- Luigi_BGrand Maître
- amethysteDoyen
Raoul Volfoni a écrit:Madame la Ministre (et ses conseillers),
Je doute que ma prose parvienne jusqu'à vous, et je sais que vous n'en tiendriez aucun compte si c'était le cas, mais j'ai besoin de vider mon sac. Je suis professeur d'histoire-géographie, affectée cette année dans deux collèges.
J'achève l'année avec une sensation d'amertume et d'intense fatigue. Pourtant, tout s'est bien passé avec mes élèves ; je commence à avoir un peu d'expérience, j'arrive à m'occuper des élèves les plus en difficulté (pas assez, à mon goût, mais allez donc aider réellement un élève lorsqu'il est dans une classe à 28), je pense être efficace dans mon travail. J'essaie de proposer à mes élèves des solutions, des coups de pouce pour les aider à apprendre, je fais tout mon possible pour les aider et, dans l'ensemble, ils s'en rendent bien compte.
Cette amertume et cette fatigue, c'est vous qui les avez causées. Avec votre réforme du collège fondée sur quelques dogmes qui n'ont jamais été démontrés, et avec votre surdité.
Le collège français proposerait des options élitistes, comme le latin, les sections bilangues, les sections européennes, qui seraient réservées à quelques happy few. Comment expliquer que le latin soit proposé dans presque tous les collèges, et ouvert à tous les élèves ? Les sections bilangues et européennes sont également ouvertes à tous. Ce n'est pas en prenant ces moyens et en les saupoudrant que l'on fera monter le niveau en langues. Pour cela, il faudrait un peu plus d'ambition, et un peu plus de moyens : je reprends l'exemple de ma classe de 4e à 28. Ils sont 28 en cours d'anglais et d'espagnol. Comment voulez-vous qu'ils progressent ? J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels.
Mais vous savez tout cela, et le but de cette réforme étant de faire des économies sous couvert de bons sentiments, vous vous en fichez.
De même que vous vous fichez de savoir que l'interdisciplinarité n'est pas le remède à tout. C'est un postulat, et comme tel il n'a jamais été démontré. Pourquoi apprendrait-on mieux en EPI qu'en cours classique ? J'attends la preuve de cette assertion. Ce que je vois, pour l'heure, c'est que vous allez amputer ma liberté pédagogique. Le pistolet sur la tempe, on nous somme de nous emparer de cette liberté – mais uniquement pour aller dans le sens prescrit. Et si ma liberté, à moi, c'est de faire des cours exigeants, pas des projets ? Je suis une réactionnaire, une pseudo-zintellectuelle.
J'ai appris des tas de choses durant ma scolarité, et très peu m'ont été immédiatement utiles. Mais lorsque vingt ans après, en dessinant un plan pour fabriquer un objet, je dois me resservir du théorème de Pythagore, je ne suis pas mécontente de l'avoir appris. Mes professeurs me l'ont fait apprendre par cœur, et appliquer dans des exercices. L'aurais-je mieux appris en interdisciplinarité ? Je n'en suis absolument pas convaincue. J'avais besoin de rigueur, comme les collégiens d'aujourd'hui – et peut-être même en ont-ils encore plus besoin que nous à leur âge, habitués qu'ils sont à zapper constamment.
Vous vous gargarisez de « remporter avec les enseignants la bataille de la démocratisation de la réussite », en nous traitant par le mépris, en faisant la sourde oreille. Nous n'avons pas lu la réforme, nous sommes des partisans de l'immobilisme, voire des complices intéressés de la reproduction des élites. Notre voix ne compte pas. Le décret d'application est publié le lendemain même de la journée d'action du 19 mai. Comment peut-on encore se dire de gauche avec de telles méthodes, et avec de tels discours ? Comment pouvez-vous vous dire de gauche quand tous vos discours sont sous-tendus par l'idée que les pauvres sont des cons ? Car c'est bien là ce qui me fatigue le plus chez vous. Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro. Comme si ces pauvres n'avaient pas droit à ces options susceptibles de les enrichir intellectuellement. Quel parent ouvrier enverra ses enfants en séjour linguistique pour pallier les déficiences de l'enseignement des langues ? Comment les enfants des classes populaires pourront-ils découvrir les cultures anciennes ? Avec un minable EPI sans programme, sans garantie d'existence, sans la moindre égalité territoriale ? Je suis issue de ces milieux populaires, et je suis profondément indignée par votre réforme et par les inégalités qu'elle va engendrer. D'autres l'ont expliqué, mieux que moi, sur tous les tons. Il n'est pas utile que je prenne la peine d'argumenter lorsque vous ne répondez que par des éléments de langage.
Je voulais juste vous dire que les pauvres méritent mieux que cette réforme libérale. L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit. Vous les sacrifiez sur l'autel des économies et des fausses bonnes intentions ; pour ma part, je saurai m'en souvenir, et nous sommes nombreux.
- VerduretteModérateur
J'applaudis à mon tour ...
- PeinardNiveau 10
@Raoul Volfoni : est-ce que je peux transférer ta lettre à des collègues ou des syndicats?
- Raoul VolfoniGrand sage
Texte libre de droits, si vous voulez vous en servir, n'hésitez pas. J'avais juste besoin de le dire une bonne fois.
- OlympiasProphète
Bravo RaoulRaoul Volfoni a écrit:Madame la Ministre (et ses conseillers),
Je doute que ma prose parvienne jusqu'à vous, et je sais que vous n'en tiendriez aucun compte si c'était le cas, mais j'ai besoin de vider mon sac. Je suis professeur d'histoire-géographie, affectée cette année dans deux collèges.
J'achève l'année avec une sensation d'amertume et d'intense fatigue. Pourtant, tout s'est bien passé avec mes élèves ; je commence à avoir un peu d'expérience, j'arrive à m'occuper des élèves les plus en difficulté (pas assez, à mon goût, mais allez donc aider réellement un élève lorsqu'il est dans une classe à 28), je pense être efficace dans mon travail. J'essaie de proposer à mes élèves des solutions, des coups de pouce pour les aider à apprendre, je fais tout mon possible pour les aider et, dans l'ensemble, ils s'en rendent bien compte.
Cette amertume et cette fatigue, c'est vous qui les avez causées. Avec votre réforme du collège fondée sur quelques dogmes qui n'ont jamais été démontrés, et avec votre surdité.
Le collège français proposerait des options élitistes, comme le latin, les sections bilangues, les sections européennes, qui seraient réservées à quelques happy few. Comment expliquer que le latin soit proposé dans presque tous les collèges, et ouvert à tous les élèves ? Les sections bilangues et européennes sont également ouvertes à tous. Ce n'est pas en prenant ces moyens et en les saupoudrant que l'on fera monter le niveau en langues. Pour cela, il faudrait un peu plus d'ambition, et un peu plus de moyens : je reprends l'exemple de ma classe de 4e à 28. Ils sont 28 en cours d'anglais et d'espagnol. Comment voulez-vous qu'ils progressent ? J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels.
Mais vous savez tout cela, et le but de cette réforme étant de faire des économies sous couvert de bons sentiments, vous vous en fichez.
De même que vous vous fichez de savoir que l'interdisciplinarité n'est pas le remède à tout. C'est un postulat, et comme tel il n'a jamais été démontré. Pourquoi apprendrait-on mieux en EPI qu'en cours classique ? J'attends la preuve de cette assertion. Ce que je vois, pour l'heure, c'est que vous allez amputer ma liberté pédagogique. Le pistolet sur la tempe, on nous somme de nous emparer de cette liberté – mais uniquement pour aller dans le sens prescrit. Et si ma liberté, à moi, c'est de faire des cours exigeants, pas des projets ? Je suis une réactionnaire, une pseudo-zintellectuelle.
J'ai appris des tas de choses durant ma scolarité, et très peu m'ont été immédiatement utiles. Mais lorsque vingt ans après, en dessinant un plan pour fabriquer un objet, je dois me resservir du théorème de Pythagore, je ne suis pas mécontente de l'avoir appris. Mes professeurs me l'ont fait apprendre par cœur, et appliquer dans des exercices. L'aurais-je mieux appris en interdisciplinarité ? Je n'en suis absolument pas convaincue. J'avais besoin de rigueur, comme les collégiens d'aujourd'hui – et peut-être même en ont-ils encore plus besoin que nous à leur âge, habitués qu'ils sont à zapper constamment.
Vous vous gargarisez de « remporter avec les enseignants la bataille de la démocratisation de la réussite », en nous traitant par le mépris, en faisant la sourde oreille. Nous n'avons pas lu la réforme, nous sommes des partisans de l'immobilisme, voire des complices intéressés de la reproduction des élites. Notre voix ne compte pas. Le décret d'application est publié le lendemain même de la journée d'action du 19 mai. Comment peut-on encore se dire de gauche avec de telles méthodes, et avec de tels discours ? Comment pouvez-vous vous dire de gauche quand tous vos discours sont sous-tendus par l'idée que les pauvres sont des cons ? Car c'est bien là ce qui me fatigue le plus chez vous. Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro. Comme si ces pauvres n'avaient pas droit à ces options susceptibles de les enrichir intellectuellement. Quel parent ouvrier enverra ses enfants en séjour linguistique pour pallier les déficiences de l'enseignement des langues ? Comment les enfants des classes populaires pourront-ils découvrir les cultures anciennes ? Avec un minable EPI sans programme, sans garantie d'existence, sans la moindre égalité territoriale ? Je suis issue de ces milieux populaires, et je suis profondément indignée par votre réforme et par les inégalités qu'elle va engendrer. D'autres l'ont expliqué, mieux que moi, sur tous les tons. Il n'est pas utile que je prenne la peine d'argumenter lorsque vous ne répondez que par des éléments de langage.
Je voulais juste vous dire que les pauvres méritent mieux que cette réforme libérale. L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit. Vous les sacrifiez sur l'autel des économies et des fausses bonnes intentions ; pour ma part, je saurai m'en souvenir, et nous sommes nombreux.
- DaphnéDemi-dieu
Reine Margot a écrit:Elle n'y croit pas mais fait de la com pour faire oublier
- que la majorité des enseignants sont contre la réforme
- que sa réforme a entre autres buts de détruire le métier d'enseignant au profit d'une sorte d'animation/garderie
Voilà, c'est ça.
- Luigi_BGrand Maître
Post transformé en article sur "Avenir latin grec". Merci Raoul !
http://avenirlatingrec.fr/analyses/374-les-pauvres-meritent-mieux-que-cette-reforme-liberale
http://avenirlatingrec.fr/analyses/374-les-pauvres-meritent-mieux-que-cette-reforme-liberale
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- DaphnéDemi-dieu
doctor who a écrit:Le meilleur passage :L'école reproduisait les inégalités sociales, et maintenant elle est raciste.Najat Vallaud-Belkacem a écrit:La bonne conscience c'est celle qui consiste à entrouvrir la porte d'un système injuste à quelques-uns dûment sélectionnés pour leur bonne mine sans jamais remettre en cause le système et ses injustices structurelles.
Vouiiiiiiii
- DaphnéDemi-dieu
Raoul Volfoni a écrit:Madame la Ministre (et ses conseillers),
Je doute que ma prose parvienne jusqu'à vous, et je sais que vous n'en tiendriez aucun compte si c'était le cas, mais j'ai besoin de vider mon sac. Je suis professeur d'histoire-géographie, affectée cette année dans deux collèges.
J'achève l'année avec une sensation d'amertume et d'intense fatigue. Pourtant, tout s'est bien passé avec mes élèves ; je commence à avoir un peu d'expérience, j'arrive à m'occuper des élèves les plus en difficulté (pas assez, à mon goût, mais allez donc aider réellement un élève lorsqu'il est dans une classe à 28), je pense être efficace dans mon travail. J'essaie de proposer à mes élèves des solutions, des coups de pouce pour les aider à apprendre, je fais tout mon possible pour les aider et, dans l'ensemble, ils s'en rendent bien compte.
Cette amertume et cette fatigue, c'est vous qui les avez causées. Avec votre réforme du collège fondée sur quelques dogmes qui n'ont jamais été démontrés, et avec votre surdité.
Le collège français proposerait des options élitistes, comme le latin, les sections bilangues, les sections européennes, qui seraient réservées à quelques happy few. Comment expliquer que le latin soit proposé dans presque tous les collèges, et ouvert à tous les élèves ? Les sections bilangues et européennes sont également ouvertes à tous. Ce n'est pas en prenant ces moyens et en les saupoudrant que l'on fera monter le niveau en langues. Pour cela, il faudrait un peu plus d'ambition, et un peu plus de moyens : je reprends l'exemple de ma classe de 4e à 28. Ils sont 28 en cours d'anglais et d'espagnol. Comment voulez-vous qu'ils progressent ? J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels.
Mais vous savez tout cela, et le but de cette réforme étant de faire des économies sous couvert de bons sentiments, vous vous en fichez.
De même que vous vous fichez de savoir que l'interdisciplinarité n'est pas le remède à tout. C'est un postulat, et comme tel il n'a jamais été démontré. Pourquoi apprendrait-on mieux en EPI qu'en cours classique ? J'attends la preuve de cette assertion. Ce que je vois, pour l'heure, c'est que vous allez amputer ma liberté pédagogique. Le pistolet sur la tempe, on nous somme de nous emparer de cette liberté – mais uniquement pour aller dans le sens prescrit. Et si ma liberté, à moi, c'est de faire des cours exigeants, pas des projets ? Je suis une réactionnaire, une pseudo-zintellectuelle.
J'ai appris des tas de choses durant ma scolarité, et très peu m'ont été immédiatement utiles. Mais lorsque vingt ans après, en dessinant un plan pour fabriquer un objet, je dois me resservir du théorème de Pythagore, je ne suis pas mécontente de l'avoir appris. Mes professeurs me l'ont fait apprendre par cœur, et appliquer dans des exercices. L'aurais-je mieux appris en interdisciplinarité ? Je n'en suis absolument pas convaincue. J'avais besoin de rigueur, comme les collégiens d'aujourd'hui – et peut-être même en ont-ils encore plus besoin que nous à leur âge, habitués qu'ils sont à zapper constamment.
Vous vous gargarisez de « remporter avec les enseignants la bataille de la démocratisation de la réussite », en nous traitant par le mépris, en faisant la sourde oreille. Nous n'avons pas lu la réforme, nous sommes des partisans de l'immobilisme, voire des complices intéressés de la reproduction des élites. Notre voix ne compte pas. Le décret d'application est publié le lendemain même de la journée d'action du 19 mai. Comment peut-on encore se dire de gauche avec de telles méthodes, et avec de tels discours ? Comment pouvez-vous vous dire de gauche quand tous vos discours sont sous-tendus par l'idée que les pauvres sont des cons ? Car c'est bien là ce qui me fatigue le plus chez vous. Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro. Comme si ces pauvres n'avaient pas droit à ces options susceptibles de les enrichir intellectuellement. Quel parent ouvrier enverra ses enfants en séjour linguistique pour pallier les déficiences de l'enseignement des langues ? Comment les enfants des classes populaires pourront-ils découvrir les cultures anciennes ? Avec un minable EPI sans programme, sans garantie d'existence, sans la moindre égalité territoriale ? Je suis issue de ces milieux populaires, et je suis profondément indignée par votre réforme et par les inégalités qu'elle va engendrer. D'autres l'ont expliqué, mieux que moi, sur tous les tons. Il n'est pas utile que je prenne la peine d'argumenter lorsque vous ne répondez que par des éléments de langage.
Je voulais juste vous dire que les pauvres méritent mieux que cette réforme libérale. L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit. Vous les sacrifiez sur l'autel des économies et des fausses bonnes intentions ; pour ma part, je saurai m'en souvenir, et nous sommes nombreux.
Cette lettre est très bien tu devrais la lui envoyer !
- titus06Habitué du forum
doctor who a écrit:Le meilleur passage :L'école reproduisait les inégalités sociales, et maintenant elle est raciste.Najat Vallaud-Belkacem a écrit:La bonne conscience c'est celle qui consiste à entrouvrir la porte d'un système injuste à quelques-uns dûment sélectionnés pour leur bonne mine sans jamais remettre en cause le système et ses injustices structurelles.
Mon Dieu, je n'en peux plus de NVB et de ses déclarations...
Je n'ai pas vécu l'époque Allègre, mais là ça dépasse tout ce que l'on pu vivre ces dernières années...
- Salammb0Expert
C'est drôle, son discours est pétri de contradictions quant à sa position quant à un système méritocratique (un coup sa réforme est méritocratique et donnera lieu à des élites mieux triées/formées, quelques secondes plus tard les mots "méritocratie" et "élite" deviennent des insultes).
Elle reproche à la droit d'avoir "Nivel(é) vers le bas le niveau moyen des élèves, abaiss(é) les apprentissages fondamentaux". C'est trop drôle.
Je suis vraiment heureuse de n'avoir jamais voté pour un tel parti, qui n'a de socialiste que son nom.
Elle reproche à la droit d'avoir "Nivel(é) vers le bas le niveau moyen des élèves, abaiss(é) les apprentissages fondamentaux". C'est trop drôle.
Je suis vraiment heureuse de n'avoir jamais voté pour un tel parti, qui n'a de socialiste que son nom.
- OxfordNeoprof expérimenté
Raoul Volfoni a écrit:Texte libre de droits, si vous voulez vous en servir, n'hésitez pas. J'avais juste besoin de le dire une bonne fois.
Et c'est très bien dit, Raoul !
- tiptop77Prophète
Reine Margot a écrit:Elle n'y croit pas mais fait de la com pour faire oublier
- que la majorité des enseignants sont contre la réforme
- que sa réforme a entre autres buts de détruire le métier d'enseignant au profit d'une sorte d'animation/garderie
C'est exactement ça
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Raoul Volfoni a écrit:Madame la Ministre (et ses conseillers),
Je doute que ma prose parvienne jusqu'à vous, et je sais que vous n'en tiendriez aucun compte si c'était le cas, mais j'ai besoin de vider mon sac. Je suis professeur d'histoire-géographie, affectée cette année dans deux collèges.
J'achève l'année avec une sensation d'amertume et d'intense fatigue. Pourtant, tout s'est bien passé avec mes élèves ; je commence à avoir un peu d'expérience, j'arrive à m'occuper des élèves les plus en difficulté (pas assez, à mon goût, mais allez donc aider réellement un élève lorsqu'il est dans une classe à 28), je pense être efficace dans mon travail. J'essaie de proposer à mes élèves des solutions, des coups de pouce pour les aider à apprendre, je fais tout mon possible pour les aider et, dans l'ensemble, ils s'en rendent bien compte.
Cette amertume et cette fatigue, c'est vous qui les avez causées. Avec votre réforme du collège fondée sur quelques dogmes qui n'ont jamais été démontrés, et avec votre surdité.
Le collège français proposerait des options élitistes, comme le latin, les sections bilangues, les sections européennes, qui seraient réservées à quelques happy few. Comment expliquer que le latin soit proposé dans presque tous les collèges, et ouvert à tous les élèves ? Les sections bilangues et européennes sont également ouvertes à tous. Ce n'est pas en prenant ces moyens et en les saupoudrant que l'on fera monter le niveau en langues. Pour cela, il faudrait un peu plus d'ambition, et un peu plus de moyens : je reprends l'exemple de ma classe de 4e à 28. Ils sont 28 en cours d'anglais et d'espagnol. Comment voulez-vous qu'ils progressent ? J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels.
Mais vous savez tout cela, et le but de cette réforme étant de faire des économies sous couvert de bons sentiments, vous vous en fichez.
De même que vous vous fichez de savoir que l'interdisciplinarité n'est pas le remède à tout. C'est un postulat, et comme tel il n'a jamais été démontré. Pourquoi apprendrait-on mieux en EPI qu'en cours classique ? J'attends la preuve de cette assertion. Ce que je vois, pour l'heure, c'est que vous allez amputer ma liberté pédagogique. Le pistolet sur la tempe, on nous somme de nous emparer de cette liberté – mais uniquement pour aller dans le sens prescrit. Et si ma liberté, à moi, c'est de faire des cours exigeants, pas des projets ? Je suis une réactionnaire, une pseudo-zintellectuelle.
J'ai appris des tas de choses durant ma scolarité, et très peu m'ont été immédiatement utiles. Mais lorsque vingt ans après, en dessinant un plan pour fabriquer un objet, je dois me resservir du théorème de Pythagore, je ne suis pas mécontente de l'avoir appris. Mes professeurs me l'ont fait apprendre par cœur, et appliquer dans des exercices. L'aurais-je mieux appris en interdisciplinarité ? Je n'en suis absolument pas convaincue. J'avais besoin de rigueur, comme les collégiens d'aujourd'hui – et peut-être même en ont-ils encore plus besoin que nous à leur âge, habitués qu'ils sont à zapper constamment.
Vous vous gargarisez de « remporter avec les enseignants la bataille de la démocratisation de la réussite », en nous traitant par le mépris, en faisant la sourde oreille. Nous n'avons pas lu la réforme, nous sommes des partisans de l'immobilisme, voire des complices intéressés de la reproduction des élites. Notre voix ne compte pas. Le décret d'application est publié le lendemain même de la journée d'action du 19 mai. Comment peut-on encore se dire de gauche avec de telles méthodes, et avec de tels discours ? Comment pouvez-vous vous dire de gauche quand tous vos discours sont sous-tendus par l'idée que les pauvres sont des cons ? Car c'est bien là ce qui me fatigue le plus chez vous. Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro. Comme si ces pauvres n'avaient pas droit à ces options susceptibles de les enrichir intellectuellement. Quel parent ouvrier enverra ses enfants en séjour linguistique pour pallier les déficiences de l'enseignement des langues ? Comment les enfants des classes populaires pourront-ils découvrir les cultures anciennes ? Avec un minable EPI sans programme, sans garantie d'existence, sans la moindre égalité territoriale ? Je suis issue de ces milieux populaires, et je suis profondément indignée par votre réforme et par les inégalités qu'elle va engendrer. D'autres l'ont expliqué, mieux que moi, sur tous les tons. Il n'est pas utile que je prenne la peine d'argumenter lorsque vous ne répondez que par des éléments de langage.
Je voulais juste vous dire que les pauvres méritent mieux que cette réforme libérale. L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit. Vous les sacrifiez sur l'autel des économies et des fausses bonnes intentions ; pour ma part, je saurai m'en souvenir, et nous sommes nombreux.
Envoie la. C'est une très belle lettre.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- OudemiaBon génie
doctor who a écrit:Le meilleur passage :L'école reproduisait les inégalités sociales, et maintenant elle est raciste.Najat Vallaud-Belkacem a écrit:La bonne conscience c'est celle qui consiste à entrouvrir la porte d'un système injuste à quelques-uns dûment sélectionnés pour leur bonne mine sans jamais remettre en cause le système et ses injustices structurelles.
Voilà qui va faire plaisir à tous ceux qui ont travaillé dur pour réussir des concours anonymes !
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Je suis en train de l'écouter, on dirait qu'elle dit la messe.
Bon, pour supporter je me répète qu'il faut voir le côté fendard. Dans un sens c'est à mourir de rire.
Bon, pour supporter je me répète qu'il faut voir le côté fendard. Dans un sens c'est à mourir de rire.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- OudemiaBon génie
Raoul Volfoni a écrit:Madame la Ministre (et ses conseillers),
Je doute que ma prose parvienne jusqu'à vous, et je sais que vous n'en tiendriez aucun compte si c'était le cas, mais j'ai besoin de vider mon sac. Je suis professeur d'histoire-géographie, affectée cette année dans deux collèges.
J'achève l'année avec une sensation d'amertume et d'intense fatigue. Pourtant, tout s'est bien passé avec mes élèves ; je commence à avoir un peu d'expérience, j'arrive à m'occuper des élèves les plus en difficulté (pas assez, à mon goût, mais allez donc aider réellement un élève lorsqu'il est dans une classe à 28), je pense être efficace dans mon travail. J'essaie de proposer à mes élèves des solutions, des coups de pouce pour les aider à apprendre, je fais tout mon possible pour les aider et, dans l'ensemble, ils s'en rendent bien compte.
Cette amertume et cette fatigue, c'est vous qui les avez causées. Avec votre réforme du collège fondée sur quelques dogmes qui n'ont jamais été démontrés, et avec votre surdité.
Le collège français proposerait des options élitistes, comme le latin, les sections bilangues, les sections européennes, qui seraient réservées à quelques happy few. Comment expliquer que le latin soit proposé dans presque tous les collèges, et ouvert à tous les élèves ? Les sections bilangues et européennes sont également ouvertes à tous. Ce n'est pas en prenant ces moyens et en les saupoudrant que l'on fera monter le niveau en langues. Pour cela, il faudrait un peu plus d'ambition, et un peu plus de moyens : je reprends l'exemple de ma classe de 4e à 28. Ils sont 28 en cours d'anglais et d'espagnol. Comment voulez-vous qu'ils progressent ? J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels.
Mais vous savez tout cela, et le but de cette réforme étant de faire des économies sous couvert de bons sentiments, vous vous en fichez.
De même que vous vous fichez de savoir que l'interdisciplinarité n'est pas le remède à tout. C'est un postulat, et comme tel il n'a jamais été démontré. Pourquoi apprendrait-on mieux en EPI qu'en cours classique ? J'attends la preuve de cette assertion. Ce que je vois, pour l'heure, c'est que vous allez amputer ma liberté pédagogique. Le pistolet sur la tempe, on nous somme de nous emparer de cette liberté – mais uniquement pour aller dans le sens prescrit. Et si ma liberté, à moi, c'est de faire des cours exigeants, pas des projets ? Je suis une réactionnaire, une pseudo-zintellectuelle.
J'ai appris des tas de choses durant ma scolarité, et très peu m'ont été immédiatement utiles. Mais lorsque vingt ans après, en dessinant un plan pour fabriquer un objet, je dois me resservir du théorème de Pythagore, je ne suis pas mécontente de l'avoir appris. Mes professeurs me l'ont fait apprendre par cœur, et appliquer dans des exercices. L'aurais-je mieux appris en interdisciplinarité ? Je n'en suis absolument pas convaincue. J'avais besoin de rigueur, comme les collégiens d'aujourd'hui – et peut-être même en ont-ils encore plus besoin que nous à leur âge, habitués qu'ils sont à zapper constamment.
Vous vous gargarisez de « remporter avec les enseignants la bataille de la démocratisation de la réussite », en nous traitant par le mépris, en faisant la sourde oreille. Nous n'avons pas lu la réforme, nous sommes des partisans de l'immobilisme, voire des complices intéressés de la reproduction des élites. Notre voix ne compte pas. Le décret d'application est publié le lendemain même de la journée d'action du 19 mai. Comment peut-on encore se dire de gauche avec de telles méthodes, et avec de tels discours ? Comment pouvez-vous vous dire de gauche quand tous vos discours sont sous-tendus par l'idée que les pauvres sont des cons ? Car c'est bien là ce qui me fatigue le plus chez vous. Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro. Comme si ces pauvres n'avaient pas droit à ces options susceptibles de les enrichir intellectuellement. Quel parent ouvrier enverra ses enfants en séjour linguistique pour pallier les déficiences de l'enseignement des langues ? Comment les enfants des classes populaires pourront-ils découvrir les cultures anciennes ? Avec un minable EPI sans programme, sans garantie d'existence, sans la moindre égalité territoriale ? Je suis issue de ces milieux populaires, et je suis profondément indignée par votre réforme et par les inégalités qu'elle va engendrer. D'autres l'ont expliqué, mieux que moi, sur tous les tons. Il n'est pas utile que je prenne la peine d'argumenter lorsque vous ne répondez que par des éléments de langage.
Je voulais juste vous dire que les pauvres méritent mieux que cette réforme libérale. L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit. Vous les sacrifiez sur l'autel des économies et des fausses bonnes intentions ; pour ma part, je saurai m'en souvenir, et nous sommes nombreux.
Pourquoi ne lui parviendrait-elle pas ?
Ton texte est déjà relayé et je suppose qu'il y a des conseillers à l'affût de ce qui paraît.
J'espère juste que l'un d'eux aura le courage de lui en faire part (le courage, parce que quelque chose me dit que la dame ne doit pas être commode si on lui montre des vérités qui la dérangent).
- Reine MargotDemi-dieu
Le mieux est de faire paraître cette lettre dans un journal ou un blog, que cette lettre ne se retrouve pas dans une corbeille du ministère...certains ici ont pu écrire sur le site Marianne par exemple.
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La famille Bélier
- LefterisEsprit sacré
On admire quand même quelques morceaux de bravoure, d'une logique imparable : "c'est parce que demain 50 % d'une classe d'âge sera diplômée de l'enseignement supérieur, qu'on pourra vivre dans un pays prospère , où les entreprises se créeront par grappes.."
Traduction : bradons encore plus les diplômes, arrivons au 50% coûte-que-coûte, et fini le chômage, l'argent coule enfin à flot , tout le monde crée sa boîte.
"La recherche viendra "booster" (sic) l'innovation"
Traduction : ce n'est plus l'innovation qui change la recherche, nous vous avons changé tout ça. L'innovation est un but en soi, plus une modalité, ainsi en avons nous décidé, nous qui savons tout.
Traduction : bradons encore plus les diplômes, arrivons au 50% coûte-que-coûte, et fini le chômage, l'argent coule enfin à flot , tout le monde crée sa boîte.
"La recherche viendra "booster" (sic) l'innovation"
Traduction : ce n'est plus l'innovation qui change la recherche, nous vous avons changé tout ça. L'innovation est un but en soi, plus une modalité, ainsi en avons nous décidé, nous qui savons tout.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- philbogNiveau 5
Exactement l'exemple de l’élitisme, réserver aux meilleurs élèves les meilleures conditions d'apprentissage et se gargariser de leur succès! c'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire, plus de moyens pour les élèves en difficultés, des classes hétérogènes avec des tètes de classes capables de tirer l'ensemble vers le haut.Raoul a écrit:J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels
D'autres part cette obsession récente du système pour les langues, vivantes ou mortes est elle justifiée? un élève de 12 ans a t il besoin de 5h de langues vivantes par semaines alors qu'il n'a que 4h de mathématique et un saupoudrage de sciences? l'équilibre correspond il aux enjeux du 21eme siecle avec cette domination des matières littéraires? On défend le latin mais on supprime les TP de sciences sans problème...
C'est pour cela qu'il faut affirmer que la réforme ne va pas assez loin, l'école de tous avec du latin pour tous, des conditions d'apprentissage des langues pour tous, mais aussi des sciences expérimentales et des maths pour tous etc etc...Raoul a écrit:L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit.
1/ La réalité montre statistiquement que même si on ne demande les fiches de paie de personne les enfants des classes aisées bénéficient beaucoup plus des bonnes conditions d'apprentissage offertes dans ces sections. Cela vous avez l'air de le nier!Raoul a écrit:Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro.
2/ l’Élite se sont les bons élèves. Lutter contre l’élitisme n'est pas une lutte de classes sociales mais une lutte pour que les élèves en difficultés mis à 40 par classe entre eux, ghettoïsés ne soient encore plus tirés vers le bas, stigmatisés et dans des conditions impossibles d'apprentissage pendant que les bons élèves soient entre eux avec les meilleures conditions. Il ne s'agit pas tant des classes sociales que du problème éthique et pédagogique posé par les classes de niveau.
- philbogNiveau 5
J'ai appris des tas de choses durant ma scolarité, et très peu m'ont été immédiatement utiles. Mais lorsque vingt ans après, en dessinant un plan pour fabriquer un objet, je dois me resservir du théorème de Pythagore, je ne suis pas mécontente de l'avoir appris.
Et bien la plupart des gens à ce moment là disent plutôt: Ha! si à l'école on m'avait appris le théorème en me faisant travailler sur du concret, comme un plan par exemple, j'aurais certainement eu moins de mal avec le théorème!!(et mes camarades en difficulté l'auraient peut être mieux appris) Votre argument va donc plutôt dans le sens des apprentissages par projet!
Et bien la plupart des gens à ce moment là disent plutôt: Ha! si à l'école on m'avait appris le théorème en me faisant travailler sur du concret, comme un plan par exemple, j'aurais certainement eu moins de mal avec le théorème!!(et mes camarades en difficulté l'auraient peut être mieux appris) Votre argument va donc plutôt dans le sens des apprentissages par projet!
- LefterisEsprit sacré
philbog a écrit:J'ai moi-même bénéficié d'une section européenne lorsque j'étais au collège (horreur ; je suis fille d'ouvriers, pas du tout issue de ces affreuses élites bourgeoises qui trustent les options des collèges) ; nous étions huit en cours d'espagnol. Huit ! Nous sommes sortis du collège avec un excellent niveau, bien loin de ce que peuvent ânonner mes troisièmes actuels.
Exactement l'exemple de l’élitisme, réserver aux meilleurs élèves les meilleures conditions d'apprentissage et se gargariser de leur succès! c'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire, plus de moyens pour les élèves en difficultés, des classes hétérogènes avec des tètes de classes capables de tirer l'ensemble vers le haut.
D'autres part cette obsession récente du système pour les langues, vivantes ou mortes est elle justifiée? un élève de 12 ans a t il besoin de 5h de langues vivantes par semaines alors qu'il n'a que 4h de mathématique et un saupoudrage de sciences? l'équilibre correspond il aux enjeux du 21eme siecle avec cette domination des matières littéraires? On défend le latin mais on supprime les TP de sciences sans problème...
L'école publique est l'école de tous, mais elle doit surtout être celle de ceux qui n'ont pas ailleurs la possibilité de nourrir leur esprit.
C'est pour cela qu'il faut affirmer que la réforme ne va pas assez loin, l'école de tous avec du latin pour tous, des conditions d'apprentissage des langues pour tous, mais aussi des sciences expérimentales et des maths pour tous etc etc...
Vous prétendez vous attaquer à l'élite, aux bourgeois, qui seraient les seuls à bénéficier des options que vous détruisez. Comme si les pauvres en étaient absents. Comme si on demandait les fiches de paie des parents avant d'accepter un élève en latin ou en euro.
1/ La réalité montre statistiquement que même si on ne demande les fiches de paie de personne les enfants des classes aisées bénéficient beaucoup plus des bonnes conditions d'apprentissage offertes dans ces sections. Cela vous avez l'air de le nier!
2/ l’Élite se sont les bons élèves. Lutter contre l’élitisme n'est pas une lutte de classes sociales mais une lutte pour que les élèves en difficultés mis à 40 par classe entre eux, ghettoïsés ne soient encore plus tirés vers le bas, stigmatisés et dans des conditions impossibles d'apprentissage pendant que les bons élèves soient entre eux avec les meilleures conditions. Il ne s'agit pas tant des classes sociales que du problème éthique et pédagogique posé par les classes de niveau.
Ca sera donc un nivellement par le bas pour tout le monde, les élèves les plus volontaires n'auront rien pour satisfaire leur besoin d'aller plus loin, les cancres n'auront pas plus envie de bosser , la masse globale d' heures/ enseignement baisse pour tout le monde, les langues anciennes et tout ce qu'elles véhiculent ne seront plus qu'un lointain souvenir dans une décennie, grâce aux "chevaliers de la table rase", et les bons établissements ainsi que le privé s'organiseront pour contourner tant bien que mal , grâce à la marge de 20% les EPI ridicules et les "projets".
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- fanetteFidèle du forum
philbog a écrit: ... une lutte pour que les élèves en difficultés mis à 40 par classe entre eux, ghettoïsés ne soient encore plus tirés vers le bas, stigmatisés et dans des conditions impossibles d'apprentissage pendant que les bons élèves soient entre eux avec les meilleures conditions.
Lorsque je lis en diagonale, et que je tombe sur cette phrase, j'ai beaucoup de mal à prendre le reste de la démonstration au sérieux ...
Edit : Raoul :
- LaepixiaNiveau 8
"On défend le latin mais on supprime les TP de sciences sans problème... "
Hum comment dire : OUI !
L'année dernière, une nouvelle CDE est arrivée dans notre collège et sa première action a été de supprimer tous les groupes en sciences et techno. Et, entre autres arguments pour justifier ses actes, elle nous a dit qu'elle voulait mettre un groupe supplémentaire pour le latin en je ne sais plus quelle classe.
Par contre, concernant ce que tu dis sur les projets : pour bosser sur des projets, il faut des pré-requis. Je ne nie pas que le fait de bosser sur des projets ait ses vertus quant à donner conscience aux élèves qu'il faut travailler ses fondamentaux. Mais, acquérir des fondamentaux ne se fait pas en interdisciplinarité.
Hum comment dire : OUI !
L'année dernière, une nouvelle CDE est arrivée dans notre collège et sa première action a été de supprimer tous les groupes en sciences et techno. Et, entre autres arguments pour justifier ses actes, elle nous a dit qu'elle voulait mettre un groupe supplémentaire pour le latin en je ne sais plus quelle classe.
Par contre, concernant ce que tu dis sur les projets : pour bosser sur des projets, il faut des pré-requis. Je ne nie pas que le fait de bosser sur des projets ait ses vertus quant à donner conscience aux élèves qu'il faut travailler ses fondamentaux. Mais, acquérir des fondamentaux ne se fait pas en interdisciplinarité.
- User5899Demi-dieu
Marrant. Quand je la lis, j'ai une contracture des deux médius qui se tendent, éplorés, vers le ciel vide...Luigi_B a écrit:Pas vu de sujet sur la brève intervention de NVB (15') lors du 77e congrès du PS à Poitiers.Najat Vallaud-Belkacem a écrit:C'est avec les enseignants que nous remporterons cette bataille de la démocratisation de la réussite et c'est d'ailleurs leur imagination et leurs innovations qui ont inspiré cette réforme. Et c'est pour leur donner plus de marges de manœuvre qu'elle a été pensée et c'est avec eux que nous la mettrons en œuvre, pas à pas, sereinement.
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