L'année dernière, on faisait cours de latin une fois sur deux !

Je me retrouve dans une situation terriblement inconfortable et j'ai besoin de partager ça avec vous.
Bon, déjà, je n'ai à la base pas une formation lettres classiques, j'ai une formation lettres modernes. J'ai accepté d'enseigner le latin en plus de mes heures de français seulement pour dépanner un établissement qui ne trouvait aucun professeur de latin (je vous remercie d'avance d'éviter l'éternel débat ...). J'arrive donc devant mes classes de latinistes avec une progression classique, en accord avec les programmes. Rien de foufou, le but étant de traiter les points recommandés de grammaire, thèmes, etc.

Premier contact avec les 4èmes : ils détestent le latin. Ils me disent qu'ils continuent non par choix mais parce qu'ils sont obligés et font les exercices avec un entrain déplorable. Jusque là je m'y attendais, je n'ai pas été déçue. Je compte les remotiver en essayant de varier les supports, etc.
Premier contact avec les 3èmes : c'est là que survient le souci. Ils me disent adorer le latin. Agréablement surprise, je leur demande ce qui leur plaît. Voilà le discours que j'ai obtenu : "L'année dernière on avait une prof vraiment gentille. On faisait cours une fois sur deux : un cours où on faisait de la grammaire, un cours où on faisait des choses ludiques."  Là je me dis qu'à la limite, faire une séance grammaire/conjugaison puis une séance civilisation/vocabulaire, ça peut se tenir. Mais lorsque je questionne, c'est pire "Des choses ludiques ?" "Oui ! On a vu Troie, Gladiator, 300. On a construit une maquette, on apportait des jeux, on faisait des gâteaux. C'était vraiment génial !" Alors, là, je vous avoue que j'ai ressenti un grand moment de solitude. Pendant une heure, contrairement aux 4èmes, ils ont fait tous les exercices avec énormément de bonne volonté, et je ne sais pas quoi faire.
Un cours sur deux de latin, ça ne me paraît clairement pas envisageable, ça me pose un cas de conscience, je ne m'estime pas animatrice de centre aéré. Mais voilà, je vais dégoûter ces élèves du latin. Ils rentreront le soir chez eux et diront à leurs parents qu'ils ne veulent plus faire du latin au lycée. Les parents se diront que leur enfant est écœuré du latin à cause de la prof et ça m'ennuie.

Qu'en pensez-vous ?

Es-tu certaine que les élèves disent vrai ?

Hélas oui. J'ai vu la maquette en question "qui a pris la moitié de l'année à être réalisée" et c'est une poignée d'élèves très sérieux.

Pourquoi ne fais-tu pas tout simplement ce que tu as prévu ? À savoir alterner le côté langue et le côté civi, en essayant éventuellement de proposer des trucs un peu + interactifs pour la civi (recherches, exposés, affiches, que sais-je ?).

Je leur expliquerais que le latin est une discipline à part entière, avec un programme à suivre et qu'il n'est pas possible "de faire cours une fois sur deux".
Après, tu trouveras sans doute des trucs sympas pour que les élèves aient l'impression que c'est "ludique".
Exos de grammaire en ligne, recherches de civilisation au CDI ou en salle informatique, documentaires avec questionnaires...

Je remonte ce post pour avoir vécu la même chose à 2 reprises. J'arrive il y a 3 ans dans ce collège, il s'avère que les élèves étaient gavés de sucettes à tous les cours pour chaque bonne réponse, goûters à gogo, cuisine latine etc et donc niveau déplorable.

Récemment, l'an dernier j'ai été en arrêt un mois et demi et j'ai été remplacée un peu en latin. Je viens de voir un parent d'élève de 5ème pas motivé du tout, qui ne fiche rien qui disait que à la fin de l'an dernier il avait repris goût au latin alors qu'il détestait. Oui voilà, donc sous-entendu, c'était mieux avec l'autre prof.
Je creuse un peu auprès des élèves et j'apprends qu'ils avaient appris la conjugaison de amare au présent et comme ils avaient bien travaillé ils ont regardé des films jusqu'à la fin de l'année. Peut-être est-ce exagéré (mais ce sont des élèves sérieux) mais voilà.
Et après je me fais limite taper sur les doigts parce que les effectifs ne sont pas élevés et que je ne les motive pas etc.
Pourtant je fais du "ludique" aussi mais pas film goûter quoi ...

Vive les EPI et la fin du latin...

Je vois que des collègues sont déjà inspirés.

:shock:

Chez nous pour une fois la cde a eu une décision sensée: on garde le latin en option au lieu de le mettre en EPI, sauf qu'au lieu de 3h en 4ème/3ème ce sera 2h.

Mais certains n'attendent que ça pour les EPI, dont une de mes collègues qui n'arrête pas de me dire que pour les motiver en latin il faut arrêter d'être ambitieux et surtout faire des jeux.

vivi1982 a écrit:il faut arrêter d'être ambitieux et surtout faire des jeux.

Voilà la vision du collège.
Voilà en quoi est réduit mon boulot d'enseignant.

vivi1982 a écrit:Chez nous pour une fois la cde a eu une décision sensée: on garde le latin en option au lieu de le mettre en EPI, sauf qu'au lieu de 3h en 4ème/3ème ce sera 2h.

Mais certains n'attendent que ça pour les EPI, dont une de mes collègues qui n'arrête pas de me dire que pour les motiver en latin il faut arrêter d'être ambitieux et surtout faire des jeux.

Comment a-t-elle fait pour garder l'option ? :shock:

vivi1982 a écrit:il faut arrêter d'être ambitieux et surtout faire des jeux.

Attention, si on enseigne et qu'on apporte des contenus, on risquerait de leur apprendre des trucs. Surtout, faisons des jeux.

P*tain, ce qu'il faut pas lire...

AsarteLilith a écrit:

vivi1982 a écrit:Chez nous pour une fois la cde a eu une décision sensée: on garde le latin en option au lieu de le mettre en EPI, sauf qu'au lieu de 3h en 4ème/3ème ce sera 2h.

Mais certains n'attendent que ça pour les EPI, dont une de mes collègues qui n'arrête pas de me dire que pour les motiver en latin il faut arrêter d'être ambitieux et surtout faire des jeux.

Comment a-t-elle fait pour garder l'option ? :shock:

C'est un enseignement complémentaire en option comme ailleurs, je ne vois pas où est la décision particulièrement sensée et, au passage, perte de 2 heures de latin : 4h au lieu de 6 comme partout.

Ce que je vois, c'est qu'on échappe à un EPI latin en co-animation avec un prof d'une autre matière, au départ ça devait être comme ça (du genre atelier maquette avec le prof de techno ou atelier je ne sais quoi avec un autre prof). Donc à tout prendre c'est mieux que rien.
Et de sa part c'est réellement étonnant quand on pense qu'elle voulait fermer l'option cette année si je ne recrutait pas plus de 12 élèves en 5ème (on est dans un petit collège de moins 300 élèves).

L'EPI et l'enseignement de complément sont deux choses différentes.
L'option latin ne t'épargne pas l'EPI. Et même, elle peut servir d'argument pour légitimer un EPI (pour le recrutement de l'option, sa promotion, etc.)

Franchement ça fait peur car sur ma courte carrière (6 ans) j'ai déjà rencontré deux profs de latin (un contractuel et un titulaire) qui consacraient une large partie de leurs heures à faire n'importe quoi (goûters, regarder des films, des trucs soi disant ludiques où c'était la récré...).