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- Mari0nNiveau 1
Bonjour, j'ai revu aujourd'hui un petit film à la projection duquel j'avais assisté en début d'année (quand je ne pensais pas encore me lancer dès cette année dans l'agrégation). Je trouve qu'il fait vraiment réfléchir (il fait un peu peur aussi), je le partage donc ici...
http://www.noematic.space/desagregations.html
En le revoyant, j'ai notamment été frappée par l'univers extrêmement masculin (chez les candidats, comme chez les professeurs et dans le jury). Bon, c'est quelque chose d'assez connu, mais je pense qu'il est urgent que cela change, et c'est un système qui à mon avis n'est pas facile à faire bouger (en tant que fille, je sais que je suis très impressionnable face à un jury composé uniquement d'hommes... Et ça peut jouer sur les résultats. C'est flagrant au concours de l'ENS, malgré une certaine parité dans les résultats d'admissibilité, la proportion de garçons reçus est considérable par rapport à leur effectif en khâgne.)
http://www.noematic.space/desagregations.html
En le revoyant, j'ai notamment été frappée par l'univers extrêmement masculin (chez les candidats, comme chez les professeurs et dans le jury). Bon, c'est quelque chose d'assez connu, mais je pense qu'il est urgent que cela change, et c'est un système qui à mon avis n'est pas facile à faire bouger (en tant que fille, je sais que je suis très impressionnable face à un jury composé uniquement d'hommes... Et ça peut jouer sur les résultats. C'est flagrant au concours de l'ENS, malgré une certaine parité dans les résultats d'admissibilité, la proportion de garçons reçus est considérable par rapport à leur effectif en khâgne.)
- Lowpow29Fidèle du forum
Merci pour le partage
Très intéressant!
En musique, les jurys sont plutôt mixtes, pas de souci de ce côté-là. Par contre, au niveau des candidats, pourcentage de garçons plus élevé que du côté des candidats au CAPES. Mais on parle d'un tout petit nombre de personnes...
Je regarderai autrement les marchands de crêpes du centre de Paris!!
Très intéressant!
En musique, les jurys sont plutôt mixtes, pas de souci de ce côté-là. Par contre, au niveau des candidats, pourcentage de garçons plus élevé que du côté des candidats au CAPES. Mais on parle d'un tout petit nombre de personnes...
Je regarderai autrement les marchands de crêpes du centre de Paris!!
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- Mari0nNiveau 1
Oui, quand je disais que c'était bien connu, je parlais surtout de la situation en philosophie.
Je lisais hier un livre retrouvé au fond de ma bibliothèque, Portraits de maîtres. C'est un petit bonheur, ce sont des élèves qui rendent des petits hommages à leurs profs, parmi lesquels Deleuze, Derrida, Jankélévitch, mais aussi Renaud Barbaras ou d'autres qui enseignent encore... Eh bien il n'y a que deux femmes dans le lot (sur un nombre important de portraits). Frédéric Worms a au moins le mérite de le souligner en introduction...
Ce que j'aime bien dans ce documentaire, c'est effectivement que j'y ai retrouvé une atmosphère que je connais bien : atmosphère de prépa, reconnaissance des lieux parisiens (les salles de La Sorbonne, la crêperie près de Luxembourg devant laquelle je passe régulièrement... Et même quelques professeurs que j'ai eu )
Seul bémol, dirais-je : certaines personnes sont un peu caricaturales (notamment le normalien), mais j'ai trouvé ça quand même très intéressant. J'ai d'ailleurs assisté à la projection à l'ENS, en présence de la réalisatrice. Le film était suivi d'un débat qui a été très riche et très touchant (même si cela virait un peu à l'épanchement vers la fin, beaucoup ayant eu à subir une certaine violence au cours de leur parcours...)
Je lisais hier un livre retrouvé au fond de ma bibliothèque, Portraits de maîtres. C'est un petit bonheur, ce sont des élèves qui rendent des petits hommages à leurs profs, parmi lesquels Deleuze, Derrida, Jankélévitch, mais aussi Renaud Barbaras ou d'autres qui enseignent encore... Eh bien il n'y a que deux femmes dans le lot (sur un nombre important de portraits). Frédéric Worms a au moins le mérite de le souligner en introduction...
Ce que j'aime bien dans ce documentaire, c'est effectivement que j'y ai retrouvé une atmosphère que je connais bien : atmosphère de prépa, reconnaissance des lieux parisiens (les salles de La Sorbonne, la crêperie près de Luxembourg devant laquelle je passe régulièrement... Et même quelques professeurs que j'ai eu )
Seul bémol, dirais-je : certaines personnes sont un peu caricaturales (notamment le normalien), mais j'ai trouvé ça quand même très intéressant. J'ai d'ailleurs assisté à la projection à l'ENS, en présence de la réalisatrice. Le film était suivi d'un débat qui a été très riche et très touchant (même si cela virait un peu à l'épanchement vers la fin, beaucoup ayant eu à subir une certaine violence au cours de leur parcours...)
- mafalda16Modérateur
Il me semble qu'il y a déjà eu un topic sur ce film-documentaire au moment où il avait été mis en ligne.
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"Si no luchas, al menos ten la decencia de respetar a quienes lo hacen", José Martí.
- Mari0nNiveau 1
Oups, au temps pour moi :/... J'ai pourtant regardé les topics créés entre octobre et aujourd'hui, et il ne m'a pas semblé le voir (mais j'avoue avoir seulement regardé dans cette session Philosophie, et peut-être ai-je en outre été trop vite). Le but n'était pas de polluer en tout cas !
- LevincentNiveau 9
Mari0n a écrit:
En le revoyant, j'ai notamment été frappée par l'univers extrêmement masculin (chez les candidats, comme chez les professeurs et dans le jury). Bon, c'est quelque chose d'assez connu, mais je pense qu'il est urgent que cela change, et c'est un système qui à mon avis n'est pas facile à faire bouger (en tant que fille, je sais que je suis très impressionnable face à un jury composé uniquement d'hommes... Et ça peut jouer sur les résultats. C'est flagrant au concours de l'ENS, malgré une certaine parité dans les résultats d'admissibilité, la proportion de garçons reçus est considérable par rapport à leur effectif en khâgne.)
Pendant mes épreuves orales, j'ai été confronté trois fois à un jury composé de deux femmes et deux hommes, et une fois à un jury avec une femme pour trois hommes. Avec le CNED, mes trois cours pour les écrits avaient des hommes pour auteurs, mais pour les oraux c'était uniquement des cours faits par des femmes. Et si j'ouvre, au hasard, le rapport de jury de 2014, je vois que la composition du jury est de 13 femmes pour 18 hommes, ce qui fait une présence féminine de 42%. En 2003, c'était même Claudine Tiercelin qui était présidente du jury. L'agrégation de philosophie ne me semble donc pas être l'exemple le plus frappant d'une prédominance masculine écrasante.
Merci pour le partage en tout cas. J'ai toujours été curieux, pendant toute cette année où je préparais l'agreg, de voir à quoi ressemblaient ceux qui la tentaient par la voie normale.
- RuthvenGuide spirituel
- lene75Prophète
J'ai trouvé ce film très caricatural, je n'y ai pas du tout reconnu ce que j'avais vécu en préparant l'agreg... mais peut-être vaut-il mieux aller discuter sur l'autre fil.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Lowpow29Fidèle du forum
(visiblement l'autre fil n'est pas public, j'ai dû me connecter pour le voir, c'est peut-être pour ça que Marion ne l'avait pas vu au départ!)
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- Mari0nNiveau 1
Je n'avais par regardé au bon endroit, c'est pourquoi je n'avais pas pas trouvé le topic, merci !
J'y prolongerai éventuellement la discussion, mais en réponse à ce qui a été dit là :
Levincent : merci pour ces informations, qui montrent que les choses sont sans doute en train de bouger. Je me fondais sur une interprétation qui venait à la fois de mon sentiment en voyant ce film, de mon expérience du concours de l'ENS, et des cours de la Sorbonne. J'ai moi-même eu très rarement une femme comme professeur en philosophie (deux fois), j'ai été confronté à des jurys masculins qui m'ont un peu traumatisée à l'oral du concours, et je constate surtout un amenuisement des filles à mesure que j'avance dans cette filière (pour quatre garçons par classe de khâgne, on en vient à une petite majorité en master (de ce que j'ai pu voir en tout cas). Je n'accuse pas le système, qui est apparemment conscient de la situation, mais une certaine inertie qui fait que ça a du mal à bouger (la même qui fait qu'on trouve souvent plus de filles en lettres modernes, plus de garçons en informatique...)
Lene75 : je n'ai pas passé l'agrégation, donc je ne sais pas pour cette expérience précise... Mais j'ai retrouvé dans l'ambiance général quelque chose d'assez proche de ce que j'avais vécu en prépa (même si l'aspect de découverte intellectuel, la "flamme" philosophique qui pouvait alors m'animer et qui fait que j'ai adoré ces années manque ici cruellement...) Après, je suis d'accord sur le fait que certains aspects sont caricaturaux : on voit qu'il y a une volonté de radicaliser certaines oppositions entre les candidats. Mais en même temps, pour avoir entendu la réalisatrice parler de son travail, elle a vraiment suivi les candidats tout au long de l'année, donc je crois qu'il y avait à la base une volonté d'exploration sincère du sujet.
J'y prolongerai éventuellement la discussion, mais en réponse à ce qui a été dit là :
Levincent : merci pour ces informations, qui montrent que les choses sont sans doute en train de bouger. Je me fondais sur une interprétation qui venait à la fois de mon sentiment en voyant ce film, de mon expérience du concours de l'ENS, et des cours de la Sorbonne. J'ai moi-même eu très rarement une femme comme professeur en philosophie (deux fois), j'ai été confronté à des jurys masculins qui m'ont un peu traumatisée à l'oral du concours, et je constate surtout un amenuisement des filles à mesure que j'avance dans cette filière (pour quatre garçons par classe de khâgne, on en vient à une petite majorité en master (de ce que j'ai pu voir en tout cas). Je n'accuse pas le système, qui est apparemment conscient de la situation, mais une certaine inertie qui fait que ça a du mal à bouger (la même qui fait qu'on trouve souvent plus de filles en lettres modernes, plus de garçons en informatique...)
Lene75 : je n'ai pas passé l'agrégation, donc je ne sais pas pour cette expérience précise... Mais j'ai retrouvé dans l'ambiance général quelque chose d'assez proche de ce que j'avais vécu en prépa (même si l'aspect de découverte intellectuel, la "flamme" philosophique qui pouvait alors m'animer et qui fait que j'ai adoré ces années manque ici cruellement...) Après, je suis d'accord sur le fait que certains aspects sont caricaturaux : on voit qu'il y a une volonté de radicaliser certaines oppositions entre les candidats. Mais en même temps, pour avoir entendu la réalisatrice parler de son travail, elle a vraiment suivi les candidats tout au long de l'année, donc je crois qu'il y avait à la base une volonté d'exploration sincère du sujet.
- Tonton MarcelNiveau 6
Marion je pense que tu accordes trop d'importance au sexe du jury. Une femme peut aussi être très sévère avec une autre femme, et un jury est toujours impressionnant hein.
Un jury d'agreg est composé de 4 personnes, ça limite quand même un peu la discrimination et ce sont souvent des gens avec qui on peut avoir un échange honnête.
La proclamation des résultats est honteuse, je ne vois pas comment on peut encore la justifier en 2016.
Un jury d'agreg est composé de 4 personnes, ça limite quand même un peu la discrimination et ce sont souvent des gens avec qui on peut avoir un échange honnête.
La proclamation des résultats est honteuse, je ne vois pas comment on peut encore la justifier en 2016.
- Mari0nNiveau 1
Oh, je sais bien que les femmes peuvent être très sévères, et je ne pars pas du tout du principe qu'un jury composé d'hommes prendra un plaisir malsain à faire peur à une candidate. Je témoigne juste d'une intimidation toute subjective, mais qui n'en joue pas moins lors d'un concours.
Apparemment, il y a une certaine parité à l'agrégation (cf. Levincent), donc tout va bien. Et d'ailleurs, même si ce sont des hommes, le fait qu'ils soient quatre est rassurant je trouve. Dans les oraux que j'ai pu passer, je me suis toujours retrouvée (à une exception près), devant des jurys de deux personnes, et l'on a vite l'impression qu'une connivence s'installe entre eux, ce qui peut mettre mal à l'aise.
Apparemment, il y a une certaine parité à l'agrégation (cf. Levincent), donc tout va bien. Et d'ailleurs, même si ce sont des hommes, le fait qu'ils soient quatre est rassurant je trouve. Dans les oraux que j'ai pu passer, je me suis toujours retrouvée (à une exception près), devant des jurys de deux personnes, et l'on a vite l'impression qu'une connivence s'installe entre eux, ce qui peut mettre mal à l'aise.
- LevincentNiveau 9
J'ai regardé hier soir. Je suis assez frappé par la différence d'approche entre les étudiants et moi. On n'a pas la même vision des choses selon que l'on est un étudiant de 22-23 ans ou qu'on est un père de famille trentenaire qui travaille en entreprise. Ils ont l'air d'avoir complètement la tête dans le guidon, de subir un rythme de révision incessant, alors que j'essayais surtout d'avoir une approche stratégique de la chose pour être efficace en bossant 3h par jour (estimation haute). Je me rends compte que c'est cool d'être adulte et d'avoir la liberté d'organiser ses révisions comme on l'entend, d'avoir l'assurance de conserver une situation professionnelle même en cas d'échec. Mais aussi que ce système a ses limites, car il ne m'a pas permis de bien anticiper les épreuves orales. Ce film m'a fait remonter tous les souvenirs de cette année, les révisions, les épreuves écrites, l'admissibilité, les oraux, l'attente des résultats. Ca m'a bien remis dans le bain pour l'année prochaine en tout cas.
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« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- Tonton MarcelNiveau 6
MariOn, il faut se garder des impressions sur le jury.
- User17706Bon génie
Il n'y a qu'une seule règle pour préparer l'oral : s'entraîner à chaque épreuve plusieurs fois, dès septembre, par des oraux blancs.
(Je n'ai pas vu ce film et ne trouverai probablement jamais à la fois le temps et l'envie de le voir.)
(Je n'ai pas vu ce film et ne trouverai probablement jamais à la fois le temps et l'envie de le voir.)
- LevincentNiveau 9
PauvreYorick a écrit:Il n'y a qu'une seule règle pour préparer l'oral : s'entraîner à chaque épreuve plusieurs fois, dès septembre, par des oraux blancs.
C'est certain, et il est bien clair que trois devoirs oraux avec le CNED, c'est-à-dire des leçons où on s'enregistre parler pour envoyer ensuite le fichier audio au correcteur, c'est insuffisant. Ma méthode n'était pas au point le jour où je me suis présenté, surtout pour l'explication de texte, pour laquelle je n'avais fait aucun entraînement. C'est pourquoi j'envisage de gros changements d'organisation et de préparation pour l'année qui vient.
- Mari0nNiveau 1
Je suis bien d'accord, à l'oral encore plus qu'à l'écrit selon moi, seul un entraînement régulier peut faire la différence..
Tonton Marcel : ce ne sont pas que des a priori, j'ai eu des jurys très désagréables... Mais j'en ai eu de très agréables également, et je suis d'accord avec toi : il n'y a rien de plus satisfaisant qu'un oral qui devient un véritable échange (personnellement, quand je sens que cet échange s'installe, je sais que j'ai réussi mon oral.)
Tonton Marcel : ce ne sont pas que des a priori, j'ai eu des jurys très désagréables... Mais j'en ai eu de très agréables également, et je suis d'accord avec toi : il n'y a rien de plus satisfaisant qu'un oral qui devient un véritable échange (personnellement, quand je sens que cet échange s'installe, je sais que j'ai réussi mon oral.)
- LombalgiaNiveau 10
Merci, film très intéressant, même si on est ni en philo ni agrégé(e).
Vers 14:00 et des poussières, comment s'appelle le prof ? Et de quoi parle-t-il ? De la perception, de la vérité, du réel ? Juste avant l'étudiant qui finit son exposé donne l'impression de parler de conscience et d'ego, mais on entend mal.
Vers 14:00 et des poussières, comment s'appelle le prof ? Et de quoi parle-t-il ? De la perception, de la vérité, du réel ? Juste avant l'étudiant qui finit son exposé donne l'impression de parler de conscience et d'ego, mais on entend mal.
- User17706Bon génie
C'est André Charrak (je me suis déplacé au curseur), mais n'ayant pas le son, je n'ai pas essayé de lire sur ses lèvres pour savoir de quoi il parle
- DimkaVénérable
Salut,
J’ai plutôt un souvenir assez cool des concours, avec des considérations plus stratégiques que quantitatives. Par contre, j’avais l’impression que beaucoup d’étudiants se faisaient mousser avec une attitude ascétique à la limite du martyre (genre, OMG je n’ai bossé que onze heures hier), sans pour autant réussir. Ce qui semble alimenter un mythe des concours (j’ai bossé douze heures par jour et j’ai complètement arrêté de vivre pendant deux ans, sans succès, donc c’est la preuve que les lauréats travaillent encore plus et vivent encore moins), et la valorisation d’une attitude de tâcheron (alors que je reste persuadé que l’essentiel, c’est de comprendre ce qu’attend le jury… ce qui n’empêche pas évidemment de devoir travailler, mais travailler mieux plutôt que travailler plus).
Et ces étudiants n’anticipaient pas pour autant les oraux : préparer l’oral dès septembre, c’est stratégique, et les gens pensent qu’en septembre, c’est trop tôt, qu’il faut d’abord qui lisent et fichent un million de livres avant de faire des oraux. La deuxième année, j’ai eu beaucoup de mal à motiver des gens pour faire un groupe de travail où s’entraîner à faire des sujets d’écrit et d’oral dès la rentrée.
Ton commentaire me donne envie de regarder le film, parce que je n’ai pas du tout eu l’impression de vivre les concours en ayant la tête dans le guidon, alors que j’étais dans la catégorie « étudiant de 22-23 ans ».Levincent a écrit:J'ai regardé hier soir. Je suis assez frappé par la différence d'approche entre les étudiants et moi. On n'a pas la même vision des choses selon que l'on est un étudiant de 22-23 ans ou qu'on est un père de famille trentenaire qui travaille en entreprise. Ils ont l'air d'avoir complètement la tête dans le guidon, de subir un rythme de révision incessant, alors que j'essayais surtout d'avoir une approche stratégique de la chose pour être efficace en bossant 3h par jour (estimation haute). Je me rends compte que c'est cool d'être adulte et d'avoir la liberté d'organiser ses révisions comme on l'entend, d'avoir l'assurance de conserver une situation professionnelle même en cas d'échec. Mais aussi que ce système a ses limites, car il ne m'a pas permis de bien anticiper les épreuves orales. Ce film m'a fait remonter tous les souvenirs de cette année, les révisions, les épreuves écrites, l'admissibilité, les oraux, l'attente des résultats. Ca m'a bien remis dans le bain pour l'année prochaine en tout cas.
J’ai plutôt un souvenir assez cool des concours, avec des considérations plus stratégiques que quantitatives. Par contre, j’avais l’impression que beaucoup d’étudiants se faisaient mousser avec une attitude ascétique à la limite du martyre (genre, OMG je n’ai bossé que onze heures hier), sans pour autant réussir. Ce qui semble alimenter un mythe des concours (j’ai bossé douze heures par jour et j’ai complètement arrêté de vivre pendant deux ans, sans succès, donc c’est la preuve que les lauréats travaillent encore plus et vivent encore moins), et la valorisation d’une attitude de tâcheron (alors que je reste persuadé que l’essentiel, c’est de comprendre ce qu’attend le jury… ce qui n’empêche pas évidemment de devoir travailler, mais travailler mieux plutôt que travailler plus).
Et ces étudiants n’anticipaient pas pour autant les oraux : préparer l’oral dès septembre, c’est stratégique, et les gens pensent qu’en septembre, c’est trop tôt, qu’il faut d’abord qui lisent et fichent un million de livres avant de faire des oraux. La deuxième année, j’ai eu beaucoup de mal à motiver des gens pour faire un groupe de travail où s’entraîner à faire des sujets d’écrit et d’oral dès la rentrée.
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- Spoiler:
- ForsterÉrudit
Dimka: j'ai eu parfois la même impression que toi avec certains se comportent comme des martyrs et passent des heures à faire des fiches. Je n'ai pas du tout vécu les concours comme dans le reportage. Ce dont je me souviens c'est d'avoir eu des cours extrêmement exigeant, d'avoir appris énormément de choses et d'avoir retrouvé des professeurs qui attendaient beaucoup de nous, qui nous poussaient à progresser. J'ai trouvé la fac assez tranquille jusqu'à cette année là. J'ai adoré l'émulation et le challenge intellectuel. Mais aussi, nous n'étions que 4 à venir en cours au bout de deux mois, puis plus que 2 en option littérature après les écrits et on s'entendait super bien. Ça a sûrement énormément joué sur notre motivation.
- lene75Prophète
Ce qui est compliqué dans la préparation, je trouve, c'est l'absence de retour sur la manière de travailler et même sur les prestations au concours. Difficile de savoir ce qui a fait perdre des points et ce qui en a fait gagner. Il est très facile de refaire chaque année les mêmes erreurs. Durant mes années de préparation du Capes et de l'agreg (en philo la préparation est la même, du moins à la Sorbonne), j'ai eu l'impression que ça jouait notamment en défaveur de ceux qui étaient passés par la fac sans faire de prépa et n'avaient jamais vraiment eu de retour méthodologique à haute dose. D'où le préjugé, à mon avis, selon lequel il faudrait en faire toujours plus, en savoir toujours plus, lire toujours plus pour avoir plus de chances l'année suivante. Certains semblent se noyer dans leur érudition. En ça les moniteurs normaliens m'ont été très utiles. Maîtriser parfaitement quelques extraits au point de pouvoir en faire une explication de texte détaillée sans avoir le texte sous les yeux plutôt que d'avoir lu in extenso des milliers de pages est le meilleur conseil que j'aie pu avoir. Après il y a quelques ovnis qui ont à la fois une érudition qui semble infinie et une excellente maîtrise technique, mais ils me semblent rarissimes.
Là où je rejoins Levincent, c'est qu'une certaine distance par rapport aux concours, qui permet de les aborder plus sereinement et avec plus de distance, plus de hauteur de vue, me paraît être un énorme atout pour la réussite. C'est l'avantage de ceux qui ont déjà un travail, et qui n'ont pas l'impression de jouer leur vie sur une dissert, surtout quand ce travail consiste à enseigner à des terminales, et donc à baigner dans les épreuves hors programme et à s'entraîner quotidiennement à l'oral dans des conditions extrêmes (je n'ai jamais eu une classe aussi attentive que pendant mes oraux d'agreg ). Mais ça ce sont des conditions qu'on ne choisit pas.
Une autre phrase marquante que j'ai retenue, de mon prof de philo de prépa, cette fois : on ne s'entraîne pas à courir un marathon en courant des marathons tous les jours mais en faisant des 100m. Après coup ça m'a vraiment parlé : persuadée que j'avais planté l'écrit, j'ai "préparé" mon oral de Capes en me préparant aux entretiens des écoles de commerce et en passant des entretiens d'embauche. J'y ai gagné l'assurance à l'oral qui me manquait, quant au fond, pour répondre à une remarque faite plus haut à propos de l'explication de texte, la méthode ne diffère pas entre l'écrit et l'oral.
Là où je rejoins Levincent, c'est qu'une certaine distance par rapport aux concours, qui permet de les aborder plus sereinement et avec plus de distance, plus de hauteur de vue, me paraît être un énorme atout pour la réussite. C'est l'avantage de ceux qui ont déjà un travail, et qui n'ont pas l'impression de jouer leur vie sur une dissert, surtout quand ce travail consiste à enseigner à des terminales, et donc à baigner dans les épreuves hors programme et à s'entraîner quotidiennement à l'oral dans des conditions extrêmes (je n'ai jamais eu une classe aussi attentive que pendant mes oraux d'agreg ). Mais ça ce sont des conditions qu'on ne choisit pas.
Une autre phrase marquante que j'ai retenue, de mon prof de philo de prépa, cette fois : on ne s'entraîne pas à courir un marathon en courant des marathons tous les jours mais en faisant des 100m. Après coup ça m'a vraiment parlé : persuadée que j'avais planté l'écrit, j'ai "préparé" mon oral de Capes en me préparant aux entretiens des écoles de commerce et en passant des entretiens d'embauche. J'y ai gagné l'assurance à l'oral qui me manquait, quant au fond, pour répondre à une remarque faite plus haut à propos de l'explication de texte, la méthode ne diffère pas entre l'écrit et l'oral.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- jésusFidèle du forum
Dimka a écrit:Salut,Ton commentaire me donne envie de regarder le film, parce que je n’ai pas du tout eu l’impression de vivre les concours en ayant la tête dans le guidon, alors que j’étais dans la catégorie « étudiant de 22-23 ans ».Levincent a écrit:J'ai regardé hier soir. Je suis assez frappé par la différence d'approche entre les étudiants et moi. On n'a pas la même vision des choses selon que l'on est un étudiant de 22-23 ans ou qu'on est un père de famille trentenaire qui travaille en entreprise. Ils ont l'air d'avoir complètement la tête dans le guidon, de subir un rythme de révision incessant, alors que j'essayais surtout d'avoir une approche stratégique de la chose pour être efficace en bossant 3h par jour (estimation haute). Je me rends compte que c'est cool d'être adulte et d'avoir la liberté d'organiser ses révisions comme on l'entend, d'avoir l'assurance de conserver une situation professionnelle même en cas d'échec. Mais aussi que ce système a ses limites, car il ne m'a pas permis de bien anticiper les épreuves orales. Ce film m'a fait remonter tous les souvenirs de cette année, les révisions, les épreuves écrites, l'admissibilité, les oraux, l'attente des résultats. Ca m'a bien remis dans le bain pour l'année prochaine en tout cas.
J’ai plutôt un souvenir assez cool des concours, avec des considérations plus stratégiques que quantitatives. Par contre, j’avais l’impression que beaucoup d’étudiants se faisaient mousser avec une attitude ascétique à la limite du martyre (genre, OMG je n’ai bossé que onze heures hier), sans pour autant réussir. Ce qui semble alimenter un mythe des concours (j’ai bossé douze heures par jour et j’ai complètement arrêté de vivre pendant deux ans, sans succès, donc c’est la preuve que les lauréats travaillent encore plus et vivent encore moins), et la valorisation d’une attitude de tâcheron (alors que je reste persuadé que l’essentiel, c’est de comprendre ce qu’attend le jury… ce qui n’empêche pas évidemment de devoir travailler, mais travailler mieux plutôt que travailler plus).
Et ces étudiants n’anticipaient pas pour autant les oraux : préparer l’oral dès septembre, c’est stratégique, et les gens pensent qu’en septembre, c’est trop tôt, qu’il faut d’abord qui lisent et fichent un million de livres avant de faire des oraux. La deuxième année, j’ai eu beaucoup de mal à motiver des gens pour faire un groupe de travail où s’entraîner à faire des sujets d’écrit et d’oral dès la rentrée.
C'est à peu près ça. Je rajouterais que se noyer dans différentes méthodes, en multipliant les sources de travail ça n'aide pas.
Une année de prépa agrèg, entre les cours de la fac, de l' ENS, un voire deux groupes de travail, les cours du CNED, les lectures persos. On ne sait plus ce qui est efficace et au final rien ne l'est.
Avant de se jeter dans le bain, il faut un axe de travail clair pour éviter de s'éparpiller. Et finalement, comme vous dîtes, le détachement, le fait d'enseigner ou d'avoir enseigné, est un facteur important pour réussir les concours. De l'époque de la fac, de mon groupe de travail aucun n'a été admis l'année de la préparation universitaire, mais seulement après avoir enseigné... que ce soit par la voie externe, interne voire en changeant de discipline.
Il est vrai que l'ambiance en cours de prépa agrégation n'est pas hyper réjouissante et l'évaporation des étudiants important, une fois que l'on comprend que 2h de cours peu intéressante est une perte de temps en comparaison de la lecture des textes eux-mêmes. Et une ambiance qui ne donne pas envie d'y revenir avec enthousiasme.
- InvitéSnNiveau 6
jésus a écrit: se noyer dans différentes méthodes, en multipliant les sources de travail ça n'aide pas.
Une année de prépa agrèg, entre les cours de la fac, de l' ENS, un voire deux groupes de travail, les cours du CNED, les lectures persos. On ne sait plus ce qui est efficace et au final rien ne l'est.
J'ai du mal à concevoir qu'on puisse, mais je sais que c'est pourtant un fait, réussir un concours sans avoir modélisé en quelque sorte la place du jury, autrement dit sans être en position de déterminer par soi-même ce qui est bon et ce qui ne l'est pas (avec le degré d'incertitude qui est aussi celui d'un membre du jury, d'où la nécessité de délibérer à plusieurs). Il me semble qu'en droit réussir un concours c'est devenir capable (avec effort et effroi, certes) de juger un candidat à ce même concours.
Evidemment, j'y insiste, je ne parle pas d'un savoir infaillible, mais au moins de la capacité à juger qui se marque par une certaine détermination intériorisée qui ressemble alors à un instinct.
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