J'hallucine (boulot)

Poupoutch a écrit:T'as pas de notes en dessous de 6 tu es un con...

Une collègue m'a un jour reproché en conseil de classe d'avoir des notes trop élevées (de mémoire toutes > 12 dans une classe très convenable) alors qu'elle trouvait les élèves «nuls». Je lui ai répondu, toujours en conseil et devant des élèves hilares, que si ses élèves étaient restés aussi nuls pendant 3 trimestres c'est qu'elle n'avait pas été capable de les faire progresser.
Elle ne m'a plus parlé pendant les 3 ans où elle est restée au collège.

Ignatius Reilly a écrit:Parfois on nous encourage à chercher des points pour que le môme qui ne sait pas réellement lire et qui ne comprend pas grand chose ne perde pas totalement confiance. Ainsi il traîne sa médiocre scolarité jusqu'en seconde malgré un niveau réel très faible et il vient grossir les rangs des gamins paumés en lycée.  
Je ne suis sans doute pas humain mais quand un gamin dans une de mes 6e ne sait pas lire, il ne peut pas faire l'exercice, il a 2 / 20. Oui ça arrive. Je ne vais pas l'évaluer en lui faisant empiler des cubes.
J'ai adressé voici 15 jours à la co- psy une gamine de 6e qui ne comprend rien, avec un lexique aride comme c'est pas permis. Tout va bien d'après elle, c'est tout juste si dans le mail que j'ai reçu ne pointent pas des reproches en réponse. Après, si on veut que je casse le thermomètre...

Sifi : c'est toujours comme ça chez moi. Y compris en interro. Ils ne lisent pas les consignes et se ramassent lamentablement. Tant pis.

Paumés, et qui ne comprennent même pas pourquoi ils ne suivent plus : ils n'ont jamais appris à travailler, jamais essayé pour certains, mais jusque-là, ils sont toujours passés, même si leurs notes n'étaient pas terribles. C'est dur aussi, pour certains, de les voir arriver tout confiants et de leur rendre des 2 ou des 3

Volubilys a écrit:

Aphrodissia a écrit:

RooMcfly a écrit:Non il était persuadé de bien faire au début.. et puis maintenant il est remonté contre moi car je mets zéro à ses copies alors qu'il a travaillé... et

Il y a des élèves qui se mentent à eux-mêmes: ils croient sincèrement qu'ils ont fait, travaillé, appris...  et quand on leur prouve le contraire, ils se vexent. Ou ils font semblant d'y croire et se vexent parce qu'on a dévoilé leur comédie.

Ce n'est pas forcément de la comédie, on peut bosser comme un âne pendant des heures pour avoir un résultat minable. Le travail peut être juste totalement inefficace, les lacunes trop grandes...

Ouais, enfin écrire un texte en franglais en Terminale, contenant les phrases que Caspar nous a citées, je n'appelle pas ça bosser comme un âne.
Enfin, si, mais au sens premier du terme. :lol:

Comment un élève de dix-sept ans peut-il croire que c'est ce qu'on attend de lui ? J'avoue que ça me dépasse totalement. Surtout après que son professeur lui a fait la remarque et convoqué ses parents.

Mon post va finalement dans le sens de ce débat sur les "bonnes" ou "mauvaises" notes: cette notion de "bienveillance" qu'on nous répète à tout va en fait des consommateurs invétérés. Ils ne lisent plus les consignes, considèrent que tout ordre peut être contourné à leur guise.
A force de leur répéter qu'ils sont merveilleux, et que leurs parents les défendent bec et ongles au moindre pet coincé, on obtient des assistés permanents qui sont persuadés de détenir la vérité absolue.

Ma tutrice, il y a de ça quelques lustres m'a dit une chose très simple, mais que j'applique toujours: "Les notes vont de 0 à 20". Je n'hésite jamais à mettre un 20 à une copie qui le mérite (je sais que j'ai des collègues qui ne montent pas au-delà de 15/16 par principe), mais je n'hésite pas davantage à mettre un 0.

Dans une de mes 3e, j'ai une élève à 3,25 de moyenne. Dans l'autre, j'ai cinq élèves en dessous des 6 de moyenne. Dont un à 1,54. Je ne trouve pas ça normal personnellement d'avoir des élèves à moins de 6, en français, en 3e.

Danska a écrit:

Ignatius Reilly a écrit:Parfois on nous encourage à chercher des points pour que le môme qui ne sait pas réellement lire et qui ne comprend pas grand chose ne perde pas totalement confiance. Ainsi il traîne sa médiocre scolarité jusqu'en seconde malgré un niveau réel très faible et il vient grossir les rangs des gamins paumés en lycée.  
Je ne suis sans doute pas humain mais quand un gamin dans une de mes 6e ne sait pas lire, il ne peut pas faire l'exercice, il a 2 / 20. Oui ça arrive. Je ne vais pas l'évaluer en lui faisant empiler des cubes.
J'ai adressé voici 15 jours à la co- psy une gamine de 6e qui ne comprend rien, avec un lexique aride comme c'est pas permis. Tout va bien d'après elle, c'est tout juste si dans le mail que j'ai reçu ne pointent pas des reproches en réponse. Après, si on veut que je casse le thermomètre...

Sifi : c'est toujours comme ça chez moi. Y compris en interro. Ils ne lisent pas les consignes et se ramassent lamentablement. Tant pis.

Paumés, et qui ne comprennent même pas pourquoi ils ne suivent plus : ils n'ont jamais appris à travailler, jamais essayé pour certains, mais jusque-là, ils sont toujours passés, même si leurs notes n'étaient pas terribles. C'est dur aussi, pour certains, de les voir arriver tout confiants et de leur rendre des 2 ou des 3

Ça commence au collège. Un garçon assez hautain dans une de mes 4e émarge à 11, jamais plus car il se contente du minimum et ne se fait pas mal pendant les contrôles. Et de se lamenter sur ses résultats passables. Il a dit ne pas comprendre, il avait 14 en 5e. Oui ben mon gars cette année tu n'as pas M. Machin mais moi, et tu es en 4e. Donc ne surestime pas tes moyens. Si tu dois travailler pour avoir 15, travaille. Non, trop fatiguant. Dans cette même classe un élève sérieux mais un poil tracteur question comprenette a quand même décroché un 20 avec moi, en géo. Il a lu les consignes. Donc tout le monde peut le faire.

sifi a écrit:Ils ne lisent plus les consignes, considèrent que tout ordre peut être contourné à leur guise.

Réponse invariable : c'est écrit dans les consignes, tu relis *tout*.
À la quinzième relecture et quand ils ont perdu les 3/4 du temps disponible certains arrêtent de poser des questions sans intérêt

Sphinx a écrit:Dans une de mes 3e, j'ai une élève à 3,25 de moyenne. Dans l'autre, j'ai cinq élèves en dessous des 6 de moyenne. Dont un à 1,54. Je ne trouve pas ça normal personnellement d'avoir des élèves à moins de 6, en français, en 3e.

Je crois que presque tout le monde en a maintenant.

Oui... j'ai la particularité d'être dans un collège encore très préservé. Mais de plus en plus, on voit arriver des élèves qui tournent à 5/6 de moyenne dans des classes où d'autres sont à 17/18.

Record battu dans une classe de 2nde de mon lycée, cette année : les moyennes générales vont de 0,52 à 19,86. Les deux m'impressionnent autant l'une que l'autre, dans un sens

En effet...

0,52 de moyenne générale Mais pourquoi ce gosse est-il en seconde ?
Je me souviens du discours d'un principal qui disait qu'il fallait oser la seconde générale et techno. Mais pourquoi donc ?
Est-ce bienveillant de faire subir ça à un gamin ? Je n'ose imaginer ce qui se passe dans sa tête.

Mon CDE a décidé de mettre en place des groupes de travail suite au dernier C.A. et aux questions des parents.
En deux jours, nous avons reçu des mails demandant des professeurs volontaires pour le groupe "gestion de la pause méridienne", celui sur "les poids des cartables" et aujourd'hui c'est un groupe "sorties et voyages scolaires". Que nous réserve demain?

C'est une nouvelle mode? Avez-vous cela dans vos établissements?

Et si personne n'est volontaire, il se passe quoi ?

A mon avis, demain, c'est sur l'épineuse question des toilettes que vous allez plancher...

C'est bizarre, tout ça ne va pas du tout dans le sens de ce que remarque notre chère ministre à longueur de communiqués quant à l'augmentation du niveau des élèves.
Tout le monde n'a pas le niveau. Point. Quand des 4e ne sont pas foutus de comprendre un graphique tiré d'un manuel de 6e, je fais mon deuil de leur parcours scolaire.

Elea : Non, dans mon étab. on se contente d'inventer autant d'activités périscolaires qu'un curé peut en bénir. Club parole, club poterie, club pâtisserie, sorties bowling.

Spoiler:

Oui. Mes réserves, peu amènes, m'avaient valu d' être plus ou moins qualifié de facho. Je suis tendance.

De toutes façons, si les parents insistent un peu trop fort, n'importe quel imbécile charmant bambin peut passer en seconde...

Oui, mais en quoi est-ce bon pour lui ?
Les parents sont-ils toujours bien-traitants envers leurs enfants ?

Ma'am a écrit:Oui, mais en quoi est-ce bon pour lui ?
Les parents sont-ils toujours bien-traitants envers leurs enfants ?

Bien sûr, ils leur achètent des mob' à 2000 euro et les défendent face aux profs.

Ma'am a écrit: A mon avis, demain, c'est sur l'épineuse question des toilettes que vous allez plancher...

Chez nous ce serait peut-être nécessaire...
Aujourd'hui, les toilettes profs du rez-de-chaussée étaient condamnés. Hors-service, qu'ils disaient.
Je suis allée dans les toilettes profs du 1er étage, seul 1 WC était fonctionnel, celui des hommes. Bon, pas de souci, je fais ce que j'ai à faire (et c'était du lourd... ), je tire la chasse et... pas d'eau!!!!
Bon... j'ai avisé un seau à demi rempli d'eau dans un coin, je l'ai vidé dans la cuvette, ce qui a ... limité les dégâts, disons.

Puis j'ai voulu me laver les mains... pas d'eau!!!v

J'ai fini par le faire en salle des profs, avec un vieux fond de bouteille d'eau qui traînait par là...

Alors le groupe de travail est peut-être nécessaire?

Ignatius Reilly a écrit:Parfois on nous encourage à chercher des points pour que le môme qui ne sait pas réellement lire et qui ne comprend pas grand chose ne perde pas totalement confiance. Ainsi il traîne sa médiocre scolarité jusqu'en seconde malgré un niveau réel très faible et il vient grossir les rangs des gamins paumés en lycée.  
Je ne suis sans doute pas humain mais quand un gamin dans une de mes 6e ne sait pas lire, il ne peut pas faire l'exercice, il a 2 / 20. Oui ça arrive. Je ne vais pas l'évaluer en lui faisant empiler des cubes.
J'ai adressé voici 15 jours à la co- psy une gamine de 6e qui ne comprend rien, avec un lexique aride comme c'est pas permis. Tout va bien d'après elle, c'est tout juste si dans le mail que j'ai reçu ne pointent pas des reproches en réponse. Après, si on veut que je casse le thermomètre...

Sifi : c'est toujours comme ça chez moi. Y compris en interro. Ils ne lisent pas les consignes et se ramassent lamentablement. Tant pis.

Si on casse le thermomètre, on dédouane  tout ceux qui ont suivi la scolarité au primaire. Or, il s'est passé quelque chose en primaire pour que la gamine ne sache pas lire. Il faut à un moment que nous tous, adultes, prenions nos responsabilités. Un élève qui ne sait pas lire en 6ème est une condamnation sociale, c'est donc quelque chose de très grave. Si il y a de plus en plus de 6ème qui ne savent pas lire: il poser la question aux PE: pourquoi? Les raisons peuvent être multiples.(méthodes de lecture, baisse horaire, longue maladie de l'élève, absence non remplacée du PE) Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de 6ème (juste des 5ème en 2011), mais il va falloir soulever ce problème de façon urgente lors des journées de liaison CM2-6ème (cela a du être fait je suppose) et taper du poing sur la table

Mais bon , on ne peut pas dire "oh ben elle ne sait pas lire, c'est comme ça , il ne faut pas la stigmatiser" . Il va bien falloir dire à cette enfant et surtout à ses parents et à ses anciens PE que ça ne va pas du tout.  Les professeurs du secondaire ne sont pas formés pour apprendre à lire aux 6ème. Ce n'est pas leur rôle.

Ma collègue de SVT a eu sa fille en CP dans une école de quartier populaire avec un livret de compétence pleins de petits points verts.... suite à un déménagement dans une école de banlieue chic, la maîtresse de CE1 s'est aperçu qu'elle ne savait presque pas lire. Il a fallu tout reprendre. Sa fille a eu de la chance car ses difficultés ont été prises à temps... tous ne l'ont pas

Ignatius, je m'incline !

Ma'am a écrit:En effet...

0,52 de moyenne générale Mais pourquoi ce gosse est-il en seconde ?
Je me souviens du discours d'un principal qui disait qu'il fallait oser la seconde générale et techno. Mais pourquoi donc ?
Est-ce bienveillant de faire subir ça à un gamin ? Je n'ose imaginer ce qui se passe dans sa tête.

Bonne question... Ce n'est pas ma classe, mais je sais qu'il sèche la moitié des cours, ne comprend rien à rien quand il y assiste, même pas les consignes les plus simples étant donné qu'il sait à peine lire. Le pp de la classe a rencontré les parents pour discuter d'une réorientation en pro ou en techno, mais c'est déjà trop tard pour le pro (plus de place), et les parents sont fermement convaincus que leur fils peut progresser, puisqu'il avait quasiment la moyenne au collège

Ma'am a écrit:Et si personne n'est volontaire, il se passe quoi ?

A mon avis, demain, c'est sur l'épineuse question des toilettes que vous allez plancher...

Chhuuuuut! Mon chef pourrait t'entendre...


Blague à part, vu le manque régulier de savon et de papier dans les toilettes des élèves, ce groupe de travail pourrait bien être créé. A moins qu'il devienne un sous-groupe de celui planchant sur la pause méridienne. :gratte:

On leurre les familles avec ces *bip* de compétences et d'évaluation positive.
Quelle tristesse.

elea84 a écrit:Mon CDE a décidé de mettre en place des groupes de travail suite au dernier C.A. et aux questions des parents.
En deux jours, nous avons reçu des mails demandant des professeurs volontaires pour le groupe "gestion de la pause méridienne", celui sur "les poids des cartables" et aujourd'hui c'est un groupe "sorties et voyages scolaires". Que nous réserve demain?

C'est une nouvelle mode? Avez-vous cela dans vos établissements?

Mais surtout à quoi cela sert-il?

Fesseur Pro a écrit:

Sphinx a écrit:Dans une de mes 3e, j'ai une élève à 3,25 de moyenne. Dans l'autre, j'ai cinq élèves en dessous des 6 de moyenne. Dont un à 1,54. Je ne trouve pas ça normal personnellement d'avoir des élèves à moins de 6, en français, en 3e.

Je crois que presque tout le monde en a maintenant.

Je le sais bien, mais c'est justement ça qui me choque. D'autant plus que j'ai écopé d'une classe particulièrement nulle cette année : d'habitude, j'ai des classes de 3e plutôt plan-plan avec quelques bons élèves qui font remonter le tout, j'ai dans les 10,5 de moyenne de classe. Là, rédactions maisons non rendues, livres non lus, devoirs en classe vides de contenu (surtout, ne pas se fouler), résultat : 8,5 de moyenne de classe si je ne compte pas le travail facultatif (fait par seulement trois élèves) qui fait remonter artificiellement l'ensemble (en le comptant, je dépasse péniblement les 9). Mon autre classe, composée de bons éléments (pas parfaits, mais plutôt bosseurs dans l'ensemble, est à 12,20. J'ai l'impression de ne jamais avoir vu un pareil ramassis de poils dans la main, et avec une orthographe hallucinante qui plus est.

Les familles et les élèves. Et comment faire comprendre à un ado de 15 ans que non, ce n'est pas un manque de travail au premier trimestre qui a causé son 3 de moyenne générale, et que non, il ne suffira pas de travailler vingt minutes de plus tous les soirs pour rattraper les dégâts ? Et à ce stade, qu'est-ce qu'on en fait, de tous ces élèves qui n'ont rien à faire là où ils ont atterri ? On les laisse végéter au fond de la salle (ou y mettre le bazar, selon les cas) ? On les renvoie errer dans la nature, rejoindre les personnes sans diplôme et sans formation ?