- FabienneNiveau 9
Bonjour,
Je suis en train de peaufiner ma séquence HIDA/ poésie sur le thème de la ville.
Je voudrais trouver un sonnet (de la 2ème moitié du XIXème à aujourd'hui), pour revoir cette forme fixe, mais je sèche un peu.
Auriez-vous des suggestions?
D'avance merci.
Je suis en train de peaufiner ma séquence HIDA/ poésie sur le thème de la ville.
Je voudrais trouver un sonnet (de la 2ème moitié du XIXème à aujourd'hui), pour revoir cette forme fixe, mais je sèche un peu.
Auriez-vous des suggestions?
D'avance merci.
- miss sophieExpert spécialisé
Il y a un peu la ville dans celui-ci :
Jules Laforgue (1860-1887),
Spleen (Le Sanglot de la terre, 1901)
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie.
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...
Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
7 novembre 1880
Jules Laforgue (1860-1887),
Spleen (Le Sanglot de la terre, 1901)
Tout m'ennuie aujourd'hui. J'écarte mon rideau.
En haut ciel gris rayé d'une éternelle pluie.
En bas la rue où dans une brume de suie
Des ombres vont, glissant parmi les flaques d'eau.
Je regarde sans voir fouillant mon vieux cerveau,
Et machinalement sur la vitre ternie
Je fais du bout du doigt de la calligraphie.
Bah! sortons, je verrai peut-être du nouveau.
Pas de livres parus. Passants bêtes. Personne.
Des fiacres, de la boue, et l'averse toujours...
Puis le soir et le gaz et je rentre à pas lourds...
Je mange, et bâille, et lis, rien ne me passionne...
Bah ! Couchons-nous. - Minuit. Une heure. Ah ! chacun dort !
Seul je ne puis dormir et je m'ennuie encor.
7 novembre 1880
- OudemiaBon génie
Musset ? c'est presque en dehors de ta période, mais à part la première strophe c'est pile le thème :
Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;
C'est le temps de la ville. - Oh ! lorsque l'an dernier,
J'y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J'entends encore au vent les postillons crier),
Que j'aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J'allais revoir l'hiver. - Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! dans tes longs regards j'allais tremper mon âme
Je saluais tes murs. - Car, qui m'eût dit, madame,
Que votre coeur sitôt avait changé pour moi ?
Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;
C'est le temps de la ville. - Oh ! lorsque l'an dernier,
J'y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J'entends encore au vent les postillons crier),
Que j'aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J'allais revoir l'hiver. - Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! dans tes longs regards j'allais tremper mon âme
Je saluais tes murs. - Car, qui m'eût dit, madame,
Que votre coeur sitôt avait changé pour moi ?
- FabienneNiveau 9
J'aime beaucoup celui de Musset. Une question cependant: à la fin, il s'adresse à la femme de son coeur, ou à la ville? le mot "murs" me laisse perplexe.
Quelqu'un aurait des pistes d'analyse sur ce sonnet?
Quelqu'un aurait des pistes d'analyse sur ce sonnet?
- trompettemarineMonarque
Tu peux te procurer à un coût très faible cet ouvrage d'occasion sur price minister (je crois que ce n'est plus édité) .
Je me souviens que mes parents me l'avaient offert quand j'étais petite (avec L'arbre en poésie). Il faudrait que j'arrive à remettre la main dessus :
Je me souviens que mes parents me l'avaient offert quand j'étais petite (avec L'arbre en poésie). Il faudrait que j'arrive à remettre la main dessus :
- OudemiaBon génie
J'ai toujours compris que ce sont les murs de la maison de la femme (maison pour l'hiver, seule saison où elle se trouve à Paris), chez laquelle il n'est plus reçu .
Edit. : la collection "... en poésie" est en effet une mine !
Edit. : la collection "... en poésie" est en effet une mine !
- miss teriousDoyen
Il existe chez Gallimard :trompettemarine a écrit:Tu peux te procurer à un coût très faible cet ouvrage d'occasion sur price minister (je crois que ce n'est plus édité) .
Je me souviens que mes parents me l'avaient offert quand j'étais petite (avec L'arbre en poésie). Il faudrait que j'arrive à remettre la main dessus :
http://www.amazon.fr/ville-en-po%C3%A9sie-Collectif/dp/2070528081/ref=sr_1_sc_1?ie=UTF8&qid=1425510852&sr=8-1-spell&keywords=la+ville+en+po%C3%A9si
Sinon je te propose ceci :
SÉANCE 2
FORMES et JEUX POÉTIQUES
ë Dominante : lecture
ë Objectifs : 1. analyser une forme fixe : le sonnet
2. observer les jeux poétiques
Né en 1932, Jacques Roubaud partage son temps entre sa passion pour les mathématiques (qu’il a enseignées à l’université) et sa passion pour la littérature (ses œuvres ont été couronnées par de nombreux prix littéraires). Il est membre de l’Oulipo ; c’est un OUvroir de LIttérature POtentielle, un atelier de création littéraire à partir de contraintes.
LIRE
Jacques Roubaud a consacré un recueil à Paris, et s’il y emploie une grande variété de formes poétiques, il choisit ici la forme traditionnelle du sonnet.
Sonnet VII – À la tour Eiffel
5 10 | Tour Eiffel cesse de me dévisager comme ça Si je t’offre un sonnet en vers de quatorze syllabes (Un mètre1 assidûment cultivé par Jacques Réda2) Ce n’est pas pour que tu me toises3 de cet œil de crabe Des toises4, certes, tu en as et cette couleur « drab » (Terne, comme disent les Anglais) du crabe tu l’as Malgré le mercurochrome de mini-um5 dont la Ville soigne tes griffures causées par vents et sables Entre tes jambes écartées passe la foule épaisse Qui te lorgne les dessous, que ne voiles-tu6 tes fesses (D’ailleurs théoriques) il y a des enfants ici Qui s’en retourneront bientôt rêver dans nos campagnes Par trouble amour d’une géante à jamais pervertis Comme hameaux intranquilles au pied d’une montagne. |
Jacques Roubaud, La Forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains (1999).
1. Mètre : ici, un type de vers.
2. Jacques Réda : poète ayant beaucoup écrit sur Paris et qui s’est fait une spécialité du vers de quatorze syllabes.
3. Toiser : regarder d’un air méprisant. 4. Toise : ancienne unité de mesure valant six pieds, soit environ 1,80 m.
5. Minium : peinture antirouille de couleur rouge foncé.
6. Que ne voiles-tu ? : pourquoi ne voiles-tu pas ?
_________________
"Ni ange, ni démon, juste sans nom." (Barbey d'AUREVILLY, in. Une histoire sans nom)
"Bien des choses ne sont impossibles que parce qu'on s'est accoutumé à les regarder comme telles." DUCLOS
- henrietteMédiateur
trompettemarine a écrit:Tu peux te procurer à un coût très faible cet ouvrage d'occasion sur price minister (je crois que ce n'est plus édité) .
Je me souviens que mes parents me l'avaient offert quand j'étais petite (avec L'arbre en poésie). Il faudrait que j'arrive à remettre la main dessus :
Oui, oui, moi aussi, exactement le même (moment nostalgie de revoir la couverture, tiens !), avec aussi celui sur le cirque en poésie, celui sur l'amour et l'amitié, et il me semble aussi un sur la liberté (moins sûr pour ce dernier)...
Bref, ces ouvrages étaient super bien faits, je suis contente qu'ils soient réédités.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- SambreNiveau 9
Rien à voir avec ce que tu demandes, mais personnellement j'adore celui-ci, étudié en 1ere et jamais oublié:
A New York (extrait)
New York ! D'abord j'ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d'or aux jambes longues.
Si timide d'abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre
Si timide. Et l'angoisse au fond des rues à gratte-ciel
Levant des yeux de chouette parmi l'éclipse du soleil.
Sulfureuse ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le ciel
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau patinée de pierres.
Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan
– C'est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar
Quinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l'air
Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses.
Pas un rire d'enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche
Pas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur.
Pas un mot tendre en l'absence de lèvres, rien que des cœurs artificiels payés en monnaie forte
Et pas un livre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des cristaux de corail.
Nuits d'insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides
Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants.
Extrait de A New York - Léopold Sédar Senghor
A New York (extrait)
New York ! D'abord j'ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d'or aux jambes longues.
Si timide d'abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre
Si timide. Et l'angoisse au fond des rues à gratte-ciel
Levant des yeux de chouette parmi l'éclipse du soleil.
Sulfureuse ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le ciel
Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau patinée de pierres.
Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan
– C'est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar
Quinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l'air
Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses.
Pas un rire d'enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche
Pas un sein maternel, des jambes de nylon. Des jambes et des seins sans sueur ni odeur.
Pas un mot tendre en l'absence de lèvres, rien que des cœurs artificiels payés en monnaie forte
Et pas un livre où lire la sagesse. La palette du peintre fleurit des cristaux de corail.
Nuits d'insomnie ô nuits de Manhattan ! si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides
Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants.
Extrait de A New York - Léopold Sédar Senghor
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2016-2017: TZR, 3 classes de 4e, 1 classe de 3e
2015-2016: TZR, 1 classe de 6e, 1 classe de 4e, 1 classe de 3e
2014-2015: Stagiaire (2 classes de 4e)
2008-2014: l'Age d'Or
- OxfordNeoprof expérimenté
Oudemia a écrit:Musset ? c'est presque en dehors de ta période, mais à part la première strophe c'est pile le thème :
Que j'aime le premier frisson d'hiver ! le chaume,
Sous le pied du chasseur, refusant de ployer !
Quand vient la pie aux champs que le foin vert embaume,
Au fond du vieux château s'éveille le foyer ;
C'est le temps de la ville. - Oh ! lorsque l'an dernier,
J'y revins, que je vis ce bon Louvre et son dôme,
Paris et sa fumée, et tout ce beau royaume
(J'entends encore au vent les postillons crier),
Que j'aimais ce temps gris, ces passants, et la Seine
Sous ses mille falots assise en souveraine !
J'allais revoir l'hiver. - Et toi, ma vie, et toi !
Oh ! dans tes longs regards j'allais tremper mon âme
Je saluais tes murs. - Car, qui m'eût dit, madame,
Que votre coeur sitôt avait changé pour moi ?
Moi aussi j'ai pensé à ce sonnet.
Sinon il y a évidemment "A une passante" de Baudelaire.
- NitaEmpereur
Paul VERLAINE (1844-1896)
La bonne chanson
Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,
Les platanes déchus s’effeuillant dans l’air noir,
L’omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse,
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l’égout,
Voilà ma route - avec le paradis au bout.
Quoi, c'est pas un sonnet ? C'est Verlaine !
La bonne chanson
Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,
Les platanes déchus s’effeuillant dans l’air noir,
L’omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse,
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l’égout,
Voilà ma route - avec le paradis au bout.
Quoi, c'est pas un sonnet ? C'est Verlaine !
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