- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
J'essaie d'être synthétique, ce qui n'est pas mon fort. Je suis un vilain réactionnaire. Convaincu comme beaucoup ici que l'école républicaine va de mal en pis. Malgré tout, dans mon petit collège de REP, j'ai pendant longtemps éprouvé beaucoup de plaisir à exercer mon métier de prof de français et de latin : c'est que j'avais mon idée de ce qui pouvait être utile à mes élèves, et si l'ampleur de la tâche me paraissait parfois insurmontable, le rôle qui était le mien m'apparaissait clairement.
Nombre d'élèves arrivent en sixième sans bien savoir ce qu'est le sujet d'un verbe, sans donner de sens à un signe de ponctuation, sans percevoir que le fait d'écrire quelque chose sur la feuille d'un devoir est un acte de communication : ce n'est pas nouveau. M'attaquer à cela, c'était mon boulot, et même si les succès sont dans ce métier toujours relatifs, je n'avais pas à chercher le sens de ce que je faisais chaque jour. On vous faisait encore un compliment en vous disant que vous étiez exigeant.
Aujourd'hui, c'est différent. Le manque de connaissances, d'automatismes est devenu si grand que je me demande quel sens cela peut-il encore avoir de s'acharner à enseigner ce que les élèves ne sont plus déterminés à maîtriser, à comprendre. Un exemple banal : je viens de prendre un bide avec le complément d'objet, en troisième. C'est typiquement le genre de point que j'ai toujours pris plaisir à aborder. Rien de plus poussiéreux pourtant que le COD et le COI, que les gamins sont censés avoir vu un paquet de fois, et dont ils ne maîtrisent pas l'analyse. Alors on se met en route, on démonte la mécanique, on essaie de redonner un sens aux étiquettes grammaticales et de mettre sous les nez une évidence : on ne fait rien d'autre que d'essayer de comprendre le fonctionnement élémentaire d'un langage que l'on utilise tous les jours. Un cours "sympa". Et finalement, la petite évaluation est un carnage : mes élèves, actifs en cours, semblant comprendre, participant, sont incapables de se débrouiller tout seuls deux jours plus tard devant leur copie. Cette frustration de ne pas avoir pu faire autant qu'on l'aurait voulu n'est pas nouvelle, mais aujourd'hui l'ampleur de l'échec devient telle que je me demande vraiment s'il peut y avoir un profit réel à s'acharner. C'est que mes collègues modernistes passent très peu de temps à enseigner la grammaire, même la plus élémentaire. C'est que les écoles REP du secteur sont très novatrices (on est toujours plus novateur là où l'enseignement traditionnel est le plus en échec). Et finalement, enseigner le complément d'objet à des élèves de 13 ou 14 ans, quand ils ne l'ont survolé que trois fois trente minutes dans leur scolarité, qu'ils ne savent toujours pas identifier un passé composé et ne distinguent toujours pas nature et fonction quel que soit le temps passé au bloc, qu'ils n'ont au mieux qu'une vague idée sur pas grand chose, est-ce plus pertinent que d'essayer de boucher une plaie ouverte avec de la pommade ?
On lit souvent des enseignants disant que, réforme ou pas, ils continueront à faire ce en quoi ils croient, à pratiquer un enseignement visant à asseoir des bases, dont ils ont éprouvé la valeur. Mais puisqu'il n'y a plus de consensus sur ce qu'il faut enseigner, et qu'on achève de faire voler en éclats l'enseignement dit traditionnel, c'est toute la continuité nécessaire à des apprentissages solides qui explose, et qui rend par là même inopérants les apprentissages classiques pour un nombre toujours plus grand d'élèves. Ainsi, le moderne aura finalement eu raison de l'ancien, quand la sape du premier aura rendu largement inefficace l'enseignement du second.
Liberté pédagogique, dans sa classe ? Peut-être bien, à peu près comme un Robinson sur son île à l'heure du réchauffement climatique et de la montée des eaux.
Et le latin... Mais bordel ! Je ne supporte plus de devoir expliquer quelle utilité il pouvait bien avoir, justement dans une école déliquescente, justement avec des gosses de REP. J'attends la baisse des dotations et l'année où le recrutement sera plus faible, pour qu'on m'explique que les heures seront plus justement réinvesties ailleurs. Évidemment.
Je n'ai en réalité plus aucune idée aujourd'hui de ce que je vais essayer d'enseigner ces prochaines années. Je ne sais plus vraiment aujourd'hui ce que que l'on peut réellement mettre en acte pour résister. Et ça fait drôle.
Nombre d'élèves arrivent en sixième sans bien savoir ce qu'est le sujet d'un verbe, sans donner de sens à un signe de ponctuation, sans percevoir que le fait d'écrire quelque chose sur la feuille d'un devoir est un acte de communication : ce n'est pas nouveau. M'attaquer à cela, c'était mon boulot, et même si les succès sont dans ce métier toujours relatifs, je n'avais pas à chercher le sens de ce que je faisais chaque jour. On vous faisait encore un compliment en vous disant que vous étiez exigeant.
Aujourd'hui, c'est différent. Le manque de connaissances, d'automatismes est devenu si grand que je me demande quel sens cela peut-il encore avoir de s'acharner à enseigner ce que les élèves ne sont plus déterminés à maîtriser, à comprendre. Un exemple banal : je viens de prendre un bide avec le complément d'objet, en troisième. C'est typiquement le genre de point que j'ai toujours pris plaisir à aborder. Rien de plus poussiéreux pourtant que le COD et le COI, que les gamins sont censés avoir vu un paquet de fois, et dont ils ne maîtrisent pas l'analyse. Alors on se met en route, on démonte la mécanique, on essaie de redonner un sens aux étiquettes grammaticales et de mettre sous les nez une évidence : on ne fait rien d'autre que d'essayer de comprendre le fonctionnement élémentaire d'un langage que l'on utilise tous les jours. Un cours "sympa". Et finalement, la petite évaluation est un carnage : mes élèves, actifs en cours, semblant comprendre, participant, sont incapables de se débrouiller tout seuls deux jours plus tard devant leur copie. Cette frustration de ne pas avoir pu faire autant qu'on l'aurait voulu n'est pas nouvelle, mais aujourd'hui l'ampleur de l'échec devient telle que je me demande vraiment s'il peut y avoir un profit réel à s'acharner. C'est que mes collègues modernistes passent très peu de temps à enseigner la grammaire, même la plus élémentaire. C'est que les écoles REP du secteur sont très novatrices (on est toujours plus novateur là où l'enseignement traditionnel est le plus en échec). Et finalement, enseigner le complément d'objet à des élèves de 13 ou 14 ans, quand ils ne l'ont survolé que trois fois trente minutes dans leur scolarité, qu'ils ne savent toujours pas identifier un passé composé et ne distinguent toujours pas nature et fonction quel que soit le temps passé au bloc, qu'ils n'ont au mieux qu'une vague idée sur pas grand chose, est-ce plus pertinent que d'essayer de boucher une plaie ouverte avec de la pommade ?
On lit souvent des enseignants disant que, réforme ou pas, ils continueront à faire ce en quoi ils croient, à pratiquer un enseignement visant à asseoir des bases, dont ils ont éprouvé la valeur. Mais puisqu'il n'y a plus de consensus sur ce qu'il faut enseigner, et qu'on achève de faire voler en éclats l'enseignement dit traditionnel, c'est toute la continuité nécessaire à des apprentissages solides qui explose, et qui rend par là même inopérants les apprentissages classiques pour un nombre toujours plus grand d'élèves. Ainsi, le moderne aura finalement eu raison de l'ancien, quand la sape du premier aura rendu largement inefficace l'enseignement du second.
Liberté pédagogique, dans sa classe ? Peut-être bien, à peu près comme un Robinson sur son île à l'heure du réchauffement climatique et de la montée des eaux.
Et le latin... Mais bordel ! Je ne supporte plus de devoir expliquer quelle utilité il pouvait bien avoir, justement dans une école déliquescente, justement avec des gosses de REP. J'attends la baisse des dotations et l'année où le recrutement sera plus faible, pour qu'on m'explique que les heures seront plus justement réinvesties ailleurs. Évidemment.
Je n'ai en réalité plus aucune idée aujourd'hui de ce que je vais essayer d'enseigner ces prochaines années. Je ne sais plus vraiment aujourd'hui ce que que l'on peut réellement mettre en acte pour résister. Et ça fait drôle.
- OsmieSage
Merci pour ce beau texte. Je souscris à ta réflexion ; tu poses de vraies questions. Comme toi, je compte continuer à faire mon métier, professeur de lettres, et non un autre qui serait animateur. Comme toi, je ne sais pas comment faire dans la mesure où le démantèlement des apprentissages est voulu, pensé, organisé. Des élèves arrivent en 6e sachant à peine lire, et je ne jette pas la pierre aux PE qui obéissent aux injonctions hallucinantes de leur IEN. Je ne jette pas non plus la pierre aux collègues qui délaissent joyeusement l'étude de la langue, car on le leur demande. Je ne jette pas la pierre à ceux qui se lancent dans des EPI consternants, car on le leur demande. Je regrette seulement leur manque de réflexion critique, leur absence de résistance face à la mise à mal des disciplines. Je jette la pierre à ceux qui ont pensé cette école médiocre, inégalitaire, cette école du renoncement.
Et dans tout cette gadoue, j'ignore aussi comment enseigner à l'avenir. Ton image de l'île cernée par les eaux montantes est juste.
Il suffirait d'un changement de volonté politique, mais ce n'est pas la direction que l'on prend. C'est très moche.
Je vais regarder Idiocratie ce soir, tiens.
Et dans tout cette gadoue, j'ignore aussi comment enseigner à l'avenir. Ton image de l'île cernée par les eaux montantes est juste.
Il suffirait d'un changement de volonté politique, mais ce n'est pas la direction que l'on prend. C'est très moche.
Je vais regarder Idiocratie ce soir, tiens.
- maduNiveau 8
En ce moment le découragement me gagne sévèrement : entre les élèves qui semblent imperméables à tout apprentissage et les collègues qui ont peur de se faire gronder - j'infantilise volontairement - par le cde ou l'inspecteur si la réforme n'est pas appliquée à la lettre "tu comprends, on nous oblige à travailler en équipe/faire des epi/évaluer des compétences...", je trouve qu'il faut chercher bien loin la volonté de continuer...
Pour l'année prochaine, une chose est sûre : de la grammaire, toujours plus, avec l'espoir qu'il en reste quelque chose...
Pour l'année prochaine, une chose est sûre : de la grammaire, toujours plus, avec l'espoir qu'il en reste quelque chose...
- Ventre-Saint-GrisNiveau 10
Osmie a écrit:Je vais regarder Idiocratie ce soir, tiens.
Je suis allé regarder la bande annonce. J'ai l'impression de faire encore du super boulot, du coup.
[résolu]
- DinaaaExpert spécialisé
Ce qu'on va faire ? Bonne question !
Et surtout, avec quels moyens ?
L'année prochaine, nous aurons 3h30 par semaine en 6e, et 1h d'AP fourre-tout (pardon, "groupes de besoins").
Il y a quelques années (2008-2009 en fait), j'avais 6h classe entière en 6e (un choix d'établissement, certes non appliqué partout, mais possible).
Alors bon, que faire ?
J'aurais tendance à dire qu'il faudra être exigent sur la maîtrise de la langue, parce que la littérature sans maîtrise de la langue n'a aucun sens, alors que l'inverse me semble moins vrai au collège. Mais quel crève-coeur de devoir choisir !
Et surtout, avec quels moyens ?
L'année prochaine, nous aurons 3h30 par semaine en 6e, et 1h d'AP fourre-tout (pardon, "groupes de besoins").
Il y a quelques années (2008-2009 en fait), j'avais 6h classe entière en 6e (un choix d'établissement, certes non appliqué partout, mais possible).
Alors bon, que faire ?
J'aurais tendance à dire qu'il faudra être exigent sur la maîtrise de la langue, parce que la littérature sans maîtrise de la langue n'a aucun sens, alors que l'inverse me semble moins vrai au collège. Mais quel crève-coeur de devoir choisir !
- dryadeNiveau 8
Ventre-Saint-Gris a dit :
« je viens de prendre un bide avec le complément d'objet » : normal, vu ton pseudo… et attention aux ballonnements !
Le constat est terrible et les perspectives sont encore plus sombres. La majorité de mes élèves ne sait pas déchiffrer, et pour ce qui est de comprendre, il faut passer un temps considérable à définir les mots qu’ils ne connaissent pas. Quant à l’analyse et à la réflexion…
Les programmes actuels contiennent beaucoup de points de grammaire, mais les inspecteurs nous ont sermonnés car nous faisons « trop de langue ».
Les prochains programmes sont tout aussi ambitieux, on peut lire « maîtrise de » partout, mais il faudra faire semblant, étant donné les bides qu’on se prend en permanence.
On nous empêche de faire notre travail et on nous culpabilise de ne pas y arriver.
C’est une torture qui dure depuis bien longtemps, et qui augmente d’année en année.
Il nous reste au moins deux choses pour résister : les élèves, et la grammaire.
Grammaire, grammaire, grammaire…
Vocabulaire, vocabulaire, vocabulaire…
(mantras à répéter tous les jours)
« je viens de prendre un bide avec le complément d'objet » : normal, vu ton pseudo… et attention aux ballonnements !
Le constat est terrible et les perspectives sont encore plus sombres. La majorité de mes élèves ne sait pas déchiffrer, et pour ce qui est de comprendre, il faut passer un temps considérable à définir les mots qu’ils ne connaissent pas. Quant à l’analyse et à la réflexion…
Les programmes actuels contiennent beaucoup de points de grammaire, mais les inspecteurs nous ont sermonnés car nous faisons « trop de langue ».
Les prochains programmes sont tout aussi ambitieux, on peut lire « maîtrise de » partout, mais il faudra faire semblant, étant donné les bides qu’on se prend en permanence.
On nous empêche de faire notre travail et on nous culpabilise de ne pas y arriver.
C’est une torture qui dure depuis bien longtemps, et qui augmente d’année en année.
Il nous reste au moins deux choses pour résister : les élèves, et la grammaire.
Grammaire, grammaire, grammaire…
Vocabulaire, vocabulaire, vocabulaire…
(mantras à répéter tous les jours)
- Agrippina furiosaFidèle du forum
"On nous empêche de faire notre travail et on nous culpabilise de ne pas y arriver" ...
Merci, Dryade, pour cette maxime du pauv' prof du XXème siècle : c'est désespérant mais c'est exactement ça ... Au fait, vous aussi vous avez une poussée de boutons dès la première syllabe du célébrissime "Bienveillance" ?? Et je ne vous parle même pas du non moins cultissime, car réformissime, "s'emparer de" ???
Mais pour l'année prochaine : grammaire, conjugaison, vocabulaire et étymologie à tous les étages, tout le temps, sur tout !! Et non à la garderie ou au centre de loisirs ... en bonne vieille prof totalement rétrograde ... et encore assez fière de l'être !!
Merci, Dryade, pour cette maxime du pauv' prof du XXème siècle : c'est désespérant mais c'est exactement ça ... Au fait, vous aussi vous avez une poussée de boutons dès la première syllabe du célébrissime "Bienveillance" ?? Et je ne vous parle même pas du non moins cultissime, car réformissime, "s'emparer de" ???
Mais pour l'année prochaine : grammaire, conjugaison, vocabulaire et étymologie à tous les étages, tout le temps, sur tout !! Et non à la garderie ou au centre de loisirs ... en bonne vieille prof totalement rétrograde ... et encore assez fière de l'être !!
- stanleymilgramNiveau 9
D'accord avec VSG, hélas.
Peu de bases, déjà.
Le passé simple disparaît.
L'analyse logique meurt par étouffement .
Comment finir un puzzle de 500 pièces avec 6 pièces seulement...
C'est déjà peu possible. Ca va devenir infaisable.
Peu de bases, déjà.
Le passé simple disparaît.
L'analyse logique meurt par étouffement .
Comment finir un puzzle de 500 pièces avec 6 pièces seulement...
C'est déjà peu possible. Ca va devenir infaisable.
- Tatane78Niveau 4
Personnellement, je vais recentrer totalement mon enseignement sur les compétences. Tant pis pour certaines connaissances.
Il est nécessaire qu'en sortant du collège un élève sache:
- comprendre un texte simple.
- lire fluidement à haute voix en ayant compris ce qu'il a lu.
- écrire un texte organisé.
- argumenter sur un sujet.
- respecter les règles de base de la langue française (les temps, les accords)
- posséder un vocabulaire enrichi.
En revanche, il me semble plutôt inutile de savoir distinguer une relative d'une complétive ou d'identifier la fonction attribut du COD...
Pour ce qui est de la culture littéraire, il s'agit surtout de se recentrer sur quelques notions fondamentales. En 6eme par exemple:
- identifier un conte, une fable, une scène de théâtre, un poème, un texte religieux.
- connaître Ulysse, Adam et Ève ou le Petit Chaperon Rouge...
Le décalage entre le niveau attendu (ou plutôt espéré) est tel que ça en devient ridicule...
Et j'ai plus que jamais l'impression que les programmes sont conçus par des professeurs d'université qui perçoivent les élèves comme de potentiels étudiants de lettres, ce qu'ils ne seront évidemment pas pour l'immense majorité d'entre eux...
Il est nécessaire qu'en sortant du collège un élève sache:
- comprendre un texte simple.
- lire fluidement à haute voix en ayant compris ce qu'il a lu.
- écrire un texte organisé.
- argumenter sur un sujet.
- respecter les règles de base de la langue française (les temps, les accords)
- posséder un vocabulaire enrichi.
En revanche, il me semble plutôt inutile de savoir distinguer une relative d'une complétive ou d'identifier la fonction attribut du COD...
Pour ce qui est de la culture littéraire, il s'agit surtout de se recentrer sur quelques notions fondamentales. En 6eme par exemple:
- identifier un conte, une fable, une scène de théâtre, un poème, un texte religieux.
- connaître Ulysse, Adam et Ève ou le Petit Chaperon Rouge...
Le décalage entre le niveau attendu (ou plutôt espéré) est tel que ça en devient ridicule...
Et j'ai plus que jamais l'impression que les programmes sont conçus par des professeurs d'université qui perçoivent les élèves comme de potentiels étudiants de lettres, ce qu'ils ne seront évidemment pas pour l'immense majorité d'entre eux...
- User21929Expert
Tatane78 a écrit:Personnellement, je vais recentrer totalement mon enseignement sur les compétences. Tant pis pour certaines connaissances.
Il est nécessaire qu'en sortant du collège un élève sache:
- comprendre un texte simple.
- lire fluidement à haute voix en ayant compris ce qu'il a lu.
- écrire un texte organisé.
- argumenter sur un sujet.
- respecter les règles de base de la langue française (les temps, les accords)
- posséder un vocabulaire enrichi.
En revanche, il me semble plutôt inutile de savoir distinguer une relative d'une complétive ou d'identifier la fonction attribut du COD...
Pour ce qui est de la culture littéraire, il s'agit surtout de se recentrer sur quelques notions fondamentales. En 6eme par exemple:
- identifier un conte, une fable, une scène de théâtre, un poème, un texte religieux.
- connaître Ulysse, Adam et Ève ou le Petit Chaperon Rouge...
Le décalage entre le niveau attendu (ou plutôt espéré) est tel que ça en devient ridicule...
Et j'ai plus que jamais l'impression que les programmes sont conçus par des professeurs d'université qui perçoivent les élèves comme de potentiels étudiants de lettres, ce qu'ils ne seront évidemment pas pour l'immense majorité d'entre eux...
Compétences sans connaissance, pas possible !
- Tatane78Niveau 4
Certes, mais je n'ai pas dit qu'il fallait supprimer les connaissances (!!!)
- A TuinVénérable
Si l'enfant eut faire du latin, ou même pour ponctuer sa phrase ou écrire correctement son verbe ou participe passé, cela peut être important. Ce qui est désolant, c'est que c'est facile comme tout à retenir tout ça dans l'absolu. Il n'y a rien de spécial à comprendre ...Tatane78 a écrit:
En revanche, il me semble plutôt inutile de savoir distinguer une relative d'une complétive ou d'identifier la fonction attribut du COD...
.
- V.MarchaisEmpereur
Dommage, pour la syntaxe, et l'expression juste et précise, ce peut être utile de distinguer relative et conjonctive. Mais désormais, au nom de l'égalité, ce raffinement sera réservé à une élite. De même que la capacité à accorder "Je les trouve sympathiques".
- OsmieSage
Enseigner le français va devenir un combat quotidien ; quelle lassitude.
- JaneMonarque
Je compte changer le moins possible de choses.
_________________
"Il n'est pas une vérité qui ne porte avec elle son amertume." (A. Camus)
- HerrelisGrand sage
Le conte et la fable seront faits en CM2, Ulysse passe en 5ème... il nous restera le monstre et le roman d'aventure. Yahou...Tatane78 a écrit:Personnellement, je vais recentrer totalement mon enseignement sur les compétences. Tant pis pour certaines connaissances.
Il est nécessaire qu'en sortant du collège un élève sache:
- comprendre un texte simple.
- lire fluidement à haute voix en ayant compris ce qu'il a lu.
- écrire un texte organisé.
- argumenter sur un sujet.
- respecter les règles de base de la langue française (les temps, les accords)
- posséder un vocabulaire enrichi.
En revanche, il me semble plutôt inutile de savoir distinguer une relative d'une complétive ou d'identifier la fonction attribut du COD...
Pour ce qui est de la culture littéraire, il s'agit surtout de se recentrer sur quelques notions fondamentales. En 6eme par exemple:
- identifier un conte, une fable, une scène de théâtre, un poème, un texte religieux.
- connaître Ulysse, Adam et Ève ou le Petit Chaperon Rouge...
Le décalage entre le niveau attendu (ou plutôt espéré) est tel que ça en devient ridicule...
Et j'ai plus que jamais l'impression que les programmes sont conçus par des professeurs d'université qui perçoivent les élèves comme de potentiels étudiants de lettres, ce qu'ils ne seront évidemment pas pour l'immense majorité d'entre eux...
_________________
Han : "Comment on s'en sort?" Luke : "comme d'habitude." Han : "Si mal que ça?!!" Le Retour du Jedi
"Drowned in moonlight, strangled by her own bra." -Carrie Fisher- 1956-2016 - See you space momma.
"Drowned in moonlight, strangled by her own bra." -Carrie Fisher- 1956-2016 - See you space momma.
- A TuinVénérable
Tatane78 a écrit:
- connaître Ulysse, Adam et Ève ou le Petit Chaperon Rouge...
Enfin ce qui est quand même gênant c'est ce ces choses sont quand même des choses de base sensées être connues par de tous petits gosses ..... Le mien à 3 ans connaissait déjà le chaperon rouge.
Les constats que vous faites concernant de grands gosses de 12-13 ans sont affligeants ... et font peur pour l'avenir ...
- User5899Demi-dieu
En même temps, on voit bien dans les messages de Neo combien les erreurs structurelles sur le vocabulaire peuvent être prégnantes...
L'attribut du COD ? Disons que dans un texte simple, il peut être utile de distinguer les significations de "j'ai trouvé le livre idiot dont tu m'as parlé" et "j'ai trouvé idiot le livre dont tu m'as parlé". Mais bon, si c'est inutile...
Je précise toutefois que pour l'instant, en lycée, les programmes et les exercices sont en gros ceux des années 80.
L'attribut du COD ? Disons que dans un texte simple, il peut être utile de distinguer les significations de "j'ai trouvé le livre idiot dont tu m'as parlé" et "j'ai trouvé idiot le livre dont tu m'as parlé". Mais bon, si c'est inutile...
Je précise toutefois que pour l'instant, en lycée, les programmes et les exercices sont en gros ceux des années 80.
- amourExpert
Merci VSG pour ce texte.
Je ne sais pas si le démantèlement des apprentissages est voulu ou si plus simplement tout cela est mal pensé mais ce dont je suis certaine, c'est qu'il accentue les inégalités sociales et que les prétendues "solutions" évoquées par nos politiques ne seront que de mauvaises économies qui vont accélérer le processus.
Les problèmes que vous évoquez en lettres, nous les connaissons et nous en plaignions en langues aussi, sans doute dans une moindre mesure mais depuis un peu plus longtemps et bien sûr je blâme les réformes et non les collègues. Forts du constat que les français parlaient mal l'anglais, qu'ils étaient inaptes à prendre la parole dans cette langue, nos décideurs successifs ont pris sur eux de tout miser sur la production orale et la compréhension orale (alors même que dans d'autres pays cela était réglé, en partie, de fait par la diffusion de programmes en VO à la TV), et de réduire le nombre d'heures de cours de 3 à 2 en terminale par exemple. Là où il y a une dizaine d'années je pouvais sans aucun problème faire étudier voire jouer plusieurs extraits simples de Pièces de Shakespeare à une classe de seconde apathique que cela remotivait (et être comprise rapidement lorsque l'on me posait des questions sur "thy"et "thou"), je dois, effectivement, aujourd'hui, parler de COD et de COI à des terminales qui font les yeux ronds. Entre temps j'ai vu des fournées entières d'adolescents arriver au lycée ou en première année d'enseignement supérieur complétement décomplexés sur leur anglais oral, prenant la parole sans problème, mais aussi sans syntaxe et sans vocabulaire. L'écrit est complétement passé à la trappe, à mon avis, sauf pour l'élite qui a la chance d'avoir des parents lecteurs, et nous avons crée des générations de bavards à grands coups de grilles d'évaluation rassurantes. Ce ne serait pas si grave si l'on pouvait penser sans structurer sa pensée par l'écriture, mais ça je n'en suis pas convaincue.
Je ne sais pas si le démantèlement des apprentissages est voulu ou si plus simplement tout cela est mal pensé mais ce dont je suis certaine, c'est qu'il accentue les inégalités sociales et que les prétendues "solutions" évoquées par nos politiques ne seront que de mauvaises économies qui vont accélérer le processus.
Les problèmes que vous évoquez en lettres, nous les connaissons et nous en plaignions en langues aussi, sans doute dans une moindre mesure mais depuis un peu plus longtemps et bien sûr je blâme les réformes et non les collègues. Forts du constat que les français parlaient mal l'anglais, qu'ils étaient inaptes à prendre la parole dans cette langue, nos décideurs successifs ont pris sur eux de tout miser sur la production orale et la compréhension orale (alors même que dans d'autres pays cela était réglé, en partie, de fait par la diffusion de programmes en VO à la TV), et de réduire le nombre d'heures de cours de 3 à 2 en terminale par exemple. Là où il y a une dizaine d'années je pouvais sans aucun problème faire étudier voire jouer plusieurs extraits simples de Pièces de Shakespeare à une classe de seconde apathique que cela remotivait (et être comprise rapidement lorsque l'on me posait des questions sur "thy"et "thou"), je dois, effectivement, aujourd'hui, parler de COD et de COI à des terminales qui font les yeux ronds. Entre temps j'ai vu des fournées entières d'adolescents arriver au lycée ou en première année d'enseignement supérieur complétement décomplexés sur leur anglais oral, prenant la parole sans problème, mais aussi sans syntaxe et sans vocabulaire. L'écrit est complétement passé à la trappe, à mon avis, sauf pour l'élite qui a la chance d'avoir des parents lecteurs, et nous avons crée des générations de bavards à grands coups de grilles d'évaluation rassurantes. Ce ne serait pas si grave si l'on pouvait penser sans structurer sa pensée par l'écriture, mais ça je n'en suis pas convaincue.
- Comptez-vous les copies...
- Juste pour rire: à qui vos élèves vous assimilent-ils? Vous donnent-ils un surnom?
- "Et puis, j'ai tenté d'expliquer aux élèves : on vous a sans doute toujours dit que vous étiez nuls, moi je vous dis que ce n'est pas vrai"
- Comment comptez-vous le nombre de vos L.A. par séquence?
- Vous comptez faire quoi en accompagnement personnalisé ?
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