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- AmaliahEmpereur
D'ailleurs, j'en profite pour vous poser une question : trouvez-vous que cet axe d'étude convienne? J'ai l'impression que la plupart des axes d'étude sur ce thème sont plus littéraires et tournent autour des enjeux et difficultés de l'écriture de soi.
- ArgentanaiseNiveau 1
J'étais plutôt partie sur la problématique: parler de soi, est ce intéressant pour soi? Pour les autres?
Ce sont les questions choisies par mes élèves suite à la première séance dont l objectif était d écrire un court texte sur eux > " ca sert à quoi de parler de nous? Ca intéresse personne et c'est pas intéressant la vie des autres"
Mais ton axe me semble convenir: l objectif est d étudier différentes formes d autobio, d en comprendre les origines et les enjeux mais aussi la difficulté liée à la mémoire...
Ce sont les questions choisies par mes élèves suite à la première séance dont l objectif était d écrire un court texte sur eux > " ca sert à quoi de parler de nous? Ca intéresse personne et c'est pas intéressant la vie des autres"
Mais ton axe me semble convenir: l objectif est d étudier différentes formes d autobio, d en comprendre les origines et les enjeux mais aussi la difficulté liée à la mémoire...
- cannelle21Grand Maître
Je pense que je vais travailler autour de la question du souvenir : Suffit-il de se souvenir pour se raconter ? J'aborderai ainsi :
- La question de la mémoire
- La question de la difficulté de dire les origines (travail oral)
- La question de la reconstitution a posteriori
- La question du style
Je ferai :
- Rousseau
- Sarraute
- W
- Le triple autoportrait
- La question de la mémoire
- La question de la difficulté de dire les origines (travail oral)
- La question de la reconstitution a posteriori
- La question du style
Je ferai :
- Rousseau
- Sarraute
- W
- Le triple autoportrait
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- cannelle21Grand Maître
Amaliah a écrit:Tu étudieras quel texte de Rousseau?
L'incipit. L'idée de pacte autobiographique me paraît importante. Ensuite, en prolongement, je ferai un autre texte comme la chasse aux pommes.
Cette année, j'en ai fait apprendre un large paragraphe aux élèves.
Je passe beaucoup par l'oral.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- AmaliahEmpereur
Je fais les mêmes textes que toi! Tu as donné quel paragraphe à apprendre?
- cannelle21Grand Maître
Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.
Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.
Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : " Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus."
Après, je fais un travail de mise en voix sur le reste du texte.
Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre.
Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : " Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus."
Après, je fais un travail de mise en voix sur le reste du texte.
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- AmaliahEmpereur
Ok, merci. Je croyais que tu avais donné un paragraphe de la chasse aux pommes à apprendre!
Mais je te pique l'idée! C'est bien d'apprendre de la prose aussi!
Mais je te pique l'idée! C'est bien d'apprendre de la prose aussi!
- DicloniaExpert
Ah oui, chouette idée !
Cela me rappelle qu'on apprenait la description de la chèvre de mr Seguin quand on était môme !
Cela me rappelle qu'on apprenait la description de la chèvre de mr Seguin quand on était môme !
- emanaoNiveau 5
Diclonia a écrit:Ah oui, chouette idée !
Cela me rappelle qu'on apprenait la description de la chèvre de mr Seguin quand on était môme !
Mon fils en CM2 l'a apprise cette année
Sinon, dans les ressources d'accompagnement, il y a des pistes de problématiques envisageables pour traiter la thématique.
- AmaliahEmpereur
En y réfléchissant, je vais peut-être rajouter un texte de J. Semprun sous l'axe d'étude suivant : Quel regard les artistes portent-ils sur leurs blessures d'enfance? Mais qualifier de "blessure" la Shoah ne me semble pas adapté. Et en même temps si je ne le vois pas là, je n'aurai pas d'autre possibilité dans l'année de voir un texte sur ce thème.
- JaneMonarque
Ce qui m'amuse, au final, c'est que je vais ressortir une très vieille séquence (que je faisais il y a une quinzaine d'années) et l'exploiter quasi à l'identique (à un texte près) :lol: Ces nouveaux programmes sont en effet très très innovants...
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- AmaliahEmpereur
C'est ce que je me suis dit sur "Dénoncer les travers de la société".
- JaneMonarque
Toutafé (je vais faire pareil ) Finalement, il y a aura bien moins de taf que cela ne le laissait présager.
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"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- SphinxProphète
Rousseau et Montaigne me paraissent indispensables pour débuter (quid de Saint-Augustin ?)
Je pense faire un extrait de Michel Leiris aussi :
À part ça, je n'ai pas trop réfléchi.
Je pense faire un extrait de Michel Leiris aussi :
Je viens d'avoir trente-quatre ans, la moitié de la vie. Au physique, je suis de taille moyenne, plutôt petit. J'ai des cheveux châtains coupés court afin d'éviter qu'ils ondulent, par crainte aussi que ne se développe une calvitie menaçante. Autant que je puisse en juger, les traits caractéristiques de ma physionomie sont : une nuque très droite, tombant verticalement comme une muraille ou une falaise, marque classique (si l'on en croit les astrologues) des personnes nées sous le signe du Taureau; un front développé, plutôt bossu, aux veines temporales exagérément noueuses et saillantes. Cette ampleur de front est en rapport (selon le dire des astrologues) avec le signe du Bélier; et en effet je suis né un 20 avril, donc aux confins de ces deux signes: le Bélier et le Taureau. Mes yeux sont bruns, avec le bord des paupières habituellement enflammé; mon teint est coloré; j'ai honte d'une fâcheuse tendance aux rougeurs et à la peau luisante. Mes mains sont maigres, assez velues, avec des veines très dessinées; mes deux majeurs, incurvés vers le bout, doivent dénoter quelque chose d'assez faible ou d'assez fuyant dans mon caractère.
Ma tête est plutôt grosse pour mon corps; j'ai les jambes un peu courtes par rapport à mon torse, les épaules trop étroites relativement aux hanches. Je marche le haut du corps incliné en avant; j'ai tendance, lorsque je suis assis, à me tenir le dos voûté; ma poitrine n'est pas très large et je n'ai guère de muscles. J'aime à me vêtir avec le maximum d'élégance; pourtant, à cause des défauts que je viens de relever dans ma structure et de mes moyens qui, sans que je puisse me dire pauvre, sont plutôt limités, je me juge d'ordinaire profondément inélégant; j'ai horreur de me voir à l’improviste dans une glace car, faute de m'y être préparé, je me trouve à chaque fois d'une laideur humiliante.
À part ça, je n'ai pas trop réfléchi.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- AmaliahEmpereur
Cette année, je n'ai pas fait Montaigne, seulement Rousseau.
De M. Leiris, je préfère "Gorge coupée". Je ne suis pas à l'aise avec cet autoportrait.
De M. Leiris, je préfère "Gorge coupée". Je ne suis pas à l'aise avec cet autoportrait.
- Thalia de GMédiateur
Quand j'avais des 3e, j'ai fait étudier 2 ou 3 fois cet extrait de Tolstoï,
- En spoiler parce qu'il est long.:
- Je naquis et passai ma première enfance dans le village de Iasnaïa Poliana.
Voici mes premiers souvenirs (je ne sais pas les mettre en ordre, ne sachant ce qui fut avant, ce qui fut après : de certains même, j'ignore si je rêvais ou si j'étais éveillé). Les voici : je suis attaché, je veux dégager mes bras, je ne peux le faire, je crie et pleure et mes cris me sont pénibles à moi-même, mais je ne peux m'arrêter. Au-dessus de moi se tient, penché, quelqu'un, je ne me rappelle plus qui. Et tout ceci dans une demi-obscurité. Mais je me rappelle qu'ils sont deux.
Mes cris leur font de l'effet : ils s'en inquiètent mais ne me détachent pas, ce que je désire, et je crie encore plus fort. Il leur semble que c'est nécessaire (que je sois attaché) alors que je sais que c'est inutile ; je veux le leur prouver et je me répands en cris insupportables à moi-même mais irrésistibles. Je sens l'injustice et la cruauté non des gens car ils me plaignent, mais du sort et j'éprouve de la pitié pour moi-même. Je ne sais pas et jamais je ne saurai ce que c'était : étaient-ce mes langes de nourrisson dont j'essayais de libérer mes bras, ou était-ce un maillot dont on m'enveloppait lorsque j'avais plus d'un an pour m'empêcher de gratter ma gourme ? Ai-je réuni en ce seul souvenir, comme cela arrive en rêve, beaucoup d'impressions ? Ce qui est sûr, c'est que ce fut là ma première et ma plus forte impression. Et ce qui m'est resté en mémoire, ce ne sont pas mes cris ni mes souffrances, mais la complexité, la contradiction des sensations. Je veux ma liberté, elle ne gêne personne, et moi qui ai besoin de force, je suis faible, tandis qu'eux, ils sont forts.
Ma seconde impression est joyeuse. Je suis assis dans une auge, entouré de l'odeur nouvelle et point désagréable d'une substance dont on frotte mon petit corps. Sans doute était-ce du son et sans doute était-ce dans une auge remplie d'eau, mais la nouveauté du contact du son me réveilla et, pour la première fois, je remarquai et aimai mon petit corps avec les côtes apparentes sur la poitrine, l'auge sombre et lisse, les bras aux manches retroussées de la bonne et l'eau tiède et froide mélangée, la vapeur qui s'en dégage, le bruit qu'elle fait et surtout la sensation de poli des bords humides de l'auge lorsque j'y promenais mes petites mains.
Il est étrange et effrayant de penser que, de ma naissance à trois ans, à l'époque où je prenais le sein, où on me sevra, où je commençai à me traîner à quatre pattes, à marcher, à parler, j'ai beau chercher dans ma mémoire, je ne peux trouver une seule impression, hormis ces deux-là. Quand donc ai-je commencé ? Quand ai-je commencé à vivre ? Et pourquoi m'est-il agréable de me représenter à cette époque, tandis qu'il fut toujours effrayant (comme c'est aujourd'hui effrayant pour beaucoup de gens) de me représenter au moment où j'entrerai à nouveau dans cet état de mort dont il ne restera pas de souvenirs exprimables par des paroles ? Est-ce que je ne vivais pas, lorsque j'apprenais à regarder, à écouter, à comprendre, à parler, lorsque je dormais, prenais le sein, baisais ce sein, riais et faisais la joie de ma mère ? Je vivais et dans la félicité ! N'est-ce pas alors que j'acquérais tout ce dont je vis maintenant, acquérais tellement, si rapidement que dans tout le reste de ma vie je n'en ai pas acquis le centième ? De l'enfant de cinq ans jusqu'à moi... il n'y a qu'un pas. Du nouveau-né à l'enfant de cinq ans... une distance effrayante. De l'embryon au nouveau-né... un abîme. Et du non-être jusqu'à l'embryon, non plus un abîme, mais l'inconcevable.
Léon Tolstoï, Souvenirs, Trad. Sylvie Luneau,© Gallimard, 1960.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- cannelle21Grand Maître
Amaliah a écrit:En y réfléchissant, je vais peut-être rajouter un texte de J. Semprun sous l'axe d'étude suivant : Quel regard les artistes portent-ils sur leurs blessuresd'enfance? Mais qualifier de "blessure" la Shoah ne me semble pas adapté. Et en même temps si je ne le vois pas là, je n'aurai pas d'autre possibilité dans l'année de voir un texte sur ce thème.
J'ai l'impression que tu pourrais parler de "scènes originelles".
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- CaracallaNiveau 1
Amaliah,
je trouve ton axe d'étude très intéressant. J'aimerais faire une séquence proche de la tienne, en choisissant comme thème les événements de notre enfance qui nous façonnent, qui nous font perdre l'insouciance enfantine et forment notre caractère d'adulte. L'enfant est le père de l'homme, comme dit l'autre ! Néanmoins, je veux choisir des textes d'une certaine qualité littéraire pour éviter de faire de la psychologie de mauvaise qualité.
Je pense comme toi au récit de Leiris puisqu'il y explique que son pessimisme viscéral est né de sa mésaventure avec le chirurgien.
Quant à Rousseau, je préfère l'épisode du peigne cassé à celui de la chasse aux pommes car dans le premier Rousseau explique que sa haine de l'injustice qu'il a éprouvée toute sa vie s'est développée à partir de cet incident où il a été injustement accusé. De plus, j'aime beaucoup la manière dont il représente la scène comme une sorte de scène d'inquisition, de torture, de martyre même, point intéressant à étudier avec les élèves.
J'aime aussi la grandiloquence de Chateaubriand quand il raconte sa naissance, sur « le rocher » de Saint-Malo, au milieu de la tempête qui annonce, selon lui, sa destinée. Dès sa naissance, Chateaubriand était marqué au sceau du malheur !
Je cherche d'autres textes dans cette veine, je suis preneur si vous avez des idées !
N.B. : Il y a un magnifique poème de Victor Hugo sur l'insouciance de l'enfance, « L'enfance ». Ce serait un excellent point de départ pour la séquence, même s'il ne s'agit pas d'un texte autobiographique.
je trouve ton axe d'étude très intéressant. J'aimerais faire une séquence proche de la tienne, en choisissant comme thème les événements de notre enfance qui nous façonnent, qui nous font perdre l'insouciance enfantine et forment notre caractère d'adulte. L'enfant est le père de l'homme, comme dit l'autre ! Néanmoins, je veux choisir des textes d'une certaine qualité littéraire pour éviter de faire de la psychologie de mauvaise qualité.
Je pense comme toi au récit de Leiris puisqu'il y explique que son pessimisme viscéral est né de sa mésaventure avec le chirurgien.
Quant à Rousseau, je préfère l'épisode du peigne cassé à celui de la chasse aux pommes car dans le premier Rousseau explique que sa haine de l'injustice qu'il a éprouvée toute sa vie s'est développée à partir de cet incident où il a été injustement accusé. De plus, j'aime beaucoup la manière dont il représente la scène comme une sorte de scène d'inquisition, de torture, de martyre même, point intéressant à étudier avec les élèves.
J'aime aussi la grandiloquence de Chateaubriand quand il raconte sa naissance, sur « le rocher » de Saint-Malo, au milieu de la tempête qui annonce, selon lui, sa destinée. Dès sa naissance, Chateaubriand était marqué au sceau du malheur !
Je cherche d'autres textes dans cette veine, je suis preneur si vous avez des idées !
N.B. : Il y a un magnifique poème de Victor Hugo sur l'insouciance de l'enfance, « L'enfance ». Ce serait un excellent point de départ pour la séquence, même s'il ne s'agit pas d'un texte autobiographique.
- miss teriousDoyen
Cannelle, je te pique l'idée de la récitation ; ça changera des poèmes. Merci.
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"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- cannelle21Grand Maître
Voici une séance de théâtre autour de l'écriture de soi. Elle intervient en début de chapitre pour faire toucher du doigt la difficulté de parler de soi et de fixer les origines. Cette séance a été réalisée par une comédienne et retravaillée lors d'un stage théâtre dans l'académie de Dijon. Elle fonctionne très bien. Bon, mes élèves sont habitués à faire beaucoup de théâtre, de lecture, de mise en voix.
- Séance d''oral:
- 1-La généalogie.
Tous assis au fond du plateau.
Par groupe de cinq, avec ou sans musique, on se lève et chacun son tour prend la parole de manière très droite, pure, affirmée. Regard ligne bleue des Vosges, mais pas flottant.
Je m’appelle…
Ma mère s’appelle…
Mon père s’appelle…
Ma grand-mère maternelle s’appelle…
Mon gd père maternel s’appelle…
Ma gd mère paternelle s’appelle….
Mon gd père paternel s’appelle…..
Je suis né(e) à … le……
Bilan : activité très troublante, d’une extrême simplicité, et pourtant très émouvante et poétique.
PB : nos élèves peuvent être gênés avec ce dévoilement de l’intime, il peut y avoir des blessures, des hontes, des parents dispersés, inconnus, déclassés …. Dans ce cas, ILS ONT LE DROIT D’ INVENTER ! et ainsi de combler les trous ou de masquer les blessures. Personne ne leur demandera de comptes …
2) L’invention de soi
Deux lignes debout, en vis-à-vis, à distance
Chacun doit préparer dans sa tête un récit construit à partir des passages obligés :
Je m’appelle (à chacun de choisir un nom réel ou fictif )
Je vis dans …1* à….
Dans ma chambre j’ai… 2*
J’aime…,
Ce que je n’aime pas , c’est…..3*
On peut imposer des pioches aux astérisques, ou faire confiance à leur imagination
Pioches :
1 Une tour, une grotte, un arbre, une caravane, un studio minuscule, une poubelle, un carton, ma voiture, un théâtre, la cuisine d’un restaurant trois étoiles, mon lit, un chalet, un monastère, un château, un igloo, une chambre froide, une bibliothèque, la tour de contrôle, un sous-marin
2 des chaussettes qui traînent, un perroquet empaillé, un galet, un nounours décousu, des boîtes de conserve, une plante carnivore, des réserves , une cartouche de cigarettes, un poster de… , un boudha, une baie vitrée, une lampe à UV, un seul livre, un home cinéma, une robe de princesse, une photo dédicacée de…, un aquarium , un babyphone, une mitraillette, une grosse araignée
3 les mecs qui se la jouent, les filles trop sûres d’elles, les mères envahissantes, le chocolat blanc, les films qui se terminent bien, les anniversaires, les embouteillages, les ordinateurs, la pluie, les dimanches soirs, la choucroute, les hommes politiques corrompus, les vestiaires, les chats obèses, les cris d’enfants, les sonneries de portables débiles, quand il n’y a plus d’eau chaude, avoir mon collant filé, les voyages organisés, les pilotes d’avion
Le premier 1/2 groupe actif, l’autre regarde, pour passer après.
-au top, le groupe actif avance d’un pas, regarde la personne qui est en face, compte 3 secondes, respire, compte 3 secondes, respire, ouvre la bouche, rien ne sort. Soupir, retourne à sa place.
Deuxième tentative. Idem.
A la troisième, le récit sort. Tous ensemble, d’un seul jet, mais en murmurant. C’est la cacophonie, cela ressemble à une prière, et chacun va jusqu’au bout, même si les autres ont fini.
Premier bilan rapide
Le deuxième groupe passe, avec les mêmes consignes.
Nouveau bilan
Deuxième fois : au top, on avance d’un pas, on respire, et on dit le même texte cette fois tout fort.
Troisième fois : au top, on avance d’un pas, et chacun à son tour dit son texte tout fort en commençant d’un bout de la colonne jusqu’au dernier (à ce moment-là, les élèves n’ont plus peur de dire leur texte)
Ensuite : la base imaginée peut être reprise et enrichie dans un travail d’écriture, avec des consignes de langue précises, en fonction du moment de la séquence (entrée, approfondissement, synthèse, évaluation…)
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- NadejdaGrand sage
Amaliah a écrit:En y réfléchissant, je vais peut-être rajouter un texte de J. Semprun sous l'axe d'étude suivant : Quel regard les artistes portent-ils sur leurs blessuresd'enfance? Mais qualifier de "blessure" la Shoah ne me semble pas adapté. Et en même temps si je ne le vois pas là, je n'aurai pas d'autre possibilité dans l'année de voir un texte sur ce thème.
Je reprécise simplement que Semprun était un déporté politique non juif (même si l'on trouve des allusions à la Shoah dans son oeuvre)
Pour le coup, je parlerai clairement de traumatisme. Chez Semprun font retour de livre en livre les mêmes souvenirs, les mêmes citations de livres aimés, les mêmes moments marquants (la mort de M. Halbwachs...) qu'il y soit toujours possible ni souhaitable de reconstituer la scène primitive.
- CaracallaNiveau 1
Cannelle,
quel passage de Sarraute étudies-tu ?
quel passage de Sarraute étudies-tu ?
- cannelle21Grand Maître
Nathalie Sarraute , 1983 , Enfance
« vous raconterez votre premier chagrin . ‘Mon premier chagrin’ sera le titre de votre prochain devoir de français. »
- N’est-ce-pas plutôt rédaction qu’on disait à l’école communale ?
- Peut-être… en tout cas, cette rédaction-là ou ce devoir de français ressort parmi les autres. Dès que la maitresse nous adit d’inscrire sur nos carnets « mon premier chagrin », il n’est pas possible que je n’ai pas ressenti…je me trompais rarement … que c’était un « un sujet en or » … j’ai dû voir étinceler dans une brume lointaine des pépites … les promesses de trésors...
J’imagine qu’aussitôt que je l’ai pu, je me suis mise à leur recherche. Je n’avais pas besoin de me presser, j’avais du temps devant moi , mais j’avais hâte de trouver… c’est de cela que tout allait dépendre … Quel chagrin ?...
-Tu n’as pas commencé par essayer, en scrutant parmi tes chagrins…
-De retrouver un de mes chagrins ? Mais non, voyons, à quoi penses-tu ? Un vrai chagrin à moi ? vécu par moi pour de bon… et d’ailleurs, qu’est-ce-que je pouvais appeler de ce nom ? Et quel avait été le premier ? Je n’avais aucune envie de me le demander …ce qu’il me fallait , c’était un chagrin qui serait hors de ma propre vie , que je pourrais considérer en m’en tenant à bonne distance… cela me donnerait une sensation que je ne pouvais pas nommer , mais je la ressens maintenant telle que je l’éprouvais … un sentiment…
-De dignité peut-être … c’est ainsi qu’aujourd’hui on pourrait l’appeler … et aussi de domination , de puissance…
-Et de liberté …Je me tiens dans l’ombre , hors d’atteinte , je ne livre rien de ce qui n’est qu’à moi…mais je prépare pour les autres ce que je considère comme étant bon pour eux, je choisis ce qu’ils aiment, ce qu’ils peuvent atteindre, un de ces chagrins qui leur conviennent…
-Et c’est alors que tu as eu cette chance d’apercevoir…d’où t’est-il venu ?
-Je ,’en sais rien, mais il m’a apporté dès son apparition une certitude, une satisfaction… je ne pouvais pas espérer trouver un chagrin plus joli et mieux fait…plus présentable, plus séduisant… un modèle de vrai premier chagrin de vrai enfant…la mort de mon petit chien…quoi de plus imbibé de pureté enfantine, d’innocence.
Aussi invraisemblable que cela paraisse, tout cela je le sentais…
-Mais est-ce invraissemblable chez un enfant de onze ans... tu étais dans la classe du certificat d'étude
-Ce sujet a fait venir, comme je m'y attendais, plein d'images, encore succintes et floues, de brèves esquisses... mais qui me promettaient en se développant de devenir de vraies beautés... Le jours de mon annniversaire, oh quelle surprise, je saure et bat des mains, de me jette au cou de papa, de maman, dans le paier une boule blanchen je la serre sur mon coeur, puis nos jeux, où donc ? mais dans un beau grand jardon, prairies en fleur, pelouses, c'est celui de mes grands-parents où les parents et mes frères et soeurs passent les vacances... et puis viendra l'horreur... la boule blanche se dirige vers l'étang
-Cet étang que tu avais vu sur un tableau, bordé de joncs, couvert de nénuphars...
-Il faur reconnaître qu'il est tentant , mais voici quelque chose d'encore plus prometteur... la voir ferrée... nous sommes allés nous promener dece c$oté, le petit chien monte sur le remblai, je cours derrière lui, je l'appelle, et voisi qu'à toute vitesse le train arrive, l'énorme, effrayante locomotive... ici pourront de déployer des splendeurs...
« vous raconterez votre premier chagrin . ‘Mon premier chagrin’ sera le titre de votre prochain devoir de français. »
- N’est-ce-pas plutôt rédaction qu’on disait à l’école communale ?
- Peut-être… en tout cas, cette rédaction-là ou ce devoir de français ressort parmi les autres. Dès que la maitresse nous adit d’inscrire sur nos carnets « mon premier chagrin », il n’est pas possible que je n’ai pas ressenti…je me trompais rarement … que c’était un « un sujet en or » … j’ai dû voir étinceler dans une brume lointaine des pépites … les promesses de trésors...
J’imagine qu’aussitôt que je l’ai pu, je me suis mise à leur recherche. Je n’avais pas besoin de me presser, j’avais du temps devant moi , mais j’avais hâte de trouver… c’est de cela que tout allait dépendre … Quel chagrin ?...
-Tu n’as pas commencé par essayer, en scrutant parmi tes chagrins…
-De retrouver un de mes chagrins ? Mais non, voyons, à quoi penses-tu ? Un vrai chagrin à moi ? vécu par moi pour de bon… et d’ailleurs, qu’est-ce-que je pouvais appeler de ce nom ? Et quel avait été le premier ? Je n’avais aucune envie de me le demander …ce qu’il me fallait , c’était un chagrin qui serait hors de ma propre vie , que je pourrais considérer en m’en tenant à bonne distance… cela me donnerait une sensation que je ne pouvais pas nommer , mais je la ressens maintenant telle que je l’éprouvais … un sentiment…
-De dignité peut-être … c’est ainsi qu’aujourd’hui on pourrait l’appeler … et aussi de domination , de puissance…
-Et de liberté …Je me tiens dans l’ombre , hors d’atteinte , je ne livre rien de ce qui n’est qu’à moi…mais je prépare pour les autres ce que je considère comme étant bon pour eux, je choisis ce qu’ils aiment, ce qu’ils peuvent atteindre, un de ces chagrins qui leur conviennent…
-Et c’est alors que tu as eu cette chance d’apercevoir…d’où t’est-il venu ?
-Je ,’en sais rien, mais il m’a apporté dès son apparition une certitude, une satisfaction… je ne pouvais pas espérer trouver un chagrin plus joli et mieux fait…plus présentable, plus séduisant… un modèle de vrai premier chagrin de vrai enfant…la mort de mon petit chien…quoi de plus imbibé de pureté enfantine, d’innocence.
Aussi invraisemblable que cela paraisse, tout cela je le sentais…
-Mais est-ce invraissemblable chez un enfant de onze ans... tu étais dans la classe du certificat d'étude
-Ce sujet a fait venir, comme je m'y attendais, plein d'images, encore succintes et floues, de brèves esquisses... mais qui me promettaient en se développant de devenir de vraies beautés... Le jours de mon annniversaire, oh quelle surprise, je saure et bat des mains, de me jette au cou de papa, de maman, dans le paier une boule blanchen je la serre sur mon coeur, puis nos jeux, où donc ? mais dans un beau grand jardon, prairies en fleur, pelouses, c'est celui de mes grands-parents où les parents et mes frères et soeurs passent les vacances... et puis viendra l'horreur... la boule blanche se dirige vers l'étang
-Cet étang que tu avais vu sur un tableau, bordé de joncs, couvert de nénuphars...
-Il faur reconnaître qu'il est tentant , mais voici quelque chose d'encore plus prometteur... la voir ferrée... nous sommes allés nous promener dece c$oté, le petit chien monte sur le remblai, je cours derrière lui, je l'appelle, et voisi qu'à toute vitesse le train arrive, l'énorme, effrayante locomotive... ici pourront de déployer des splendeurs...
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- SphinxProphète
Il y a aussi cet extrait de Beauvoir :
Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. Sur les photos de famille prises l’été suivant, on voit de jeunes dames en robe longue, aux chapeaux empanachés de plumes d’autruche, des messieurs coiffés de canotiers et de panamas qui sourient à un bébé : ce sont mes parents, mon grand-père, des oncles, des tantes, et c’est moi. Mon père avait trente ans, ma mère vingt et un, et j’étais leur premier enfant. Je tourne une page de l’album ; maman tient dans ses bras un bébé qui n’est pas moi ; je porte une jupe plissée, un béret, j’ai deux ans et demi, et ma sœur vient de naître. J’en fus, paraît-il, jalouse, mais pendant peu de temps. Aussi loin que je me souvienne, j’étais fière d’être l’aînée : la première. Déguisée en chaperon rouge, portant dans mon panier galette et pot de beurre, je me sentais plus intéressante qu’un nourrisson cloué dans son berceau. J’avais une petite sœur : ce poupon ne m’avait pas.
De mes premières années, je ne retrouve guère qu’une impression confuse : quelque chose de rouge, et de noir, et de chaud. L’appartement était rouge, rouges la moquette, la salle à manger Henri II, la soie gaufrée qui masquait les portes vitrées, et dans le cabinet de papa les rideaux de velours ; les meubles de cet antre sacré étaient en poirier noirci ; je me blottissais dans la niche creusée sous le bureau, je m’enroulais dans les ténèbres ; il faisait sombre, il faisait chaud et le rouge de la moquette criait dans mes yeux. Ainsi se passa ma toute petite enfance. Je regardais, je palpais, j’apprenais le monde, à l’abri.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- AmaliahEmpereur
Caracalla, je me demande si je ne vais pas étudier le peigne cassé cette année. Mais la chasse aux pommes permet de réfléchir sur l'éducation donnée et cela change du traumatisme à l'origine d'un trait de caractère comme chez Leiris. D'où mon hésitation si je veux que chaque texte apporte quelque chose à l'axe d'étude choisi.
"Traumatismes", ça me semble bien en effet. Je préfère "scènes originelles" mais je crains que ce ne soit pas très parlant pour mes élèves.
Je n'ai encore jamais fait le texte de Sarraute mais il donne matière à réflexion : inventer pour se raconter. Et le chagrin reste dans l'idée du traumatisme, je pense que je vais le garder!
Sphinx, comment tu exploites ce texte de S. de Beauvoir?
Merci Nadejda pour la précision, je suis allée trop vite!
Merci aussi Cannelle pour ta séance d'oral. Je ne sais pas si j'oserais le faire en fait. Mais ça m'intéresse beaucoup. Quand ils piochent, ils ne rigolent pas comme des bossus (parfois même par gêne)?
"Traumatismes", ça me semble bien en effet. Je préfère "scènes originelles" mais je crains que ce ne soit pas très parlant pour mes élèves.
Je n'ai encore jamais fait le texte de Sarraute mais il donne matière à réflexion : inventer pour se raconter. Et le chagrin reste dans l'idée du traumatisme, je pense que je vais le garder!
Sphinx, comment tu exploites ce texte de S. de Beauvoir?
Merci Nadejda pour la précision, je suis allée trop vite!
Merci aussi Cannelle pour ta séance d'oral. Je ne sais pas si j'oserais le faire en fait. Mais ça m'intéresse beaucoup. Quand ils piochent, ils ne rigolent pas comme des bossus (parfois même par gêne)?
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