- gauvain31Empereur
Leclochard a écrit:Laepixia a écrit:Quewahhhhhh ! Tu fais travailler les élèves ? Quel manque de bienveillance !
C'est à dire que le dernier jour, demander aux élèves de travailler "normalement", c'est presque une faute et certainement une erreur (de débutant) dans beaucoup de collèges.
Hélas oui... et je suis loin d'être un débutant... et je revendique même de faire travailler les élèves le dernier jour. Il faut juste savoir pourquoi on vient à l'école; la classe est un lieu de culture et d'apprentissage, pas un lieu de consommation. Je dis souvent aux élèves : Je vous ferai travailler jusqu'au dernier jour. Si vous entrez dans ma classe dans l'intention de ne pas travailler, ne venez pas. Et généralement ils comprennent très bien.
- PouceNiveau 9
D'après un collègue , Blanquer serait anti- pédago. Qu'en pensez-vous?
- ZagaraGuide spirituel
Invalidé par les faits, notamment ses expérimentations de recteur et sa pratique de directeur de la DGESCO.Pouce a écrit:D'après un collègue , Blanquer serait anti- pédago. Qu'en pensez-vous?
- User17706Bon génie
Que ça ne veut pas dire grand'chose. Personne n'est « anti-pédago » ni « pédago » ou « pro-pédago ». Ce qui est vrai, c'est que Blanquer, recteur, a encouragé toutes sortes d'expérimentations, d'une part ; d'autre part, qu'il a déclaré qu'il faut s'inspirer, pour l'apprentissage de la lecture, des travaux de Stanislas Dehaene. On voit bien que ces deux points sont susceptibles de lui attirer chacun louanges et blâmes (mais pas de la part des mêmes, bien sûr).Pouce a écrit:D'après un collègue , Blanquer serait anti- pédago. Qu'en pensez-vous?
En tout état de cause, la mouvance « pédago », si elle a une identité, ce dont je doute, est surtout unifiée sous l'angle économique ou budgétaire : la déclaration qu'il est possible de faire plus et mieux avec « d'autres méthodes » sans plus de moyens (surtout humains), voire avec toujours moins, est ce qui lui donne sa redoutable compétitivité par rapport à d'autres conceptions du métier d'enseigner. Que ces déclarations soient rarement suivies d'effet, et, sauf erreur de ma part, jamais suivies d'effets à grande échelle, cela importe peu... malheureusement.
- DaphnéDemi-dieu
Parce que c'est la lettre de mission qu'on leur confie : dégraisser le mammouth !Iphigénie a écrit:Pourquoi les ministres de l'EN veulent-ils tous rabattre l'importance de leur ministère?la taille du ministère en fait le premier ennemi à abattre,
C'est simple non.
Et en plus maintenant défonctionnariser tout ça
- ZagaraGuide spirituel
Par "anti-pédago" ou "pédago" j'avais compris : "pour ou contre le mouvement idéologique précis implanté dans le MEN depuis 20 ans et ayant inspiré l'esprit des dernières réformes, incarnée par un personnage comme M. Meirieu par exemple".
L'angle économique et budgétaire est porté par un autre courant qui a fait une alliance opportune avec des pédagogues promettant de faire plus avec moins, mais on ne peut pas confondre ces 2 ensembles. Quelqu'un comme Meirieu, ou un organe comme le Café pédagogique, croient sincèrement que les méthodes qu'ils préconisent sont "meilleures pour les élèves". On ne peut pas les accuser de duplicité : ils croient bien faire. Ils sont la façade et le gage de bonne conscience de l'aile budgétaire du MEN, où les énarques-technocrates sont certainement sur-représentés (on ne va pas me faire croire que quand on a un parcours du type sciences po->ENA->mal classé->zut il ne reste que le MEN, on a une pensée pédagogique sincère, bien construite et fonctionnelle).
Ce qui me parait sûr, c'est que ce qui explique la répétition de toujours les mêmes réformes au MEN est la vitalité et la complémentarité de ces 2 mouvements (sans pour autant dire qu'ils ne font qu'un). A ma gauche des pédagogues persuadés d'agir pour le Bien Commun, le Bien des Elèves, et pour la Morale, contre de méchants réactionnaires ; à ma droite des énarques/technos qui ont rêvé d'être au Conseil d’État ou à Bercy et pensent d'abord budget, masse salariale, flexibilité des enseignants, efficacité des établissements, gestion des territoires...
Ils peuvent aussi reconduire cette répétition dans l'échec car :les médias s'en fichent de l'école (combien de vrais rubricards scolaires ? Combien de papiers sérieux sur le sujet ? Le chiffre est proche de zéro) ; ils ont supprimé tous les outils d'évaluation des réformes (quand ça s'est un peu vu à cause des baisses dans PISA et autres, seul moment où les médias s'intéressent à l'école, ils en ont restauré 1, mais m'est avis qu'il ne durera pas longtemps :lol:) ; les gens, en majorité, n'en ont rien à faire des profs, qu'ils considèrent comme des fainéants trop payés.
La grande différence, c'est peut-être qu'habituellement la main droite restait dans l'ombre (ne s'exprimant jamais dans les médias, notamment) tandis que la main gauche portait le fer contre les méchants réactionnaires (tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux). Aujourd'hui le ministre relève de la main droite du MEN ; je sens que ça va être très crû.
L'angle économique et budgétaire est porté par un autre courant qui a fait une alliance opportune avec des pédagogues promettant de faire plus avec moins, mais on ne peut pas confondre ces 2 ensembles. Quelqu'un comme Meirieu, ou un organe comme le Café pédagogique, croient sincèrement que les méthodes qu'ils préconisent sont "meilleures pour les élèves". On ne peut pas les accuser de duplicité : ils croient bien faire. Ils sont la façade et le gage de bonne conscience de l'aile budgétaire du MEN, où les énarques-technocrates sont certainement sur-représentés (on ne va pas me faire croire que quand on a un parcours du type sciences po->ENA->mal classé->zut il ne reste que le MEN, on a une pensée pédagogique sincère, bien construite et fonctionnelle).
Ce qui me parait sûr, c'est que ce qui explique la répétition de toujours les mêmes réformes au MEN est la vitalité et la complémentarité de ces 2 mouvements (sans pour autant dire qu'ils ne font qu'un). A ma gauche des pédagogues persuadés d'agir pour le Bien Commun, le Bien des Elèves, et pour la Morale, contre de méchants réactionnaires ; à ma droite des énarques/technos qui ont rêvé d'être au Conseil d’État ou à Bercy et pensent d'abord budget, masse salariale, flexibilité des enseignants, efficacité des établissements, gestion des territoires...
Ils peuvent aussi reconduire cette répétition dans l'échec car :les médias s'en fichent de l'école (combien de vrais rubricards scolaires ? Combien de papiers sérieux sur le sujet ? Le chiffre est proche de zéro) ; ils ont supprimé tous les outils d'évaluation des réformes (quand ça s'est un peu vu à cause des baisses dans PISA et autres, seul moment où les médias s'intéressent à l'école, ils en ont restauré 1, mais m'est avis qu'il ne durera pas longtemps :lol:) ; les gens, en majorité, n'en ont rien à faire des profs, qu'ils considèrent comme des fainéants trop payés.
La grande différence, c'est peut-être qu'habituellement la main droite restait dans l'ombre (ne s'exprimant jamais dans les médias, notamment) tandis que la main gauche portait le fer contre les méchants réactionnaires (tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux). Aujourd'hui le ministre relève de la main droite du MEN ; je sens que ça va être très crû.
- User17706Bon génie
On est à peu près d'accord, du coup. À un détail près : je crois qu'il faut moins de six secondes pour avoir une « pensée pédagogique sincère » et certainement moins de six mois pour avoir une « pensée pédagogique fonctionnelle » (évidemment tout dépend de ce qu'on met sous « pensée » et sous « fonctionnelle » ; je laisse volontairement de côté « bien construite » qui est plus susceptible encore d'être interprété de façon forte ou faible).
Mais sinon, le mécanisme que nous décrivons est le même : l'histoire récente est déterminée par la symbiose d'une ou de plusieurs doctrines pédagogiques (sincères) et d'une exigence budgétaire (baissière), symbiose qui profite de l'ignorance générale, parfois volontaire, parfois même volontairement aidée.
Mais sinon, le mécanisme que nous décrivons est le même : l'histoire récente est déterminée par la symbiose d'une ou de plusieurs doctrines pédagogiques (sincères) et d'une exigence budgétaire (baissière), symbiose qui profite de l'ignorance générale, parfois volontaire, parfois même volontairement aidée.
- ZagaraGuide spirituel
Là où on diverge c'est que je ne crois pas qu'on puisse former une pensée pédagogique sérieuse loin des classes, loin de l'université, et dans un environnement d'énarques qui font surtout de l'administratif et de la gestion de masse salariale, tout en étant à moitié frustrés de ne pas être sortis à des postes plus prestigieux.
Personnellement, ça fait 3 ans que j'enseigne, et je ne dirais pas que j'ai encore réussi à former une pensée pédagogique sérieuse ; je tâtonne beaucoup et souvent je ne sais pas si mes méthodes sont les bonnes. Je ne peux donc pas croire qu'on puisse acquérir ça en 6 mois tout en n'ayant aucune expérience d'enseignement. Encore moins avoir une vision pédagogique cohérente pour le devenir de l'école. C'est d'ailleurs certainement parce que les technos savent qu'ils sont incompétents qu'ils s'en remettent autant aux rapports et conseils des pédagogistes.
Personnellement, ça fait 3 ans que j'enseigne, et je ne dirais pas que j'ai encore réussi à former une pensée pédagogique sérieuse ; je tâtonne beaucoup et souvent je ne sais pas si mes méthodes sont les bonnes. Je ne peux donc pas croire qu'on puisse acquérir ça en 6 mois tout en n'ayant aucune expérience d'enseignement. Encore moins avoir une vision pédagogique cohérente pour le devenir de l'école. C'est d'ailleurs certainement parce que les technos savent qu'ils sont incompétents qu'ils s'en remettent autant aux rapports et conseils des pédagogistes.
- User17706Bon génie
Ah mais on ne diverge pas du tout sur ce point, je suis entièrement d'accord !Zagara a écrit:Là où on diverge c'est que je ne crois pas qu'on puisse former une pensée pédagogique sérieuse loin des classes, loin de l'université, et dans un environnement d'énarques qui font surtout de l'administratif et de la gestion de masse salariale, tout en étant à moitié frustrés de ne pas être sortis à des postes plus prestigieux.
Simplement, de la façon dont je prenais ces termes, une pensée pédagogique peut parfaitement être à la fois sincère et fonctionnelle sans être le moins du monde sérieuse.
Et je suis persuadé que même quelqu'un qui a de l'expérience et qui y a consacré sa vie, comme Meirieu, ne peut pas être sérieusement crédité d'une pensée pédagogique sérieuse.
- William FosterExpert
Je doute de la sincérité (que tu mets d'ailleurs toi-même entre parenthèses).
Ce sont des gens instruits, capables d'avoir une réflexion critique. Le seul constat des effets de ces années devraient les amener à se remettre en question, et ils n'en font rien, toujours plus imaginatifs sur les explications qui ne sont pas de leur ressort pour expliquer l'échec organisé.
A mon sens, on est plus dans une forme de course en avant. Reconnaître des erreurs, voire même les fautes stratégiques, qui ont été commises n'est plus psychologiquement acceptable.
Mais que ce soit du déni, de la sincérité, de la lâcheté à reconnaître des erreurs ou de la Foi, l'utilité de ces gens est indubitable pour le ministère.
Ce sont des gens instruits, capables d'avoir une réflexion critique. Le seul constat des effets de ces années devraient les amener à se remettre en question, et ils n'en font rien, toujours plus imaginatifs sur les explications qui ne sont pas de leur ressort pour expliquer l'échec organisé.
A mon sens, on est plus dans une forme de course en avant. Reconnaître des erreurs, voire même les fautes stratégiques, qui ont été commises n'est plus psychologiquement acceptable.
Mais que ce soit du déni, de la sincérité, de la lâcheté à reconnaître des erreurs ou de la Foi, l'utilité de ces gens est indubitable pour le ministère.
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
- ZagaraGuide spirituel
Donc, au final, est-ce que la force du nouveau ministre n'est pas d'être au milieu des 2 chapelles, en ayant à la fois un profil de technocrate et celui d'un expérimentateur pédagogiste "créatif" ?
La liberté accordée à la techno-structure du MEN est fascinante. Je crois que c'est un effet induit par le désintérêt massif de toute la société française pour les questions scolaires. Rendez-vous compte qu'il a fallu attendre 2016 pour avoir des journées d'étude (annoncées comme régulières) sur les orientations pédagogiques françaises au Sénat, que ni l'Assemblée ni le Sénat ne possèdent de commission spécifique aux questions éducatives (elle sont diluées dans culture/jeunesse/temps libre/éducation), qu'il n'y a quasiment pas de rubriques dédiées à l'école dans les grands journaux, etc.
La liberté accordée à la techno-structure du MEN est fascinante. Je crois que c'est un effet induit par le désintérêt massif de toute la société française pour les questions scolaires. Rendez-vous compte qu'il a fallu attendre 2016 pour avoir des journées d'étude (annoncées comme régulières) sur les orientations pédagogiques françaises au Sénat, que ni l'Assemblée ni le Sénat ne possèdent de commission spécifique aux questions éducatives (elle sont diluées dans culture/jeunesse/temps libre/éducation), qu'il n'y a quasiment pas de rubriques dédiées à l'école dans les grands journaux, etc.
- User17706Bon génie
Eh bien si ce n'est plus « psychologiquement acceptable », c'est précisément qu'on est dans le déni, qui est l'une des formes psychologiques les plus courantes de la parfaite sincéritéWilliam Foster a écrit:Je doute de la sincérité (que tu mets d'ailleurs toi-même entre parenthèses).
Ce sont des gens instruits, capables d'avoir une réflexion critique. Le seul constat des effets de ces années devraient les amener à se remettre en question, et ils n'en font rien, toujours plus imaginatifs sur les explications qui ne sont pas de leur ressort pour expliquer l'échec organisé.
A mon sens, on est plus dans une forme de course en avant. Reconnaître des erreurs, voire même les fautes stratégiques, qui ont été commises n'est plus psychologiquement acceptable.
- User17706Bon génie
Le grammar nazi en moi a envie de demander ce qu'est un « final » ( pardon mais vraiment je n'en peux plus de ce solécisme), mais sinon, oui, c'est indéniable : il est à la fois un administratif de droite et quelqu'un qui a desZagara a écrit:Donc, au final, est-ce que la force du nouveau ministre n'est pas d'être au milieu des 2 chapelles, en ayant à la fois un profil de technocrate et celui d'un expérimentateur pédagogiste "créatif" ?
- nigousseHabitué du forum
J'ai lu plus haut que Malika Sorel avait été pressentie, quel dommage, j'ai toujours apprécié ses diverses interventions. Par contre le ministère de la fonction publique a été intégré dans les comptes publics ( Darmanin comme ministre) ce qui laisse supposer qu'on considère la fonction publique de manière uniquement comptable, belle perspective!
- laMissSage
Quand JM Blanquet assume la technique des petits pas, ça donne ça :
Entretien datant de mars 2017.
http://blog.soseducation.org/il-faut-avoir-une-vision-systemique/
Demain, si on évolue vers un système où, par exemple, les chefs d’établissement recrutent et évaluent leur équipe pédagogique, il va y avoir des manifestations gigantesques et le système va se retrouver paralysé. Comment rendre ces propositions acceptables ?
Il faut simplement une méthodologie de la réforme : il faut d’abord considérer qu’on ne peut pas tout faire, tout de suite et partout. Plusieurs paradoxes sont à prendre en compte : tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut que ça change et tout le monde est conscient que toute réforme, même minime, peut épuiser le système tant ce dernier est à bout. En outre, la réforme semble possible mais aujourd’hui, beaucoup ne souhaitent pas être concernés par elle. La solution passe d’abord par une bonne mesure de l’état des mentalités sur la question. Je pense qu’un certain nombre d’acteurs, qui étaient auparavant peu enclins à la réforme, peuvent aujourd’hui en devenir les porteurs, tant ils voient qu’on est arrivé au bout du système. Pour commencer en douceur, il faut donner de la liberté à certains territoires, à certaines structures, sur la base du volontariat. Il faut faire réussir des initiatives à moindre échelle, avant de les généraliser.
Si on prend l’exemple de l’établissement autonome, on n’est pas obligé de le faire tout de suite à 100 %. Même en le voulant, de toutes façons, on n’y arriverait pas. Il faut commencer sur une petite base de 5 à 10 % d’établissements volontaires, montrer que c’est un jeu gagnant pour tout le monde, y compris pour les professeurs qui pourront choisir leur lieu de mutation. Par ailleurs, il faut aussi faire saisir qu’il y a des effets de système et que si un élément administratif est modifié, des éléments pédagogiques le seront aussi : si le recrutement des professeurs est modifié, leur formation le sera également, ainsi que le contenu des programmes. Tout se tient : il faut avoir une vision systémique, qui ne soit pas pyramidale et qui fasse confiance aux acteurs.
Entretien datant de mars 2017.
http://blog.soseducation.org/il-faut-avoir-une-vision-systemique/
- User17706Bon génie
Ah ! qu'en termes galants ces choses-là sont dites
- laMissSage
J'ai lu "glaçants" au lieu de "galants"...
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Si rien n'est décidé, ce sera à chacun d'entre nous de décider en conscience.
- CeladonDemi-dieu
Cette stratégie me rappelle furieusement celle de quelqu'un.
- ZagaraGuide spirituel
Ça me rappelle le fameux rapport commandé par la Commission européenne qui expliquait comment réformer les systèmes scolaires très lentement afin de les détériorer sans que la population ne s'en rende compte et de préparer l'égalité entre ce que la Commission appelle "les deux piliers" (l'école publique et l'école privée).
Tous ces technos sont d'accord sur les réformes à faire (on est en plein dans l'uniformisation de la pensée politique : "gouvernance technique" étant le nom bienséant de l'idéologie néolibérale), la seule vraie question est : "comment mener ces réformes sans que les peuples, lésés par elles, ne s'en rendent compte ?". Avec l'équipe Macron, on est au paroxysme de ça. Il est un parfait manager capable d'endormir tout le monde et de faire travailler les citoyens contre leurs propres intérêts. Ce qu'on observe pour l'école n'est jamais qu'une déclinaison de ce phénomène plus large.
Tous ces technos sont d'accord sur les réformes à faire (on est en plein dans l'uniformisation de la pensée politique : "gouvernance technique" étant le nom bienséant de l'idéologie néolibérale), la seule vraie question est : "comment mener ces réformes sans que les peuples, lésés par elles, ne s'en rendent compte ?". Avec l'équipe Macron, on est au paroxysme de ça. Il est un parfait manager capable d'endormir tout le monde et de faire travailler les citoyens contre leurs propres intérêts. Ce qu'on observe pour l'école n'est jamais qu'une déclinaison de ce phénomène plus large.
- CeladonDemi-dieu
Oui, il y avait cette pépite. Mais je pensais à autre chose et ça me revient : la stratégie d'Ennahda au pouvoir en Tunisie. "Ne soyons pas pressés, nous avons tout notre temps." Arrrgggggghhhhhhhhhhhh !
- ZagaraGuide spirituel
Sauf que les néolibéraux ont le pouvoir depuis 20 ans, ils ne sont pas dans une problématique de conquête mais de conservation.
Ils doivent sans cesse soit mentir (Hollande) soit muer cosmétiquement (Macron) pour conserver la main et reconduire le même sous de nouvelles apparences.
Il y aurait un beau livre à écrire sur le léopardisme néolibéral, et tout un inventaire à faire des "oiseaux de Darwin du néolibéralisme" (toutes les déclinaisons locales de cette idéologie, qui, en s'étendant par delà les partis et pays, a pris des teintes parfois assez différentes, le socle de la politique économique et budgétaire excepté, qui est le juge de paix pour reconnaître un néolibéral ; un peu comme la différence entre staliniens et trotskistes quoi...).
Ils doivent sans cesse soit mentir (Hollande) soit muer cosmétiquement (Macron) pour conserver la main et reconduire le même sous de nouvelles apparences.
Il y aurait un beau livre à écrire sur le léopardisme néolibéral, et tout un inventaire à faire des "oiseaux de Darwin du néolibéralisme" (toutes les déclinaisons locales de cette idéologie, qui, en s'étendant par delà les partis et pays, a pris des teintes parfois assez différentes, le socle de la politique économique et budgétaire excepté, qui est le juge de paix pour reconnaître un néolibéral ; un peu comme la différence entre staliniens et trotskistes quoi...).
- V.MarchaisEmpereur
Oui, c'est une variation sur "la faisabilité de l'ajustement", fameux rapport de l'OCDE. Certains nous accusaient de malhonnêteté en faisant le lien entre ce rapport et les réformes en cours. Maintenant, ils le voient peut-être mieux, le lien.
- nigousseHabitué du forum
Je suis plus que sceptique sur le terme " volontariat". Dans mon LP la proviseure nous a annoncé qu'en septembre on passait au tout numérique avec achat de tablettes et manuels numériques ( on est établissement pilote donc "volontaires"), on est devant le fait accompli, on nous parle d'expérimentation mais qui sera généralisé, aucune concertation, tous les élèves devront avoir une tablette( 250 euros restant à la charge des familles, la Région finance 50%), coût pour la Région: 55 millions ( mais sinon les caisses sont vides parait-il!!) donc la " base du volontariat" ça me fait bien rire.
- ZagaraGuide spirituel
Ben le volontariat est décidé par le chef d'établissement.
Dans l'autonomie des établissements, les pouvoirs supplémentaires sont accordés au chef, pas au personnel enseignant. Ce n'est donc pas étonnant qu'un conseil admin, ou un chef, puisse décider unilatéralement que son établissement est "volontaire" pour un projet.
L'autonomie des établissements prend pour modèle les entreprises privées et conduit à transformer les enseignants en salariés. Or, dans une entreprise privée, c'est bien le patron et le CA qui ont le pouvoir, pas les travailleurs. Tout le travail idéologique des dernières années a consisté à faire croire aux gens que l'entreprise pouvait être horizontale, coopérative, sympa, cool. Désormais, on en vient à la phase 2 : tout doit ressembler à ce modèle parfait, rendu "cool". On doit être des entrepreneurs de nous-mêmes, les établissements doivent être des entreprises, etc.
Cette communication a balayé la réalité empirique : dans une entreprise, le salarié est subordonné à son patron et lui est soumis ; le pouvoir réside dans la hiérarchie.
Plus qu'à s'habituer à cet esprit dans le second degré, puisqu'on vous dit que c'est "cool". Prêts à avoir des chefs d'établissements aussi horizontaux et coopératifs que dans le privé ? :lol:
Dans l'autonomie des établissements, les pouvoirs supplémentaires sont accordés au chef, pas au personnel enseignant. Ce n'est donc pas étonnant qu'un conseil admin, ou un chef, puisse décider unilatéralement que son établissement est "volontaire" pour un projet.
L'autonomie des établissements prend pour modèle les entreprises privées et conduit à transformer les enseignants en salariés. Or, dans une entreprise privée, c'est bien le patron et le CA qui ont le pouvoir, pas les travailleurs. Tout le travail idéologique des dernières années a consisté à faire croire aux gens que l'entreprise pouvait être horizontale, coopérative, sympa, cool. Désormais, on en vient à la phase 2 : tout doit ressembler à ce modèle parfait, rendu "cool". On doit être des entrepreneurs de nous-mêmes, les établissements doivent être des entreprises, etc.
Cette communication a balayé la réalité empirique : dans une entreprise, le salarié est subordonné à son patron et lui est soumis ; le pouvoir réside dans la hiérarchie.
Plus qu'à s'habituer à cet esprit dans le second degré, puisqu'on vous dit que c'est "cool". Prêts à avoir des chefs d'établissements aussi horizontaux et coopératifs que dans le privé ? :lol:
- V.MarchaisEmpereur
On joue aux sept différences ? (Je doute qu'on en trouve davantage.)
Demain, si on évolue vers un système où, par exemple, les chefs d’établissement recrutent et évaluent leur équipe pédagogique, il va y avoir des manifestations gigantesques et le système va se retrouver paralysé. Comment rendre ces propositions acceptables ?
Il faut simplement une méthodologie de la réforme : il faut d’abord considérer qu’on ne peut pas tout faire, tout de suite et partout. Plusieurs paradoxes sont à prendre en compte : tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut que ça change et tout le monde est conscient que toute réforme, même minime, peut épuiser le système tant ce dernier est à bout. En outre, la réforme semble possible mais aujourd’hui, beaucoup ne souhaitent pas être concernés par elle. La solution passe d’abord par une bonne mesure de l’état des mentalités sur la question. Je pense qu’un certain nombre d’acteurs, qui étaient auparavant peu enclins à la réforme, peuvent aujourd’hui en devenir les porteurs, tant ils voient qu’on est arrivé au bout du système. Pour commencer en douceur, il faut donner de la liberté à certains territoires, à certaines structures, sur la base du volontariat. Il faut faire réussir des initiatives à moindre échelle, avant de les généraliser.
Si on prend l’exemple de l’établissement autonome, on n’est pas obligé de le faire tout de suite à 100 %. Même en le voulant, de toutes façons, on n’y arriverait pas. Il faut commencer sur une petite base de 5 à 10 % d’établissements volontaires, montrer que c’est un jeu gagnant pour tout le monde, y compris pour les professeurs qui pourront choisir leur lieu de mutation. Par ailleurs, il faut aussi faire saisir qu’il y a des effets de système et que si un élément administratif est modifié, des éléments pédagogiques le seront aussi : si le recrutement des professeurs est modifié, leur formation le sera également, ainsi que le contenu des programmes. Tout se tient : il faut avoir une vision systémique, qui ne soit pas pyramidale et qui fasse confiance aux acteurs.
On peut recommander de nombreuses mesures qui ne créent aucune difficulté politique. Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population". Page 30.
On peut supprimer des primes dans certaines administrations en suivant une politique discriminatoire pour éviter un front commun de tous les fonctionnaires. Évidemment, il est déconseillé de supprimer les primes versées aux forces de l’ordre dans une conjoncture difficile où l’on peut en avoir besoin. Page 30.
Rien n’est plus dangereux politiquement que de prendre des mesures globales pour résoudre un problème macro-économique. Par exemple, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, il faut les baisser dans tel secteur, les bloquer en valeur nominale dans un autre et même les augmenter dans un secteur clé politiquement". Page 31
- William FosterExpert
Y aura-t-il des formations pour apprendre à accepter d'être "a posteriori volontaire" ? (i.e. volontaire mais qu'une fois qu'on t'a expliqué que tu l'étais déjà sans le savoir ni l'avoir décidé)
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Tout le monde me dit que je ne peux pas faire l'unanimité.
"Opinions are like orgasms : mine matters most and I really don't care if you have one." Sylvia Plath
Vérificateur de miroir est un métier que je me verrais bien faire, un jour.
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