- Spinoza1670Esprit éclairé
Lien : La fin de l'ère des enseignants, par Nathalie Bulle
Plan de l'article :
- La professionnalisation des enseignants : un levier de la rénovation pédagogique
- Manifestations d’un échec, et mise en perspective
- La critique néo-marxiste et les progressismes éducatifs
- Une théorie philosophique particulière
- La position dominante des sciences de l’éducation
- Le dédouanement gouvernemental
- L’affaiblissement progressiste des systèmes éducatifs et l’influence des agences internationales
Extrait :
Plan de l'article :
- La professionnalisation des enseignants : un levier de la rénovation pédagogique
- Manifestations d’un échec, et mise en perspective
- La critique néo-marxiste et les progressismes éducatifs
- Une théorie philosophique particulière
- La position dominante des sciences de l’éducation
- Le dédouanement gouvernemental
- L’affaiblissement progressiste des systèmes éducatifs et l’influence des agences internationales
Extrait :
Nathalie Bulle a écrit:L’accélération de l’expansion des systèmes éducatifs dans les années 1960 a suscité la critique néo-marxiste. Cette dernière s’est faite la critique de toutes les formes de différenciations internes qui conduisaient à un partage des parcours des élèves privilégiant statistiquement certains groupes sociaux, sur le plan de l’orientation, sur le plan pédagogique, sur celui des classes ou des établissements. Rangée notamment derrière le célèbre sociologue français Pierre Bourdieu, cette critique a mis en cause les formes dominantes de la culture scolaire. La profession enseignante s’est trouvée ainsi accusée de reproduire par l’école des inégalités contre lesquelles elle pensait au contraire lutter. C’était l’époque du triomphe des structuralismes et relativismes associés. Dans ce contexte de forte remise en cause du modèle académique, et du développement de la problématique de l’échec scolaire, au besoin amplifiée par les promoteurs des idées nouvelles[7], les approches pédagogiques multiples et variées ont été promues, sous l’égide d’un Freinet, d’un Piaget, sous la bannière des pédagogies actives, des pédagogies de projet etc. Toutes ces approches ont été diffusées au nom de la modernisation et de la démocratisation de l’enseignement. Ces théories ont tout d’abord déferlé, dans les années 1970, dans les anciennes écoles normales d’instituteurs où étaient formés les enseignants du premier degré.[8]
On peut noter cette coïncidence entre la domination de la critique néo-marxiste et la montée institutionnelle des progressismes éducatifs variés. Elle s’explique par une sorte de symbiose idéologique. La première, par sa critique radicale et récurrente du système éducatif, s’attaque indéfiniment à toutes les formes d’inégalité qui ne manquent pas de se créer. La seconde, par la réponse radicale qu’elle offre, proposant une table rase du passé pédagogique et des missions intellectuelles antérieures de l’école, au service d’une mission éducative première développée autour de la thématique de la citoyenneté et du vivre ensemble.[9]
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
Littérature au primaire - Rédaction au primaire - Manuels anciens - Dessin au primaire - Apprendre à lire et à écrire - Maths au primaire - école : références - Leçons de choses.
- MUTISExpert
Extrait ...
"Ma conclusion est, principalement, que la professionnalisation est une manière pour les gouvernements de se délester du problème politique posé par l’école en le reportant sur la technicité des professeurs, de s’en remettre à une science qui se prévaut de la démocratie et qui transforme indéfiniment des problèmes politiques posés par les écoles en problèmes pédagogiques gérés par des spécialistes de l’éducation. A cet égard, le traitement du problème de la formation pédagogique des enseignants, dans le cadre du projet de professionnalisation dominé par la recherche positive en sciences de l’éducation, ne peut être véritablement compris et expliqué sans la prise en compte du rôle politique joué par la théorie philosophique qui l’accompagne. Par ailleurs, la primauté accordée aux compétences fonctionnelles sur la formation du jugement, la faveur donnée aux pédagogies anti-intellectualistes, toutes les évolutions réalisées au nom de l’égalité qui se sont montrées au contraire inégalitaires, révèlent le peu de cas accordé par les acteurs politiques au développement du pouvoir de pensée des « masses ». Et pour cause, l’approche fonctionnaliste des courants pédagogiques progressistes ne permet pas de penser les cadres à partir desquels les situations sont définies comme problématiques, elle engage en réalité les individus à laisser d’autres penser pour eux.
Il ne faut pas sous-estimer, dans ce mouvement, l’influence des organisations internationales.En dépit du traité de Masstricht suivant lequel la communauté n’a qu’un rôle accessoire en matière d’éducation, les influences internationales apparaissent de plus en plus « intrusives et persuasives »[16]. Leur objectif est moins d’engager la formation de professionnels réflexifs que la gestion d’une « main d’œuvre enseignante » dans le cadre de la gestion libérale de l’école favorisée par l’OCDE. La mise en concurrence des systèmes éducatifs est organisée par l’OCDE autour de l’enquête PISA, sur la base d’une forte médiatisation des palmarès internationaux. Les objectifs éducatifs des pays sont redéfinis arbitrairement autour des normes portées implicitement par les indicateurs du PISA – les programmes scolaires tendent en particulier à être recentrés sur le développement de compétences de base, telles qu’évaluées par les tests. Il en résulte -- un ensemble de plus en plus important d’analyses menées par les experts internationaux proposent des résultats convergents à ce sujet – un appauvrissement des curricula scolaires et un affaiblissement des systèmes éducatifs[17]."
On comprend beaucoup de choses en lisant Nathalie Bulle !
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- bruno09Niveau 10
Je plussoie et je relie trois fois. Pas parce que c'est jargoneux, mais parce que c'est dense.kero a écrit:Tu m'étonnes. :shock:
- OlympiasProphète
Oh oui. C'est pour ça que je dis qu'il faut toujours voir plus loin en analysant une réforme.MUTIS a écrit:
Extrait ...
"Ma conclusion est, principalement, que la professionnalisation est une manière pour les gouvernements de se délester du problème politique posé par l’école en le reportant sur la technicité des professeurs, de s’en remettre à une science qui se prévaut de la démocratie et qui transforme indéfiniment des problèmes politiques posés par les écoles en problèmes pédagogiques gérés par des spécialistes de l’éducation. A cet égard, le traitement du problème de la formation pédagogique des enseignants, dans le cadre du projet de professionnalisation dominé par la recherche positive en sciences de l’éducation, ne peut être véritablement compris et expliqué sans la prise en compte du rôle politique joué par la théorie philosophique qui l’accompagne. Par ailleurs, la primauté accordée aux compétences fonctionnelles sur la formation du jugement, la faveur donnée aux pédagogies anti-intellectualistes, toutes les évolutions réalisées au nom de l’égalité qui se sont montrées au contraire inégalitaires, révèlent le peu de cas accordé par les acteurs politiques au développement du pouvoir de pensée des « masses ». Et pour cause, l’approche fonctionnaliste des courants pédagogiques progressistes ne permet pas de penser les cadres à partir desquels les situations sont définies comme problématiques, elle engage en réalité les individus à laisser d’autres penser pour eux.
Il ne faut pas sous-estimer, dans ce mouvement, l’influence des organisations internationales.En dépit du traité de Masstricht suivant lequel la communauté n’a qu’un rôle accessoire en matière d’éducation, les influences internationales apparaissent de plus en plus « intrusives et persuasives »[16]. Leur objectif est moins d’engager la formation de professionnels réflexifs que la gestion d’une « main d’œuvre enseignante » dans le cadre de la gestion libérale de l’école favorisée par l’OCDE. La mise en concurrence des systèmes éducatifs est organisée par l’OCDE autour de l’enquête PISA, sur la base d’une forte médiatisation des palmarès internationaux. Les objectifs éducatifs des pays sont redéfinis arbitrairement autour des normes portées implicitement par les indicateurs du PISA – les programmes scolaires tendent en particulier à être recentrés sur le développement de compétences de base, telles qu’évaluées par les tests. Il en résulte -- un ensemble de plus en plus important d’analyses menées par les experts internationaux proposent des résultats convergents à ce sujet – un appauvrissement des curricula scolaires et un affaiblissement des systèmes éducatifs[17]."
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- Spinoza1670Esprit éclairé
A lire en sus, dans le même numéro de Skhole.fr : L'école et son socle - Éloge de la transmission dans les petites classes et ailleurs, par Magali Gaubert
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« Let not any one pacify his conscience by the delusion that he can do no harm if he takes no part, and forms no opinion. Bad men need nothing more to compass their ends, than that good men should look on and do nothing. » (John Stuart Mill)
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- Roumégueur IerÉrudit
Spinoza1670 a écrit:A lire en sus, dans le même numéro de Skhole.fr : L'école et son socle - Éloge de la transmission dans les petites classes et ailleurs, par Magali Gaubert
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à rapprocher de cet article :
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/05/29/31003-20150529ARTFIG00340-ecole-l-idee-que-le-savoir-n-a-plus-d-importance-est-le-plus-grand-mythe-des-pedagogues.php
des extraits là : https://www.neoprofs.org/t90533-l-idee-que-le-savoir-n-a-plus-d-importance-est-le-plus-grand-mythe-des-pedagogues-le-figaro-30-05-2015#3087801
- Spinoza1670Esprit éclairé
Roumégueur Ier a écrit:à rapprocher de cet article :
http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/05/29/31003-20150529ARTFIG00340-ecole-l-idee-que-le-savoir-n-a-plus-d-importance-est-le-plus-grand-mythe-des-pedagogues.php
des extraits là : https://www.neoprofs.org/t90533-l-idee-que-le-savoir-n-a-plus-d-importance-est-le-plus-grand-mythe-des-pedagogues-le-figaro-30-05-2015#3087801
Merci.
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- keroGrand sage
J'ai pris le temps de vraiment lire cet article en entier. C'est désespérant.
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