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- ernyaFidèle du forum
Je remonte ce sujet car j'ai de nouveau besoin de vos lumières.
Je vais axer mon GT sur l'enfance. J'aimerais travailler sur un ou deux extraits dans lesquels l'autobiographe écrit pour faire revivre la présence du père ou de la mère disparus. Je pense que plusieurs auteurs pourraient correspondre mais je n'arrive pas à mettre la main sur des extraits précis.
Avez-vous davantage de mémoire que moi ?
Je vais axer mon GT sur l'enfance. J'aimerais travailler sur un ou deux extraits dans lesquels l'autobiographe écrit pour faire revivre la présence du père ou de la mère disparus. Je pense que plusieurs auteurs pourraient correspondre mais je n'arrive pas à mettre la main sur des extraits précis.
Avez-vous davantage de mémoire que moi ?
- zinzinuleNiveau 8
Ernya, ta demande me fait penser à ce très beau texte extrait du Livre de ma mère où Albert Cohen répète : "je la revois". Je l'ai fait lire à des élèves et la pluralité des regards portés sur la mère (mère admirée, mère ridicule...) les a amenés à se questionner et à fouiller le texte... Aime-t-il sa mère ? Est-ce que montrer son ridicule peut lui rendre hommage ?
Je n'ai pas pris le temps de le relire en entier, j'espère que ma source ne comportait pas de coquilles.
- Spoiler:
- Maman de mon enfance, auprès de qui je me sentais au chaud, ses tisanes, jamais plus. Jamais plus, son odorante armoire aux piles de linge à la verveine et aux familiales dentelles rassurantes, sa belle armoire de cerisier que j’ouvrais les jeudis et qui était mon royaume enfantin, dans une vallée de calme merveille, sombre et fruitée de confitures, aussi réconfortante que l’ombre de la table du salon sous laquelle je me croyais un chef arabe. Jamais plus son trousseau de clefs qui sonnaillaient au cordon du tablier […] Jamais plus, son coffret plein d’anciennes bricoles d’argent avec lesquelles je jouais quand j’étais convalescent . Ô meubles disparus de ma mère. Maman, qui fus vivante et qui tant m’encourageas, donneuse de force, qui sus m’encourager aveuglément, avec d’absurdes raisons qui me rassuraient, Maman, de là-haut vois-tu ton petit garçon obéissant de dix ans ?
Soudain, je la revois, si animée par la visite du médecin venant soigner son petit garçon. Combien elle était émue par ces visites du médecin, lequel était un pontifiant crétin parfumé que nous admirions éperdument. Ces visites payées, c'était un événement mondain, une forme de vie sociale pour ma mère. Un monsieur bien du dehors parlait à cette isolée, soudain vivifiée et plus distinguée. […]. Sans doute se rappelait-elle alors que son père avait été un notable . Je revois son respect de paysanne pour le médecin, sonore niais qui nous paraissait la merveille du monde et dont j'adorais tout […]. Je revois l'admiration si convaincue avec laquelle elle le considérait m'auscultant d'une tête à l'eau de Cologne, après qu’elle lui eut tendu cette serviette neuve à laquelle il avait droit divin. Comme elle respectait cette nécessité magique d'une serviette pour m'ausculter ! Je la revois, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas le déranger tandis qu'il me prenait génialement le pouls tout en tenant génialement sa belle montre dans sa main. Que c'était beau, n'est-ce pas, pauvre Maman si peu blasée, si sevrée des joies de ce monde ?
Je la revois se retenant presque de respirer tandis que le crétin médical gribouillait noblement le talisman de l'ordonnance, je la revois me faisant des signes de « chut » pour m'empêcher de troubler l'inspiration du grand homme en transe de savoir. Je la revois, charmée, émue, jeune fille, le raccompagnant à la porte et, rougissante, quêtant de lui la certitude que son petit garçon n'avait rien de sérieux. […]
Ton enfant est mort en même temps que toi. Par ta mort me voici soudain de l’enfance à la vieillesse passé. Avec toi, je n’avais pas besoin de faire l’adulte. Voilà ce qui m’attend désormais, toujours feindre d’être un monsieur, un sérieux à responsabilités. Je n’ai plus personne pour me gronder si je mange trop vite ou si je lis trop avant dans la nuit. Je n’ai plus dix ans et je ne peux plus jouer avec des bobines ou des décalcomanies, dans la chambre chaude, loin du brouillard.
Je n'ai pas pris le temps de le relire en entier, j'espère que ma source ne comportait pas de coquilles.
- zinzinuleNiveau 8
De mon côté, j'aimerais trouver des textes où quelqu'un raconte le sentiment de honte éprouvé dans son enfance. Je vous remercie pour vos suggestions !
- cannelle21Grand Maître
Tu en trouveras dans Chagrin d'école, de Pennac.
Dans ce roman, Daniel Pennac parle de lui, du professeur qu'il est devenu, du romancier qu'il est, mais surtout de l'élève qu'il était.
– Pas de panique, dans vingt-six ans il possèdera parfaitement son alphabet.
Ainsi ironisait mon père pour distraire ses propres craintes. Bien des années plus tard, comme je redoublais ma terminale à la poursuite d'un baccalauréat qui m'échappait obstinément, il aura cette formule :
– Ne t'inquiète pas, même pour le bac on finit par acquérir des automatismes…
Ou, en septembre 1968, ma licence de lettres enfin en poche :
– Il t'aura fallu une révolution(1) pour la licence(2), doit-on craindre une guerre mondiale pour l'agrégation(3) ?
Cela dit sans méchanceté particulière. C'était notre forme de connivence(4). Nous avons assez vite choisi de sourire, mon père et moi.
Mais revenons à mes débuts. Dernier né d'une fratrie de quatre, j'étais un cas d'espèce. Mes parents n'avaient pas eu l'occasion de s'entraîner avec mes aînés, dont la scolarité, pour n'être pas exceptionnellement brillante, s'était déroulée sans heurt.
J'étais un objet de stupeur, et de stupeur constante car les années passaient sans apporter la moindre amélioration à mon état d'hébétude(5) scolaire. « Les bras m'en tombent », « Je n'en reviens pas », me sont des exclamations familières, associées à des regards d'adulte où je vois bien que mon incapacité à assimiler quoi que ce soit creuse un abîme d'incrédulité.
Apparemment, tout le monde comprenait plus vite que moi.
– Tu es complètement bouché !
Un après-midi de l'année du bac (une des années du bac), mon père me donnant un cours de trigonométrie(6) dans la pièce qui nous servait de bibliothèque, notre chien se coucha en douce sur le lit, derrière nous. Repéré, il fut sèchement viré.
– Dehors, le chien, dans ton fauteuil !
Cinq minutes plus tard, le chien était de nouveau sur le lit. Il avait juste pris le soin d'aller chercher la vieille couverture qui protégeait son fauteuil et de se coucher sur elle. Admiration générale, bien sûr, et justifiée : qu'un animal pût associer une interdiction à l'idée abstraite de propreté et en tirer la conclusion qu'il fallait faire son lit pour jouir de la compagnie des maîtres, chapeau, évidemment, un authentique raisonnement !
Ce fut un sujet de conversation familiale qui traversa les âges. Personnellement, j'en tirai l'enseignement que même le chien de la maison pigeait plus vite que moi. Je crois bien lui avoir murmuré à l'oreille :
– Demain, c'est toi qui vas au bahut, lèche-cul. »
Daniel Pennac, Chagrin d'école, Éditions Gallimard, 2007
Dans ce roman, Daniel Pennac parle de lui, du professeur qu'il est devenu, du romancier qu'il est, mais surtout de l'élève qu'il était.
– Pas de panique, dans vingt-six ans il possèdera parfaitement son alphabet.
Ainsi ironisait mon père pour distraire ses propres craintes. Bien des années plus tard, comme je redoublais ma terminale à la poursuite d'un baccalauréat qui m'échappait obstinément, il aura cette formule :
– Ne t'inquiète pas, même pour le bac on finit par acquérir des automatismes…
Ou, en septembre 1968, ma licence de lettres enfin en poche :
– Il t'aura fallu une révolution(1) pour la licence(2), doit-on craindre une guerre mondiale pour l'agrégation(3) ?
Cela dit sans méchanceté particulière. C'était notre forme de connivence(4). Nous avons assez vite choisi de sourire, mon père et moi.
Mais revenons à mes débuts. Dernier né d'une fratrie de quatre, j'étais un cas d'espèce. Mes parents n'avaient pas eu l'occasion de s'entraîner avec mes aînés, dont la scolarité, pour n'être pas exceptionnellement brillante, s'était déroulée sans heurt.
J'étais un objet de stupeur, et de stupeur constante car les années passaient sans apporter la moindre amélioration à mon état d'hébétude(5) scolaire. « Les bras m'en tombent », « Je n'en reviens pas », me sont des exclamations familières, associées à des regards d'adulte où je vois bien que mon incapacité à assimiler quoi que ce soit creuse un abîme d'incrédulité.
Apparemment, tout le monde comprenait plus vite que moi.
– Tu es complètement bouché !
Un après-midi de l'année du bac (une des années du bac), mon père me donnant un cours de trigonométrie(6) dans la pièce qui nous servait de bibliothèque, notre chien se coucha en douce sur le lit, derrière nous. Repéré, il fut sèchement viré.
– Dehors, le chien, dans ton fauteuil !
Cinq minutes plus tard, le chien était de nouveau sur le lit. Il avait juste pris le soin d'aller chercher la vieille couverture qui protégeait son fauteuil et de se coucher sur elle. Admiration générale, bien sûr, et justifiée : qu'un animal pût associer une interdiction à l'idée abstraite de propreté et en tirer la conclusion qu'il fallait faire son lit pour jouir de la compagnie des maîtres, chapeau, évidemment, un authentique raisonnement !
Ce fut un sujet de conversation familiale qui traversa les âges. Personnellement, j'en tirai l'enseignement que même le chien de la maison pigeait plus vite que moi. Je crois bien lui avoir murmuré à l'oreille :
– Demain, c'est toi qui vas au bahut, lèche-cul. »
Daniel Pennac, Chagrin d'école, Éditions Gallimard, 2007
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Il y a des gens si bêtes que si une idée apparaissait à la surface de leur cerveau, elle se suiciderait, terrifiée de solitude.
- User1981Niveau 2
Ernya, dans le film d'animation tiré de la BD Couleur de peau miel, tu trouveras des séquences sur la quête de l'identité, la recherche de l'image maternelle, le déracinement. Je pense aussi à Le livre de ma mère de Cohen ou à des extraits de Sartre dans Les Mots.
- ernyaFidèle du forum
Merci beaucoup pour vos réponses, vous m’aidez !
@zinzinule : l’extrait est parfait, merci beaucoup
@Maider: je ne connais ce film d’animation que de nom, je vais essayer de le trouver. Merci pour tes suggestions !
@zinzinule : l’extrait est parfait, merci beaucoup
@Maider: je ne connais ce film d’animation que de nom, je vais essayer de le trouver. Merci pour tes suggestions !
- ThalieGrand sage
zinzinule a écrit:De mon côté, j'aimerais trouver des textes où quelqu'un raconte le sentiment de honte éprouvé dans son enfance. Je vous remercie pour vos suggestions !
Dans Le premier Homme, Albert Camus évoque la honte d avoir volé quelques sous a sa grand mère.
- AdrenFidèle du forum
Bonjour Zinzinule,
l'extrait de La Promesse de l'aube dans lequel la mère annonce aux voisins que son fils sera célèbre peut peut-être te convenir, le voici :
Le narrateur revient en arrière sur ses jeunes années à Wilno (nom polonais de Vilnius), en Pologne. Il a huit ans et sa mère façonne des chapeaux qu’elle tente de vendre en faisant du porte à porte.
Nous avions des voisins et ces voisins n’aimaient pas ma mère. La petite bourgeoisie de Wilno n’avait rien à envier à celle d’ailleurs, et les allées et venues de cette étrangère avec ses valises et ses cartons, jugées mystérieuses et louches, eurent vite fait d’être signalées à la police polonaise, très soupçonneuse, à cette époque, à l’égard des Russes réfugiés. Ma mère fut accusée de recel d’objets volés. Elle n’eut aucune peine à confondre ses détracteurs, mais la honte, le chagrin, l’indignation, comme toujours, chez elle, prirent une forme violemment agressive. Après avoir sangloté quelques heures, parmi ses chapeaux bouleversés -les chapeaux de femme sont restés jusqu’à ce jour une de mes petites phobies- elle me prit par la main et, après m’avoir annoncé qu’ « ils ne savent pas à qui ils ont affaire », elle me traîna hors de l’appartement, dans l’escalier. Ce qui suivit fut pour moi un des moments les plus pénibles de mon existence -et j’en ai connu quelques-uns.
Ma mère allait de porte en porte, sonnant, frappant et invitant tous les locataires à sortir sur le palier. Les premières insultes à peine échangées -là, ma mère avait toujours et incontestablement le dessus- elle m’attira contre elle et, me désignant à l’assistance, elle annonça, hautement et fièrement, d’une voix qui retentit encore en ce moment à mes oreilles :
-Sales petites punaises bourgeoises ! Vous ne savez pas à qui vous avez l’honneur de parler ! Mon fils sera ambassadeur de France, chevalier de la Légion d’honneur, grand auteur dramatique, Ibsen, Gabriele d’Annunzio ! Il…
Elle chercha quelque chose de tout à fait écrasant, une démonstration suprême et définitive de réussite terrestre :
- Il s’habillera à Londres !
J’entends encore le bon gros rire des « punaises bourgeoises » à mes oreilles. Je rougis encore, en écrivant ces lignes. Je les entends clairement et je vois les visages moqueurs, haineux, méprisants -je les vois sans haine : ce sont des visages humains, on connaît ça. Il vaut peut-être mieux dire tout de suite, pour la clarté de ce récit, que je suis aujourd’hui Consul de France, compagnon de la Libération, officier de la Légion d’honneur et que si je ne suis devenu ni Ibsen, ni d’Annunzio , ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Et qu’on ne s’y trompe pas : je m’habille à Londres. J’ai horreur de la coupe anglaise, mais je n’ai pas le choix.
Je crois qu’aucun événement n’a joué un rôle plus important dans ma vie que cet éclat de rire qui vient se jeter sur moi, dans l’escalier d’un vieil immeuble de Wilno, au n°16 de la Grande-Pohulanka. Je lui dois ce que je suis : pour le meilleur comme pour le pire, ce rire est devenu moi.
Ma mère se tenait debout sous la bourrasque, la tête haute, me serrant contre elle. Il n’y avait en elle nulle trace de gêne ou d’humiliation. Elle savait.
Romain GARY, La Promesse de l’aube, 1960
l'extrait de La Promesse de l'aube dans lequel la mère annonce aux voisins que son fils sera célèbre peut peut-être te convenir, le voici :
Le narrateur revient en arrière sur ses jeunes années à Wilno (nom polonais de Vilnius), en Pologne. Il a huit ans et sa mère façonne des chapeaux qu’elle tente de vendre en faisant du porte à porte.
Nous avions des voisins et ces voisins n’aimaient pas ma mère. La petite bourgeoisie de Wilno n’avait rien à envier à celle d’ailleurs, et les allées et venues de cette étrangère avec ses valises et ses cartons, jugées mystérieuses et louches, eurent vite fait d’être signalées à la police polonaise, très soupçonneuse, à cette époque, à l’égard des Russes réfugiés. Ma mère fut accusée de recel d’objets volés. Elle n’eut aucune peine à confondre ses détracteurs, mais la honte, le chagrin, l’indignation, comme toujours, chez elle, prirent une forme violemment agressive. Après avoir sangloté quelques heures, parmi ses chapeaux bouleversés -les chapeaux de femme sont restés jusqu’à ce jour une de mes petites phobies- elle me prit par la main et, après m’avoir annoncé qu’ « ils ne savent pas à qui ils ont affaire », elle me traîna hors de l’appartement, dans l’escalier. Ce qui suivit fut pour moi un des moments les plus pénibles de mon existence -et j’en ai connu quelques-uns.
Ma mère allait de porte en porte, sonnant, frappant et invitant tous les locataires à sortir sur le palier. Les premières insultes à peine échangées -là, ma mère avait toujours et incontestablement le dessus- elle m’attira contre elle et, me désignant à l’assistance, elle annonça, hautement et fièrement, d’une voix qui retentit encore en ce moment à mes oreilles :
-Sales petites punaises bourgeoises ! Vous ne savez pas à qui vous avez l’honneur de parler ! Mon fils sera ambassadeur de France, chevalier de la Légion d’honneur, grand auteur dramatique, Ibsen, Gabriele d’Annunzio ! Il…
Elle chercha quelque chose de tout à fait écrasant, une démonstration suprême et définitive de réussite terrestre :
- Il s’habillera à Londres !
J’entends encore le bon gros rire des « punaises bourgeoises » à mes oreilles. Je rougis encore, en écrivant ces lignes. Je les entends clairement et je vois les visages moqueurs, haineux, méprisants -je les vois sans haine : ce sont des visages humains, on connaît ça. Il vaut peut-être mieux dire tout de suite, pour la clarté de ce récit, que je suis aujourd’hui Consul de France, compagnon de la Libération, officier de la Légion d’honneur et que si je ne suis devenu ni Ibsen, ni d’Annunzio , ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Et qu’on ne s’y trompe pas : je m’habille à Londres. J’ai horreur de la coupe anglaise, mais je n’ai pas le choix.
Je crois qu’aucun événement n’a joué un rôle plus important dans ma vie que cet éclat de rire qui vient se jeter sur moi, dans l’escalier d’un vieil immeuble de Wilno, au n°16 de la Grande-Pohulanka. Je lui dois ce que je suis : pour le meilleur comme pour le pire, ce rire est devenu moi.
Ma mère se tenait debout sous la bourrasque, la tête haute, me serrant contre elle. Il n’y avait en elle nulle trace de gêne ou d’humiliation. Elle savait.
Romain GARY, La Promesse de l’aube, 1960
- AdrenFidèle du forum
Cela peut peut-être aussi répondre à la demande d'Ernya, même si d'autres extraits du roman seraient peut-être plus appropriés,notamment celui où le narrateur découvre que sa mère lui ment et se prive de manger pour lui laisser le steack entier. C'est dans le chapitre II, mais je ne l'ai pas tapé.
- zinzinuleNiveau 8
Un grand merci aux collègues qui m'ont donné des idées pour des textes autobiographiques en lien avec le thème de la honte éprouvée dans l'enfance. D'autres idées peut-être pour ceux qui passeraient par là cet après-midi ?
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