[France 2 Envoyé spécial] Ma vie de prof. Comment l'éducation nationale recrute-t-elle ?

henriette a écrit:

PauvreYorick a écrit:

henriette a écrit:Par curiosité, je suis allée voir quelles étaient ces fameuses questions.
Donc :
1. Écrire une phrase commençant par "Quoi que..."
2. Analyser la construction grammaticale de cette phrase.
3. Faire une phrase contenant une proposition subordonnée relative.

:shock: :shock: :shock:

Le journaliste a fait semblant, bien sûr, de ne pas savoir répondre?!

Heu, ben non, je ne crois pas...
Qu'il ne soit pas parvenu à analyser la phrase, je ne lui jette pas la pierre, on peut en effet se dire que l'analyse grammaticale, c'est loin pour lui.
Mais qu'il ait fait une faute d'orthographe sur Quoi que/Quoique, et qu'il ait été incapable de donner un truc aussi basique qu'une relative, c'est assez sidérant, en fait.

Henriette, tu le sais déjà si tu lis ce topic, mais je redis que je ne trouve pas cela du tout sidérant.

Houlà, ben moi si. Avec la même hiérarchie d'étonnement que celle décrite par Henriette (on pourrait à la limite imaginer que, pour la 2, le journaliste n'ait pas bien vu ce qu'on attendait de lui).

J'ai peur que vous vous fassiez des illusions.

Ah ben , oui autour de moi, personne (et des gens bac +4, 5 mais quadras) ne savait non plus. Par contre, en maths, ils s'en sortaient mieux.

Personnellement, je ne sais pas ce qui est le plus sidérant : qu'un journaliste ne sache pas répondre à des questions somme toute basiques... ou qu'il soit malgré cela embauché par l'EN pour enseigner les réponses à ces mêmes questions ?

roxanne a écrit:Ah ben , oui autour de moi, personne (et des gens bac +4, 5 mais quadras) ne savait non plus. Par contre, en maths, ils s'en sortaient mieux.

Alors je dois, à l'insu de mon plein gré, ne frayer qu'avec des gens hyper cultivés - ou hyper vieux ? - parce que la relative et quoique/quoi que, ils connaissent ! :lol: J'ai vraiment de la chance :succes:

Danska a écrit:Personnellement, je ne sais pas ce qui est le plus sidérant : qu'un journaliste ne sache pas répondre à des questions somme toute basiques... ou qu'il soit malgré cela embauché par l'EN pour enseigner les réponses à ces mêmes questions ?

Mais les deux, mon capitaine...

On lit régulièrement sur ce forum même la faute entre quel que et quelque, alors j'ai un peu de mal à trouver sidérant que ce journaliste fasse une faute entre quoi que et quoique.

En revanche, qu'il soit embauché sans savoir répondre aux questions, ça l'est.

Le quoi que / quoique n'est pas concerné par la réforme de l'orthographe ? Je l'ai rencontré dans plusieurs livres récemment et...

ProvençalLeGaulois a écrit:On lit régulièrement sur ce forum même la faute entre quel que et quelque, alors j'ai un peu de mal à trouver sidérant que ce journaliste fasse une faute entre quoi que et quoique.

En revanche, qu'il soit embauché sans savoir répondre aux questions, ça l'est.

+ 1
Quant aux fautes sur le forum, ce n'est pas non plus le même contexte que pour le journaliste qui passait un "entretien d'embauche".

Ergo a écrit:Le quoi que / quoique n'est pas concerné par la réforme de l'orthographe ? Je l'ai rencontré dans plusieurs livres récemment et...

Sincèrement, j'espère que non !

Ergo a écrit:Le quoi que / quoique n'est pas concerné par la réforme de l'orthographe ? Je l'ai rencontré dans plusieurs livres récemment et...

Non, pas de réforme de l'orthographe dans ce cas précis.

Je viens de regarder le reportage, et l'interview de la ministre.

Le graphique présenté m'étonne : en 2012, on a à la fois supprimé et créé des postes ? Comment cela est-il possible ?
Je précise que je suis assez mauvaise en maths (que je n'enseigne pas) .

Il a quand même fait l'ESJ Lille, cela paraît invraisemblable qu'il cale en orthographe ...

Ergo a écrit:Le quoi que / quoique n'est pas concerné par la réforme de l'orthographe ? Je l'ai rencontré dans plusieurs livres récemment et...

Pas l'impression, après une recherche rapide. Le site du projet Voltaire n'en parle pas, en tout cas - et généralement il est précis sur ces sujets.

Alors certains correcteurs ne sont plus ce qu'ils étaient. Merci, ça me rassure d'un certain côté.

Ergo a écrit:Alors certains correcteurs ne sont plus ce qu'ils étaient. Merci, ça me rassure d'un certain côté.

Je ne sais pas si tu as raison...

Ruthven a écrit:Il a quand même fait l'ESJ Lille, cela paraît invraisemblable qu'il cale en orthographe ...

Il peut aussi s'être planté sous le coup du stress (peu plausible pour un journaliste, mais sait-on jamais), ne pas avoir compris le sens de la question, être réellement mauvais en orthographe (on trouve fréquemment des erreurs dans les journaux, le Canard enchaîné en fait ses choux gras chaque semaine), ou encore faire exprès de se tromper, etc.
A la limite, peu importent les raisons : ce qui m'échappe surtout, au risque de me répéter, c'est que le rectorat l'estime suffisamment compétent, après une telle prestation, pour l'embaucher et l'envoyer devant des élèves sans la moindre formation !

Kea a écrit:Je viens de regarder le reportage, et l'interview de la ministre.

Le graphique présenté m'étonne : en 2012, on a à la fois supprimé et créé des postes ? Comment cela est-il possible ?
Je précise que je suis assez mauvaise en maths (que je n'enseigne pas) .

Bien vu.

henriette a écrit:

Ergo a écrit:Alors certains correcteurs ne sont plus ce qu'ils étaient. Merci, ça me rassure d'un certain côté.

Je ne sais pas si tu as raison...

En effet...

Danska: mais il faut dire que c'était le but du reportage, de montrer que certains rectorats n'étaient pas très regardants.

Danska a écrit:

Ruthven a écrit:Il a quand même fait l'ESJ Lille, cela paraît invraisemblable qu'il cale en orthographe ...

Il peut aussi s'être planté sous le coup du stress (peu plausible pour un journaliste, mais sait-on jamais), ne pas avoir compris le sens de la question, être réellement mauvais en orthographe (on trouve fréquemment des erreurs dans les journaux, le Canard enchaîné en fait ses choux gras chaque semaine), ou encore faire exprès de se tromper, etc.
A la limite, peu importent les raisons : ce qui m'échappe surtout, au risque de me répéter, c'est que le rectorat l'estime suffisamment compétent, après une telle prestation, pour l'embaucher et l'envoyer devant des élèves sans la moindre formation !

Je ne pense que le rectorat l'estime suffisamment compétent. Mais le rectorat n'a personne qui veuille se taper le job. Il n'a rien de mieux à proposer aux élèves.

archeboc a écrit:

RogerMartin a écrit:Comment l'IPR peut-il d'ailleurs croire une seconde que le type qui se présente ainsi devant lui a un diplôme quelconque de finances? Il aurait tout oublié dans les dix-huit mois depuis qu'il l'a reçu? Je n'ai pas fait de maths depuis 86, je n'ai pas le moindre diplôme en maths à part un bac C très moyen, je savais toutes les réponses.

Le théorème des valeurs intermédiaires au lycée en 1986 ?
Tu es sûr ?

Qu'est-ce qui t'étonne ?
Le TVI était dans les derniers programmes du bac C  (avant la réforme qui l'a transformé en "S spé maths")  B.O. du 11 septembre 1986, et à l'époque les profs râlaient déjà de la baisse de niveau, donc le TVI devait déjà être dans les programmes précédents ...

Sinon, je n'ai pas regardé l'émission, suffisamment déprimée comme ça ... Et je ne suis même pas étonnée de ce que j'entends !
J'ai commencé comme contractuelle, sur un simple coup de téléphone un vendredi vers 14h, j'ai commencé le lundi à 9h ... Alors certes, c'était dans l'académie où j'avais obtenu mes diplômes, passé 2 ans en première année d'IUFM, donc je suppose que les infos étaient vérifiables, mais je n'ai vu personne pour s'assurer que je pouvais faire l'affaire devant les élèves ... alors c'est bien beau qu'il ait vu un inspecteur ...

Oui, enfin, vu qu'il pouvait difficilement répondre plus d'âneries qu'il ne l'a fait, je ne vois pas ce que ça aurait changé qu'il n'en voie pas - sauf s'il n'avait pas parlé français, peut-être.

henriette a écrit:Oui, enfin, vu qu'il pouvait difficilement répondre plus d'âneries qu'il ne l'a fait, je ne vois pas ce que ça aurait changé qu'il n'en voie pas - sauf s'il n'avait pas parlé français, peut-être.

heu, maintenant que tu en parles, il y a bien une classe l'an dernier qui a mentionné des difficultés à comprendre un collègue , bon pas en Français, tout de même...

Ergo a écrit:Alors certains correcteurs ne sont plus ce qu'ils étaient. Merci, ça me rassure d'un certain côté.

Des correcteurs ? Tu veux dire des gens qui dans les rédactions de presse écrite relisent, corrigent, tirent la sonnette d'alarme quant au sens ou à la crédibilité de ce qu'ils ont lu des papiers des rédacteurs avant de les éditer dans une mise en page réfléchie ? Mais cela n'existe quasiment plus. Je sais, je l'ai été dix ans. Cela a été les premiers postes à être supprimés au nom de la rentabilité économique dans un mouvement qui a commencé il y a de cela maintenant vingt ans. Autant dire que maintenant, tout le monde a atteint son effectif plancher dans ce domaine et il y a même des services de ressources humaines qui essaient toujours de gratter des postes. Même au Monde (qui reste encore sérieux sur cet aspect et où j'ai un peu travaillé -pas pu être embauché, c'était à une époque où il dégraissait), ils ne remplaçaient pas les correcteurs (et des vrais de vrais, ceux-là) qui partaient à la retraite.

Au niveau de la forme, tout l'argent investi - il y en a quand même dans les "nouvelles formules" - part dans l'équipement informatique, différents logiciels offrant des possibilités de blocs-textes et blocs-photos (détourage, pas détourage ?) plus ou moins verrouillés, les études sur l'utilisation ou non de la couleur, l'étude de polices de caractère et de leur grosseur en fonction de leur utilisation (sur-titre, titre, sous-titre, inter, corps du texte, exergue, signature, légende sous la photo) et de l'âge moyen du lectorat.

Pour le contenu éditorial, en revanche, c'était peau d'balles. ON NE CHANGE PAS LES HABITUDES DU LECTORAT. Ben oui, d'accord mais nous avons de moins en moins de lecteurs. ET VOUS VOULEZ PRENDRE LE RISQUE D'EN PERDRE PLUS ENCORE ? Ben non M. le directeur de la rédaction, mais si on en perd d'un côté, peut-être qu'on peut essayer d'en gagner des nouveaux de l'autre ? PEINE PERDUE, LA FRANCE EST UN PAYS QUI NE LIT PLUS SAUF LA TRASH PRESS. Ah, bon, d'accord M. le directeur de la rédaction.

Je ne parlais pas de la presse mais ça ne change rien à ce que tu écris.

RogerMartin a écrit:C'est encore pire je trouve pour les questions en maths, ce sont des connaissances élémentaires d'analyse; ce doit être impossible de faire cours, surtout en lycée, si on ne sait pas y répondre. Comment l'IPR peut-il d'ailleurs croire une seconde que le type qui se présente ainsi devant lui a un diplôme quelconque de finances? Il aurait tout oublié dans les dix-huit mois depuis qu'il l'a reçu? Je n'ai pas fait de maths depuis 86, je n'ai pas le moindre diplôme en maths à part un bac C très moyen, je savais toutes les réponses.
Ce qui est terrifiant, c'est -- que le journaliste joue ou pas la comédie, finalement, c'est annexe -- qu'un IPR en soit rendu à mettre devant des élèves un quidam qui offre seulement une apparence de bonne volonté, sans la moindre parcelle de savoir disciplinaire. Cela veut bien dire que sur le bassin d'Amiens, il sait qu'il n'a aucune autre possibilité de recrutement. Dans ce cas-là, c'est sûr que la classe inversée semblerait une bénédiction.

Oui... enfin les temps ont bien changé.
En écoutant le reportage, j’étais bien incapable de répondre à certaines questions du tac au tac
Théorème des valeurs intermédiaires : je ne savais plus,
Intervalle de fluctuation non plus.

Condition pour que 1 soit racine double d’un polynôme, ça c’est bon.
Différents ensemble de nombre, c’est bon.
Théorème de Pythagore c’est bon aussi.

De même, lorsque le collègue fait remarquer « a partir du moment où vous ne savez pas ce que c’est qu’une relation d’équivalence, être prof de maths c’est un tout petit peu compliqué »
Désolé, mais du tac au tac, je ne sais pas le définir clairement.

Ok je ne suis pas prof de maths, mais j’ai tout de même obtenu le PLP maths sciences haut la main il y a quelques années puis le CAPES de physique chimie. Et ce n'était pas il y a dix ans.
Pendant plusieurs années, en tant que TZR, j’aurai pu comme nombre de mes amis être affecté en collège ou en LP pour enseigner les mathématiques.
J’enseigne au lycée et il n’est pas rare que j’aide des élèves pour les maths… sauf que je commence toujours par revoir avec eux ce qu’ils ont fait en cours.

Ce jeune homme présente bien, il a une bonne élocution, le débit est fluide, et visiblement, il maîtrise la langue française. Le problème est que le rectorat n’a pas vérifié le diplôme.
Pour le reste, il n’est pas étonnant qu’un contractuel qui n’a jamais enseigné ne connaisse pas, avant d’avoir préparé son cours, les définitions.

Ce qui me gène plus dans ce reportage, c’est que rien n’est dit sur la rémunération des contractuels.
Supposons qu’un étudiant diplômé d’une licence en mathématiques ou sciences physiques (le rectorat d'Amiens a recruté un maçon récemment...) se présente, il serait alors embauché à l’indice 321 soit 1240 € net (sans la mutuelle).
Plus encore que pour la rémunération des titulaires, l’explication est là aussi.

Il existe certaines régions, au sein desquelles, il n’y aurait pas de problèmes pour recruter des contractuels de qualité, pas à Versailles, Créteil ou Amiens. Dans ces académies, si on a le niveau, on passe le concours et on est sûr d’y être affecté.