Bac Pro, la Ministre annonce une orientation modulable pour les secondes jusqu'à la Toussaint

Je suis plus que dubitative :
- les filières les plus demandées ne seront, à priori, pas celles où des places se libéreront
- le départ et l'arrivée de nouveaux élèves en décembre nous obligeront à recommencer le travail effectué en début d'année pour obtenir une ambiance de classe propice au travail
- l'arrivée de nouveaux élèves posera des problèmes car ces derniers devront prendre le train en marche et aucun cadrage ne permettra de s'assurer qu'ils travaillaient bien sur le même objet d'étude en français, le même thème en LVE ou en histoire. Quid également de l'enseignement professionnel dont-ils n'auront pas bénéficié ? Comment combleront-ils leur retard ?

Professeur de génie civil (construction) en lycée professionnel spécialisé dans le bâtiment , je me dois d'apporter une vision technico-technique. En effet, cette annonce est une véritable bonne nouvelle! En effet , mon domaine d'activité m'oblige à enseigner la RDM : Résistance des Matériaux. Pour les béotiens, cela consiste à vérifier le comportement d'un matériau (ex : béton armé) vis-à-vis de différentes contraintes (flexion, torsion,...). Cette annonce est une véritable aubaine pour mon esprit de technicien. Car les effets de ce genre d'idées permettent d'observer les impressionnantes capacités de dilatation du rectum d'un(e) professeur(e) de lycée professionnel.
Quelqu'un est-il capable de me proposer une solution au problème ci-joint :
Le petit François H. arrive d'une troisième SEGPA et entre en seconde bac pro orgo (maçonnerie). Au bout d'une semaine, il se rend compte que ce type de formation nécessite de réaliser un effort physique pour soulever un parpaing. Il va donc pleurer à la vie scolaire pour changer de section, l'établissement lui propose d'intégrer la section peinture. Malheureusement , le petit François découvre très rapidement qu'il est allergique à certaines peintures. En urgence , il est replacé dans la section plomberie. Or, il se blesse avec un chalumeau. Échaudé, il supplie de passer en études et économie pour rester au chaud dans un bureau d'études. Mais très rapidement , c'est le professeur qui tire la sonnette d'alarme car le petit François H. est tout juste capable de compter des carottes et des choux! :baoum:
Qui va payer le matériel - propre à chaque élève - nécessaire à l'évolution au sein d'un atelier?
Qui va prendre en charge la formation sécurité de ces élèves "courants d'air"?
Quid des élèves ,qui après avoir réalisé le tour des formations de l'établissement, ne trouvent toujours pas leurs places?

Bref , devant ce genre de débilités , les rectums vont devoir encore se dilater!

Des élèves qui passeront en coup de vent et des professeurs qui se demanderont comment retenir des élèves "zappeurs".

Chtiours, j'avais bien besoin de rire ce soir, merci

Un élément positif extrait de : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/01/29012016Article635896953895488899.aspx (il faudrait que cela ne reste pas lettre morte)

"Le discours change. La ministre assure que "le lycée professionnel est aussi performant que le CFA.. Dire tous les jeunes qui souhaitent se former en alternance doivent pouvoir le faire cela veut dire développer l'apprentissage mais aussi le lycée professionnel". Elle va un peu plus loin : "il y a des entreprises qui manquent à l'appel en apprentissage. Beaucoup de jeunes finissent par revenir en lycée professionnel". Et voilà ce dernier remis au premier plan."


Autre extrait, où le Café Péda pointe certaines aberrations :
"Mais la ministre veut aussi le faire évoluer de façon un peu surprenante. Elle demande à partir de la rentrée 2016 une journée d'intégration dans les lycées professionnels, comme si la pratique était rare... Elle annonce aussi une semaine de préparation au stage en entreprise en 2de professionnel comme si les enseignants envoyaient en stage des élèves non préparés. "

Sur l'orientation à la Toussaint, de toute façon elle se fait, mais de façon peu organisée : dès qu'une place dans une filière demandée est vacante le rectorat s'empresse d'y caser quelqu'un et souvent les proviseurs s'empressent de relancer les élèves non admis en fin de 3e  histoire de combler le vide et d'éviter que le rectorat expédie n'importe quel zozo sans solution. Cette année nous avons encore récupéré dans ma classe de seconde pro, très demandée, deux élèves suite à des réorientations de nos inscrits initiaux. C'est la direction qui est allée les chercher, et tant mieux. Des élèves qui s'étaient retrouvés en 2GT. Et c'est plutôt une réussite. Le problème c'est que si cela passe par notre merveille de logiciel d'orientation dont nous constatons tous les ans la perfection, le proviseurs n'auront plus la main pour faire ce boulot personnellement.

Offrir une solution à la mauvaise orientation, pourquoi pas, reste à savoir si cette solution est la bonne (surtout par Affelnet), et il faudrait surtout s'interroger en amont sur les bénéfices inestimables apportés par l'orientation actuelle en 3e.  

D'autant plus qu'Affelnet étant totalement aveugle et sourd, ce fameux conseil de classe de la Toussaint (donc un conseil de mi semestre) pourra se comporter comme les conseils de classe de troisième, c'est à dire :
- une politique pour valoriser l'élève méritant qui veut réellement aller dans une autre section en fonction d'un nouveau projet construit(ah oui, mais souvent, celui-là on veut le garder)
- ou booster à fond le dossier du glandeur de service histoire de se débarrasser de l'élève qui pourri la vie de la classe et des prof et de le passer aux collègues du LP voisin.  Et ça, alors que l'humain est capable de s'en rendre compte, ne serait-ce qu'avec un petit entretien avec le candidat, Affelnet ne voit rien et sera tout aussi brillant que pour l'orientation post-3e.

Par contre on peut aussi comprendre qu'un élève se trompe, même parmi les plus sérieux.

zeprof a écrit:pour l'instant, je n'ai vu aucune passerelle être une réussite : on récupère les zozos du lycée général, ceux qui n'ont pas voulu entendre qu'ils n'avaient pas le niveau et qui, en plus, ne bossent pas...   ...

Moi j'ai vu surtout des réussites, mais là encore c'est parce qu'elles se faisaient en interne (avantage lorsque nous avons un LG avec du technique plus un LP) ou entre établissements lorsque les CDE pratiquent une politique intelligente et constructive entre eux.   Affelnet va ruiner ce travail qui était effectué passant par l'humain et pas par un logiciel.

Par contre, cherchons à imaginer du positif si cela fonctionnait : des places non libérées pourraient l'être. Actuellement un élève ne peut sérieusement démissionner d'une section sans avoir une place déjà laissée libre dans un autre établissement (souvent il trouve dans les LP privés qui acceptent de dépasser leurs effectifs officiels, encore vu cette année pour une de mes élèves de seconde CAP). Là Affelnet pourrait peut-être créer des échanges entre des élèves voulant changer d'orientation mais n'ayant pas encore quitté la place attribuée à la sortie de la 3e en organisant simultanément ce mouvement.

A voir.