tout,(enfin, le maximum, je ne suis pas Dieu) mais à des niveaux de complexité gradués.
Par exemple, il y a quelques notions qui ne sont qu' abordées en 5e et approfondies en 4e ( l'accord du participe passé des verbes pronominaux, par exemple ).
Dans mon ETB, nous avons choisi au départ de suivre la répartition proposée par le SNALC, même si le SNES est majoritaire, car elle nous semblait à peu près pertinente.
Mais après avoir perçu mes eleves, j'ai décidé de tout reprendre, du déterminant en septembre aux subordonnees circonstancielles en fin d'année.
Mais bon, j'ai sérieusement réduit la littérature.
Et... Oubliez moi pour le prédicat, hein.

(Je suppose que c'est "progression" plutôt que "répartition" ?) Où est-ce qu'on peut la trouver ?

Oh, il s'agit plutôt d'une répartition par niveau du programme de grammaire du cycle 4.
Les notions sont reparties, il s'agit donc d'une sorte de progression, mais à l'intérieur du niveau, tu dois faire ta propre progression.
Elle était dans un de leurs numéros.
J'essaie de le retrouver rapidement.

Je consacre globalement autant de temps à la lecture qu'à la langue. J'alterne, dans ma séquence, séance de lecture et séance de langue.
J'ai une progression grammaticale séparée. La séance de vocabulaire est liée à la séquence et j'essaie de lier leçon de grammaire et d'orthographe. Je travaille, depuis 3 ans, sur des cahiers d'exercices.

Tout est ici, c'est une base de travail et non une fin en soi.
https://snalc.fr/uploads/documents/national/PROGRAMMES_SNALC_FRANCAIS.pdf

Au lycée, de solides bases grammaticales sont essentielles, notamment pour l'analyse des textes. Je pense comme Véronique qu'un bon cours de grammaire aborde les problèmes orthographiques liés aux éléments étudiés. 
Je ne ferai pas l'impasse sur des dictées très régulières pour autant.

Merci Rabelais.
cristal, tu donnerais le nom des cahiers d'exercices ?