Agressions sur les personnels de l'EN, un fil pour leur recensement.

Oudemia a écrit:

Verdurette a écrit:On était déjà psy et assistants sociaux, on va faire punching ball en prime maintenant ? La coupe est pleine, je trouve.
Tant mieux si cette enseignante n'est pas trop gravement blessée, mais elle est certainement bien traumatisée. J'espère qu'elle va s'en remettre le mieux possible.

J'ai compris qu'elle avait été blessée au visage, de quoi se rappeler l'événement pendant un bon moment, chaque fois qu'elle se verra dans une glace...

C'est exactement cela. Un professionnel qui est intervenue dans mon établissement afin de ne donner quelques notions de défense, nous a clairement dit que les femmes étaient attaquées au visage afin de les marquer à vie. Il n'a pas fait dans les détails et nous a dit que face à un couteau, on serait toujours blessé.

poutou a écrit:

Stel6584 a écrit:Nouvel article du Ouest-France qui a donné quelques éléments du procureur en conférence de presse :

A la fin de l'article, le procureur dit qu'il y aurait bien eu "une intention d'homicide".


https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/professeure-agressee-au-couteau-pres-de-cholet-ce-quil-faut-retenir-de-la-conference-de-presse-ffe05c5a-1c38-11ef-8e43-1b4062ea12e6

ça fait froid dans le dos. Il ne faut pas taire ces événements : ce métier est à risque.

Oui il l'est. Mais il n'est pas reconnu comme tel. Ni par des primes financièrement, ni par une retraite plus tôt. Ni médicalement puisque nous n'avons pas de rendez-vous avec la médecine du travail.
Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette reconnaissance de métier à risques n'est pas davantage évoquée.

Ils n'en ont même pas parlé à la télé, hormis un petit bandeau de bas d'écran à un moment. Ce non traitement d'information est scandaleux.

A Tuin a écrit:Ils n'en ont même pas parlé à la télé, hormis un petit bandeau de bas d'écran à un moment. Ce non traitement d'information est scandaleux.

Sur France Info, ils en ont beaucoup parlé.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/maine-et-loire/angers/temoignage-agression-d-une-enseignante-dans-le-maine-et-loire-c-est-hallucinant-l-incomprehension-de-la-mere-du-principal-suspect-2976314.html

La réaction de la mère m'effraie totalement.
Un genre de froideur, de distance... "Je ne lui en veux pas", deux fois. "La vie, elle est pas faite comme on veut, c'est comme ça..."
Pas un mot pour la victime, pas une condamnation de l'acte, mais une incompréhension exprimée sans émotion. Et elle aimerait surtout avoir la version de son fils... Des fois que... hein ?

Certainement ne faut-il pas gloser sur la réaction d'une mère qui est peut-être sidérée, qui fait comme elle peut devant la caméra dans un contexte si perturbant et qui aime son enfant, mais on se demande alors quel intérêt trouvent les journalistes à diffuser un tel propos. Quelle indécence.

Dans mon précédent message, en disant qu'elle n'avait pas été trop gravement blessée, je ne minimisais pas pour autant l'acte, bien évidemment. Et je suis bien consciente qu'une blessure au visage est loin d'être anodine, autant physiquement que psychologiquement.
Pour la mère je ne sais pas, pour le fils, s'il voulait "libérer la pression", il pouvait taper sur sa table ou utiliser ses poings, il n'a pas attrapé un compas ou autre objet scolaire qu'il avait sous la main, il avait tout de même un couteau sur lui.

GaliNéo a écrit:

A Tuin a écrit:Ils n'en ont même pas parlé à la télé, hormis un petit bandeau de bas d'écran à un moment. Ce non traitement d'information est scandaleux.

Sur France Info, ils en ont beaucoup parlé.

J'ai vu un reportage hier soir sur France 2.

Oudemia a écrit:

GaliNéo a écrit:

A Tuin a écrit:Ils n'en ont même pas parlé à la télé, hormis un petit bandeau de bas d'écran à un moment. Ce non traitement d'information est scandaleux.

Sur France Info, ils en ont beaucoup parlé.

J'ai vu un reportage hier soir sur France 2.

L'actualité était malheureusement centrée sur la Bande de Gaza, la loi sur la fin de vie et la nouvelle réforme des allocations chômage... Des sujets importants qui touchent peut-être plus de monde.

GaliNéo a écrit:

A Tuin a écrit:Ils n'en ont même pas parlé à la télé, hormis un petit bandeau de bas d'écran à un moment. Ce non traitement d'information est scandaleux.

Sur France Info, ils en ont beaucoup parlé.

Je vais faire une remarque qui sera sans doute impopulaire sur ce fil : je ne pense pas qu'une agression d'enseignant, aussi grave et traumatisante soit-elle, lorsqu'elle n'est pas à priori reliée à un problème social ou politique plus général, soit une information d'importance nationale.

De manière générale, l'existence même de ce fil, même si je comprends qu'il répond à un besoin face à une attitude de déni qui a longtemps été celle de l'EN, et au besoin des reconnaissances des risques du métier, me semble problématique, perce qu'il revient à accumuler des faits différents jusqu'à donner une impression de série qui ne correspond peut-être pas à une réalité statistique.

Mais (je fais une hypothèse) si on lit ce fil : voit-on que ses participants feraient des statistiques (je suis peut-être distrait, mais depuis que ce fil est ouvert, personne, me semble-t-il, n'a posté un message disant : “ça fait maintenant X agressions”) ou voit-on plutôt qu'ils sont, le plus souvent, à la fois solidaires de nos collègues victimes et heurtés par ces agressions ?

Tu es modérateur, tu as ce pouvoir... Mais je crains un effet déprimant à lire que des agressions...

epekeina.tes.ousias a écrit:Mais (je fais une hypothèse) si on lit ce fil : voit-on que ses participants feraient des statistiques (je suis peut-être distrait, mais depuis que ce fil est ouvert, personne, me semble-t-il, n'a posté un message disant : “ça fait maintenant X agressions”) ou voit-on plutôt qu'ils sont, le plus souvent, à la fois solidaires de nos collègues victimes et heurtés par ces agressions ?

Je comprends l'expression de la solidarité, bien sûr, et je m'y associe s'il faut le préciser. Chaque agression est un traumatisme pour les victimes et les équipes concernées et je ne le sous-estime pas. Le principe du recensement sans analyse ni hiérarchisation me semble plus discutable, et faussement neutre. D'ailleurs, les discussions sur le fil ne se limitent pas à l'expression de la solidarité, par exemple lorsqu'ils accusent les médias d'un silence délibéré.

BFM en parle ce matin.

GaliNéo a écrit:Tu es modérateur, tu as ce pouvoir... Mais je crains un effet déprimant à lire que des agressions...

Tu sais, personne n'est obligé de suivre ce fil. Mais tu comprendras que ce n'est pas parce qu'il te semble déprimant qu'il n'a pas lieu d'être.

Je trouve ce fil utile et même nécessaire. Si certains des collègues directement concernés le lisent, ils sont peut-être heureux d'y voir la solidarité qui s'y exprime.

Et n’importe quel membre peut poster telle ou telle information.

Prezbo a écrit:Je comprends l'expression de la solidarité, bien sûr, et je m'y associe s'il faut le préciser. Chaque agression est un traumatisme pour les victimes et les équipes concernées et je ne le sous-estime pas. Le principe du recensement sans analyse ni hiérarchisation me semble plus discutable, et faussement neutre. D'ailleurs, les discussions sur le fil ne se limitent pas à l'expression de la solidarité, par exemple lorsqu'ils accusent les médias d'un silence délibéré.

Ma foi, c'est sans doute une discussion sans conclusion assurée.

Il est vrai qu'il y a des reproches envers les médias : mais c'est aussi que chacun trouve le métier assez difficile déjà et que beaucoup aimeraient tout de même que cela ne passe pas à la trappe. Tu l'as dit toi-même juste avant : l'habitude a longtemps été de mettre la poussière sous le tapis (l'est-elle encore ? en partie ?). Voire à blâmer la victime — de ce point de vue, on a tous entendu des choses de ce genre : “elle l'avait puni ?” ; “il lui en voulait pour quoi ?”, bref, qu'avait-elle bien pu faire pour… Pour ma part, j'ai plutôt l'impression que ce fil sert à dire que des profs ne restent pas indifférents et refusent de nier ou minimiser une agression. Et je ne suis de plus pas entièrement certain que le principe de la poussière sous le tapis ne soit pas encore largement à l'œuvre.

Et d'autant qu'il n'est lu que par des profs, je ne vois guère ce que l'effet d'accumulation dont tu parles pourrait avoir comme conséquences (néo n'est pas un média de masse). On n'y trouve guère d'analyse, c'est assez vrai : mais comment analyserait-on des faits dont on n'a au fond que peu d'échos (quelques articles dans la presse puis, en général, plus rien) ? Dans le présent cas, on sait seulement que cela s'est passé dans un “lycée à taille humaine” qui “et accueille cent soixante élèves”… Ça fait tout de même infiniment peu pour analyser le cas : en réalité, on ne sait rien des motifs ou des mobiles, même pas s'il y en a. Donc, autant ne pas en parler, je pense.




Et sinon @GaliNéo, si ce fil a un effet déprimant, c'est comme la télé qu'on n'est pas obligé de regarder, on n'est pas obligé de le lire.

Je ne lis plus le fil "rubrique nécrologique" parce que c'est trop déprimant: ça ne parle que de personnes décédées.

Les statistiques sont malheureusement parfois parlantes.
https://etudiant.lefigaro.fr/article/lycee/la-liste-des-professeurs-tues-dans-l-exercice-de-leurs-fonctions-en-france-20231013/

Il y a eu 10 enseignants assassinés entre 1983 et 2024, donc en 40 ans...
Dont 5 entre 2013 et 2023, en 10 ans.

Il faudrait des études poussées, mais je pense que c'est lié - notamment - à notre déconsidération, nous sommes devenus de parfaits punching balls... et parfois ça va jusqu'à pire.

J'aimerais surtout que ce fil cesse de s'allonger. Mais je ne suis pas optimiste. Dans le cadre scolaire comme à l'extérieur, on voit que nombre d'agressions sont le fait de personnes psychiquement fragiles ou souffrant d'une pathologie psychiatrique qui ne sont pas aidées ni soignées. Et il y a aussi les problèmes liés à la laïcité.

Verdurette a écrit:J'aimerais surtout que ce fil cesse de s'allonger. Mais je ne suis pas optimiste.  Dans le cadre scolaire comme à l'extérieur, on voit que nombre d'agressions sont le fait de personnes psychiquement fragiles ou souffrant d'une pathologie psychiatrique qui ne sont pas aidées ni soignées. Et il y a aussi les problèmes liés à la laïcité.

Je reste persuadé que les différents confinements ont accéléré les choses, malheureusement.

Pas forcément... Mais depuis, le système de soins s'est encore plus étiole, et cela se fait sentir par des besoins d'autant plus flagrants lorsqu'ils explosent sous forme de violences.

GaliNéo a écrit:

Verdurette a écrit:J'aimerais surtout que ce fil cesse de s'allonger. Mais je ne suis pas optimiste.  Dans le cadre scolaire comme à l'extérieur, on voit que nombre d'agressions sont le fait de personnes psychiquement fragiles ou souffrant d'une pathologie psychiatrique qui ne sont pas aidées ni soignées. Et il y a aussi les problèmes liés à la laïcité.

Je reste persuadé que les différents confinements ont accéléré les choses, malheureusement.

Totalement.
Un de mes meilleurs amis est PH dans un CHU au service psychiatrie et pendant les divers confinements, on a du fermer tous les centres d'accueil du coin donc tous les malades se sont retrouvés livrés à eux même avec pour certains décompensation et arrêt des traitements. Ces services sont aujourd'hui débordés et cela fait 4 ans que ça dure.

On en sait juste un peu plus sur cette agression. L'auteur de l'agression a aussi tenté d'agresser 2 élèves juste après la collègue :

https://www.lefigaro.fr/faits-divers/enseignante-poignardee-le-lyceen-mis-en-examen-pour-3-tentatives-d-assassinat-20240529

Il s'agit d'un «acte prémédité» de la part de cet élève qui n'avait «jamais été signalé à l'autorité judiciaire», a déclaré à la presse le procureur de la République d'Angers Éric Bouillard, tout en précisant qu'il ne ciblait pas spécifiquement cette enseignante. «C'était pour lui le moyen de mettre fin à une pression qu'il ressentait, il avait envie aussi de savoir ce que c'était de tuer quelqu'un», a-t-il poursuivi.
[…]
Selon le procureur, qui est revenu sur le déroulé des faits, après avoir reçu un coup au visage, l'enseignante «va se mettre en protection» et «penser à la protection des autres élèves». Avant que les lycéens ne parviennent à sortir dans le couloir, «un premier élève va être victime d'une tentative de coup de couteau», qu'il parvient à esquiver. L'agresseur «va ensuite s'en prendre à un deuxième élève, qui va se protéger avec une chaise, qui va être visé à six ou huit reprises», a ajouté M. Bouillard.

Cela ressemble à un jeune homme affligé de troubles mentaux — sous réserve de confirmation, évidemment.

Notre collègue, elle, a fait preuve d'un sang-froid que je trouve admirable.

Avec toutes les précautions nécessaires, il me semble que le manque d'infirmières et de médecins scolaires se fait cruellement sentir.

Effectivement, bravo à cette collègue, j’espère qu’elle va le moins mal possible.

Pour rebondir sur ce que disait epekeina, le jeune homme ne semblait pas avoir de problèmes mentaux... Je trouve que c'est encore pire, la pauvre enseignante a juste servi de punching ball... :

"Selon les premiers éléments de l'enquête, l'auteur du coup de couteau ne présente pas de déséquilibre patent, pas de raison évidente pour ce passage à l'acte. Aux enquêteurs, il a exprimé un mal-être global et déclaré avoir voulu "libérer la pression" en ayant un geste violent à l'égard de quelqu'un."

Article complet ici : https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/maine-et-loire/angers/temoignage-agression-d-une-enseignante-dans-le-maine-et-loire-c-est-hallucinant-l-incomprehension-de-la-mere-du-principal-suspect-2976314.html