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- doctor whoDoyen
Est-il possible d'utiliser ces "cartes sensibles" pour communiquer des connaissances ? Ou est-ce un outil de développement personnel ?
Franchement pas convaincu, a fortiori pour une utilisation pédagogique.
Franchement pas convaincu, a fortiori pour une utilisation pédagogique.
- ElyasEsprit sacré
doctor who a écrit:Est-il possible d'utiliser ces "cartes sensibles" pour communiquer des connaissances ? Ou est-ce un outil de développement personnel ?
Franchement pas convaincu, a fortiori pour une utilisation pédagogique.
En géographie, dans les études sur l'habiter (au sens géographique, certains disent que le géographie n'est que l'étude de l'habiter mais ce sont des gros bourrins pro-habiter :lol:), il y a l'importance de la notion d'imaginaire. Ces cartes sensibles permettent de faire émerger cette géographie imaginaire que nous créons tous et de la confronter à la réalité. La géographie est avant tout un regard. Jouer avec le regard fantasmé permet d'amener les élèves à devenir curieux et rigoureux.
- anoukis59Fidèle du forum
Artysia a écrit:Et bien moi je suis surprise de voir que pour beaucoup la géographie ne peut pas évoluer. On ne parle pas de ne faire que ça en classe mais d'introduire de la géographie des émotions qui mobilise un pan de la recherche en géographie aujourd'hui et va de pair avec le concept du territoire, concept hautement géographique.
Pour les arts plastiques, c'est très réducteur de ne voir ses apports que pour le collage. On peut très bien travailler sur les émotions et leur rendu, que ce soit des émotions positives ou négatives... d'où l'importance d'inscrire ce genre de production dans un temps assez long. De plus ce projet pourrait également s'inscrire dans le nouveau programme d'EMC (qu'on soit pour ou contre, le problème n'est pas là).
La nation d'habiter un lieu en géographie ne se résume pas aux caractéristiques physiques de cet endroit. D'ailleurs les cartes mentales géographiques peuvent être très intéressantes à ce propos.
Artysia, tu as parfaitement résumé ce que je pense!
- InvitéInvité
doctor who a écrit:Est-il possible d'utiliser ces "cartes sensibles" pour communiquer des connaissances ? Ou est-ce un outil de développement personnel ?
Franchement pas convaincu, a fortiori pour une utilisation pédagogique.
Je complète la réponse d'Elyas. En premier lieu je ne sais pas trop ce qu'est le "développement personnel" en histoire et géographie. La carte mentale prise isolément n'est pas un instrument de communication de connaissances, c'est je crois l'avoir dit, un instrument pour faire émerger des représentations chez les élèves: par exemple en sixième les endroits qu'il ou sa famille fréquentent dans le cadre de leurs activités, loisirs etc. et comment il conçoit dans sa tête leur agencement spatial. Si on s'en tient là en géographie cela n'apporte, il me semble, strictement rien. C'est dans la confrontation avec d'autres supports (cartes, photos, textes, etc.) que l'élève va se questionner, reconstruire et enrichir ses connaissances pour arriver à la compréhension de logiques d'occupation de l'espace (spécialisations, connexions...). Bien sûr c'est dans le cadre d'une démarche de travail personnel (la fameuse "activité") voire de tâche complexe. C'est sûr que si on répugne par principe à ce type de démarche l'outil ne va pas plaire et n'a pas de sens dans une logique transmissive frontale.
- doctor whoDoyen
Tamerlan a écrit:doctor who a écrit:Est-il possible d'utiliser ces "cartes sensibles" pour communiquer des connaissances ? Ou est-ce un outil de développement personnel ?
Franchement pas convaincu, a fortiori pour une utilisation pédagogique.
Je complète la réponse d'Elyas. En premier lieu je ne sais pas trop ce qu'est le "développement personnel" en histoire et géographie. La carte mentale prise isolément n'est pas un instrument de communication de connaissances, c'est je crois l'avoir dit, un instrument pour faire émerger des représentations chez les élèves: par exemple en sixième les endroits qu'il ou sa famille fréquentent dans le cadre de leurs activités, loisirs etc. et comment il conçoit dans sa tête leur agencement spatial. Si on s'en tient là en géographie cela n'apporte, il me semble, strictement rien. C'est dans la confrontation avec d'autres supports (cartes, photos, textes, etc.) que l'élève va se questionner, reconstruire et enrichir ses connaissances pour arriver à la compréhension de logiques d'occupation de l'espace (spécialisations, connexions...). Bien sûr c'est dans le cadre d'une démarche de travail personnel (la fameuse "activité") voire de tâche complexe. C'est sûr que si on répugne par principe à ce type de démarche l'outil ne va pas plaire et n'a pas de sens dans une logique transmissive frontale.
La question n'est pas dans l'acceptation des activités ni des tâches complexes, mais plutôt dans la pertinence qu'il y a à partir des représentations des élèves, et de manière hyper-développée en plus (il faut du temps pour faire une telle "carte").
_________________
Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
Blog pédagogique : http://pedagoj.eklablog.com
- anoukis59Fidèle du forum
doctor who a écrit:Tamerlan a écrit:doctor who a écrit:Est-il possible d'utiliser ces "cartes sensibles" pour communiquer des connaissances ? Ou est-ce un outil de développement personnel ?
Franchement pas convaincu, a fortiori pour une utilisation pédagogique.
Je complète la réponse d'Elyas. En premier lieu je ne sais pas trop ce qu'est le "développement personnel" en histoire et géographie. La carte mentale prise isolément n'est pas un instrument de communication de connaissances, c'est je crois l'avoir dit, un instrument pour faire émerger des représentations chez les élèves: par exemple en sixième les endroits qu'il ou sa famille fréquentent dans le cadre de leurs activités, loisirs etc. et comment il conçoit dans sa tête leur agencement spatial. Si on s'en tient là en géographie cela n'apporte, il me semble, strictement rien. C'est dans la confrontation avec d'autres supports (cartes, photos, textes, etc.) que l'élève va se questionner, reconstruire et enrichir ses connaissances pour arriver à la compréhension de logiques d'occupation de l'espace (spécialisations, connexions...). Bien sûr c'est dans le cadre d'une démarche de travail personnel (la fameuse "activité") voire de tâche complexe. C'est sûr que si on répugne par principe à ce type de démarche l'outil ne va pas plaire et n'a pas de sens dans une logique transmissive frontale.
La question n'est pas dans l'acceptation des activités ni des tâches complexes, mais plutôt dans la pertinence qu'il y a à partir des représentations des élèves, et de manière hyper-développée en plus (il faut du temps pour faire une telle "carte").
Je pense que ça dépend du chapitre traité. Dans le cas du chapitre sur l'espace proche en 6ème, cela me semble tout à fait pertinent de partir des représentations des élèves pour ensuite les confronter à des logiques purement géographiques.
- InvitéInvité
Oui, pourquoi se priver de cette approche (qui n'est pas la seule possible) dans ce chapitre. Quel souci particulier voyez-vous à partir de temps en temps des représentations (en mettant le temps de côté, le travail peut être fait à la maison)?
- doctor whoDoyen
Si c'est de temps en temps, rien, naturellement.
Mais j'ajoute que l'on n'est pas obligé de partir des représentations à l'échelle du chapitre pour parvenir à les mobiliser et à les utiliser dans le processus pédagogique.
Mais j'ajoute que l'on n'est pas obligé de partir des représentations à l'échelle du chapitre pour parvenir à les mobiliser et à les utiliser dans le processus pédagogique.
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- ElyasEsprit sacré
doctor who a écrit:Si c'est de temps en temps, rien, naturellement.
Mais j'ajoute que l'on n'est pas obligé de partir des représentations à l'échelle du chapitre pour parvenir à les mobiliser et à les utiliser dans le processus pédagogique.
C'est une pratique très marginale, applicable uniquement sur certains chapitres car les élèves doivent connaître l'endroit. Donc, soit le chapitre "Mon espace proche" en 6e soit son correspondant en 1re (qui a un titre avec développement durable). Ou alors à la suite d'une sortie géographie (qui sont ultra-rares). C'est donc vraiment marginal mais bigrement intéressant dans l'apprentissage des règles d'écriture cartographique.
Au passage, les professeurs d'arts plastiques font souvent un moment dans l'année où ils demandent à leurs élèves de faire des cartes imaginaires (ce qui donne des travaux très intéressants). Ma collègue l'a fait cette année et est venue me voir pour me demander pourquoi mes élèves insistaient autant sur la légende
- IphigénieProphète
une interrogation inquiète et hors-sujet:comment représenter la peur ? l'enfermement ? l'interdit ? mais aussi l'amour, l'amitié, la joie, etc.
c'est bien de la géographie, ça?
ou une emprise (voire manipulation) dangereuse et inquiétante de l'intime?
Vous êtes psy aussi?
- InvitéInvité
Iphigénie a écrit:une interrogation inquiète et hors-sujet:comment représenter la peur ? l'enfermement ? l'interdit ? mais aussi l'amour, l'amitié, la joie, etc.
c'est bien de la géographie, ça?
ou une emprise (voire manipulation) dangereuse et inquiétante de l'intime?
Vous êtes psy aussi?
Non, moi je ne me lancerai jamais là-dedans...
- Isis39Enchanteur
Tamerlan a écrit:Iphigénie a écrit:une interrogation inquiète et hors-sujet:comment représenter la peur ? l'enfermement ? l'interdit ? mais aussi l'amour, l'amitié, la joie, etc.
c'est bien de la géographie, ça?
ou une emprise (voire manipulation) dangereuse et inquiétante de l'intime?
Vous êtes psy aussi?
Non, moi je ne me lancerai jamais là-dedans...
Il y a pourtant cela dans els programmes d'EMC. Mais moi non plus je ne me lancerai pas là-dedans.
- Fesseur ProGuide spirituel
On sait tout faire nous en H/G/EMC...Isis39 a écrit:Il y a pourtant cela dans les programmes d'EMC.
_________________
Pourvu que ça dure...
- InvitéInvité
Après quelques recherches, effectivement il y a une réflexion universitaire là-dessus.
http://www.geographie.ens.fr/-Geographie-des-emotions-.html
Ce n'est pas inintéressant et cela ne relève pas du psy, plutôt du rapport ressenti-émotion-perception des espaces (attractivité ou rejet).
En l'état j'aurais du mal à l'employer dans le secondaire.
http://www.geographie.ens.fr/-Geographie-des-emotions-.html
Ce n'est pas inintéressant et cela ne relève pas du psy, plutôt du rapport ressenti-émotion-perception des espaces (attractivité ou rejet).
En l'état j'aurais du mal à l'employer dans le secondaire.
- IphigénieProphète
Bon, bon, vous me rassurez, disons en tant que parent
- HonoréNiveau 2
Iphigénie a écrit:une interrogation inquiète et hors-sujet:comment représenter la peur ? l'enfermement ? l'interdit ? mais aussi l'amour, l'amitié, la joie, etc.
c'est bien de la géographie, ça?
ou une emprise (voire manipulation) dangereuse et inquiétante de l'intime?
Vous êtes psy aussi?
Oui, comme vous pouvez le voir je ne suis pas "fou", et je citais simplement ces questions universitaires (effectivement issues en partie du séminaire de l'ENS cité précédemment) à titre d'exemple. Je pense aussi que cela paraît assez difficile à enseigner.
J'ai lu des commentaires qui me rassurent un peu sur l'appréhension de la géographie et la manière dont on peut l'enseigner aux élèves. La géographie universitaire et la géographie enseignée sont (à première vue du moins) assez éloignées.
Par exemple, l'ensemble des programmes est bâti sur la notion de "territoire". Bon, il s'agit bien d'un paradigme de la géographie, mais qui est contesté par certains champs de la discipline. Sa position hégémonique me gêne un peu, mais c'est un autre débat.
- ElyasEsprit sacré
Honoré a écrit:Iphigénie a écrit:une interrogation inquiète et hors-sujet:comment représenter la peur ? l'enfermement ? l'interdit ? mais aussi l'amour, l'amitié, la joie, etc.
c'est bien de la géographie, ça?
ou une emprise (voire manipulation) dangereuse et inquiétante de l'intime?
Vous êtes psy aussi?
Oui, comme vous pouvez le voir je ne suis pas "fou", et je citais simplement ces questions universitaires (effectivement issues en partie du séminaire de l'ENS cité précédemment) à titre d'exemple. Je pense aussi que cela paraît assez difficile à enseigner.
J'ai lu des commentaires qui me rassurent un peu sur l'appréhension de la géographie et la manière dont on peut l'enseigner aux élèves. La géographie universitaire et la géographie enseignée sont (à première vue du moins) assez éloignées.
Par exemple, l'ensemble des programmes est bâti sur la notion de "territoire". Bon, il s'agit bien d'un paradigme de la géographie, mais qui est contesté par certains champs de la discipline. Sa position hégémonique me gêne un peu, mais c'est un autre débat.
Peux-tu développer ?
- boris vassilievGrand sage
Ancolie a écrit:Oui il existe encore des élèves qu'il faut ensuite convaincre d'aller en cours à coup de "mais non l'enseignant-e ne se fout pas de ta g...., c'est juste une façon différente de travailler " en serrant bien les dents et en contenant sa colère pour que l'année se termine cette fois-ci.Cripure a écrit:Dans la carte représentée, il y a une partie qui, projetée au tableau entre la 6e et la terminale, devrait avoir son petit succès d'estime et causer un beau bazar avec un(e) collègue un peu mal à l'aiseHonoré a écrit:Bonjour à tous ;
J'aimerais vous soumettre une idée (théorique) d'interdisciplinarité (effective ou non, peu importe) dans la réalisation cartographique. Les cartes mentales ne sont pas la seule manière de faire de la cartographie autrement ou de représenter l'espace de manière originale.
Se développe en ce moment, à l'état certes embryonnaire depuis quelques années, le courant de la cartographie sensible : http://visionscarto.net/cartographie-sensible. Elle est liée à la géographie des émotions (ou géographie sensible), et relève des questions simples et complexes à la fois : comment représenter la peur ? l'enfermement ? l'interdit ? mais aussi l'amour, l'amitié, la joie, etc.
J'emprunte la carte suivante à l'article précédent :
Je me demandais comment vous jugeriez la faisabilité d'un projet (sur l'espace proche, par exemple) qui nécessiterait les techniques des arts plastiques (collages, récolte de tissus, etc) et la démarche théorique de la géographie (avec une réflexion sur le passage de la "réalité" géographique à l'abstraction cartographique).
Honoré.Si ça peut les aider à situer Strasbourg ailleurs qu'à Fos-sur-mer...anoukis59 a écrit:Une idée qui, peut-être, pourrait être envisageable : faire réaliser par les élèves une carte sensible de leur trajet pour venir au collège (sans mise à l'échelle sinon c'est trop compliqué pour les élèves de 6ème) et pour chaque point du trajet qui leur paraît important, y associer un élément de tissu... Je ne sais pas si ça pourrait correspondre au concept de carte sensible ?
Oui, je sais, je suis un vieux con, à un point tel que quand je ne sais pas, je ne m'interroge pas (comprenne qui pourra).
Sinon, j'ai été en 6e et la perspective rétrospective (oui...) d'avoir eu à coller du tissu sur le plan de mon trajet, comment dire...
Bref, j'allais à l'école pour apprendre des trucs, et beaucoup d'élèves y vont aussi encore pour ça.
Voilà. Comme c'est un forum, j'ai eu envie de dire mon atterrement. Je ne vous embête plus
Puis mêler les Arts Plastiques à ça, ben voyons, le collage, la récup toussa toussa !
+ 1
_________________
On a beau dire, y'a pas seulement que de la pomme, y'a autre chose : ça serait pas des fois de la betterave, hein ? Si, y'en a aussi... (Jean Lefebvre / Lino Ventura, Les Tontons flingueurs, 1963, Michel Audiard évidemment, à propos du... "bizarre").
- HonoréNiveau 2
Elyas a écrit:
Peux-tu développer ?
La critique émane notamment de V. Veschambre et F. Ripoll : Face à l'hégémonie du territoire, mais elle est partagée par d'autres dans la géographie sociale (voire radicale) pour un certain nombre de motifs :
- L'inflation du terme "territoire" dans l'action publique, l'urbanisme, le marketing, etc... est le fruit d'une idéologie. Dit comme ça, c'est effectivement enfoncer une porte ouverte. Mais des "territoires de l'innovation" au "territoire proche" il y a une nuance certaine que l'emploi d'un terme générique ne parvient pas à mon sens révéler totalement. Pourquoi ne jamais vouloir employer le terme "espace" ?
- Au-delà de questions qui paraissent être sémantiques, il faut aussi mentionner dire que la géographie enseignée semble vivre de l'adage de J. Scheibling (dans Qu'est-ce que la géographie, 1994) : "la géographie est la science des territoires" : il pense d'ailleurs que l'espace est un concept "abstrait" et "vide".
- Mais il faut se souvenir de la place accordée par les géographes à la "région", en tant qu'héritière de la science de synthèse que devait être la géographie, complément de l'histoire. Dans la région survivait en quelque sorte le possibilisme de l'école vidalienne : et elle offre un cadre idéal à l'expression de la "géographie économique".
- Un reproche plus général consiste à revenir sur le premier : le territoire est un concept parfait pour l'économie régionale. Il permet d'évoquer les systèmes, les acteurs, la gouvernance, le projet. En revanche, il est plus malaisé lorsque l'on change de terrain et d'objet : et il prend le sens que lui donne la géopolitique. Et ainsi d'aborder la question sociale sous l'angle du conflit. Le territoire suppose une identité, un dedans et un dehors, moi, nous et le ou les autre(s), etc... Il suppose aussi une frontière, par exemple.
Comment évoquer la question de la migration avec une perspective "territoriale" ?
En bref, ce n'est pas le territoire en tant que concept qui pose problème, mais le fait qu'il soit devenu un maître-mot, ou un mot-clé de la géographie (au détriment d'autres, dont certains sont les préférés d'un certain Michel Lussault...). J'ai certainement résumé trop rapidement ce qui demeure un débat ouvert dans le champ universitaire.
- ElyasEsprit sacré
Honoré a écrit:Elyas a écrit:
Peux-tu développer ?
La critique émane notamment de V. Veschambre et F. Ripoll : Face à l'hégémonie du territoire, mais elle est partagée par d'autres dans la géographie sociale (voire radicale) pour un certain nombre de motifs :
- L'inflation du terme "territoire" dans l'action publique, l'urbanisme, le marketing, etc... est le fruit d'une idéologie. Dit comme ça, c'est effectivement enfoncer une porte ouverte. Mais des "territoires de l'innovation" au "territoire proche" il y a une nuance certaine que l'emploi d'un terme générique ne parvient pas à mon sens révéler totalement. Pourquoi ne jamais vouloir employer le terme "espace" ?
- Au-delà de questions qui paraissent être sémantiques, il faut aussi mentionner dire que la géographie enseignée semble vivre de l'adage de J. Scheibling (dans Qu'est-ce que la géographie, 1994) : "la géographie est la science des territoires" : il pense d'ailleurs que l'espace est un concept "abstrait" et "vide".
- Mais il faut se souvenir de la place accordée par les géographes à la "région", en tant qu'héritière de la science de synthèse que devait être la géographie, complément de l'histoire. Dans la région survivait en quelque sorte le possibilisme de l'école vidalienne : et elle offre un cadre idéal à l'expression de la "géographie économique".
- Un reproche plus général consiste à revenir sur le premier : le territoire est un concept parfait pour l'économie régionale. Il permet d'évoquer les systèmes, les acteurs, la gouvernance, le projet. En revanche, il est plus malaisé lorsque l'on change de terrain et d'objet : et il prend le sens que lui donne la géopolitique. Et ainsi d'aborder la question sociale sous l'angle du conflit. Le territoire suppose une identité, un dedans et un dehors, moi, nous et le ou les autre(s), etc... Il suppose aussi une frontière, par exemple.
Comment évoquer la question de la migration avec une perspective "territoriale" ?
En bref, ce n'est pas le territoire en tant que concept qui pose problème, mais le fait qu'il soit devenu un maître-mot, ou un mot-clé de la géographie (au détriment d'autres, dont certains sont les préférés d'un certain Michel Lussault...). J'ai certainement résumé trop rapidement ce qui demeure un débat ouvert dans le champ universitaire.
C'est passionnant. Merci de m'avoir répondu. Quels sont les mots préférés de Lussault ? Pour ma part, je préfère le terme d'espace, je le trouve plus ouvert, mouvant et compatible avec la question des flux en tout genre.
- doctor whoDoyen
Si c'est pour l'évoquer avec les élèves, mieux vaut à mon avis le terme d'"espace", qui ne nécessitera pas au moins une fastidieuse définition à apprendre par cœur, à côté du "hub" et de "flux".
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Mon blog sur Tintin (entre autres) : http://popanalyse.over-blog.com/
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- anoukis59Fidèle du forum
Tout d'abord désolée car ce post risque d'être assez véhément mais à vrai dire, je suis "très légèrement" énervée de voir que certains collègues reprennent l'idée que j'avais émise (Une idée qui, peut-être, pourrait être envisageable : faire réaliser par les élèves une carte sensible de leur trajet pour venir au collège (sans mise à l'échelle sinon c'est trop compliqué pour les élèves de 6ème) et pour chaque point du trajet qui leur paraît important, y associer un élément de tissu... Je ne sais pas si ça pourrait correspondre au concept de carte sensible ?) en insinuant qu'il s'agirait de foutage de g....e vis à vis des élèves et qui utilisent des smileys type ou et là, j'avoue que je prend plutôt mal ces posts (peut-être est-ce du narcissisme mais bon....)
Je leur fais donc remarquer que, non, il ne s'agit pas de foutage de g.....e mais juste de répondre à Honoré par une idée qui mettrait en oeuvre la réalisation d 'une carte sensible dont le but n'est pas juste du collage de tissus ou autres. Chacun a ses idées, ses opinions et sa façon de travailler mais je ne me permettrais de critiquer une idée d'un ou d'une collègue de cette façon là. Je précise également que lors de mes cours, les élèves TRAVAILLENT par fois différemment mais ils travaillent et les retours sont loin d'être négatifs (de la part des parents).
Je leur fais donc remarquer que, non, il ne s'agit pas de foutage de g.....e mais juste de répondre à Honoré par une idée qui mettrait en oeuvre la réalisation d 'une carte sensible dont le but n'est pas juste du collage de tissus ou autres. Chacun a ses idées, ses opinions et sa façon de travailler mais je ne me permettrais de critiquer une idée d'un ou d'une collègue de cette façon là. Je précise également que lors de mes cours, les élèves TRAVAILLENT par fois différemment mais ils travaillent et les retours sont loin d'être négatifs (de la part des parents).
- InvitéInvité
Je suis étonné, espace et territoire n'ont pas du tout le même sens. Renoncer à travailler sur le territoire c'est renoncer à travailler sur l'appropriation de l'espace. En géo humaine c'est pourquoi la territoire est une notion centrale. Que ce soit devenu un mot à la mode (et idéologique je suis d'accord) n'y change me semble-t-il rien. Par ailleurs cela n'oblige pas à renoncer à la notion d'espace pour le genre de descriptions dont parle Elyas.
PS : vous comprenez tout ce que raconte Lussault vous ? Moi j'ai du mal.
PS : vous comprenez tout ce que raconte Lussault vous ? Moi j'ai du mal.
- HonoréNiveau 2
Elyas a écrit:
C'est passionnant. Merci de m'avoir répondu. Quels sont les mots préférés de Lussault ? Pour ma part, je préfère le terme d'espace, je le trouve plus ouvert, mouvant et compatible avec la question des flux en tout genre.
Lussault parle de "spatialités" ou "d'opérateurs spatiaux" par exemple. http://traces.revues.org/4854 (dans ce court article il explique ce qu'est la géographie pour lui, c'est assez intéressant).
doctor who a écrit:Si c'est pour l'évoquer avec les élèves, mieux vaut à mon avis le terme d'"espace", qui ne nécessitera pas au moins une fastidieuse définition à apprendre par cœur, à côté du "hub" et de "flux".
Oui, je suis d'accord avec vous deux. Cependant, on lui ajoute souvent une épithète : "espace social", "espace des sociétés"... alors qu'il marche très bien tout seul. En revanche, une définition fastidieuse de l'espace reste envisageable :lol:
Tamerlan a écrit:Je suis étonné, espace et territoire n'ont pas du tout le même sens. Renoncer à travailler sur le territoire c'est renoncer à travailler sur l'appropriation de l'espace. En géo humaine c'est pourquoi la territoire est une notion centrale. Que ce soit devenu un mot à la mode (et idéologique je suis d'accord) n'y change me semble-t-il rien. Par ailleurs cela n'oblige pas à renoncer à la notion d'espace pour le genre de descriptions dont parle Elyas.
En effet, les deux mots ne sont pas strictement interchangeables si l'on s'en tient au territoire tel qu'il est apparu chez les géographes sociaux français du début des années 1980 ; en somme : le territoire, c'est l'espace vécu (on entend plus souvent aujourd'hui "approprié"). En revanche, je pense qu'on peut (et qu'on doit) parler d'appropriation de l'espace sans le territoire. S'approprier un espace n'est pas nécessairement transformer l'espace en territoire ; et ce parce que le territoire a quelque chose de permanent, d'identitaire, de construit et de stable. Or les espaces appropriés peuvent l'être provisoirement (comme les manifestations de rue), violemment, dans des temporalités très variées. On ne peut, à mon sens, s'autoriser à évoquer le territoire comme produit de l'appropriation de l'espace que dans une pratique quotidienne, répétée, ou étant l'objet d'un aménagement.
- InvitéInvité
Honoré a écrit:
En effet, les deux mots ne sont pas strictement interchangeables si l'on s'en tient au territoire tel qu'il est apparu chez les géographes sociaux français du début des années 1980 ; en somme : le territoire, c'est l'espace vécu (on entend plus souvent aujourd'hui "approprié"). En revanche, je pense qu'on peut (et qu'on doit) parler d'appropriation de l'espace sans le territoire. S'approprier un espace n'est pas nécessairement transformer l'espace en territoire ; et ce parce que le territoire a quelque chose de permanent, d'identitaire, de construit et de stable. Or les espaces appropriés peuvent l'être provisoirement (comme les manifestations de rue), violemment, dans des temporalités très variées. On ne peut, à mon sens, s'autoriser à évoquer le territoire comme produit de l'appropriation de l'espace que dans une pratique quotidienne, répétée, ou étant l'objet d'un aménagement.
Je suis d'accord. Néanmoins je m'interroge sur les autres formes d'appropriation de l'espace, en particulier sur la possibilité d'aborder ce genre de choses dans l'enseignement primaire et secondaire. L'occupation de l'espace oui bien sûr, l'appropriation de l'espace dans une perspective non territoriale c'est moins évident. Cela interroge aussi les directions que l'on veut donner à la géographie scolaire : la tendance est quand même à préparer les élèves à la possibilité de devenir des acteurs spatiaux conscients de ce type d'enjeu.
- InvitéInvité
Honoré a écrit:
Lussault parle de "spatialités" ou "d'opérateurs spatiaux" par exemple. http://traces.revues.org/4854 (dans ce court article il explique ce qu'est la géographie pour lui, c'est assez intéressant).
Merci pour l'article. Je conseille à tous les non-géographes de le lire. Je suis curieux des réactions
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