Varier les siècles des OI en 1ère?

Euh... Je ne mets pas à lire un bouquin sous prétexte qu'un collègue a eu l'idée de le mettre sur sa liste.
C'est moi qui décide de ce que je lis. Non mais et puis quoi encore ? Il faudrait que je me tape les Nothomb et autres Schmitt que certains collègues n'ont pas de goût pour la littérature de qualité ?
Et puis même si c'est une œuvre majeure — alors pour les lubies des collègues, niet.

Vivivava a écrit:On peut aussi aller en bibliothèque municipale.

Tout le monde n'habite pas en Ile de France et n'a pas de bibliothèque municipale digne de ce nom partout en France...

Non mais on ne va quand même pas penser notre projet annuel en fonction des connaissances / envies / désirs supposés des examinateurs, qui seront forcément contradictoires de toute façon.

Et puis on pourrait aussi avoir en tête que les collègues ne sont pas de sombres crétins qui font lire des daubes à longueur de temps pour le plaisir...

roxanne a écrit:Je n'osais pas le dire, et puis ã mon sens, ça manque un peu de textes du patrimoine.

Jaccottet, vous pouvez le placer dans le patrimoine. C'est un très grand poète.

Vivivava a écrit:On peut aussi aller en bibliothèque municipale.

Je ne risque pas d'en trouver dans un large rayon kilométrique dans mon trou paumé ! Il faut que je fasse 50 km et en plus ne pas être sûre de le trouver...
Toi, tu dois habiter dans un grand centre urbain.

Et puis, je lis ce que j'ai envie de lire. Je ne risque pas de lire un Nothomb ou un truc dans le genre pour interroger des élèves.

cléo a écrit:Et puis on pourrait aussi avoir en tête que les collègues ne sont pas de sombres crétins qui font lire des daubes à longueur de temps pour le plaisir...

Parfois je m'interroge... quand je vois certaines listes que j'ai eues ces dernières années pour des STMG/ST2S. J'ai surtout l'impression que des collègues prennent ces élèves pour des crétins.

Je suis d'accord Ysabel, mais c'est la posture de méfiance a priori qui me gêne.

ysabel a écrit:Toi, tu dois habiter dans un grand centre urbain.

Non.

ysabel a écrit: Et puis, je lis ce que j'ai envie de lire. Je ne risque pas de lire un Nothomb ou un truc dans le genre pour interroger des élèves.

Moi aussi.
On n'est pas obligé de confondre Mouawad ou Jaccottet avec Nothomb ou des trucs.

ysabel a écrit:

cléo a écrit:Et puis on pourrait aussi avoir en tête que les collègues ne sont pas de sombres crétins qui font lire des daubes à longueur de temps pour le plaisir...

Parfois je m'interroge... quand je vois certaines listes que j'ai eu ces dernières années pour des STMG/ST2S. J'ai surtout l'impression que des collègues prennent ces élèves pour des crétins.

Je suis d'accord, bien sûr. L'élégance du hérisson dans une liste de bac, ça pique.

Et donc sinon ça vous choque Beaumarchais, Apollinaire, Perec, Camus sur une liste?
Mouawad c'est vraiment bien, d'autant qu'on peut le coupler avec Sophocle par exemple.

Isidoria a écrit:Et donc sinon ça vous choque Beaumarchais, Apollinaire, Perec, Camus sur une liste?
Mouawad c'est vraiment bien, d'autant qu'on peut le coupler avec Sophocle par exemple.

Non, pas du tout, au contraire, ça me paraît très bien !

Mais une liste avec uniquement des auteurs comme Lagarce, Mouawad, Bonnefoy, Jacques Roubaud, Philippe Claudel, Sylvie Germain, Jean Echenoz etc. risquerait de dérouter pas mal de collègues. Je pense qu'on peut se faire plaisir tout en conservant quelques "classiques".

Un petit HS : avez-vous le temps d'étudier quelques auteurs du XXe en seconde ? Cela peut expliquer l'importance de leur présence en première.

Spoiler:

trompettemarine a écrit:Un petit HS : avez-vous le temps d'étudier quelques auteurs du XXe en seconde ? Cela peut expliquer l'importance de leur présence en première.

Pour ma part, très peu. J'ai donné deux poèmes de Roubaud (extraits de Quelque chose noir) en texte complémentaire après une séquence sur Pauca Meae, et j'ai fait une mini-séquence sur le surréalisme à la toute fin de l'année, avec des poèmes d'Éluard, Apollinaire, Prévert, Desnos, Aragon... Mais on n'a pas fait de L.A., juste commenté rapidement les textes à l'oral. Effectivement, le XXe est quasi absent du programme de 2de, et vu sous cet angle, je comprends mieux le choix de l'étudier davantage en 1re.

Mouawad, tu peux tenter Incendies Trompette. J'avoue ne pas avoir lu les autres que je ne trouve pas dans mon exil...

trompettemarine a écrit:Un petit HS : avez-vous le temps d'étudier quelques auteurs du XXe en seconde ? Cela peut expliquer l'importance de leur présence en première.

Spoiler:

En LC, ça se fait. Le soleil des Scorta pour accompagner la tragédie ; un roman "réaliste" contemporain pour accompagner une OI du XIXè ; un roman de Sylvie Germain en parallèle des contes, et ainsi de suite.

Et même avis qu'Isidoria, Incendies est une magnifique pièce.

Voilà, en seconde on arrive à faire un peu XXème siècle mais ça reste à la marge. .. surtout que c'est compliqué dans certaines classes de faire lire.

Une collègue examinatrice m'a parlé dune liste où elle interrogeait avec L'Homme à l'oreille croquée de Pouy a priori assez osée et en cursive c'était le même genre.
http://www.babelio.com/livres/Pouy-Lhomme-a-loreille-croquee/151622

J'ai été traumatisé par le film Incendies. Je suis allé le voir avec une 1ES pour "Lycéens au cinéma" et j'étais vraiment gêné de leur imposer cela. Je n'ai rien contre le film qui est vraiment bien et puissant, mais je trouve que l'on touche au comble du sordide pour des adolescents. On ne leur fait étudier ou voir que des œuvres déprimantes, malsaines etc. alors qu'il y a tant d’œuvres lumineuses, drôles ou autre. En tout cas, le film ne m'a pas donné envie de lire la pièce.

Disons qu'entre Jacottet et Gaudé ou Nothomb, il y a de la marge.
Et puis des poèmes, c'est facile à faire passer à l'oral.

Sinon, pour rééquilibrer un peu, il est possible d'accompagner les lectures plus modernes par des contrepoints plus anciens. En cursive, c'est plus dur, mais avec des morceaux choisis longs et adaptés, ça marche.

Voir lectureschoisies.eklablog.com

Fortunio a écrit:J'ai été traumatisé par le film Incendies. Je suis allé le voir avec une 1ES pour "Lycéens au cinéma" et j'étais vraiment gêné de leur imposer cela. Je n'ai rien contre le film qui est vraiment bien et puissant, mais je trouve que l'on touche au comble du sordide pour des adolescents. On ne leur fait étudier ou voir que des œuvres déprimantes, malsaines etc. alors qu'il y a tant d’œuvres lumineuses, drôles ou autre. En tout cas, le film ne m'a pas donné envie de lire la pièce.

Le film est très différent de la pièce.
Par exemple, dans le film, le récit est ancré dans un conflit précis (icônes religieuses sur les mitraillettes, signes religieux ostentatoires, etc.). Dans la pièce, Mouawad a volontairement enlevé toute référence au Liban. Le conflit dans la pièce est intemporel. Les élèves avaient été beaucoup plus touchés par la scène dans la pièce, car ils pouvaient transposer la violence à leur univers à eux, qui pile poil à ce moment-là avait été ensanglanté par les attentats. Le film, ancré dans un contexte spatial et temporel différent du leur, les poussait à une mise à distance.

La scène de l'incendie du bus, par exemple, est montrée dans toute sa crudité dans le film, alors que dans la pièce, c'est un récit à deux voix, fait à deux époques différentes: les deux temps se télescopent, s'entremêlent. Travailler sur la mise en scène de ce passage, du coup, a été un moment très riche.

Avec mes 1ères, la comparaison de certains extraits avec le film de Denis Villeneuve a donné lieu à des réflexions passionnantes sur la notion d'adaptation.

Les élèves ont été emportés par l'histoire, en discutaient entre eux dans les couloirs. Mes exemplaires de Littorals, de Forêts, de Ciels ou encore d'Anima ont circulé dans la classe pendant tout le deuxième et le troisième trimestre. Certains m'ont demandé si on ne pourrait pas aller au théâtre voir n'importe quelle pièce de cet auteur.

Et pour finir sur le côté déprimant, malsain, je ne nierai pas que certain passages sont éprouvants. Mais quelle beauté dans la recherche de l'apaisement! La pièce, dont le titre est Incendies, finit par une réflexion sur le choix d'arrêter le fil de la violence. Et surtout, par la didascalie "pluie torrentielle", qui se passe de commentaire.