- Presse-puréeGrand sage
Salut,
parce que je m'ennuie un peu, je lis Catulle et je ne comprends pas une construction:
"Quis dum aliquid cupiens animus praegestit apisci,
Nil metuunt iurare, nihil promittere parcunt."
C'est dans la longue plainte d'une femme abandonnée, comme il y en a beaucoup dans la mythologie.
Je construis ainsi
Quis cupiens dum animus praegestit apisci
Mais je ne comprends pas pourquoi je me retrouve avec du pluriel (qui reprend les galants messieurs dont il est question un peu plus haut).
Qu'en pensez-vous?
parce que je m'ennuie un peu, je lis Catulle et je ne comprends pas une construction:
"Quis dum aliquid cupiens animus praegestit apisci,
Nil metuunt iurare, nihil promittere parcunt."
C'est dans la longue plainte d'une femme abandonnée, comme il y en a beaucoup dans la mythologie.
Je construis ainsi
Quis cupiens dum animus praegestit apisci
Mais je ne comprends pas pourquoi je me retrouve avec du pluriel (qui reprend les galants messieurs dont il est question un peu plus haut).
Qu'en pensez-vous?
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Homines, dum docent, discunt.Sénèque, Epistulae Morales ad Lucilium VII, 8
"La culture est aussi une question de fierté, de rapport de soi à soi, d’esthétique, si l’on veut, en un mot de constitution du sujet humain." (Paul Veyne, La société romaine)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres". La Boétie
"Confondre la culture et son appropriation inégalitaire du fait des conditions sociales : quelle erreur !" H. Pena-Ruiz
"Il vaut mieux qu'un élève sache tenir un balai plutôt qu'il ait été initié à la philosophie: c'est ça le socle commun" un IPR
- IphigénieProphète
il me semble que quis est relatif de liaison (pour quibus) et que aliquid cupiens se rapporte bien à animus:
car pendant que leur esprit désireux de quelque chose, s'efforce de l'obtenir, ils ne craignent aucun serment et ne s'épargnent aucune promesse.
car pendant que leur esprit désireux de quelque chose, s'efforce de l'obtenir, ils ne craignent aucun serment et ne s'épargnent aucune promesse.
- Invité ElExpert spécialisé
Granarolo étudie ces cas de figure ("L'OEuvre de Catulle", pp 342sq) et notamment le passage du carmen LXIV cité.
Il le cite comme un exemple caractéristique d'hypotaxe. Le but visé ici serait alors d'éviter les constructions familières habituelles (plus proche du sermo que du carmen) pour marquer une nécessaire "σεμνότης assez sentencieuse, que l'auteur a voulu conférer (...) aux doléances nostalgiques - mais sans dignité! - d'Ariane".
Je me souviens d'une démonstration de ce genre dans les cours de Jacqueline Dangel, montrant l'importance des variations entre langage littéraire et langage parlé même dans des carmina littéraires comme le 64, pour accroître le pathétique du monologue.
Par ailleurs, animus ici doit sans doute plutôt désigner le "coeur".
Et en effet, des soirs comme ça, à part être avec Catulle, il n'y a pas grand'chose d'autre à faire. Une catabase peut-être...
Il le cite comme un exemple caractéristique d'hypotaxe. Le but visé ici serait alors d'éviter les constructions familières habituelles (plus proche du sermo que du carmen) pour marquer une nécessaire "σεμνότης assez sentencieuse, que l'auteur a voulu conférer (...) aux doléances nostalgiques - mais sans dignité! - d'Ariane".
Je me souviens d'une démonstration de ce genre dans les cours de Jacqueline Dangel, montrant l'importance des variations entre langage littéraire et langage parlé même dans des carmina littéraires comme le 64, pour accroître le pathétique du monologue.
Par ailleurs, animus ici doit sans doute plutôt désigner le "coeur".
Et en effet, des soirs comme ça, à part être avec Catulle, il n'y a pas grand'chose d'autre à faire. Une catabase peut-être...
- clo74Niveau 9
elpenor08 a écrit:Granarolo étudie ces cas de figure ("L'OEuvre de Catulle", pp 342sq) et notamment le passage du carmen LXIV cité.
Il le cite comme un exemple caractéristique d'hypotaxe. Le but visé ici serait alors d'éviter les constructions familières habituelles (plus proche du sermo que du carmen) pour marquer une nécessaire "σεμνότης assez sentencieuse, que l'auteur a voulu conférer (...) aux doléances nostalgiques - mais sans dignité! - d'Ariane".
Je me souviens d'une démonstration de ce genre dans les cours de Jacqueline Dangel, montrant l'importance des variations entre langage littéraire et langage parlé même dans des carmina littéraires comme le 64, pour accroître le pathétique du monologue.
Par ailleurs, animus ici doit sans doute plutôt désigner le "coeur".
Et en effet, des soirs comme ça, à part être avec Catulle, il n'y a pas grand'chose d'autre à faire. Une catabase peut-être...
+ 1000 : une catabase pour tous les profs de LC :aaw:
- IphigénieProphète
L'hypotaxe du cher Granarolo (qui fut mon professeur) ne me paraît pas incompatible avec mon analyse, non? si du moins je comprends le commentaire auquel tu te réfères.
La curiosité vient de ce qu'il reprend au pluriel, avec "quis", le terme générique du vers précédent qui dit en gros qu'"une femme ne doit se fier à aucun homme -car pour eux, une fois que leur esprit/coeur-voire un truc plus bas- leur fait convoiter quelque chose, ils sont prêts à tout"...
La curiosité vient de ce qu'il reprend au pluriel, avec "quis", le terme générique du vers précédent qui dit en gros qu'"une femme ne doit se fier à aucun homme -car pour eux, une fois que leur esprit/coeur-voire un truc plus bas- leur fait convoiter quelque chose, ils sont prêts à tout"...
Allons, allons, avec Catulle on est plus souvent dans l'anabase... :lol:Et en effet, des soirs comme ça, à part être avec Catulle, il n'y a pas grand'chose d'autre à faire. Une catabase peut-être...
- Invité ElExpert spécialisé
Oui, grammaticalement, ça fonctionne comme tu disais. L'hypotaxe et son explication sont là pour justifier la construction et lui donner du sens.
Les passages incessants du singulier vers le pluriel me semblent assez courants dans l'ensemble du recueil; cependant, ils sont toujours aussi expressifs, c'est vrai.
J'ai eu un prof qui disait qu'il n'y avait en latin que trois poètes: Lucrèce, Catulle, Virgile. Ne salis pas le Véronais! Mais c'est vrai que j'enverrais bien un courrier à la Robine dans le ton du "paedicabo uos"...
Les passages incessants du singulier vers le pluriel me semblent assez courants dans l'ensemble du recueil; cependant, ils sont toujours aussi expressifs, c'est vrai.
J'ai eu un prof qui disait qu'il n'y avait en latin que trois poètes: Lucrèce, Catulle, Virgile. Ne salis pas le Véronais! Mais c'est vrai que j'enverrais bien un courrier à la Robine dans le ton du "paedicabo uos"...
- LefterisEsprit sacré
Ce sont des femmes, ce serait plutôt "futuo" ... Encore que s'il fallait ensuite tenir ses promesses, aïe .elpenor08 a écrit:Oui, grammaticalement, ça fonctionne comme tu disais. L'hypotaxe et son explication sont là pour justifier la construction et lui donner du sens.
Les passages incessants du singulier vers le pluriel me semblent assez courants dans l'ensemble du recueil; cependant, ils sont toujours aussi expressifs, c'est vrai.
J'ai eu un prof qui disait qu'il n'y avait en latin que trois poètes: Lucrèce, Catulle, Virgile. Ne salis pas le Véronais! Mais c'est vrai que j'enverrai bien un courrier à la Robine dans le ton du "paedicabo uos"...
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
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