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- LeclochardEmpereur
Reine Margot a écrit:C'est vrai, mais Manon a aussi une sorte d'innocence, de naïveté, elle ne connaît que le principe de plaisir mais n'est pas "vicieuse". Mais ça la conduit effectivement à se comporter comme ce que la société juge ainsi (et elle finit déportée pour ça)
+1. Manon est infidèle et sincère à la fois. Dire qu'elle est une s... c'est ne pas comprendre la complexité psychologique de l'héroïne.
- nitescenceÉrudit
Non, ce serait vrai si c'était un narrateur omniscient mais on est en focalisation interne : on n'a que le version de Des Grieux qui par définition est subjective. Il lui cherche des excuses et vous tombez avec lui dans le panneau. Vous n'avez pas le droit d'évacuer la focalisation interne : depuis quand à un procès se contente-t-on de la version de l'avocat ?
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- nitescenceÉrudit
Vous applatissez le texte si vous prenez pour argent comptant ce qu'il raconte
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- Tem-toGrand sage
Leclochard a écrit:Reine Margot a écrit:C'est vrai, mais Manon a aussi une sorte d'innocence, de naïveté, elle ne connaît que le principe de plaisir mais n'est pas "vicieuse". Mais ça la conduit effectivement à se comporter comme ce que la société juge ainsi (et elle finit déportée pour ça)
+1. Manon est infidèle et sincère à la fois. Dire qu'elle est une s... c'est ne pas comprendre la complexité psychologique de l'héroïne.
+2.
Je me souviens que l'esprit de ce qui est dit ci-dessus est présent au moins une fois sous la plume du narrateur et dans une focalisation omnisciente.
C'est à mon avis tomber dans le piège tendu par l'abbé Prévost que ne retenir que la focalisation interne de Des Grieux que rien ni personne, à part lui-même, ne l'oblige à s'enferrer dans ses relations avec Manon. Ce personnage féminin est très très en avance sur son temps qui n'était pas du tout mais alors pas du tout capable d'accepter qu'une femme, sans être pour autant vicieuse, soit dirigée par le principe du plaisir charnel.
Et aujourd'hui encore, peu de monde (et très peu d'homme) est capable de le comprendre sans avoir la tentation de se prononcer moralement, dans quelque sens que ce soit.
- nitescenceÉrudit
Le personnage de Manon est ambigu, mais il l'est dans le regard de Des Grieux :il n'y a pas à être d'accord ou pas, c'est un fait incontestable ! Et tout le reste n'est que littérature...
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- 0massilia0Niveau 6
Oui. C'est en effet dans ce sens que je la présente à mes élèves.
Je trouve que la complexité de cette oeuvre et de ses personnages en fait tout l'intérêt. De même que l'avis au lecteur qui en fait une oeuvre morale alors que bon... ce n'est pas L'abbé Prévost qui parle.... il est à la fois présent et absent de cet avis et c'est finalement au lecteur de décider de la moralité de l'oeuvre
Je trouve que la complexité de cette oeuvre et de ses personnages en fait tout l'intérêt. De même que l'avis au lecteur qui en fait une oeuvre morale alors que bon... ce n'est pas L'abbé Prévost qui parle.... il est à la fois présent et absent de cet avis et c'est finalement au lecteur de décider de la moralité de l'oeuvre
- Reine MargotDemi-dieu
L'homme de qualité qui raconte l'histoire de des Grieux et a rencontré Manon traînée en Amérique ne fait pas du tout d'elle le portrait d'une vulgaire prostituée.
"Parmi les douze filles qui étaient enchaînées six par six par le milieu du corps, il y en avait une dont l’air et la figure étaient si peu conformes à sa condition, qu’en tout autre état je l’eusse prise pour une personne du premier rang. Sa tristesse et la saleté de son linge et de ses habits l’enlaidissaient si peu que sa vue m’inspira du respect et de la pitié.
Elle tâchait néanmoins de se tourner, autant que sa chaîne pouvait le permettre, pour dérober son visage aux yeux des spectateurs. L’effort qu’elle faisait pour se cacher était si naturel, qu’il paraissait venir d’un sentiment de modestie."
Opinion du lieutenant qui la conduit: "Nous l’avons tirée de l’Hôpital, me dit-il,
par ordre de M. le lieutenant général de police. Il n’y a pas d’apparence qu’elle y eût été renfermée pour ses bonnes actions. Je l’ai interrogée plusieurs fois sur la route, elle s’obstine à ne me rien répondre. Mais, quoique je n’aie pas reçu ordre de la ménager plus que les autres, je ne laisse pas d’avoir quelques égards pour elle, parce qu’il me semble qu’elle vaut un peu mieux que ses compagnes"
Des Grieux n'est pas le seul à comprendre que Manon est bien plus qu'une simple "s..."
"Parmi les douze filles qui étaient enchaînées six par six par le milieu du corps, il y en avait une dont l’air et la figure étaient si peu conformes à sa condition, qu’en tout autre état je l’eusse prise pour une personne du premier rang. Sa tristesse et la saleté de son linge et de ses habits l’enlaidissaient si peu que sa vue m’inspira du respect et de la pitié.
Elle tâchait néanmoins de se tourner, autant que sa chaîne pouvait le permettre, pour dérober son visage aux yeux des spectateurs. L’effort qu’elle faisait pour se cacher était si naturel, qu’il paraissait venir d’un sentiment de modestie."
Opinion du lieutenant qui la conduit: "Nous l’avons tirée de l’Hôpital, me dit-il,
par ordre de M. le lieutenant général de police. Il n’y a pas d’apparence qu’elle y eût été renfermée pour ses bonnes actions. Je l’ai interrogée plusieurs fois sur la route, elle s’obstine à ne me rien répondre. Mais, quoique je n’aie pas reçu ordre de la ménager plus que les autres, je ne laisse pas d’avoir quelques égards pour elle, parce qu’il me semble qu’elle vaut un peu mieux que ses compagnes"
Des Grieux n'est pas le seul à comprendre que Manon est bien plus qu'une simple "s..."
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- nitescenceÉrudit
Tu oublies de relever les modalisateurs : il paraissait, elle me semblait... Ce n'est pas présenté comme assuré !
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- Reine MargotDemi-dieu
Mais il n'est pas question de vérité absolue, je veux simplement dire que Manon n'est jamais présentée comme une simple prostituée, quel que soit le point de vue adopté.
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- nitescenceÉrudit
C'est certain, mais c'est une *** en revanche. Et tout le discours de Des Grieux participe d'un processus d'idéalisation. Qui retrouve son épouse au lit avec son amant et la croit quand elle déclare : ce n'est pas ce que tu penses ? Honnêtement ?! Des Grieux est un pigeon !
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- IsidoriaDoyen
Attention, je n'ai pas dit que la Présidente incarnait la liberté! Je disais que c'était une femme qui n'était pas présentée comme une s... et qui était habitée de désirs au point de s'en laisser mourir. J'ai fait exprès de ne pas citer Madame de Merteuil qui au contraire à bien des égards pourrait être vue comme une s...
- Reine MargotDemi-dieu
nitescence a écrit:C'est certain, mais c'est une *** en revanche. Et tout le discours de Des Grieux participe d'un processus d'idéalisation. Qui retrouve son épouse au lit avec son amant et la croit quand elle déclare : ce n'est pas ce que tu penses ? Honnêtement ?! Des Grieux est un pigeon !
Je suis tout à fait d'accord pour l'idéalisation de des Grieux et le fait que Manon le manipule, simplement je crois que même en dehors de son point de vue le personnage est plus complexe que ça, et c'est justement ce qui en fait l'intérêt (pour reprendre les termes d'un autre débat).
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- 0massilia0Niveau 6
Bon mais vous avez remarqué quand même que ces femmes quand elles sont des êtres de désir finissent toujours très mal ? !
Couvent, maladie, solitude, mort.... sans oublier les jugements moraux sur leur conduite
Pas facile comme statut !
Couvent, maladie, solitude, mort.... sans oublier les jugements moraux sur leur conduite
Pas facile comme statut !
- nitescenceÉrudit
C'est un peu pareil pour les homos qui, jusqu'à très récemment, étaient marqués du sceau de l'infamie. La littérature a aussi un rôle normatif et épouse les préjugés de son époque...
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- LeclochardEmpereur
nitescence a écrit:C'est certain, mais c'est une *** en revanche. Et tout le discours de Des Grieux participe d'un processus d'idéalisation. Qui retrouve son épouse au lit avec son amant et la croit quand elle déclare : ce n'est pas ce que tu penses ? Honnêtement ?! Des Grieux est un pigeon !
Tu auras remarqué que malgré le point de vue interne, l'idéalisation dont tu parles, tu es parvenu à proposer un jugement. Tu accepteras donc que d'autres lecteurs, si modestes soient-ils, aient également réussi à dépasser le point de vue du narrateur amoureux pour proposer une analyse qui ne se résume pas en un mot.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- Tem-toGrand sage
0massilia0 a écrit:Bonjour,
j'ai une question !
Je cherche des textes dans lesquels la femme serait représentée, non pas comme un objet de désir, mais comme sujet de désir.
Et je rajoute une difficulté , j'aimerais qu'elle ne soit ni une prostituée, ni une "sainte" (= une femme sublimée qui forcément a renoncé à ses désirs)
Pourquoi cette recherche ?
En fait, en travaillant sur Manon Lescaut, j'ai bien vu que pour les élèves Manon est majoritairement appréhendée comme une grosse s... :shock:
Et donc, en y réfléchissant, je me suis dit que j'aimerais, pour une fois, sortir de ces représentations de la femme et trouver des textes qui montrent des femmes "désirantes" et positives, actives, sujet. Des femmes qui assument pleinement leurs désirs. Et vous savez quoi ? C'est très difficile à trouver ! Peut-être parce que les textes littéraires sont principalement le fait des hommes ?
Dans l'optique du sujet de départ de ce topic, il y a des personnages féminins chez Zola qui me semblent intéressants :
Clorinde Balbi (Son Excellence Eugène Rougon), Hélène Grandjean (Une Page d'amour), Denise Baudu (Au bonheur des Dames), Pauline Quenu (La Joie de vivre), Françoise Mouche (La Terre), Caroline Hamelin (L'Argent).
- Reine MargotDemi-dieu
Et puis il ne faut pas oublier la perception que l'ensemble des autres personnages ont de Manon, qui reflète également cette ambiguïté. Tous les autres personnages perçoivent en elle autre chose qu'une s...
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- Reine MargotDemi-dieu
Petitfils a écrit:0massilia0 a écrit:Bonjour,
j'ai une question !
Je cherche des textes dans lesquels la femme serait représentée, non pas comme un objet de désir, mais comme sujet de désir.
Et je rajoute une difficulté , j'aimerais qu'elle ne soit ni une prostituée, ni une "sainte" (= une femme sublimée qui forcément a renoncé à ses désirs)
Pourquoi cette recherche ?
En fait, en travaillant sur Manon Lescaut, j'ai bien vu que pour les élèves Manon est majoritairement appréhendée comme une grosse s... :shock:
Et donc, en y réfléchissant, je me suis dit que j'aimerais, pour une fois, sortir de ces représentations de la femme et trouver des textes qui montrent des femmes "désirantes" et positives, actives, sujet. Des femmes qui assument pleinement leurs désirs. Et vous savez quoi ? C'est très difficile à trouver ! Peut-être parce que les textes littéraires sont principalement le fait des hommes ?
Dans l'optique du sujet de départ de ce topic, il y a des personnages féminins chez Zola qui me semblent intéressants :
Clorinde Balbi (Son Excellence Eugène Rougon), Hélène Grandjean (Une Page d'amour), Denise Baudu (Au bonheur des Dames), Pauline Quenu (La Joie de vivre), Françoise Mouche (La Terre), Caroline Hamelin (L'Argent).
Thérèse Raquin :diable:
Nana
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- nitescenceÉrudit
Leclochard a écrit:nitescence a écrit:C'est certain, mais c'est une *** en revanche. Et tout le discours de Des Grieux participe d'un processus d'idéalisation. Qui retrouve son épouse au lit avec son amant et la croit quand elle déclare : ce n'est pas ce que tu penses ? Honnêtement ?! Des Grieux est un pigeon !
Tu auras remarqué que malgré le point de vue interne, l'idéalisation dont tu parles, tu es parvenu à proposer un jugement. Tu accepteras donc que d'autres lecteurs, si modestes soient-ils, aient également réussi à dépasser le point de vue du narrateur amoureux pour proposer une analyse qui ne se résume pas en un mot.
Mais mon analyse s'appuie sur des éléments littéraires : on ne peut pas prendre pour argent comptant le récit de Des Grieux et le texte comporte des procédés d'idéalisation (euphémisme etc.), alors que les autres analyses se fondent sur des éléments psychologique (ce qui est un non sens puisqu'un personnage est un être de papier, une construction littéraire) : qui dit focalisation interne dit forcément récit subjectif (qu'on le veuille ou non). Ca me semble beaucoup plus sûr que des arguties sur la psychologie de Manon : ça n'est un personnage ambigu que dans le regard de Des Grieux.
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- nitescenceÉrudit
Reine Margot a écrit:Et puis il ne faut pas oublier la perception que l'ensemble des autres personnages ont de Manon, qui reflète également cette ambiguïté. Tous les autres personnages perçoivent en elle autre chose qu'une s...
c'est sa rouerie : elle les ensorcèle, tout comme elle y réussit avec certains lecteurs inattentifs
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- SeiGrand Maître
Comme le titre l'indique, le roman de l'Abbé Prévost raconte L'histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, c'est-à-dire qu'il raconte la rencontre, le heurt, entre deux personnages types : d'une part un jeune homme riche, un être choyé, protégé, regrettant son enfance vertueuse, mais où il était facile d'être vertueux, un être vivant dans la passion pour Manon ; d'autre part une femme pragmatique, qui craint le besoin, car elle-même en a souffert, et qui agit en conséquence, ce qui n'empêche pas la possibilité d'un amour sincère. Contrairement à son amant, Manon ne vit pas une passion - et c'est peut-être cela qui fait douter de son amour, car c'est une représentation de l'amour dont nous n'avons pas l'habitude - elle est dans l’action. C'est elle qui emmène à sa suite Des Grieux, le conduit au voyage, le fait évoluer dans ses sentiments, lui fait découvrir des sentiments nouveaux, lui ouvre des horizons autres que ceux de l’honneur et la vertu. Ce n'est pas tant l'ambiguïté de Manon qui compte que la rencontre entre deux castes, et il n'est pas étonnant que cette rencontre mène les deux amants jusqu'à la terre nouvelle, l'Amérique, terre vierge. Mais alors, au moment où Manon accède enfin au même statut social que Des Grieux (qui renonce au sien, défiant son père et quittant le vieux monde, l'Europe), elle meurt. Et Des Grieux rentre en Europe et se réconcilie avec son père (la trajectoire de Des Grieux est double : lutte avec son père, représentant l'ordre social dont il est originaire/lutte avec Manon, qui le délocalise - sentimentalement, géographiquement, socialement). Il est ébranlé, néanmoins l'ordre social a vaincu sur la sincérité, même sur celle du passionné exemplaire que semblait être Des Grieux.
- Reine MargotDemi-dieu
nitescence a écrit:Reine Margot a écrit:Et puis il ne faut pas oublier la perception que l'ensemble des autres personnages ont de Manon, qui reflète également cette ambiguïté. Tous les autres personnages perçoivent en elle autre chose qu'une s...
c'est sa rouerie : elle les ensorcèle, tout comme elle y réussit avec certains lecteurs inattentifs
Mais justement c'est en quoi elle n'est pas seulement une s.... dans le texte, si on reste dans l'analyse littéraire et non dans le jugement du personnage, il faut reconnaître que le récit présente Manon comme un personnage ambigu, de par les points de vue des différents personnages (notamment Des Grieux). C'est justement en quoi elle est un personnage intéressant.
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- nitescenceÉrudit
Tu as tout à fait raison : sa passion aveugle Des Grieux qui idéalise Manon et lui trouve des excuses alors qu'elle se comporte avec lui plus comme un protecteur que comme un amant / amoureux.
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- Reine MargotDemi-dieu
nitescence a écrit:Tu as tout à fait raison : sa passion aveugle Des Grieux qui idéalise Manon et lui trouve des excuses alors qu'elle se comporte avec lui plus comme un protecteur que comme un amant / amoureux.
Mais là-dessus nous sommes d'accord; simplement je crois que ce serait aplatir le texte que de simplement le résumer en disant que Manon abuse de Des Grieux qui est un pigeon: le texte en fait bien plus que cela.
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La famille Bélier
- SeiGrand Maître
0massilia0, Mathilde de la Mole me semble être parfaitement conforme au personnage que tu recherches (ai-je déjà dit à quel point j'adorais Mathilde de la Mole ?)
Des extraits du Rouge en spoiler...
Des extraits du Rouge en spoiler...
- Mathilde de la Mole:
CHAPITRE XI : L’empire d’une jeune fille
C’était peut-être pour avoir des victimes un peu plus amusantes que ses grands-parents, que l’académicien et les cinq ou six autres subalternes qui leur faisaient la cour, qu’elle avait donné des espérances au Marquis de Croisenois, au Comte de Caylus et deux ou trois autres jeunes gens de la première distinction. Ils n’étaient pour elle que de nouveaux objets d’épigramme.
Nous avouerons avec peine, car nous aimons Mathilde, qu’elle avait reçu des lettres de plusieurs d’entre eux, et leur avait quelque fois répondu. Nous nous hâtons d’ajouter que ce personnage fait exception aux mœurs du siècle. Ce n’est pas en général le manque de prudence que l’on peut reprocher aux élèves du noble couvent du Sacré-Cœur.
Un jour, le Marquis de Croisenois rendit à Mathilde une lettre assez compromettante qu’elle lui avait écrite la veille. Il croyait par cette marque de haute prudence avancer beaucoup ses affaires. Mais c’était l’imprudence que Mathilde aimait dans ses correspondances. Son plaisir était de jouer son sort. Elle ne lui adressa pas la parole pendant six semaines.
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CHAPITRE XII : Serait-ce un Danton ?
« Le besoin d’anxiété, tel était le caractère de la belle Marguerite de Valois, ma tante, qui bientôt épousa le roi de Navarre, que nous voyons de présent régner en France sous le nom de Henri IV. Le besoin de jouer formait tout le secret du caractère de cette princesse aimable ; de là ses brouilles et ses raccommodements avec ses frères dès l’âge de seize ans. Or, que peut jouer une jeune fille ? Ce qu’elle a de plus précieux : sa réputation, la considération de toute sa vie. » Mémoires du DUC D’ANGOULEME fils naturel de Charles IX
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CHAPITRE XVII : Une vieille épée
1
Rien ne fut plaisant comme le dialogue de ces deux amants, sans s’en douter, ils étaient animés l’un contre l’autre des sentiments de la haine la plus vive. Comme ni l’un ni l’autre n’avaient le caractère endurant, que d’ailleurs ils avaient l’habitude de bonne compagnie, ils en furent bientôt à se déclarer nettement qu’ils se brouillaient à jamais.
2
Tout ce mouvement, fort lent sur la fin, dura bien une minute ; Mlle de la Mole le regardait étonnée. J’ai donc été sur le point d’être tuée par mon amant ! se disait-elle.
Cette idée la transportait dans les plus beaux temps du siècle de Charles X et de Henri III.
Elle était immobile devant Julien qui venait de replacer l’épée, elle le regardait avec des yeux où il n’y avait plus de haine. Il faut convenir qu’elle était bien séduisante en ce moment, certainement jamais femme n’avait moins ressemblé à une poupée parisienne (ce mot était la grande objection de Julien contre les femmes de ce pays).
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CHAPITRE XIX : L’Opéra Bouffe
De retour à la maison, quoi que pût dire Madame de la Mole, Mathilde prétendit avoir la fièvre, et passa une partie de la nuit à répéter cette cantilène sur son piano. Elle chantait les paroles de l’air célèbre qui l’avait charmée :
Devo punirmi, devo punirmi,
Se troppo amai, etc.
Le résultat de cette nuit de folie fut qu’elle crut être parvenue à triompher de son amour. (Cette page nuira de plus d’une façon au malheureux auteur. Les âmes glacées l’accuseront d’indécence. Il ne fait point l’injure aux jeunes personnes qui brillent dans les salons de Paris, de supposer qu’une seule d’entre elles soit susceptible des mouvements de folie qui dégradent le caractère de Mathilde. Ce personnage est tout à fait d’imagination, et même imaginé en dehors des habitudes sociales qui parmi tous les siècles assureront un rang si distingué à la civilisation du XIXe siècle.
Ce n’est point la prudence qui manque aux jeunes filles qui ont fait l’ornement des bals de cet hiver.
Je ne pense pas non plus que l’on puisse les accuser de mépriser une brillante fortune, des chevaux, de belles terres, et tout ce qui assure une position agréable dans le monde. Loin de ne voir que de l’ennui dans tous ces avantages, ils sont en général l’objet des désirs les plus constants et s’il y a passion dans les cœurs, elle est pour eux.
Ce n’est point l’amour non plus qui se charge de la fortune des jeunes gens doués de quelque talent comme Julien ; ils s’attachent d’une étreinte invincible à une coterie, et quand la coterie fait fortune, toutes les bonnes choses de la société pleuvent sur eux. Malheur à l’homme d’étude qui n’est d’aucune coterie, on lui reprochera jusqu’à de petits succès fort incertains et la haute vertu triomphera en le volant. Eh, Monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d’être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laissent l’eau croupir et le bourbier se former.
Maintenant qu’il est bien convenu que le caractère de Mathilde est impossible dans notre siècle, non moins prudent que vertueux, je crains moins d’irriter en continuant le récit des folies de cette aimable fille.)
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CHAPITRE XX : Le vase du Japon
Mathilde avait suivi le mouvement de sa mère, ravie de voir brisé ce vase bleu qui lui semblait horriblement laid. Julien était silencieux et point trop troublé ; il vit Mlle de la Mole tout près de lui.
- Ce vase, lui dit-il, est à jamais détruit, ainsi en est-il d’un sentiment qui fut autrefois le maître de mon cœur ; je vous prie d’agréer mes excuses de toutes les folies qu’il m’a fait faire ; et il sortit.
- On dirait en vérité, dit Mme de la Mole comme il s’en allait, que ce M. Sorel est fier et content de ce qu’il vient de faire.
Ce mot tomba directement sur le cœur de Mathilde.
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CHAPITTRE XXIX : L’ennui
1
Peu à peu on prit la douce habitude d’écrire presque tous les jours. Julien répondait par des copies fidèles des lettres russes, et, tel est l’avantage du style emphatique : Mme de Fervaques n’était point étonnée du peu de rapport des réponses avec ses lettres.
2
- Voilà ce que je ne puis souffrir, s’écria Mathilde en s’emparant de la lettre ; vous m’oubliez tout à fait, moi qui suis votre épouse. Votre conduite est affreuse, Monsieur.
A ces mots, son orgueil, étonné de l’effroyable inconvenance de sa démarche, la suffoqua ; elle fondit en larmes, et bientôt parut à Julien hors d’état de respirer.
3
La voilà donc, cette orgueilleuse, à mes pieds ! se dit Julien.
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CHAPITRE XXX : Une loge aux Bouffes
Il allait céder. Un mot imprudent , se dit-il, et je fais recommencer cette longue suite de journées passées dans le désespoir. Mme de Rênal trouvait des raisons pour faire ce que son cœur lui dictait : cette jeune fille du grand monde ne laisse son cœur s’émouvoir que lorsqu’elle s’est prouvé par bonnes raisons qu’il doit être ému.
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CHAPITRE XXXI : Lui faire peur
Voilà donc le beau miracle de votre civilisation ! De l’amour vous avez fait une affaire ordinaire. BARNAVE
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CHAPITRE XXXII : Le tigre
1
- Je veux écrire à mon père, lui dit un jour Mathilde ; c'est plus qu’un père pour moi ; c'est un ami : comme tel je trouverais indigne de vous et de moi de chercher à le tromper, ne fût-ce qu’un instant.
- Grand Dieu ! Qu’allez-vous faire ? dit Julien effrayé.
- Mon devoir, répondit-elle avec des yeux brillants de joie.
Elle se trouvait plus magnanime que son amant.
- Mais il me chassera avec ignominie !
- C’est son droit, il faut le respecter. Je vous donnerai le bras et nous sortirons par la porte cochère, en plein midi.
Julien, étonné, la pria de différer d’une semaine.
- Je ne puis, répondit-elle, l’honneur parle, j’ai vu le devoir, il faut le suivre, et à l’instant.
__________________
2
Le mardi fatal arriva. A minuit, en rentrant, le marquis trouva une lettre avec l’adresse qu’il fallait pour qu’il l’ouvrit lui-même, et seulement quand il serait sans témoins.
« MON PERE,
« Tous les liens sociaux sont rompus entre nous, il ne reste plus que ceux de la nature. Après mon mari, vous être et serez toujours l’être qui me sera le plus cher. Mes yeux se remplissent de larmes, je songe à la peine que je vous cause, mais pour que ma honte ne soit pas publique, pour vous laisser le temps de délibérer et d’agir, je n’ai pu différer plus longtemps l’aveu que je vous dois. Si votre amitié, que je sais être extrême pour moi, veut m’accorder une petite pension, j’irai m’établir où vous voudrez, en Suisse, par exemple, avec mon mari. Son nom est tellement obscur, que personne ne reconnaîtra votre fille dans Mme Sorel, belle-fille d’un charpentier de Verrières. Voilà ce nom qui m’a fait tant de peine à écrire. Je redoute pour Julien votre colère, si juste en apparence. Je ne serai pas duchesse, mon père ; mais je le savais en l’aimant ; car c'est moi qui l’ai aimé la première, c'est moi qui l’ai séduit. Je tiens de vous une âme trop élevée pour arrêter mon attention à ce qui est ou me semble vulgaire. C’est en vain que dans le dessein de vous plaire j’ai songé à M. de Croisenois. Pourquoi aviez-vous placé le vrai mérite sous mes yeux ? Vous me l’avez dit vous-même à mon retour d’Hyères : ce jeune Sorel est le seul être qui m’amuse ; le pauvre garçon est aussi affligé que moi, s’il est possible, de la peine que vous fait cette lettre. Je ne puis éviter que vous ne soyez irrité comme père ; mais aimez-moi toujours comme ami.
« Julien me respectait. S’il me parlait quelquefois, c'était uniquement à cause de sa profonde reconnaissance pour vous : car la hauteur naturelle de son caractère le porte à ne jamais répondre qu’officiellement à tout ce qui est tellement au-dessus de lui. Il a un sentiment vif et inné de la différence des positions sociales. C’est moi, je l’avoue, en rougissant, à mon meilleur ami, et jamais un tel aveu sera fait à un autre, c'est moi qui un jour au jardin lui ai serré le bras.
« Après vingt-quatre heures, pourquoi seriez-vous irrité contre lui ? ma faute est irréparable. Si vous l’exigez, c'est par moi que passeront les assurances de son profond respect et de son désespoir de vous déplaire. Vous ne le verrez point ; mais j’irai le rejoindre où il voudra. C’est son droit, c'est mon devoir, il est le père de mon enfant. Si votre bonté veut bien nous accorder six mille francs pour vivre, je les recevrai avec reconnaissance : sinon Julien compte s’établir à Besançon où il commencera le métier de maître de latin et de littérature. De quelque bas degré qu’il parte, j’ai la certitude qu’il s’élèvera. Avec lui je ne crains pas l’obscurité. S’il y a révolution, je suis sûre pour lui d’un premier rôle. Pourriez-vous en dire autant d’aucun de ceux qui ont demandé ma main ? Ils en ont de belles terres ! Je ne puis trouver dans cette seule circonstance une raison pour admirer. Mon Julien atteindrait une haute position même sous le régime actuel, s’il avait un million et la protection de mon père… »
Mathilde, qui savait que le marquis était un homme tout de premier mouvement, avait écrit huit pages.
- Que faire, se disait Julien pendant que M. de la mole lisait cette lettre ; où est 1° mon devoir, 2° mon intérêt ? Ce que je lui dois est immense : j’eusse été sans lui un coquin subalterne, et pas assez coquin pour n’être pas haï et persécuté par les autres. Il m’a fait un homme du monde. Mes coquineries nécessaires seront 1° plus rares, 2° moins ignobles. Cela est plus que s’il m’eût donné un million. Je lui dois cette croix et l’apparence de services diplomatiques qui me tirent du pair.
S’il tenait ma plume, pour prescrire ma conduite, qu’est-ce qu’il écrirait ?...
Julien fut brusquement interrompu par le vieux valet de chambre de M. de la Mole.
- Le Marquis vous demande à l’instant, vêtu ou non vêtu.
Le valet ajouta à voix basse en marchant à côté de Julien :
- Il est hors de lui, prenez garde à vous.
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CHAPITRE XXXIV : Un homme d’esprit
- Je ne veux point savoir où est cet homme, lui dit un jour le Marquis. Envoyez-lui cette lettre. Mathilde lut :
« Les terres de Languedoc rendent 20 600 francs. Je donne 10 600 francs à ma fille, et 10 000 francs à Monsieur Julien Sorel. Je donne les terres mêmes, bien entendu. Dites au notaire de dresser deux actes de donation séparés et de me les apporter demain ; après quoi, plus de relation entre nous. Ah ! Monsieur, devais-je m’attendre à tout ceci ?
« Le marquis de LA MOLE »
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CHAPITRE XXXIX : L’intrigue
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Exaltée par un sentiment dont elle était fière et qui l’emportait sur tout son orgueil, elle eût voulu ne pas laisser passer un instant de sa vie sans le remplir par quelque démarche extraordinaire. Les projets les plus étranges, les plus périlleux pour elle remplissaient ses longs entretiens avec Julien. Les geôliers, bien payés, la laissaient régner dans la prison. Les idées de Mathilde ne se bornaient pas au sacrifice de sa réputation ; peu lui importait de faire connaître son état à toute la société. Se jeter à genoux pour demander la grâce de Julien, devant la voiture du roi allant au galop, attirer l’attention du prince, au risque de se faire mille fois écraser, était une des moindres chimères que rêvait cette imagination exaltée et courageuse. Par ses amis employés auprès du roi, elle était sûre d’être admise dans les parties réservées du parc de Saint-Cloud.
Julien se trouvait peu digne de tant de dévouement, à vrai dire il était fatigué d’héroïsme. C’eût été à une tendresse simple, naïve et presque timide, qu’il se fût trouvé sensible, tandis qu’au contraire, il fallait toujours l’idée d’un public et des autres à l’âme hautaine de Mathilde.
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Ces dispositions qui s’accroissaient rapidement furent en partie devinées par la jalousie de Mathilde. Elle s’apercevait fort clairement qu’elle avait à lutter contre l’amour de la solitude. Quelquefois, elle prononçait avec terreur le nom de Mme de Rênal. Elle voyait frémir Julien. Sa passion n’eut désormais ni bornes, ni mesure.
S’il meurt, je meurs après lui, se disait-elle avec toute la bonne foi possible. Que diraient les salons de Paris en voyant une fille de mon rang adorer à ce point un amant destiné à la mort ? Pour trouver de tels sentiments, il faut remonter au temps des héros ; c'était des amours de ce genre qui faisaient palpiter les cœurs du siècle de Charles IX et de Henri III.
Au milieu des transports les plus vifs, quand elle serrait contre son cœur la tête de Julien : Quoi ! se disait-elle avec horreur, cette tête charmante serait destinée à tomber ! Eh bien ! ajoutait-elle enflammée d’un héroïsme qui n’était pas sans bonheur, mes lèvres, qui se pressent contre ces jolis cheveux, seront glacées moins de vingt-quatre heures après.
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- Il faut convenir, chère amie,que les passions sont un accident dans la vie, mais cet accident ne se rencontre que chez les âmes supérieures… La mort de mon fils serait au fond un bonheur pour l’orgueil de votre famille, c'est ce que devineront les subalternes. La négligence sera le lot de cet enfant du malheur et de la honte… J’espère qu’à une époque que je ne veux point fixer, mais que pourtant mon courage entrevoit, vous obéirez à mes dernières recommandations : Vous épouserez M. le Marquis de Croisenois.
- Quoi, déshonorée !
- Le déshonneur ne pourra prendre sur un nom tel que le vôtre. Vous serez une veuve et la veuve d’un fou, voilà tout. J’irai plus loin : mon crime n’ayant point l’argent pour moteur ne sera point déshonorant. Peut-être à cette époque, quelque législateur philosophe aura obtenu, des préjugés de ses contemporains, la suppression de la peine de mort. Alors, quelque voix amie dira comme un exemple : Tenez, le premier époux de Mme de la Mole était un fou, mais non pas un méchant homme, un scélérat. Il fut absurde de faire tomber cette tête… Alors ma mémoire ne sera point infâme ; du moins après un certain temps… Votre position dans le monde, votre fortune, et, permettez-moi de le dire, votre génie, feront jouer à M. de Croisenois, devenu votre époux, un rôle auquel tout seul il ne saurait atteindre. Il n’a que de la naissance et de la bravoure, et ces qualités toutes seules, qui faisaient un homme accompli en 1929, sont un anachronisme un siècle plus tard, et ne donnent que des prétentions. Il faut encore d’autres choses pour se placer à la tête de la jeunesse française.
Vous porterez le secours d’un caractère ferme et entreprenant au parti politique où vous jetterez votre époux. Vous pourrez succéder aux Chevreuse et aux Longueville de la Fronde… Mais alors, chère amie, le feu céleste qui vous anime en ce moment sera un peu attiédi.
Permettez-moi de vous le dire, ajouta-t-il après beaucoup d’autres phrases préparatoires, dans quinze ans vous regarderez comme une folie excusable, mais pourtant comme une folie, l’amour que vous avez eu pour moi…
Il s’arrêta tout à coup et devint rêveur. Il se trouvait à nouveau vis-à-vis de cette idée si choquante pour Mathilde : dans quinze ans Mme de Rênal adorera mon fils, et vous l’aurez oublié.
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Mathilde suivit son amant jusqu’au tombeau qu’il s’était choisi. Un grand nombre de prêtres escortait la bière et, à l’insu de tous, seule dans sa voiture drapée, elle porta sur ses genoux la tête de l’homme qu’elle avait tant aimé.
- nitescenceÉrudit
Reine Margot a écrit:nitescence a écrit:Tu as tout à fait raison : sa passion aveugle Des Grieux qui idéalise Manon et lui trouve des excuses alors qu'elle se comporte avec lui plus comme un protecteur que comme un amant / amoureux.
Mais là-dessus nous sommes d'accord; simplement je crois que ce serait aplatir le texte que de simplement le résumer en disant que Manon abuse de Des Grieux qui est un pigeon: le texte en fait bien plus que cela.
quand on idéalise une femme qui vous trompe, j'appelle ça être un pigeon
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
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