Séquence sur l'argumentation pour commencer l'année avec des premières S et ES

Bonjour ,

En septembre ce sera ma troisième rentrée et j'aurai pour la première fois des élèves de première (ES et S). J'angoisse beaucoup, c'est pour cette raison que je commence déjà à travailler. Mes collègues se sont mis d'accord sur les objets d'étude à traiter en priorité en début d'année dans l'optique du bac blanc. En première, je dois commencer par l'argumentation (ce n'est pas l'objet d'étude que je préfère ...). N'ayant aucun cours en première et ne sachant pas ce qui fonctionne bien avec les élèves, auriez-vous des textes à me conseiller pour l'argumentation ou des pistes pour construire ma séquence ?

Merci d'avance pour votre aide !
Bonne journée.

Des séquences sur l'Utopie ou la monstruosité fonctionnent assez bien. Ce sont des sujets riches (un peu trop d'ailleurs, il est tentant d'en faire toujours plus)

Merci pour ta réponse Qu'entends-tu par contre par monstruosité exactement ?

Ce que signifie la figure du monstre dans notre conception de l'humanité (voir Frankenstein par exemple..).
Et le monstre n'est pas toujours celui que l'on croit (voir Walking dead... ou L'Homme qui rit)

MelleSarah a écrit:
En septembre ce sera ma troisième rentrée
Mes collègues se sont mis d'accord
En première, je dois commencer par

Perso, je commencerais par gentiment indiquer que je n'en fais qu'à ma tête, que je ne ferai pas ce bac blanc et qu'on ne décide rien sans moi.
Après quoi, je commencerais une vaste partie sur le théâtre romantique.
Juste histoire de marquer le territoire, voyez...

Cripure a écrit:

MelleSarah a écrit:
En septembre ce sera ma troisième rentrée
Mes collègues se sont mis d'accord
En première, je dois commencer par

Perso, je commencerais par gentiment indiquer que je n'en fais qu'à ma tête, que je ne ferai pas ce bac blanc et qu'on ne décide rien sans moi.
Après quoi, je commencerais une vaste partie sur le théâtre romantique.
Juste histoire de marquer le territoire, voyez...

:lol: :lol:

Moi, j'aurais dit la poésie...

Sinon, pour être plus constructive (que tu fasses cet OE en début ou milieu d'année d'ailleurs), tu as les éternels GT sur la peine de mort, l'esclavage, le droit des femmes, l'éducation etc.
Ou bien tu choisis de faire une OI, soit entière, soit par extraits et là, tu ne manques pas de choix. Mais je te conseillerai de faire un truc qui te plaît, un truc que tu as envie d'étudier avec les gamins, peu importe l'OI ou le GT.

Le pire dans l'argu ce sont bien ces "thèmes" sempiternels que l'on voit apparaître dans les manuels ou internet ... et qui transforment la littérature en combat d'arrière-garde ...
Donc oui, chercher un vrai questionnement, et qui t'intéresse surtout.
Comme le dit mon IPR préféré: ne pas oublier que l'on fait de la littérature, surtout pas de la sociologie

Merci pour vos réponses !

Je suis aussi très étonnée d'entendre que des équipes décident de la progression choisie et de l'ordre des objets d'étude. Après je comprends que lorsqu'on est tout neuf dans un établissement on ne veuille pas se singulariser mais, dieu que c'est pesant!

Alors moi je fais une séquence depuis 2 ans et je dois dire que les élèves adhèrent bien. Elle traite de la déshumanisation. Quels sont les processus de déshumanisation? (Et donc qu'est-ce qu'être humain?) Comment résister à ces tentatives de déshumanisation? Et oui, on retrouve des textes assez classiques sur l'esclavage, la colonisation et la 2nde GM mais aussi la déshumanisation par le travail au XXème (travail à la chaine). Et comme OI, ce qui fonctionne assez bien (et ce qui peut être pratique car on peut combiner avec l'OE théâtre), c'est Rhinocéros.

Cela m'intéresse, Chloé.
Est-ce que tu peux en dire plus sur les textes que tu travailles?
Je cherche à changer ma séquence...J'avais fait quelque chose sur le monstre cette année mais c'est assez mal passé.

Brindacier a écrit:Je suis aussi très étonnée d'entendre que des équipes décident de la progression choisie et de l'ordre des objets d'étude. Après je comprends que lorsqu'on est tout neuf dans un établissement on ne veuille pas se singulariser mais, dieu que c'est pesant!

Tout dépend de la manière.
Si on veut faire des bacs blancs il faut bien accepter d'avoir au moins une séquence commune avec les collègues au moment où il a lieu (y a pas besoin de plus, pas besoin de décider de toute la progression non plus!). On peut discuter de leur utilité, mais bon, c'est un pack: le bac blanc (en condition plus ou moins d'examen, corrigé par quelqu'un d'autre etc) impose l'entente... Entente ne veut pas forcément dire soumission, plutôt discussion. Et si on ne s'entend pas alors, bien sûr on décide pour soi, et c'est tout. Quand on arrive dans un établissement, c'est toujours un peu difficile de décider de renverser la table... :lol:

Chez nous le bac blanc écrit tombe toujours début avril. On décide le jour de la pré-rentrée de l'OE et puis après, vogue la galère...

Non.
Pourquoi imaginer que toutes les premières doivent avoir le même bac blanc? Pour les comparer ? Pour que l'administration puisse comparer le boulot des profs de français? Établir des tableaux de bons et mauvais résultats? C'est vrai qu'elle adore ça.
Non. Les élèves travaillent pour eux et chaque prof est assez grand pour savoir ce qui convient à ses classes. Chaque prof peut avoir sa propre progression, décider de commencer par le roman parce que sa progression va dans ce sens ou par l’argumentation alors que le collègue a choisi le théâtre.
Nous sommes libres de notre pédagogie, alors pourquoi nous coller nous-mêmes des carcans sur le dos?

Le point positif au bac blanc, c'est aussi qu'on échange les copies ; et à la grande surprise des élèves, ils se tapent les mêmes notes pourries que dans l'année alors que selon eux, c'est le professeur qui est méchant, qui note trop dur etc.

Il est certain que je m'opposerais si on devait en faire un par trimestre avec alors obligation d'une progression commune. Faut pas exagérer !

Mes collègues et moi avons une organisation assez libre : nous faisons les OE dans le même ordre (ça m'indiffère complètement en fait), mais chacune fait ce qu'elle veut ; parfois, nous faisons les mêmes thèmes / œuvres, parfois non ; parfois nous établissons les mêmes sujets de DS, parfois non...

Iphigénie a écrit:Le pire dans l'argu ce sont bien ces "thèmes" sempiternels que l'on voit apparaître dans les manuels ou internet ... et qui transforment la littérature en combat d'arrière-garde ...
Donc oui, chercher un vrai questionnement, et qui t'intéresse surtout.
Comme le dit mon IPR préféré: ne pas oublier que l'on fait de la littérature, surtout pas de la sociologie

Un GT sur les dictionnaires vrais ou faux, c'est bien, ça. Dictionnaire philosophique, Dictionnaire du diable, Dictionnaire superflu à l'usage des riches et des bien nantis, Dictionnaire des idées reçues...

Spoiler constructif:

ysabel a écrit:Le point positif au bac blanc, c'est aussi qu'on échange les copies ; et à la grande surprise des élèves, ils se tapent les mêmes notes pourries que dans l'année alors que selon eux, c'est le professeur qui est méchant, qui note trop dur etc.

Notre classe de 1re L a été corrigée au vrai bac par deux collègues. Leurs deux moyennes diffèrent de presque 7 points (7,5 / 13,9), nous l'avons constaté de nos yeux le jour de la remise des copies. Et vu le niveau de la classe, c'est la collègue de la note haute qui devrait faire le Tour de France vu ce qu'elle avale, apparemment... Alors la coopération et les échanges de copies...
En fait, soit la notation est objective, soit elle ne l'est pas. Si elle l'est, pas besoin d'échanger. Mais nous savons tous qu'elle ne l'est pas et même qu'elle ne peut pas l'être.
Bon. La notation n'est donc pas objective. Dès lors, pourquoi échanger ? Pourquoi remplacer notation subjective 1 par NS 2 ? Au Bac, si ça se trouve, ce sera NS 3.
Bref...
Ne perdons plus de temps.

Cripure a écrit:

Iphigénie a écrit:Le pire dans l'argu ce sont bien ces "thèmes" sempiternels que l'on voit apparaître dans les manuels ou internet ... et qui transforment la littérature en combat d'arrière-garde ...
Donc oui, chercher un vrai questionnement, et qui t'intéresse surtout.
Comme le dit mon IPR préféré: ne pas oublier que l'on fait de la littérature, surtout pas de la sociologie

Un GT sur les dictionnaires vrais ou faux, c'est bien, ça. Dictionnaire philosophique, Dictionnaire du diable, Dictionnaire superflu à l'usage des riches et des bien nantis, Dictionnaire des idées reçues...

Spoiler constructif:

Bien sûr qu'un bon enseignement ne peut être que personnalisé... l'administration avait tenté il y a qq années de nous imposer des devoirs communs, progression commune... Elle s'est prise un mur et n'est jamais revenue sur le sujet.

Cripure a écrit:

ysabel a écrit:Le point positif au bac blanc, c'est aussi qu'on échange les copies ; et à la grande surprise des élèves, ils se tapent les mêmes notes pourries que dans l'année alors que selon eux, c'est le professeur qui est méchant, qui note trop dur etc.

Notre classe de 1re L a été corrigée au vrai bac par deux collègues. Leurs deux moyennes diffèrent de presque 7 points (7,5 / 13,9), nous l'avons constaté de nos yeux le jour de la remise des copies. Et vu le niveau de la classe, c'est la collègue de la note haute qui devrait faire le Tour de France vu ce qu'elle avale, apparemment... Alors la coopération et les échanges de copies...
En fait, soit la notation est objective, soit elle ne l'est pas. Si elle l'est, pas besoin d'échanger. Mais nous savons tous qu'elle ne l'est pas et même qu'elle ne peut pas l'être.
Bon. La notation n'est donc pas objective. Dès lors, pourquoi échanger ? Pourquoi remplacer notation subjective 1 par NS 2 ? Au Bac, si ça se trouve, ce sera NS 3.
Bref...
Ne perdons plus de temps.

J'apprécie l'échange des copies sans doute parce que notre équipe et assez homogène. Disons que parfois les gamins me gonflent sérieusement car ils ne remettent jamais en cause la qualité de leur travail donc au bac blanc écrit et oral, ils se prennent un bon coup derrière les oreilles et ça fait un bien fou. Et comme il arrive tard dans l'année, ce n'est pas une contrainte du tout au niveau des OE. sinon, l'administration irait se faire voir.
Après, le bac, rien à cirer en fait... les notes seront bonnes !

Les LA sont : le nègre de surinam, le discours du vieillard dans Supplément au voyage de Bougainville ("Et toi, chef des brigands...), l'extrait de Voyage où le héros découvre le travail dans une usine aux USA (l'extrait commence par la visite médicale) et si tu ne fais pas Rhinocéros en OI après, tu peux faire le monologue final de Bérenger.
Pour les LC: De l'esclavage des nègres, un extrait de Rousseau (sur la notion de propriété)et de Césaire pour le lien avec Diderot, un extrait sur la déshumanisation par le travail avec l'exemple du garçon de café (Sartre) et un extrait du Métro revisité de Marc Augé.
Mais surtout, ce qui fonctionne très bien, c'est un documentaire intitulé Le Jeu de la mort (version intégrale qui peut être trouvée sur youtube). Ce docu reprend l'expérience de Milgram version jeu TV. Il est très bien fait et il interpelle vraiment les élèves. La diffusion est toujours suivie d'un débat très intéressant sur l'obéissance. On problématise ainsi la séquence et ensuite, nous lisons en LC un extrait de 1984 (le début), d'Eichmann à Jérusalem d'Arendt, et un extrait de La Boétie sur la servitude volontaire.
Ce qui peut être bien aussi, c'est de leur montrer la mise en scène de Rhinocéros de Demarcy-Mota pour terminer la séquence.
Et comme LC intégrale, je donne Le Visiteur et Lorsque j'étais une oeuvre d'art d'Eric-Emmanuel Schmitt + Si c'est un homme de Primo Levi.
La majorité des LC peuvent être trouvées dans le manuel Calliopée de 1ère.
J'espère avoir tout dit mais n'hésite pas si tu as d'autres questions!

Cela me gêne aussi d'avoir à suivre "une progression commune", surtout que ce sera la première fois que j'aurai des premières, j'aurai préféré avoir plus de liberté et organiser mes séquences comme je l'entendais... Mais bon c'est comme cela, j'arrive dans l'établissement, je ne vais pas tout remettre en cause et râler alors que mes collègues ne me connaissent pas encore !  
Merci chloe2504 pour tes idées.
Maelia tu ne me rassures pas du tout par contre, car je compte faire une séquence sur la monstruosité pour commencer ...

Ne t'inquiète pas, je suis arrivée aussi en contexte très particulier. C'était mon premier poste en lycée donc je pense que je suis arrivée avec des objectifs un peu trop élevés tandis que la moitié de mes élèves n'avaient quasiment pas eu de cours de français en 2de. Forcément, cela a rendu la mise en place difficile et c'était une première séquence compliquée dans ce contexte.

Oui, quand on arrive, il faut faire des concessions, bien sûr, mais...pas trop longtemps! Parce qu'après on vous prend vite pour un béni-oui-oui et il y a toujours des collègues pour en abuser.