- GrypheMédiateur
Le Monde a écrit:
Ces cahiers d’écoliers-là, on hésite à les jeter. Ils ont appartenu à nos parents, grands-parents voire arrière-grands-parents. Ils sont couverts d’une belle écriture qui ne dépasse pas les interstices entre les lignes, en pleins et déliés pour les plus anciens.
Beaucoup de nos ancêtres n’avaient qu’un grand objectif dans leur scolarité : obtenir leur certificat d’études primaires (CEP), instauré il y a cent cinquante ans, le 20 août 1866, et supprimé en 1989, l’un des deux diplômes restés emblématiques dans l’histoire de l’éducation, avec le baccalauréat.
Pour certains historiens, tel Patrick Cabanel, le « certif » « a défini une véritable citoyenneté », en partie grâce aux instituteurs, « hussards noirs de la République ». Pour ses contempteurs, s’il a permis d’homogénéiser l’instruction au niveau national, il a trop longtemps encouragé un vaste « bachotage », sans explications ni analyses.
http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/08/21/il-y-a-cent-cinquante-ans-naissait-le-certificat-d-etudes-primaires_4985701_4401467.html
:lecteur:
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- Moses2Niveau 5
Merci, Gryphe, d'avoir partagé cet article.
J'en retiendrais notamment ces passages : « Tout le monde n’était pas autorisé à le passer, tant s’en faut. Ce sont l’institutrice ou la directrice de l’école communale qui décidaient d’y présenter les élèves qui avaient le plus de chances de le réussir. [...] La proportion de lauréats du certificat de fin d’études primaires ne dépassera jamais 55 % d’une classe d’âge ».
Cela montre bien que l'argument maintes fois entendu (pour ma part) « ma grand-mère qui n'avait que le certificat d'études écrivait beaucoup mieux que les jeunes d'aujourd'hui » n'est plus recevable. Et puis vous imaginez si l'on choisisait dans nos classes à examen les élèves autorisés à le passer* ?
* ce que font finalement a priori les établissements d'enseignement secondaire, notamment de second cycle, qui sélectionnent leurs élèves sur dossier.
J'en retiendrais notamment ces passages : « Tout le monde n’était pas autorisé à le passer, tant s’en faut. Ce sont l’institutrice ou la directrice de l’école communale qui décidaient d’y présenter les élèves qui avaient le plus de chances de le réussir. [...] La proportion de lauréats du certificat de fin d’études primaires ne dépassera jamais 55 % d’une classe d’âge ».
Cela montre bien que l'argument maintes fois entendu (pour ma part) « ma grand-mère qui n'avait que le certificat d'études écrivait beaucoup mieux que les jeunes d'aujourd'hui » n'est plus recevable. Et puis vous imaginez si l'on choisisait dans nos classes à examen les élèves autorisés à le passer* ?
* ce que font finalement a priori les établissements d'enseignement secondaire, notamment de second cycle, qui sélectionnent leurs élèves sur dossier.
- LouisBarthasExpert
Il faut attendre 1964-1965 pour voir plus de la moitié d'une génération (54 % exactement) décrocher le CEP (P. Cabanel, La République du Certificat d'études, 2002, p. 267).Moses2 a écrit:Merci, Gryphe, d'avoir partagé cet article.
J'en retiendrais notamment ces passages : « Tout le monde n’était pas autorisé à le passer, tant s’en faut. Ce sont l’institutrice ou la directrice de l’école communale qui décidaient d’y présenter les élèves qui avaient le plus de chances de le réussir. [...] La proportion de lauréats du certificat de fin d’études primaires ne dépassera jamais 55 % d’une classe d’âge ».
Citée par l'article du Monde, voici la dictée donnée dans la Marne en 1960 (zéro éliminatoire si « cinq fautes majeures » étaient relevées) :
« Le soir dont je vous parle, je peux même dire que je m’ennuyais moins que jamais. Non, vraiment, je ne désirais pas que quelque chose arrivât. Et pourtant … Voyez- vous, cher monsieur, c’était un beau soir d’automne, encore tiède sur la ville, déjà humide sur la Seine. La nuit venait, le ciel était encore clair à l’ouest, mais s’assombrissait, les lampadaires brillaient faiblement. Je remontais les quais de la rive gauche vers le pont des Arts. On voyait luire le fleuve, entre les boîtes fermées des bouquinistes. Il y avait peu de monde sur les quais : Paris mangeait déjà. Je foulais les feuilles jaunes et poussiéreuses qui rappelaient encore l’été. Le ciel se remplissait peu à peu d’étoiles qu’on apercevait fugitivement en s’éloignant d’un lampadaire vers un autre. Je goûtais le silence revenu, la douceur du soir. Paris vide. J’étais content. »
La Chute, d’Albert Camus
55 % de la génération actuelle de l'âge du CEP parviendrait-elle à ne pas dépasser ces « cinq fautes majeures » éliminatoires ? On peut sérieusement en douter...
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- DinaaaExpert spécialisé
D'ailleurs quel était l'âge habituel de passage du CEP ? 14 ans ?
Existait-il un rattrapage ? Existait-il des mentions ?
Les classes sociales populaires y avaient-elles facilement accès ?
Existait-il un rattrapage ? Existait-il des mentions ?
Les classes sociales populaires y avaient-elles facilement accès ?
- GrypheMédiateur
Dinaaa a écrit:Les classes sociales populaires y avaient-elles facilement accès ?
Je vais peut-être dire une bêtise, mais il me semble que le public était justement formé des milieux populaires, dans la mesure où les les gens "fortunés" fréquentaient le lycée, sans côtoyer l'école primaire ni le primaire supérieur.
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- LouisBarthasExpert
Oui, le CEP était la voie paysanne et et ouvrière de la réussite scolaire, aussi respectable que limitée (P. Cabanel, La République du Certificat d'études, 2002, p. 50).Gryphe a écrit:Dinaaa a écrit:Les classes sociales populaires y avaient-elles facilement accès ?
Je vais peut-être dire une bêtise, mais il me semble que le public était justement formé des milieux populaires, dans la mesure où les les gens "fortunés" fréquentaient le lycée, sans côtoyer l'école primaire ni le primaire supérieur.
« La fin du CM2 posait un problème d'orientation. Je présentais au concours de 6e les bons élèves du CM2 avec l'accord des parents. Les autres suivaient la section de Fin d'études et pendant deux ans ils préparaient le certificat. Le pourcentage de réussite était bon. Je dois signaler ici l'hésitation de beaucoup de parents entre le concours pour la 6e et le certificat. Ils trouvaient leurs enfants trop jeunes (12 ans) pour aller à Nice, il n'y avait pas alors le collège au chef-lieu de canton. Les études leur paraissaient coûteuses : il n'y avait pas d'indemnité de transport, pas de gratuité des livres, et quelquefois pas de cantine. Des élèves restaient alors au village pour préparer le certificat, puis ils entraient dans un centre d'apprentissage. »
(témoignage d'une institutrice en fonction dans les années 50, recueilli par P. Cabanel p. 52)
Le CEP couronnait la fin d'études des classes populaires et était délaissé par la bourgeoisie, il était une fin d'études du cycle primaire. Si ceux qui entamaient des études longues au lycée, après concours d'entrée en 6e, l'avait passé, le pourcentage de réussite en aurait été augmenté. C'était un examen d'un niveau exceptionnel, et que plus de la moitié d'une classe d'âge parvinssent à l'obtenir est sidérant.
C'est la généralisation de l'entrée en 6e à partir de 1959, consacrant l'entrée de la France dans l'enseignement secondaire de masse, caractéristique de la Ve république gaullienne et giscardienne, qui va signer la condamnation à mort du certificat d'études qui se survivra encore une dizaine d'années ; à mon époque, au début des années 70, la plupart ne le passaient plus - dont moi !
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Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse. - Albert Camus
Aller apprendre l'ignorance à l'école, c'est une histoire qui ne s'invente pas ! - Alexandre Vialatte
À quels enfants allons-nous laisser le monde ? - Jaime Semprun
Comme si, tous ceux qui n'approuvent pas les nouveaux abus étaient évidemment partisans des anciens. - Edmund Burke
Versaillais de droite et Versaillais de gauche doivent être égaux devant la haine du peuple. - Manifeste des proscrits de la Commune
- AlykiGrand sage
Il a pourtant survécu encore des années, je l'ai obtenu en 1989. Mon père a tenu à ce que ma sœur aînée et moi le passiont. Mes professeurs de 4e étaient soufflés : il n'y avait plus que quelques candidats dont on pensait qu'ils n'auraient pas leur brevet, en somme le CFG de l'époque.
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Ἐρωτηθεὶς δὲ τί δεῖ μάλιστα μανθάνειν τοὺς ἐλευθέρους παῖδας, « Ταῦτ´ » ἔφη « ὅσαπερ ἂν αὐτοὺς ὠφελήσειεν ἄνδρας γενομένους. »
Interrogé sur ce qu'il valait mieux apprendre à des enfants libres, (Léotychidas) dit "ce qui pourra leur servir lorsqu'ils seront devenus des hommes" - Apophtegme laconien.
- Thalia de GMédiateur
Ma sœur l"a aussi passé, fin des années 60, début des années 70, par pure curiosité et nous étions bien conscientes que ce n'était plus guère qu'un vestige pour ne pas dire un fossile. Je ne me rappelle plus quelles épreuves elle a passées, mais dans mon souvenir, c'était bien une épreuve de culture générale et elle a révisé sur des annales qui regroupaient plusieurs matières.Alyki a écrit:Il a pourtant survécu encore des années, je l'ai obtenu en 1989. Mon père a tenu à ce que ma sœur aînée et moi le passions. Mes professeurs de 4e étaient soufflés : il n'y avait plus que quelques candidats dont on pensait qu'ils n'auraient pas leur brevet, en somme le CFG de l'époque.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- ipomeeGuide spirituel
J'ai moi-même passé le certif, dans les années 60, quand j'étais en 5e. Mes parents y tenaient – c'était d'ailleurs le seul diplôme qu'ils avaient eux-mêmes – pensant que ce ce serait pour moi un entraînement pour les futurs examens que j'aurais à passer.
Avec ma camarade du même village, nous étions allées réviser les maths chez l'instit de l'école primaire. Je garde un bon souvenir de tout ça. Je me souviens aussi de la gentillesse des examinateurs, de l'attente des résultats, de la fierté de l'avoir obtenu.
Avec ma camarade du même village, nous étions allées réviser les maths chez l'instit de l'école primaire. Je garde un bon souvenir de tout ça. Je me souviens aussi de la gentillesse des examinateurs, de l'attente des résultats, de la fierté de l'avoir obtenu.
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