Fusillades à Paris - Que fait-on lundi avec nos élèves, dans nos établissements ?

Hérodoute a écrit:

Isis39 a écrit:Le travail d'un collègue pour les 4e-3e.
http://lewebpedagogique.com/lapasserelle/2015/11/14/emc-4eme3eme-par-qui-notre-liberte-est-elle-menacee/

Très intéressante la partie texte : Pas encore visionné les vidéos par contre. Tu les as visionnées Isis ? Tu en penses quoi ?
Je me demande si on peut les passer en classe (droits...).

C'est le webpedagogique.
On peut passer les videos, c'est fait pour ça.
J'aime bien l'image du terroriste qui lit le Coran à l'envers.

Elle est top oui.

MUTIS a écrit:
Je dois dire que je ne comprends pas très bien pourquoi. Il n'y a d'ailleurs aucune explication dans l'article .. "Ceux qui ne le souhaitent pas"...
Il faut leur expliquer la signification de cette minute. Mais un môme de collège pourrait dire qu'il ne souhaite pas se recueillir ou célébrer ainsi la mémoire des victimes et il faudrait accepter ?
Non... Je crois que ce genre de comportement a assez duré...

Bon courage pour le débat Mutis , j'ai laissé tomber devant les réactions.

D'accord avec toi MUTIS.
Si on organise la minute de silence, alors on se regroupe tous et c'est pareil pour tout le monde. Cela n'a aucun sens sinon.

C'est pour cela que je disais précédemment que ça va être potentiellement un nouveau point de fracture demain. Nous ne savons rien de la réaction de certains élèves, mais en cas de non trop massif, le mal sera fait, et la fracture des Français avec une partie de leurs compatriotes musulmans sera alors consommée et difficile à refermer. Ce peut être un tournant historique. C'est pourquoi je croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'incidents et que les gens se retrouvent autour de cela.

Urgent : je viens juste de "tilter" que j'ai prévue une intervention associative lundi (thème harcèlement homophobie à l'école). L'association est agréée par l'éducation nationale et en en faisant partie, je connais et me porte garant pour les intervenants si nécessaire (ils sont déjà venus les années précédents d'ailleurs, donc l'administration les connait aussi). Cela pose-t-il problème? puis je maintenir cette intervention?

titeprof a écrit:Urgent : je viens juste de "tilter" que j'ai prévue une intervention associative lundi (thème harcèlement homophobie à l'école). L'association est agréée par l'éducation nationale et en en faisant partie, je connais et me porte garant pour les intervenants si nécessaire (ils sont déjà venus les années précédents d'ailleurs, donc l'administration les connait aussi). Cela pose-t-il problème? puis je maintenir cette intervention?

Tes élèves ne se déplaçant pas, je pense que c'est bon.

Pour nous, la sortie prévue sur les droits de l'enfant, le harcèlement, le handicap... n'aura pas lieu selon toute vraisemblance.

[Edit : Oops, mauvais fil ]

Je ne vois pas à quoi tu fais allusion, whypee ?

Dans mon collège, un devoir commun de français est prévu de 8h à 10h pour tous les 3èmes. Certains collègues souhaitent le maintenir, pour 'montrer qu'on continue à vivre normalement'. Et en parler plus tard (quand?...).
Je me verrai mal prendre mes élèves à 8h, leur coller le devoir de 2h en faisant comme si de rien n'était...
Vous en pensez quoi ?

kamasolou a écrit:Et en parler plus tard (quand?...).

Si on suit les recommandations du ministère, entre 11h et 12h.

Edgar a écrit:C'est pour cela que je disais précédemment que ça va être potentiellement un nouveau point de fracture demain. Nous ne savons rien de la réaction de certains élèves, mais en cas de non trop massif, le mal sera fait, et la fracture des Français avec une partie de leurs compatriotes musulmans sera alors consommée et difficile à refermer. Ce peut être un tournant historique. C'est pourquoi je croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'incidents et que les gens se retrouvent autour de cela.

Mais comment quelqu'un peut-il justifier, soutenir ou même être compréhensif avec un terrorisme assassin aussi aveugle et crétin ? C'est là où il faut réagir énergiquement et ne plus baisser la tête.
Gilbertine, je comprends. Quand je vois que les élèves qui compatissent simplement sont appelés des Tchoupis par des profs qui semblent comprendre en revanche qu'on refuse de faire la minute de silence... Je crois que nous ne fonctionnons pas du tout de la même façon !

Je ne sais pas si ce lien a déjà été donné ( magazine Astrapi) :
http://www.bayard-jeunesse.com/Archives-des-actualites/Attentats-de-Paris-comment-reagir-face-aux-questions-des-enfants

Au bas de la page, on peut télécharger un document en pdf.

Celeborn a écrit:

kamasolou a écrit:Et en parler plus tard (quand?...).

Si on suit les recommandations du ministère, entre 11h et 12h.

Je n'ai pas compris "12h" comme l'heure obligatoire de la minute de silence. Il est bien précisé sur Eduscol que les temps d'échanges et recueillement sont à organiser au choix de l'établissement. Dans mon collège, à midi c'est infaisable : une partie des élèves à la cantine, d'autres revenant d'EPS, certains externes dehors...

MUTIS a écrit:

Edgar a écrit:C'est pour cela que je disais précédemment que ça va être potentiellement un nouveau point de fracture demain. Nous ne savons rien de la réaction de certains élèves, mais en cas de non trop massif, le mal sera fait, et la fracture des Français avec une partie de leurs compatriotes musulmans sera alors consommée et difficile à refermer. Ce peut être un tournant historique. C'est pourquoi je croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'incidents et que les gens se retrouvent autour de cela.

Mais comment quelqu'un peut-il justifier, soutenir ou même être compréhensif avec un terrorisme assassin aussi aveugle et crétin ? C'est là où il faut réagir énergiquement et ne plus baisser la tête.
Gilbertine, je comprends. Quand je vois que les élèves qui compatissent simplement sont appelés des Tchoupis par des profs qui semblent comprendre en revanche qu'on refuse de faire la minute de silence... Je crois que nous ne fonctionnons pas du tout de la même façon !

Je pense que c'est en considérant qu'un élève est un être en formation, perméable à différents discours et qu'il n'est pas responsable de ce qui a peut-être pu lui être mis dans la tête chez lui avant de venir, ou de consignes parentales qu'il doit suivre, ou de consignes données par la bande de la cité, je ne sais pas. Il faut juste frapper sur la bonne cible, et le jeune élève n'est pas forcément celle là.

J'écarte l'hypothèse, que je pense et espère fantaisiste et totalement stupide, de soutiens d'extrême gauche ou anarchistes venant de certains professeurs qui verraient dans ce non une manière de provoquer un Etat bourgeois, néo-libéral et dominateur.

"L'an dernier des élèves m'avaient demandé pourquoi on ne faisait rien pour les enfants palestiniens, etc... Ce n'était pas une provocation, mais une vraie question, qu'elles m'ont posée par ce qu'elles me faisaient confiance."

Et qu'as-tu répondu? C'est une question que j'ai eue aussi, et c'est un argument que j'entends, vraiment... Nous sommes touchés par les attentats de Paris parce que c'est "chez nous", ils sont touchés par ce qui se passe ailleurs parce que, pour certains, c'est davantage "chez eux" que la France... N'est-ce qu'une question de fréquence? Parce qu'on a "l'habitude" que cela se passe là-bas? Toutes les souffrances du monde me touchent, mais si j'y pensais tout le temps je ne sortirais plus du fond de mon lit...
Je me faisais la réflexion hier, je me disais que peut-être, un jour, nous serons aussi habitués, peut-être que si ça continue comme ça, notre réaction sera moins forte, nous aurons l'habitude de vivre cela régulièrement...

Je suppose que je leur dirai qu'il n'est pas possible de porter le deuil de toutes les victimes d'actes de guerre et d'assassinats. Que ce n'est pas moi qui ai décidé que pour ces victimes là il y aurait une minute de silence, et que pour d'autres non, mais maintenant qu'elle a été décidée, je leur demande de la respecter. Que dans leur tête ils pensent à qui ils veulent et ce qu'ils veulent, à ceux qui sont encore entre la vie et la mort en ce moment, aux proches de personnes tuées, ou à autre chose, mais qu'ils permettent à ceux qui veulent participer de le faire dans le silence.

Question naïve : comment débuter cette séance d'EMC, avec les Terminales? Aller au devant : "avez-vous des questions, voulez-vous évoquer les attentats du 13 novembre?" ou les laisser venir à moi? Et s'ils n'ont pas de question, ou ne souhaitent pas verbaliser, leur proposer tout de même le document et la réflexion préparés, ou attendre un moment qu'ils jugeront propices (ce peut être en philosophie en classe entière à l'heure suivante...).

palomita a écrit:Je ne sais pas si ce lien a déjà été donné ( magazine Astrapi) :
http://www.bayard-jeunesse.com/Archives-des-actualites/Attentats-de-Paris-comment-reagir-face-aux-questions-des-enfants

Au bas de la page, on peut télécharger un document en pdf.

Merci,je pense que je vais m'appuyer, entre autres, sur ce document pour parler avec mes élèves de CM2.
Mais je me sens un peu démunie quand même...

cocoonpeda a écrit:

palomita a écrit:Je ne sais pas si ce lien a déjà été donné ( magazine Astrapi) :
http://www.bayard-jeunesse.com/Archives-des-actualites/Attentats-de-Paris-comment-reagir-face-aux-questions-des-enfants

Au bas de la page, on peut télécharger un document en pdf.

Merci,je pense que je vais m'appuyer, entre autres, sur ce document pour parler avec mes élèves de CM2.
Mais je me sens un peu démunie quand même...

idem, ce document + un florilège de dessins glanés ici permettront d'aborder ces évènements avec mes CM. J'aimerais vraiment qu'ils comprennent à quel point la liberté et la solidarité sont nos armes.

polkafrik a écrit:"L'an dernier des élèves m'avaient demandé pourquoi on ne faisait rien pour les enfants palestiniens, etc... Ce n'était pas une provocation, mais une vraie question, qu'elles m'ont posée par ce qu'elles me faisaient confiance."

Et qu'as-tu répondu? C'est une question que j'ai eue aussi, et c'est un argument que j'entends, vraiment... Nous sommes touchés par les attentats de Paris parce que c'est "chez nous", ils sont touchés par ce qui se passe ailleurs parce que, pour certains, c'est davantage "chez eux" que la France... N'est-ce qu'une question de fréquence? Parce qu'on a "l'habitude" que cela se passe là-bas? Toutes les souffrances du monde me touchent, mais si j'y pensais tout le temps je ne sortirais plus du fond de mon lit...
Je me faisais la réflexion hier, je me disais que peut-être, un jour, nous serons aussi habitués, peut-être que si ça continue comme ça, notre réaction sera moins forte, nous aurons l'habitude de vivre cela régulièrement...

C'est une question fondamentale qu'ils posent et sur laquelle on n'a jamais voulu ouvrir le moindre débat depuis 40 ans que ça dure, d'où d'ailleurs tout un tas de problèmes liés à ce qui se passe en ce moment. C'est un fait.

MAIS ce n'est pas le sujet ici, et il faut surtout bien être précis et dosé : on fait une minute de silence parce que nos compatriotes civils sont attaqués dans notre propre pays par un agresseur. Point. On ferait un minute de silence si un psychopathe médical sans conscience tuait tous les clients d'un restaurant de la même façon. Il ne faut pas tout mélanger par rapport à ce point précis du deuil national, c'est essentiel.

pour le document d'Astrapi, attention quand même, à moins de développements récents, les autorités parlent de 7 terroristes, pas de 8. C'est le communiqué des terroristes qui annonce 8 terroristes.

dandelion a écrit:pour le document d'Astrapi, attention quand même, à moins de développements récents, les autorités parlent de 7 terroristes, pas de 8. C'est le communiqué des terroristes qui annonce 8 terroristes.

En même temps, si les confusions qui demeurent sont de cet ordre, on aura déjà agi utilement.

Edgar a écrit:
C'est une question fondamentale qu'ils posent et sur laquelle on n'a jamais voulu ouvrir le moindre débat depuis 40 ans que ça dure, d'où d'ailleurs tout un tas de problèmes liés à ce qui se passe en ce moment. C'est un fait.  

MAIS ce n'est pas le sujet ici, et il faut surtout bien être précis et dosé : on fait une minute de silence parce que nos compatriotes civils sont attaqués dans notre propre pays par un agresseur. Point. On ferait un minute de silence si un psychopathe médical sans conscience tuait tous les clients d'un restaurant de la même façon. Il ne faut pas tout mélanger par rapport à ce point précis du deuil national,  c'est essentiel.

Je ne vois pas le problème si les élèves veulent faire la minute de silence aussi pour toutes les victimes de la guerre et du terrorisme dans le monde, pour les gens qui meurent de faim, pour tous ceux qui connaissent la souffrance et ceux qui meurent top tôt. On ne peut quand même pas les forcer à limiter leur empathie aux seules victimes des attentats de vendredi.

Edgar a écrit:C'est pour cela que je disais précédemment que ça va être potentiellement un nouveau point de fracture demain. Nous ne savons rien de la réaction de certains élèves, mais en cas de non trop massif, le mal sera fait, et la fracture des Français avec une partie de leurs compatriotes musulmans sera alors consommée et difficile à refermer. Ce peut être un tournant historique. C'est pourquoi je croise les doigts pour qu'il n'y ait pas d'incidents et que les gens se retrouvent autour de cela.

C'est tout le problème : le consensus ne se décrète pas.

kamasolou a écrit:

Edgar a écrit:
C'est une question fondamentale qu'ils posent et sur laquelle on n'a jamais voulu ouvrir le moindre débat depuis 40 ans que ça dure, d'où d'ailleurs tout un tas de problèmes liés à ce qui se passe en ce moment. C'est un fait.  

MAIS ce n'est pas le sujet ici, et il faut surtout bien être précis et dosé : on fait une minute de silence parce que nos compatriotes civils sont attaqués dans notre propre pays par un agresseur. Point. On ferait un minute de silence si un psychopathe médical sans conscience tuait tous les clients d'un restaurant de la même façon. Il ne faut pas tout mélanger par rapport à ce point précis du deuil national,  c'est essentiel.

Je ne vois pas le problème si les élèves veulent faire la minute de silence aussi pour toutes les victimes de la guerre et du terrorisme dans le monde, pour les gens qui meurent de faim, pour tous ceux qui connaissent la souffrance et ceux qui meurent top tôt. On ne peut quand même pas les forcer à limiter leur empathie aux seules victimes des attentats de vendredi.

Je ne suis pas sûr d'être d'accord. Si tu vas à un enterrement, tu ne vas pas déclarer que tiens, tu vas plutôt penser à ta mémé, partie trop tôt il y a quelque temps.