- LeclochardEmpereur
Voilà, je suis en train d'étudier les nouvelles de Maupassant avec les quatrièmes. Dans Aux Champs, il est question d'un couple bourgeois qui n'arrive pas à avoir d'enfant et qui désire en acheter un enfant à de pauvres paysans. Ils exposent leur projet à une première famille qui refuse. La seconde accepte. Il y a quelque chose de choquant et d'immoral dans cette décision. Pourtant, au final, l'enfant connaît une meilleure destinée: sa vie est plus agréable -comme celles de ses parents grâce à l'argent; il devient cultivé; sa situation matérielle st bien meilleure que s'il était resté avec ses parents. A la fin du récit, il revient les voir. L'enfant que les parents ont refusé de vendre leur en veut alors de n'avoir pas cédé.
Je sais que cette histoire fait toujours débat en classe. J'aimerais vos remarques: y a-t-il des lois morales qu'il ne faut jamais transgresser ? une action morale est-elle toujours préférable ?
Je sais que cette histoire fait toujours débat en classe. J'aimerais vos remarques: y a-t-il des lois morales qu'il ne faut jamais transgresser ? une action morale est-elle toujours préférable ?
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- Reine MargotDemi-dieu
Ce qui me paraît intéressant c'est que l'enfant vendu gagne essentiellement du point de vue matériel et en ascension sociale, et c'est ce que l'autre lui envie. C'est la peinture d'un milieu aimant (parents-enfants, entre voisins) et d'une égalité parfaite (maisons mitoyennes, enfants mêlés), où l'introduction de la richesse vient tout perturber en introduisant l'inégalité.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- philopoussinNiveau 8
Vous pouvez défendre quelque chose qui ressemblerait - en la simplifiant beaucoup pour des 4èmes - à la morale kantienne : ce qui compte n'est pas la conséquence de l'acte, son résultat, puisqu'il s'agit de se déterminer a prori pour agir moralement. C'est une conception de la morale que les élèves ont du mal à saisir, la morale pour eux (enfin, mes Terminales...) se ramène à un calcul d'intérêt.
De façon plus simple : les choses ont "soit un prix, soit une dignité", et vendre un enfant, c'est tout de même l'assimiler à une chose...
J'imagine qu'il faudrait largement encore simplifier tout cela, je propose seulement une piste.
De façon plus simple : les choses ont "soit un prix, soit une dignité", et vendre un enfant, c'est tout de même l'assimiler à une chose...
J'imagine qu'il faudrait largement encore simplifier tout cela, je propose seulement une piste.
- LeclochardEmpereur
Reine Margot a écrit:Ce qui me paraît intéressant c'est que l'enfant vendu gagne essentiellement du point de vue matériel et en ascension sociale, et c'est ce que l'autre lui envie. C'est la peinture d'un milieu aimant (parents-enfants, entre voisins) et d'une égalité parfaite (maisons mitoyennes, enfants mêlés), où l'introduction de la richesse vient tout perturber en introduisant l'inégalité.
Oui. C'est l'argent qui change tout. Il modifie les relations entre les deux familles, attise les sentiments mauvais, et sauve l'enfant de sa destinée.
D'ailleurs, quand on y pense, s'il n'y avait pas l'échange de l'enfant contre de l'argent, je ne suis pas sûr que la décision apparaîtrait si choquante. On parlerait peut-être d'un enfant adopté, voire d'un enfant sauvé de son milieu, à moins de considérer qu'il est normal de ne pas quitter son milieu, quel qu'il soit.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- LeclochardEmpereur
J'ai la chance d'avoir une bonne classe (euro-anglais). La plupart des élèves peuvent, je pense, que la morale préexiste à l'action.
Merci de l'avoir formulé clairement: vendre son enfant, c'est l'assimiler à une chose.
Merci de l'avoir formulé clairement: vendre son enfant, c'est l'assimiler à une chose.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- Bobby-CowenFidèle du forum
J'avais fait lire cette nouvelle à mes élèves aussi. J'avais conduit la réflexion plutôt dans le sens où, de l'avis de Maupassant, ce n'est pas parce qu'on naît paysan, pauvre et sans éducation que l'on ne changera jamais (j'ai ainsi pu leur faire comprendre la différence entre l'inné et l'acquis). Mais j'avais des élèves moins bons que les tiens.
- Thalia de GMédiateur
Ce que fait le narrateur dès l'incipit.Leclochard a écrit:J'ai la chance d'avoir une bonne classe (euro-anglais). La plupart des élèves peuvent, je pense, que la morale préexiste à l'action.
Merci de l'avoir formulé clairement: vendre son enfant, c'est l'assimiler à une chose.
Il y a longtemps que je n'ai pas eu de 4e, mais quand j'étudiais cette nouvelle je leur faisais remarquer que les caractérisations des 2 familles étaient bien négatives, déhumanisantes pour simplifier.
J'aime bien ta question Leclochard, d'autant plus qu'elle se pose aussi à notre époque.
Peux-tu éditer et préciser ton titre, trop vague, stp ?
- NitaEmpereur
Ce qu'il y a d'intéressant pour moi dans cette nouvelle, c'est que l'enfant que Mme D'Hubières achète comme un chiot, et traite avec affection sait d'où il vient.
Il entre en disant "bonjour, papa, bonjour, maman". Et la réaction des parents montre qu'ils ne sont pas que de vils saligauds.
En revanche, le petit Tuvache, lui...
J'édite : en général, mes élèves (et moi même, of course) voyons dans le grouillement des enfants une portée de chatons ou de chiots, et je trouve que ce passage évoque tout à fait ce genre de coup de coeur : oh, je voudrais vous prendre celui-là - non, il est déjà réservé - bon, alors celui-ci ? - y a pas de problème.
Il entre en disant "bonjour, papa, bonjour, maman". Et la réaction des parents montre qu'ils ne sont pas que de vils saligauds.
En revanche, le petit Tuvache, lui...
J'édite : en général, mes élèves (et moi même, of course) voyons dans le grouillement des enfants une portée de chatons ou de chiots, et je trouve que ce passage évoque tout à fait ce genre de coup de coeur : oh, je voudrais vous prendre celui-là - non, il est déjà réservé - bon, alors celui-ci ? - y a pas de problème.
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A clean house is a sign of a broken computer.
- LeclochardEmpereur
Bobby-Cowen a écrit:J'avais fait lire cette nouvelle à mes élèves aussi. J'avais conduit la réflexion plutôt dans le sens où, de l'avis de Maupassant, ce n'est pas parce qu'on naît paysan, pauvre et sans éducation que l'on ne changera jamais (j'ai ainsi pu leur faire comprendre la différence entre l'inné et l'acquis). Mais j'avais des élèves moins bons que les tiens.
C'est une piste intéressante. Nous sommes le fruit d'une éducation et d'un milieu. Je vais y réfléchir. Ca peut être l'objet d'un débat.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- LeclochardEmpereur
Thalia de G a écrit:Ce que fait le narrateur dès l'incipit.Leclochard a écrit:J'ai la chance d'avoir une bonne classe (euro-anglais). La plupart des élèves peuvent, je pense, que la morale préexiste à l'action.
Merci de l'avoir formulé clairement: vendre son enfant, c'est l'assimiler à une chose.
Il y a longtemps que je n'ai pas eu de 4e, mais quand j'étudiais cette nouvelle je leur faisais remarquer que les caractérisations des 2 familles étaient bien négatives, déhumanisantes pour simplifier.
J'aime bien ta question Leclochard, d'autant plus qu'elle se pose aussi à notre époque.
Peux-tu éditer et préciser ton titre, trop vague, stp ?
Oui. On peut s'interroger sur la façon la société satisfait le désir d'enfant. Bon, je ne vais pas relancer une discussion sur la GPA en classe. Mais c'est intéressant de voir comme ce sujet est présent et métamorphosé aujourd'hui.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- DimkaVénérable
Salut,
C’est une fiction : est-ce que la nouvelle ne nous en apprend pas plus sur la conception qu’a l’auteur (bourgeois, mondain, parisien) de la conception morale de ses personnages (des ploucs de la campagne), que sur la conception morale des personnages eux-mêmes ?
C’est une fiction : est-ce que la nouvelle ne nous en apprend pas plus sur la conception qu’a l’auteur (bourgeois, mondain, parisien) de la conception morale de ses personnages (des ploucs de la campagne), que sur la conception morale des personnages eux-mêmes ?
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- Spoiler:
- User17706Bon génie
Plus près des interrogations initiales, il y a la question de l'évaluation de l'acte : peut-elle se faire indépendamment de ses conséquences ? Volens nolens c'est précisément la question que le texte pose. Le texte illustre un clash entre « ce qu'il était bon / juste de faire », en anglais, et « ce qu'il aurait mieux valu faire (pour x) ». Plein de difficultés ici et une littérature considérable : on peut noter par exemple que l'évaluation par les conséquences n'est jamais possible en toute rigueur au moment d'agir, de sorte que le jugement « éclairé », à leur sujet, est toujours rétrospectif.
- User5899Demi-dieu
Hein ?PauvreYorick a écrit: l'évaluation par les conséquences
C'est quoi, ça encore ?
- philopoussinNiveau 8
Cripure a écrit:Hein ?PauvreYorick a écrit: l'évaluation par les conséquences
C'est quoi, ça encore ?
Un conseil du petit poussin à l'Ours : passez votre chemin, les conséquentialistes, comment dire... Risquent de vous refiler de l'urticaire
- LevincentNiveau 9
philopoussin a écrit:Cripure a écrit:Hein ?PauvreYorick a écrit: l'évaluation par les conséquences
C'est quoi, ça encore ?
Un conseil du petit poussin à l'Ours : passez votre chemin, les conséquentialistes, comment dire... Risquent de vous refiler de l'urticaire
Ils sont cons, ces quentialistes.
- philopoussinNiveau 8
Levincent a écrit:
Ils sont cons, ces quentialistes.
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