Une élève m'a dit : "Il faut se remettre en question"

C'est sûr qu'échouer au bac est devenu une humiliation, une injustice alors qu'avant c'était un accident de parcours qui pouvait arriver.

roxanne a écrit:C'est sûr qu'échouer au bac est devenu une humiliation, une injustice alors qu'avant c'était un accident de parcours qui pouvait arriver.

Je suis parfaitement d'accord.

Pendant des années, des élèves s'accommodent de "bonnes notes" sans travailler. Certains d'entre nous, fatigués parfois de lutter, finissent par acheter la paix sociale. Le bac n'est plus exigeant mais lorsque les notes du bac ne correspondent pas à celles de l'année, stupéfaction et hurlements. A la fac, toutes les difficultés "explosent" en plein jour, et c'est un drame!

Chaque année, on a droit aux pétitions pour des sujets trop durs ou des notes trop basses.

Elyas a écrit:

totoro a écrit:

klaus2 a écrit:gauvain31, je ne suis pas d'accord du tout : si les élèves ont du mal à suivre, d'abord on diminue la complexité, on fait plus simple, on ré-explique.

Je veux bien moi, mais ils sont en 1re, ils passent l'EAF dans 6 mois. A ce stade de l'année, je ne peux plus passer 4 h un texte comme je le faisais en début d'année. Quant à travailler la grammaire et l'orthographe, et bien non, ce n'est pas possible, il me faudrait des heures en plus... (ou un programme moins chargé en littérature...)

Là, on voit une dérive grave du système. La préparation à un examen est plus importante que la formation intellectuelle. Ce n'est pas une jugement, c'est un constat généralisé. C'est dans les années avant l'examen qu'au final, on fait la formation intellectuelle de facto. Les années d'examen, c'est la course à l'examen et les priorités changent (et c'est dommageable à long terme).

u
Je suis bien d'accord. Mais chaque année année lorsque je rencontre mes collègues, j'entends les remarques : " il n'y a pas assez de textes / de documents complémentaires pour interroger " et d'ailleurs, je fais parfois les mêmes réflexions. L'EAF tel qu'elle est conçue exige des éléments qu'il est bien difficile d'acquérir en une année (et il est illusoire de croire que les élèves (la grande majorité d'entre eux du moins) sauront s'appuyer sur leurs connaissances de 2nde ou de collège. )

L'élève a été convoquée en ma présence par la CPE. Elle a commencé par présenter des excuses suivies de "mais..". Elle les lui a fait reprendre trois fois. Elle a reparlé de sa tante, des autres qui n'en pensent pas moins. La CPE lui a alors suggéré de démissionner pour suivre les cours avec sa tante mais que si elle ne le faisait pas, et bien, j'étais sa prof et c'est moi qui notais. La gamine a marqué le coup et rajouté elle travaillait quand même "un minimum" (sic), on lui a donc suggéré d'essayer la formule maximum pour voir. Puis, elle l'a recadrée sur ses absences.

Voilà une bonne chose de faite !

Quelle efficacité !

roxanne a écrit:L'élève a été convoquée en ma présence par la CPE. Elle a commencé par présenter des excuses suivies de "mais..". Elle les lui a fait reprendre trois fois. Elle a reparlé de sa tante, des autres qui n'en pensent pas moins. La CPE lui a alors suggéré de démissionner pour suivre les cours avec sa tante mais que si elle ne le faisait pas, et bien, j'étais sa prof et c'est moi qui notais. La gamine a marqué le coup et rajouté elle travaillait quand même "un minimum" (sic), on lui a donc suggéré d'essayer la formule maximum pour voir. Puis, elle l'a recadrée sur ses absences.

Superbe repartie, je la garde de côté pour le prochain qui me fera remarquer qu'il ne mérite pas sa note  

Ça fait plaisir un chef comme ça !

C'est une CPE.

Parfois la différence est mince entre CDE et CPE :p

Balthamos a écrit:Parfois la différence est mince entre CDE et CPE  :p

Ah non CPE n'est pas mon supérieur hiérarchique, ça change tout.

Pour en revenir au sujet principal, la constante macabre a volé en éclats.

lessay a écrit:

Balthamos a écrit:Parfois la différence est mince entre CDE et CPE  :p

Ah non CPE n'est pas mon supérieur hiérarchique, ça change tout.

Pour en revenir au sujet principal, la constante macabre a volé en éclats.

C'est-à-dire ? Qu'est-ce que tu entends par là ?

Le fait que dans n'importe quelle classe (bonne ou mauvaise), la moyenne serait de 10

Je sais ce qu'est la constante macabre (et c'est un peu plus complexe que ça ) ; je voulais savoir ce que tu entendais par "a volé en éclats".

Qu'avec la multiplication des notations différenciées, des harmonisations des notes, elle n'existe plus

Sujet de philo, vous avez 5 min. (ça me paraît suffire) : 

"Comment un truc qui n'existe pas peut-il voler en éclats ?

lessay a écrit:Le fait que dans n'importe quelle classe (bonne ou mauvaise), la moyenne serait de 10

hmmm ça ne se fait pas dans tous les établissements. Tous n'atteignent pas ce degré d'hypocrisie. C'est même variable en fonction des établissements. Par exemple l'an dernier Une collègue m'a dit l'an dernier que lors de la constitution des classes, la proviseure adjointe faisaient en sorte à associer une professeur "qui surnotait" avec un professeur "sévère" de façon à "équilibre"r (ie à atteindre 10). Résultats : ma classe de seconde la plus faible (tant au niveau de ma matière qu'au niveau de la maîtrise de l'écrit) se retrouvait à 14.5 de moyenne en Français. Alors que ma meilleure classe (option latin chinois) avaient une moyenne de 10...

Le principe de la constante macabre, c'est plutôt l'idée que les notes se répartissent sur une courbe de Gauss, grosso modo - pas nécessairement autour de 10. Et personnellement, cette théorie me semble assez juste : on voit bien en conseil de classe, ou même sur ce forum, les réactions quand un collègue a 18 de moyenne avec une classe (précisons d'office que c'est un constat, pas une critique, en l'absence d'exemples précis et contextualisés). Idem pour moi, d'ailleurs : si je n'ai que des notes excellentes dans un paquet de copies, honnêtement, je vais me dire que l'interro était trop facile avant de me dire que tous mes élèves sont brillants !

Et on le voit très bien aussi dans l'enseignement supérieur : des élèves qui étaient parmi les meilleurs de leur classe, avec d'excellentes moyennes, au lycée, se retrouvent avec des élèves "moyens" de lycées mieux cotés... et on s'aperçoit au bout du compte que les élèves moyens ont le même niveau que les excellents élèves des lycées les moins bien cotés.

+1 par ailleurs, la constante macabre est une tendance statistique, il est difficile de s'en rendre compte par soi-même, ce sont les statistiques qui permettent qui permettent de la faire ressortir.

Sauf que son existence n'a jamais été démontrée, que je sache.

Je sais ce qu'on pourrait penser de cette référence mais il semble qu'elle est issue des travaux de cet universitaire, mathématicien de son état.

EDIT : ceci étant, je ne suis pas assez spécialiste de la question et je laisse volontiers à d'autres le soin de me montrer que je me trompe.

Herrelis a écrit:

roxanne a écrit:C'est à dire que là, c'est le bac. Bon, ils peuvent se rattraper, le sujet était très classique, on l'avait travaillé en classe.

C'est horrible à dire, mais j'ai l'impression que maintenant, pour la majorité d'entre eux, le bac ne les impressionne pas plus que le brevet... Sauf qu'au lycée, vous ne pouvez pas vous amuser à leur tenir la main non plus, vous avez autre chose à faire. Argh je me désabuse... on est franchement au stade du tonneau des Danaïdes hein ?

Dans une école où le diplôme est considéré comme un dû ça n'est guère étonnant. On passe en classe supérieure systématiquement quand on est au collège et au lycée, on est repêché sans forcer au bac et on obtient ses diplômes universitaires au TA. On m'a reproché de noter trop sec en 3e, mais au moins les élèves qui prétendent aller au lycée savent à quoi s'attendre. Quant à leur avis ou celui de leurs parents je m'en fous, ce ne sont pas des clients. Je sais gré en outre à mes différents profs de ne m'avoir jamais menti quant à mes possibilités. Si on doit un truc aux gosses, c'est la sincérité.

Mon avantage de TZR est que je peux garder d'une année sur l'autre les mêmes contrôles avec les mêmes exigences partout (exigences que j'estime raisonnables). Donc quand j'ai un surplus de bonnes notes je ne vais pas me plaindre non plus. Mais quand j'ai une classe de glandeurs, je n'ai aucune mansuétude car je sais de quoi est capable un élève de seconde. J'ai désormais en seconde des écarts de 6 points dans la moyenne en SVT entre la meilleure de mon lycée l'an dernier et ma plus mauvaise cette année. Écart qui n'a jamais été aussi important de ma carrière. J'avais au mieux des écarts de 3 points avant la réforme de 2010 (en sachant que je bossais déjà en ce temps là entre un lycée du Mirail et un lycée bourgeois à Toulouse)

gauvain31 a écrit:Mon avantage de TZR est que je peux garder d'une année sur l'autre les mêmes contrôles avec les mêmes exigences partout (exigences que j'estime raisonnables). Donc quand j'ai un surplus de bonnes notes je ne vais pas me plaindre non plus. Mais quand j'ai une classe de glandeurs, je n'ai aucune mansuétude car je sais de quoi est capable un élève de seconde. J'ai désormais en seconde des écarts de 6 points dans la moyenne en SVT entre la meilleure de mon lycée l'an dernier et ma plus mauvaise cette année. Écart qui n'a jamais été aussi important de ma carrière. J'avais au mieux des écarts de 3 points avant la réforme de 2010 (en sachant que je bossais déjà en ce temps là entre un lycée du Mirail et un lycée bourgeois à Toulouse)

complètement HS : il y en a plusieurs ? Je croyais qu'il n'y avait que le polyvalent ?

Laverdure a écrit:

gauvain31 a écrit:Mon avantage de TZR est que je peux garder d'une année sur l'autre les mêmes contrôles avec les mêmes exigences partout (exigences que j'estime raisonnables). Donc quand j'ai un surplus de bonnes notes je ne vais pas me plaindre non plus. Mais quand j'ai une classe de glandeurs, je n'ai aucune mansuétude car je sais de quoi est capable un élève de seconde. J'ai désormais en seconde des écarts de 6 points dans la moyenne en SVT entre la meilleure de mon lycée l'an dernier et ma plus mauvaise cette année. Écart qui n'a jamais été aussi important de ma carrière. J'avais au mieux des écarts de 3 points avant la réforme de 2010 (en sachant que je bossais déjà en ce temps là entre un lycée du Mirail et un lycée bourgeois à Toulouse)

complètement HS : il y en a plusieurs ? Je croyais qu'il n'y avait que le polyvalent ?

Oui, c'était une expression naïve pour ne pas le citer ; j'aurais dû dire "un lycée à population peu favorisée par rapport à la moyenne toulousaine!" surtout que j'en ai fréquenté 3 à l'époque.