Réforme du collège, plan numérique : ce que cachent vos 8 jours de formation.

Quelques réflexions, suite aux déclarations de Najat Vallaud-Belkacem lors de sa conférence de presse.

Chacun aura retenu que les enseignants de collège auront tous huit jours de formation continue dans le cadre de la réforme du collège et de la mise en place du grand plan numérique national. Sur le papier, c'est en apparence formidable : voilà la formation continue rétablie, et les enseignants accompagnés vers la grande réussite collective.

Le problème est cependant concret, et relève de la simple logique.
A l'échelle de votre établissement, imaginez ce que représente l'absence de tous les enseignants, par vagues successives, durant huit jours consécutifs ou non, en plus de toutes les autres absences qui ont déjà lieu en temps normal dans toute collectivité (maladie, maternité, voyages scolaires, examens, convocations, etc.).

Durant ces huit jours d'absence, quel que soit leur positionnement dans l'année, il faudra bien que les élèves soient quelque part.
- Va-t-on les renvoyer chez eux ? Ce serait contraire à la politique et aux engagements du ministère depuis des années. Ca poserait également aux parents des problèmes d'organisation considérables, bien supérieurs à la fermeture du collège sur une semaine supplémentaire de vacances par exemple, puisque là les absences sont par définition irrégulières et prévues peu de temps à l'avance ! La responsabilité du collège pourrait également être mise en cause s'il arrivait quelque chose à l'un de ces élèves.
- Va-t-on les mettre en permanence ? On se rend bien compte que c'est matériellement impossible : plusieurs classes étant sans doute touchées en même temps par l'absence de plusieurs professeurs d'une même matière ou d'un même niveau par exemple.
- Va-t-on les mettre au CDI ? Même remarque que ci-dessus : il faudrait doubler voire tripler la surface des CDI actuels.
- Les enseignants se remplaceront-ils les uns les autres ? C'est une possibilité, mais il n'y aura jamais assez d'enseignants d'une même matière pour remplacer chacun de leurs collègues. Et cela signifie que dans chaque équipe disciplinaire, chaque enseignant prend en charge un service supplémentaire de 15 ou 18h réparties sur l'année, soit une demi-heure de plus par semaine. Et c'est un minimum : moins il y aura de collègues volontaires, plus la charge devant être assumée pour ces remplacements mutuels sera lourde. Et que faire pour les disciplines où les équipes sont limitées à une ou deux personnes par établissement ? L'enseignant de musique remplacera-t-il celui d'arts plastiques ? Et les emplois du temps des uns et des autres doivent concorder : ce sera très difficile de trouver des créneaux communs entre le prof absent et le prof volontaire.
- Va-t-on demander aux enseignants de se remplacer eux-mêmes, en rattrapant les heures manquées ? C'est possible, mais dans ce cas cela signifie que chaque enseignant s'apprête à travailler une semaine de plus. Et il faudra trouver des créneaux horaires qui conviennent à l'enseignant et à chaque classe pour rattraper les heures manquées !

On comprend mieux pourquoi la ministre a subrepticement glissé que les enseignants acceptant de faire ces formations durant les vacances pourraient procéder ainsi s'ils le souhaitent : plus ils seront nombreux, plus ils éviteront aux collèges de se noyer sous les énormes problèmes d'organisation qui ne manqueront pas de se produire durant l'année.
Mais même cette solution ne suffira pas à résoudre les problèmes d'organisation qui surviendront, lorsque tous les enseignants d'un même collège devront partir en formation pour huit jours, quel que soit le mode de fonctionnement adopté pour la mise en place de cette formation.

Le ministère a du courage de lancer cette réforme ; les chefs d'établissement ont du courage d'essayer de la mettre en place ; les enseignants ont du courage de rester impassibles devant tout cela. Mais il arrive un certain point où, sans une réflexion préalable approfondie sur les enjeux et les contraintes de ce que l'on entreprend, le courage prend le nom d'inconséquence. Est-on dans l'un ou dans l'autre domaine : la réponse viendra dans les prochains mois.

Ubuesque en effet.
Et le coût ! Personne ne parle du coût de ces 8 journées :shock:
Va bien falloir taper dans le PAF de l'an prochain pour les trouver (déjà que c'est pas bien folichon ce que l'on nous propose).

C'est déjà le cas dans mon académie du sud.
Quasiment plus aucune formation au PAF cette année afin de dégager des moyens pour ces 8 journées.

Dans mon nouvel établissement, j'ai cru comprendre que seul un enseignant par matière serait convoqué à cette formation pour ensuite transmettre la bonne parole.

Plein de petits Jésus...
Je souhaite bon courage à une de mes collègues pour me transmettre cette bonne parole

Pouce a écrit:Dans mon nouvel établissement, j'ai cru comprendre que seul un enseignant par matière serait convoqué à cette formation pour ensuite transmettre la bonne parole.

J'ai compris la même chose. Des enseignants du conseil pédagogique seront choisis (il n'a pas parlé de volontariat ) par le chef d'établissement pour être formé puis ensuite répandre la bonne parole.
Cela reste le même problème, un nombre non négligeable d'enseignant qui ne sont pas devant les élèves.

Je me demandais quelque chose à la lecture de ce qu'a écrit John. La formation n'est-elle pas de droit ? Dans ce cas là, nous n'avons pas à rattraper nos heures ?

Nous n'avons pas, nous, à rattraper nos heures lorsque nous sommes en formation, mais comme la garderie des élèves doit être assurée, les CdE vont demander des volontaires pour occuper les élèves pendant lesdites formations.

Le jour de la pré-rentrée, la principale nous a explicitement annoncé qu'il n'y aurait aucun stage PAF accordé cette année, et qu'elle militait pour placer les formations à la réforme sur les temps de vacances... ambiance, ambiance...

Parent d'élève, à la réunion de rentrée des 6e, j'ai demandé au proviseur ce qu'il en était de la mise en oeuvre de la réforme. Sa seule réponse a porté sur ces journées de formation, avec pour commentaire que cela allait perturber les enseignements du 2e semestre.

Toutes les réformes depuis 40 ans ont progressivement désorganiser l'enseignement en France. Je crois que c'est la première réforme qui va mettre la pagaille avant même sa mise en oeuvre officielle.

Ca me semble clair: l équipe de direction va aménager les emplois du temps pour éviter les permanence et faire sortir les élèves le plus tôt possible et basta!
Non?

Al9 a écrit:

Pouce a écrit:Dans mon nouvel établissement, j'ai cru comprendre que seul un enseignant par matière serait convoqué à cette formation pour ensuite transmettre la bonne parole.

J'ai compris la même chose. Des enseignants du conseil pédagogique seront choisis (il n'a pas parlé de volontariat   ) par le chef d'établissement pour être formé puis ensuite répandre la bonne parole.
Cela reste le même problème, un nombre non négligeable d'enseignant qui ne sont pas devant les élèves.

Je me demandais quelque chose à la lecture de ce qu'a écrit John. La formation n'est-elle pas de droit ? Dans ce cas là, nous n'avons pas à rattraper nos heures ?

Bizarre puisque notre bien-aimée ministre nous parle de 8 jours de formation pour tous les professeurs

Oui, mais tu sais, elle parle aussi de latin pour tous les élèves, de la bilangue pour tous les élèves (avec la LV2 en 5e), donc ce qu'elle dit, hein...

Ah oui, c'est vrai, je suis naïf...Je partais du postulat qu'elle ne mentait pas !

henriette a écrit:Oui, mais tu sais, elle parle aussi de latin pour tous les élèves, de la bilangue pour tous les élèves (avec la LV2 en 5e), donc ce qu'elle dit, hein...

Et notre cde nous a parlé de l'option DP3 pour tous les élèves avec l'EPI Monde Professionnel, fallait oser la faire celle-là... mais il a quand même précisé que cette option en tant que telle était supprimée, un demi déni quoi.

Tu as oublié une hypothèse, John :

- Va-t-on faire de certains de ces jours de formation des "formations à distance" sur M@gistère, en dehors du temps de service ?

ou les étaler sur les mercredis après midi?
Les possibilités sont multiples.

Tiberius a écrit:C'est déjà le cas dans mon académie du sud.
Quasiment plus aucune formation au PAF cette année afin de dégager des moyens pour ces 8 journées.

Ici aussi : on a reçu un message fin juin pour nous signaler que les formations prévues seraient annulées et exclusivement consacrée à la réforme du collège.

Pouce a écrit:Dans mon nouvel établissement, j'ai cru comprendre que seul un enseignant par matière serait convoqué à cette formation pour ensuite transmettre la bonne parole.

 
Oui, mais pendant qu'ils reçoivent la bonne parole, ils ne sont pas en cours : que fait-on des élèves ?

8 jours par collègue ça commence à faire.

Les parents vont peut-être commencer à nous soutenir

Dinaaa a écrit:Nous n'avons pas, nous, à rattraper nos heures lorsque nous sommes en formation, mais comme la garderie des élèves doit être assurée, les CdE vont demander des volontaires pour occuper les élèves pendant lesdites formations.

Le jour de la pré-rentrée, la principale nous a explicitement annoncé qu'il n'y aurait aucun stage PAF accordé cette année, et qu'elle militait pour placer les formations à la réforme sur les temps de vacances... ambiance, ambiance...

Ça va peut-être en faire réagir quelques uns !

Iphigénie a écrit:ou les étaler sur les mercredis après midi?
Les possibilités sont multiples.

Notre cde a déjà lancé un ballon d'essai en évoquant deux mercredis après-midi de formation : tollé général.

Je pense à des mercredis après-midi, des samedis matin ou...

Spoiler:

Dinaaa a écrit:
Le jour de la pré-rentrée, la principale nous a explicitement annoncé qu'il n'y aurait aucun stage PAF accordé cette année

Idem dans mon collège, le principal a annoncé qu'il refuserait toutes les demandes de stage au PAF, car il y aurait déjà 8 jours avec les formations pour la réforme...
Joie, bonheur....

Roumégueur Ier a écrit:

henriette a écrit:Oui, mais tu sais, elle parle aussi de latin pour tous les élèves, de la bilangue pour tous les élèves (avec la LV2 en 5e), donc ce qu'elle dit, hein...

Et notre cde nous a parlé de l'option DP3 pour tous les élèves avec l'EPI Monde Professionnel, fallait oser la faire celle-là... mais il a quand même précisé que cette option en tant que telle était supprimée, un demi déni quoi.

Même chose dans mon etb...si ça se trouve, we are collègue! Ou alors ça leur a été soufflé un peu plus haut et tout le monde est d'accord dans le sud ouest!

Mandy8 a écrit:

Dinaaa a écrit:
Le jour de la pré-rentrée, la principale nous a explicitement annoncé qu'il n'y aurait aucun stage PAF accordé cette année

Idem dans mon collège, le principal a annoncé qu'il refuserait toutes les demandes de stage au PAF, car il y aurait déjà 8 jours avec les formations pour la réforme...
Joie, bonheur....

Je sens que ca va être houleux avec ma principal si elle s'imagine me cramer pour la 3e année consécutive ma formation théâtre...

Quelqu'un connait le N° de tél de la DAFPA Versailles ?

Quel ministère d'incapables, juste un N° de télécopie. Nulle part n'est indiqué le numéro téléphonique du service qui s'occupe de la formation des enseignants.

Et cette ministre ose parler de priorité donnée à la formation. Quelle honte.

Mandy8 a écrit:

Dinaaa a écrit:
Le jour de la pré-rentrée, la principale nous a explicitement annoncé qu'il n'y aurait aucun stage PAF accordé cette année

Idem dans mon collège, le principal a annoncé qu'il refuserait toutes les demandes de stage au PAF, car il y aurait déjà 8 jours avec les formations pour la réforme...
Joie, bonheur....

Parce qu'on vous en propose ??