- the educatorFidèle du forum
ça je comprends bien mais pourquoi les équipes en place devant ceux qui ne partiront pas choisiraient la méthode que tu décris?
- coindeparadisGuide spirituel
Ce n'est pas une analyse mais un constat. Plus le public est démuni culturellement plus l'institution et ses serviteurs appliquent avec zèle les reformes les plus farfelues. Et le niveau d'exigence et d'ambition est inversement proportionnel au "niveau" social des élèves.
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- MoonchildSage
Plus le public est faible, plus les enseignants se sentent en situation d'échec professionnel et plus ils sont vulnérables aux discours culpabilisants et aux exhortations à appliquer les réformes. Je vois le phénomène apparaître en lycée auprès de collègues qui ne sont pas des hurluberlus mais qui, constatant que leur méthode "classique" ne fonctionne plus du tout avec notre "nouveau public", sont prêts à essayer les innovations les plus fumeuses ; en fait, il est très difficile pour beaucoup d'enseignants d'admettre que, dans certaines situations, il n'existe aucune réponse pédagogique car le problème est structurel.coindeparadis a écrit:Ce n'est pas une analyse mais un constat. Plus le public est démuni culturellement plus l'institution et ses serviteurs appliquent avec zèle les reformes les plus farfelues. Et le niveau d'exigence et d'ambition est inversement proportionnel au "niveau" social des élèves.
- VerduretteModérateur
L'EN n'a toujours pas compris qu'une fraction de la population scolaire n'était pas, ne serait jamais apte à accéder à certains enseignements abstraits, au collège, au lycée, à l'enseignement supérieur... Avant le collège unique, des enfants qui n'avaient pas le "profil social" mais des capacités qu'on reconnaissait à l'école élémentaire, étaient aidés à "monter". Et les autres avaient néanmoins des opportunités de travail.
Le monde économique et professionnel a changé. Au lieu de continuer dans la voie de l'imposture de "80 % d'une génération à un bac dévalué", il serait temps de trouver de vraies voies de qualité pour ceux qui ne sont et ne seront jamais capables d'y accéder, au lieu de leur faire miroiter un ersatz de diplôme qui au bout du compte ne leur sert à rien, sinon à attiser une légitime rancœur contre la société.
C'est d'autant plus injuste que l'ascenseur scolaire étant tombé en panne, ceux qui auraient été des "élèves méritants" dans certains établissements délétères n'y ont plus accès ... seuls s'en sortent ceux dont les familles ont les moyens intellectuels ou financiers d'y échapper. Beau travail de l'école de l'égalité des chances ...
Le monde économique et professionnel a changé. Au lieu de continuer dans la voie de l'imposture de "80 % d'une génération à un bac dévalué", il serait temps de trouver de vraies voies de qualité pour ceux qui ne sont et ne seront jamais capables d'y accéder, au lieu de leur faire miroiter un ersatz de diplôme qui au bout du compte ne leur sert à rien, sinon à attiser une légitime rancœur contre la société.
C'est d'autant plus injuste que l'ascenseur scolaire étant tombé en panne, ceux qui auraient été des "élèves méritants" dans certains établissements délétères n'y ont plus accès ... seuls s'en sortent ceux dont les familles ont les moyens intellectuels ou financiers d'y échapper. Beau travail de l'école de l'égalité des chances ...
- coindeparadisGuide spirituel
Et justement... Espérance Banlieue applique des méthodes souvent très proches de celles de nos instituteurs des années 50/60, avec des enfants de paysans ou d'ouvriers, qui ne parlaient pas toujours français. Et ces méthodes fonctionnaient mieux que les Ribambelle, Cap maths, et autres classes inversées...
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- the educatorFidèle du forum
Ok, c'était mieux avant. Bon maintenant que le public idéal n'existe plus, qu'on n'a plus les mines de charbon pour donner du boulot à la jeunesse, on fait quoi? Je suis d'accord, c'est probablement fort utopiste de croire qu'on peut réunir toute une classe d'âge derrière une méthode un peu unifiée, mais que faut il faire? orienter plus tôt? à quel âge? avec quelles passerelles? Ce pouvoir sur le destin des individus est énorme, est il moralement acceptable? Et par ailleurs, que faire des enseignants surnuméraires? parce qu'il va bien falloir prendre en charge ces enfants, et que, paradoxalement, ne plus avoir ces a-scolaire dans les pattes devrait entrainer un sacré gain de productivité dans les classes (parce que 35 bons élèves, avec un seul adulte, c'est jouable).
C'est effectivement une bascule complexe.
C'est effectivement une bascule complexe.
- coindeparadisGuide spirituel
Je n'ai pas dit que tout était mieux avant, bien que TRES objectivement, les didactiques des maths et du français étaient bien meilleures dans les années 50.
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- the educatorFidèle du forum
admettons. A quel moment on se plante, donc? Les collègues ne sont tout de même pas tous idiots, toi même tu reconnais que certaines errances face à la difficulté des nouveaux publics entrainent une remise en cause, puis parfois une bascule dommageable vers certaines idéologies pédagogiques.coindeparadis a écrit:Je n'ai pas dit que tout était mieux avant, bien que TRES objectivement, les didactiques des maths et du français étaient bien meilleures dans les années 50.
Et puis quel grand intérêt poursuit on à reformer ainsi, alors que l'on tenait selon toi une recette efficace?
- coindeparadisGuide spirituel
Les collègues (en primaire notamment)sont harcelés par les IEN, CPC voire collègues pour appliquer ces dites réformes. Dès que l'on sort de ce cadre, on doit se cacher. Se cacher ou céder...
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- coindeparadisGuide spirituel
L'intérêt ? Former des consommateurs débiles.
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- almuixeNeoprof expérimenté
Verdurette a écrit:L'EN n'a toujours pas compris qu'une fraction de la population scolaire n'était pas, ne serait jamais apte à accéder à certains enseignements abstraits, au collège, au lycée, à l'enseignement supérieur... Avant le collège unique, des enfants qui n'avaient pas le "profil social" mais des capacités qu'on reconnaissait à l'école élémentaire, étaient aidés à "monter". Et les autres avaient néanmoins des opportunités de travail.
Le monde économique et professionnel a changé. Au lieu de continuer dans la voie de l'imposture de "80 % d'une génération à un bac dévalué", il serait temps de trouver de vraies voies de qualité pour ceux qui ne sont et ne seront jamais capables d'y accéder, au lieu de leur faire miroiter un ersatz de diplôme qui au bout du compte ne leur sert à rien, sinon à attiser une légitime rancœur contre la société.
C'est d'autant plus injuste que l'ascenseur scolaire étant tombé en panne, ceux qui auraient été des "élèves méritants" dans certains établissements délétères n'y ont plus accès ... seuls s'en sortent ceux dont les familles ont les moyens intellectuels ou financiers d'y échapper. Beau travail de l'école de l'égalité des chances ...
+1 Pour ta première phrase, E. Todd le montre, il me semble dans après l'empire. Sa conclusion (de mémoire), "la bonne nouvelle c'est que l'immense majorité des êtres humains est capable de suivre une scolarité primaire c'est à dire d'apprendre à lire, écrire compter. La mauvaise c'est que ce n'est pas le cas pour le secondaire. "
En France, avec du mauvais esprit on pourrait dire que le souci d'égalité nous a conduit à saborder le primaire pour que l'échec de certains dans le secondaire ne se voit plus
- egometDoyen
On a sabordé la totalité du système avec ce souci d'égalité. C'est le même souci qui conduit à dévaloriser les examens, à envoyer les jeunes suivre des cours auxquels ils ne comprennent rien et à imposer à tous une pédagogie unique, parce que ce serait trop affreux si certaines écoles étaient moins bonnes que d'autres. C'est au nom de l'égalité (fort mal comprise d'ailleurs), que l'on sacrifie des libertés essentielles et qu'on nie des faits incontournables.
Et le meilleur dans tout ça, c'est qu'on n'obtient même pas l'égalité promise. On s'en éloignerait plutôt.
Mais bon, il faut s'y attendre quand on raisonne à partir de gros mots passe-partout, comme égalité ou liberté. Chacun a sa petite idée sur le sujet, croit savoir de quoi on parle. Rien n'est jamais défini. Mais ça permet de croire aux promesses électorales (et d'être systématiquement déçu).
On avait eu une bonne discussion sur cette notion ici: https://www.neoprofs.org/t45753-definir-ce-que-l-on-nomme-l-egalite?highlight=%E9galit%E9
Sinon, je te conseillerais bien mon dernier livre, puisque j'y consacre tout un chapitre, mais je ne suis pas là pour faire ma pub.
Et le meilleur dans tout ça, c'est qu'on n'obtient même pas l'égalité promise. On s'en éloignerait plutôt.
Mais bon, il faut s'y attendre quand on raisonne à partir de gros mots passe-partout, comme égalité ou liberté. Chacun a sa petite idée sur le sujet, croit savoir de quoi on parle. Rien n'est jamais défini. Mais ça permet de croire aux promesses électorales (et d'être systématiquement déçu).
On avait eu une bonne discussion sur cette notion ici: https://www.neoprofs.org/t45753-definir-ce-que-l-on-nomme-l-egalite?highlight=%E9galit%E9
Sinon, je te conseillerais bien mon dernier livre, puisque j'y consacre tout un chapitre, mais je ne suis pas là pour faire ma pub.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- SeiferÉrudit
L'égalité n'est pas le problème. Egalité des droits et des devoirs, égalité d'accessibilité aux biens communs ou du savoir transmis à l'école.
L'égalité est un des piliers de notre société même si sa forme n'est pas parfaite (que ce soit pour une personne de droite comme de gauche, qu'importent les sensibilités).
Le réel problème est surtout l'égalitarisme
L'égalité est un des piliers de notre société même si sa forme n'est pas parfaite (que ce soit pour une personne de droite comme de gauche, qu'importent les sensibilités).
Le réel problème est surtout l'égalitarisme
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De tout cimetière naît un champ de fleurs.
- MoonchildSage
En dehors des questions purement idéologiques (en finir avec les méthodes traditionnelles parce qu'elles étaient jugées trop verticales... et trop traditionnelles), le problème est qu'en voulant absolument maintenir de plus en plus longtemps dans le secondaire des élèves qui n'avaient de toutes façons pas les capacités pour y réussir, on s'est retrouvé avec une recette qui ne pouvait plus être efficace face à ce changement de mission de l'institution. Le réformisme pédagogique n'est qu'une fuite en avant pour essayer d'adapter l'ensemble du collège puis du lycée à la petite minorité d'élèves dont l'échec scolaire est annoncé dès le primaire et qui, dans un système cohérent, devraient se retrouver dans d'autres structures.the educator a écrit:admettons. A quel moment on se plante, donc? Les collègues ne sont tout de même pas tous idiots, toi même tu reconnais que certaines errances face à la difficulté des nouveaux publics entrainent une remise en cause, puis parfois une bascule dommageable vers certaines idéologies pédagogiques.coindeparadis a écrit:Je n'ai pas dit que tout était mieux avant, bien que TRES objectivement, les didactiques des maths et du français étaient bien meilleures dans les années 50.
Et puis quel grand intérêt poursuit on à reformer ainsi, alors que l'on tenait selon toi une recette efficace?
- egometDoyen
Seifer a écrit:L'égalité n'est pas le problème. Egalité des droits et des devoirs, égalité d'accessibilité aux biens communs ou du savoir transmis à l'école.
L'égalité est un des piliers de notre société même si sa forme n'est pas parfaite (que ce soit pour une personne de droite comme de gauche, qu'importent les sensibilités).
Le réel problème est surtout l'égalitarisme
C'est précisément cette distinction égalité/égalitarisme qu'il s'agit de définir.
En ajoutant le suffixe -isme tu n'as encore rien dit. Tu as raison de souligner le fait que l'égalité est un pilier de notre société. Encore faut-il savoir ce que l'on entend par là. Personne ne se revendique de l'égalitarisme. Mais tu verras des brouettes d'âmes de tous bords qui ne sont que des défenseurs légitimes de l'égalité. Ce qui fait qu'un même mot peut servir à des politiques tout à fait contraires les unes aux autres.
Aristote signalait déjà un problème avec cette notion!
Dans le même ordre d'idée, tu n'as pas un tyran aujourd'hui qui ne se déclare favorable à la liberté. Bon, ilne s'agit pas nécessairement de liberté individuelle. Ça peut être la liberté de son peuple pris comme un tout par rapport à un autre peuple, liberté des musulmans face aux croisés américains, liberté du peuple allemand face au Diktat de Versailles.
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- bernardoFidèle du forum
Sur le collège unique, je suis partagé. Il y a une très petite minorité d'élèves qui ne peuvent pas s'élever (c'est ce qu'on leur demande : être des élèves, s'élever) dans des classes de collège. Pour cette minorité, il faut des moyens : classes et instituteurs spécialisés, et surtout pas d'"inclusion".
Pour la majorité : si on ne met pas des bâtons dans les roues des professeurs, si le professeur fait un bon cours (magistral), en donnant lui-même la parole, en répétant, en insistant, en prenant le temps, en étant exigeant, en mettant des notes qui correspondent à ce que valent les travaux, en ne pratiquant ni la bienveillance, ni la malveillance, bref, alors le collège unique est viable. ça fait beaucoup de "si", certes. Mais le principe du collège unique (destiné à faire des économies, en supprimant les filières) pourrait tenir la route si la société avait encore foi dans "ses" professeurs, si nous avions foi en nous-mêmes, et si nous avions le courage d'envoyer promener formateurs, IPR, CDE, parents qui prétendent nous dire comment il faut (mal) faire notre métier.
Pour les élèves, il faut beaucoup d'énergie, d'autorité, de conviction, de savoir, etc. mais c'est encore jouable pour le moment. Voilà pourquoi je reste aussi.
Pour la majorité : si on ne met pas des bâtons dans les roues des professeurs, si le professeur fait un bon cours (magistral), en donnant lui-même la parole, en répétant, en insistant, en prenant le temps, en étant exigeant, en mettant des notes qui correspondent à ce que valent les travaux, en ne pratiquant ni la bienveillance, ni la malveillance, bref, alors le collège unique est viable. ça fait beaucoup de "si", certes. Mais le principe du collège unique (destiné à faire des économies, en supprimant les filières) pourrait tenir la route si la société avait encore foi dans "ses" professeurs, si nous avions foi en nous-mêmes, et si nous avions le courage d'envoyer promener formateurs, IPR, CDE, parents qui prétendent nous dire comment il faut (mal) faire notre métier.
Pour les élèves, il faut beaucoup d'énergie, d'autorité, de conviction, de savoir, etc. mais c'est encore jouable pour le moment. Voilà pourquoi je reste aussi.
- XIIINeoprof expérimenté
Dans une économie de marché, où l'argent est roi et représente la finalité de toutes les actions politiques, l'école publique, est là pour assurer le service minimum et renforcer le système privé lucratif. Ce service doit être exercer avec un semblant de "bienveillance" pour ne pas récolter la colère des usagers.
- coindeparadisGuide spirituel
Une vidéo instructive à ce sujet...
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- AlwidisNiveau 5
Reportage de France Inter sur le sujet
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