- bucephaleNiveau 3
Bonjour,
Je me pose quelques questions à l'heure où je retravaille tout doucement mes cours.
Comment se présentent vos cours de latin en cinquième ?
En tant que professeur de Lettres Classiques, vous considérez-vous comme un messie du latin et faites-vous tout pour conserver vos latinistes et amplifier leur nombre ?
Adoptez-vous une double personnalité en cours de latin ? Est-ce que vous avez trois fois plus d'énergie qu'en cours de français et est-ce que vous donnez en quelque sorte un spectacle à chaque cours pour enthousiasmer les troupes ?
Faites-vous autant de langue latine que de "culture" latine ? Faites-vous beaucoup écrire vos élèves ? Etes-vous beaucoup moins sévères avec vos "petits" élèves de cinquième pour ne pas les effrayer ?
Je me pose quelques questions à l'heure où je retravaille tout doucement mes cours.
Comment se présentent vos cours de latin en cinquième ?
En tant que professeur de Lettres Classiques, vous considérez-vous comme un messie du latin et faites-vous tout pour conserver vos latinistes et amplifier leur nombre ?
Adoptez-vous une double personnalité en cours de latin ? Est-ce que vous avez trois fois plus d'énergie qu'en cours de français et est-ce que vous donnez en quelque sorte un spectacle à chaque cours pour enthousiasmer les troupes ?
Faites-vous autant de langue latine que de "culture" latine ? Faites-vous beaucoup écrire vos élèves ? Etes-vous beaucoup moins sévères avec vos "petits" élèves de cinquième pour ne pas les effrayer ?
- CowabungaHabitué du forum
Mes cours de latin ne se présentent jamais de la même manière, parce que je n'ai pas encore trouvé ce qui pourrait marcher sur mon public.
Je ne suis pas un messie du latin ; je suis une p*te et je ne m'en cache pas. Je ferais n'importe quoi pour avoir des élèves, y compris les laisser partir quand ils ne veulent plus faire de latin et les autoriser à commencer en 4e. Je surnote allègrement en latin, je leur file le max de points pour le brevet. Je fais en sorte que ceux qui n'ont pas pris latin s'en mordent les doigts, même quand nos horaires étaient pourris. :diable: J'appelle les parents qui refusent l'inscription à leur gamin (ça arrive souvent), j'organise des voyages, je fais des projets... bref, je suis une p*te.
Je ne change pas de personnalité, mais mon niveau d'exigence n'est pas du tout le même entre mes deux matières (la perfection absolue en français / la médiocrité en latin). Du coup, quand j'ai des 6e en français, j'ai du mal à recruter !
L'équilibre langue/civi dépend du groupe. Cette année, j'avais 2 groupes (5e et 4e) plutôt langue, et un (3e) plutôt civi.
Je ne suis jamais sévère avec mes 5e : ce sont toujours les plus chouettes et les plus motivés !
Je ne suis pas un messie du latin ; je suis une p*te et je ne m'en cache pas. Je ferais n'importe quoi pour avoir des élèves, y compris les laisser partir quand ils ne veulent plus faire de latin et les autoriser à commencer en 4e. Je surnote allègrement en latin, je leur file le max de points pour le brevet. Je fais en sorte que ceux qui n'ont pas pris latin s'en mordent les doigts, même quand nos horaires étaient pourris. :diable: J'appelle les parents qui refusent l'inscription à leur gamin (ça arrive souvent), j'organise des voyages, je fais des projets... bref, je suis une p*te.
Je ne change pas de personnalité, mais mon niveau d'exigence n'est pas du tout le même entre mes deux matières (la perfection absolue en français / la médiocrité en latin). Du coup, quand j'ai des 6e en français, j'ai du mal à recruter !
L'équilibre langue/civi dépend du groupe. Cette année, j'avais 2 groupes (5e et 4e) plutôt langue, et un (3e) plutôt civi.
Je ne suis jamais sévère avec mes 5e : ce sont toujours les plus chouettes et les plus motivés !
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"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- InfinimentHabitué du forum
J'ai du mal à voir à quoi pourrait ressembler un messie du latin... Autant dire que je ne me considère pas comme tel. Le fait d'être en sursis permanent et de devoir sans cesse séduire (au sens premier du terme) un nouveau public n'est pas très confortable, mais je suis le même professeur, le même individu, en cours de français et en cours de latin.
Sans doute y a-t-il, en latin, moins de pression, moins de course au programme et aux évaluations. Les horaires sont inconfortables, donc on s'adapte, on fait ce qu'on peut, de manière rigoureuse, sans négliger la langue et sans devenir un club de civilisation ou de mythologie.
Je m'autorise plus de digressions en cours de latin, plus de petites histoires en lien avec le cours ou de parenthèses étymologiques. Les cours se déroulent certainement de manière plus détendue, plus bon enfant, que la plupart des cours de français, pour la simple raison que les élèves se montrent souvent (mais pas toujours) plus motivés et impliqués. Ce n'est pas l'École des Fans, les bonnes notes ne sont pas automatiques, mais les efforts sont systématiquement valorisés, au moyen de bonus et d'autres systèmes que je ne mets pas forcément en place en cours de français.
Si je devais résumer en un mot, je dirais que je suis peut-être plus souple, mais ça ne va pas au-delà. Je n'ai pas le sentiment de brader les bonnes notes, ni aucune des deux disciplines, ni de faire la p*te.
Sans doute y a-t-il, en latin, moins de pression, moins de course au programme et aux évaluations. Les horaires sont inconfortables, donc on s'adapte, on fait ce qu'on peut, de manière rigoureuse, sans négliger la langue et sans devenir un club de civilisation ou de mythologie.
Je m'autorise plus de digressions en cours de latin, plus de petites histoires en lien avec le cours ou de parenthèses étymologiques. Les cours se déroulent certainement de manière plus détendue, plus bon enfant, que la plupart des cours de français, pour la simple raison que les élèves se montrent souvent (mais pas toujours) plus motivés et impliqués. Ce n'est pas l'École des Fans, les bonnes notes ne sont pas automatiques, mais les efforts sont systématiquement valorisés, au moyen de bonus et d'autres systèmes que je ne mets pas forcément en place en cours de français.
Si je devais résumer en un mot, je dirais que je suis peut-être plus souple, mais ça ne va pas au-delà. Je n'ai pas le sentiment de brader les bonnes notes, ni aucune des deux disciplines, ni de faire la p*te.
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Ah ! la belle chose, que de savoir quelque chose !
- bucephaleNiveau 3
Merci pour vos réponses.
Pour ma part, je me reconnais davantage dans la description d'Infiniment. Je reste le même professeur en français et en latin. Je suis strict durant les premiers cours puis l'atmosphère se détend au fur et à mesure que je connais les élèves. L'ambiance est plus bon enfant et j'adapte le travail en fonction de l'horaire (parfois déprimant). Mes cours restent cependant rigoureux : j'attends des élèves un minimum de travail, je valorise ceux qui font des efforts et s'intéressent au cours. Ceux qui ne font rien m'agacent. Il n'est pas dans ma nature de faire des projets ou de mettre les élèves en activité. Je fais de la civilisation à partir de textes latins, d'images et des séances de langue avec leçon et exercices d'application. Organiser un voyage me plairait, mais ce n'est pas toujours possible.
Ce qui m'embête dans l'enseignement du latin, c'est l'opposition de deux façons de faire bien différentes, celle décrite par Cowabunga et celle décrite par Infiniment. Quand les deux sont pratiquées dans le même établissement, l'entente est parfois difficile.
Pour ma part, je me reconnais davantage dans la description d'Infiniment. Je reste le même professeur en français et en latin. Je suis strict durant les premiers cours puis l'atmosphère se détend au fur et à mesure que je connais les élèves. L'ambiance est plus bon enfant et j'adapte le travail en fonction de l'horaire (parfois déprimant). Mes cours restent cependant rigoureux : j'attends des élèves un minimum de travail, je valorise ceux qui font des efforts et s'intéressent au cours. Ceux qui ne font rien m'agacent. Il n'est pas dans ma nature de faire des projets ou de mettre les élèves en activité. Je fais de la civilisation à partir de textes latins, d'images et des séances de langue avec leçon et exercices d'application. Organiser un voyage me plairait, mais ce n'est pas toujours possible.
Ce qui m'embête dans l'enseignement du latin, c'est l'opposition de deux façons de faire bien différentes, celle décrite par Cowabunga et celle décrite par Infiniment. Quand les deux sont pratiquées dans le même établissement, l'entente est parfois difficile.
- Mrs D.Niveau 5
Cowabunga a écrit:Mes cours de latin ne se présentent jamais de la même manière, parce que je n'ai pas encore trouvé ce qui pourrait marcher sur mon public.
Je ne suis pas un messie du latin ; je suis une p*te et je ne m'en cache pas. Je ferais n'importe quoi pour avoir des élèves, y compris les laisser partir quand ils ne veulent plus faire de latin et les autoriser à commencer en 4e. Je surnote allègrement en latin, je leur file le max de points pour le brevet. Je fais en sorte que ceux qui n'ont pas pris latin s'en mordent les doigts, même quand nos horaires étaient pourris. :diable: J'appelle les parents qui refusent l'inscription à leur gamin (ça arrive souvent), j'organise des voyages, je fais des projets... bref, je suis une p*te.
Moi, franchement, je me reconnais assez dans cette approche du cours de latin. J'aime bien l'idée d'une forme de prosélytisme : je trouve que c'est souvent un effort pour les élèves de faire du latin à cause des horaires et des heures en plus, et j'aime que ça devienne une fierté pour eux. Je ne trouve pas ça élitiste puisqu'il suffit de choisir le latin pour pouvoir en faire (pour le moment...). Je n'ai pas de tendance au culte de la personnalité mais je crois qu'il ne faut pas se mentir : plus encore que dans d'autres cas de figure, quand les élèves t'apprécient, c'est quand même plus simple et plus chouette de recruter pour l'année suivante, pour des projets etc. C'est en partie pour cette raison que j'aime bien suivre mes groupes d'une année sur l'autre (l'autre raison étant qu'on gagne beaucoup de temps en sachant déjà comment ils ont travaillé l'année d'avant et où ils en sont).
Cela dit, comme tout le monde, ça ne m'empêche pas d'être rigoureuse : je ne vois pas pourquoi il faudrait opposer le fond et la forme. Cette année, j'avais des 4e choupilove : l'ambiance était très détendue mais je trouve qu'on a beaucoup travaillé (notamment en morphologie où ils commencent à être vraiment solides et à l'aise, et en histoire, où ils ont finalement de bons cadres généraux).
Pour revenir sur les 5e qui était la question de départ, j''en ai eu l'an dernier pour la première fois et je ne suis pas franchement satisfaite de mon bilan général : je pense que les élèves ont acquis des choses, mais je crois qu'on aurait pu aller plus loin que ce que j'ai fait, sans forcément changer de posture générale.
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"Always the years between us. Always the years. Always the love. Always the hours." Stephen Daldry, The Hours
https://toujourslesheures.wordpress.com/
- bucephaleNiveau 3
J'ai conscience que faire du latin est un effort pour ceux qui prennent l'option. Ce que j'aime, c'est que les élèves montrent que le cours les intéresse en participant , en posant des questions, en travaillant un minimum à l'écrit. Bien sûr, s'ils m'apprécient, tout cela est plus facile.
Le problème est que certains s'attendent à ne faire que de la mythologie, du visionnage de film, du montage de maquette et autres toute l'année. Ils sont donc déçus et arrêtent en fin de 5e. Et pourtant, je ne fais pas tout le programme de 5e. Au niveau de la langue, j'essaie d'inculquer les bases, je ne peux pas faire beaucoup plus.
Le problème est que certains s'attendent à ne faire que de la mythologie, du visionnage de film, du montage de maquette et autres toute l'année. Ils sont donc déçus et arrêtent en fin de 5e. Et pourtant, je ne fais pas tout le programme de 5e. Au niveau de la langue, j'essaie d'inculquer les bases, je ne peux pas faire beaucoup plus.
- vendrediNiveau 2
Pas faciles les cours de latin! Plus les années passent, plus je me démotive à enseigner cette matière...Je n'étais, au début, pas du tout la "même" en français qu'en latin: plus permissive, enthousiaste et tolérante. Maintenant, je prends les carnets et je ne fais plus de cadeaux avec les élèves pénibles.
Je travaille beaucoup plus mes cours de latin que de français car il faut "plaire": plus de mise en page, de cours variés, évidemment beaucoup de civi mais aussi mes exigences en langue.
J'ai beaucoup de mal à trouver encore du sens à enseigner le latin. J'ai en classe des élèves sérieux et bons élèves sur le papier, mais les problèmes qui reviennent chaque année me démotivent: lettres écrites par les parents pour arrêter, rendez-vous avec la principale pour décider qui arrête et qui n'arrête pas, marre des "madame, on va regarder un film aujourd'hui?" angoisse avant une séance de langue car ces pauvres petits ne vont plus aimer le latin...
En français, tout est plus simple car ils ne peuvent pas arrêter à la moindre contrariété.
Je travaille beaucoup plus mes cours de latin que de français car il faut "plaire": plus de mise en page, de cours variés, évidemment beaucoup de civi mais aussi mes exigences en langue.
J'ai beaucoup de mal à trouver encore du sens à enseigner le latin. J'ai en classe des élèves sérieux et bons élèves sur le papier, mais les problèmes qui reviennent chaque année me démotivent: lettres écrites par les parents pour arrêter, rendez-vous avec la principale pour décider qui arrête et qui n'arrête pas, marre des "madame, on va regarder un film aujourd'hui?" angoisse avant une séance de langue car ces pauvres petits ne vont plus aimer le latin...
En français, tout est plus simple car ils ne peuvent pas arrêter à la moindre contrariété.
- CowabungaHabitué du forum
:shock:bucephale a écrit:Ce qui m'embête dans l'enseignement du latin, c'est l'opposition de deux façons de faire bien différentes, celle décrite par Cowabunga et celle décrite par Infiniment. Quand les deux sont pratiquées dans le même établissement, l'entente est parfois difficile.
Euh... mais s'il y a deux postes LC dans un établissement, on n'a pas besoin de faire la p*te !
Je suis face à une situation particulière : tout petit collège très défavorisé (donc très peu d'élèves, et de très faible niveau) et aucune possibilité de continuer au-delà (très peu d'élèves partent au lycée, et l'option latin n'existe pas là-bas).
Je ne cherche qu'à maintenir le poste (et embêter mon inspectrice :diable: qui considère que mes élèves ne sont pas dignes de moi )
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"La parole est mon domaine, la parole est mon royaume" Paul Ricoeur
- bucephaleNiveau 3
Il faut bien recruter pour qu'il y ait assez de groupes de langues anciennes pour les deux postes de LC. Après mon collègue semble prêt à tout pour augmenter d'année en année le nombre de latinistes quitte à promettre monts et merveilles.
- AsarteLilithBon génie
Cowabunga a écrit::shock:bucephale a écrit:Ce qui m'embête dans l'enseignement du latin, c'est l'opposition de deux façons de faire bien différentes, celle décrite par Cowabunga et celle décrite par Infiniment. Quand les deux sont pratiquées dans le même établissement, l'entente est parfois difficile.
Euh... mais s'il y a deux postes LC dans un établissement, on n'a pas besoin de faire la p*te !
Je suis face à une situation particulière : tout petit collège très défavorisé (donc très peu d'élèves, et de très faible niveau) et aucune possibilité de continuer au-delà (très peu d'élèves partent au lycée, et l'option latin n'existe pas là-bas).
Je ne cherche qu'à maintenir le poste (et embêter mon inspectrice :diable: qui considère que mes élèves ne sont pas dignes de moi )
C'est un peu pareil pour moi : je fais de la langue, l'insiste pour qu'elle soit apprise, mais j'ai surtout l'impression de faire des textes et de la civi plus de l'étymologie. Je ne fais pas tout en 5è, cette année j'étais plutôt contente.
Mais en lisant le forum : ça me plombe le moral : je fais beaucoup moins de version et de langue que certains, le thème, très peu. J'ai abordé plutôt la version en 5è cette année : expliquer comment ça marche, faire chercher sur des petites phrases,...
Les groupes mélangés, c'est vraiment pompe-énergie et difficile à gérer. A la rentré,e j'aurai 15 5è ( que je connais, mais je pens equ'il va falloir fliquer un peu) et mes 3 4è latinistes. Pas de 3è, le seul a décidé d'arrêter (pas à cause de moi dixit la mère, mais seul, ça n'aide pas à se motiver non plus)
_________________
Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- bucephaleNiveau 3
Je fais beaucoup plus de textes et de civi que de langue. Je n'ai pu faire que quelques phrases de version et de thème cette année à cause des cours qui sautent et des élèves démotivés. Ecrire les cours de civi et de langue et les apprendre, cela semble déjà trop aux élèves qui ne veulent pas travailler ... C'est cela qui me déprime.
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