il faut sauver le collège unique !

Je suis professeur de français. Je viens d’avoir cours (de 11h20 à 12h20 un vendredi, ce n’est pas l’horaire le plus facile) avec les 6eD. C’est une vraie classe « hétérogène » dans un vrai collège unique. Ce n’est pas une classe facile. C’est une classe vivante. Les élèves « issus de milieux favorisés » sont calmes, un peu accablés parfois, un peu amusés souvent. Les élèves « issus de milieux moins favorisés » sont généralement les plus agités, les plus exubérants, les moins capables de se concentrer. Ils sont aussi intelligents que les autres, mais en majorité moins à l’aise avec la langue française, surtout écrite. Ils ont envie d’apprendre, de montrer qu’ils savent des choses, qu’ils réfléchissent, qu’ils s’intéressent, qu’ils existent. Tout comme les autres pour qui « l’intégration » n’est pas un « problème ».

Il faut garder ce mélange, et encourager les professeurs qui « gèrent » ce mélange au quotidien, et s’en sortent plutôt bien :

- seulement 150 000 « décrocheurs », c’est peu, vu le défi, vu les moyens ;

- des résultats PISA honorables, à condition de les comparer avec les résultats de pays dont les systèmes éducatifs sont comparables (ce qui n’est évidemment pas fait par ceux qui mettent PISA en avant).

Il faut des moyens pour que les élèves les plus en difficulté avec la langue française reçoivent, au sein du collège, des cours particuliers. (Ceci peut s’étendre à d’autres matières.)

Il faut protéger les professeurs et les disciplines, le savoir spécialisé, l’enseignement de l’abstraction, l’enseignement des connaissances et des méthodes, l’enseignement général.

Il faut ouvrir, pendant tous les temps libres (récréations, temps du midi, temps de « permanence », etc.) des ateliers, des clubs, pour jouer, fabriquer, manipuler, causer, lire, écouter, écrire, … Il faut des moyens pour créer et faire vivre ces ateliers, ces clubs.

Il faut ouvrir des SEGPA, des Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), des structures spécialisées pour les élèves qui ont besoin d’un cadre particulier.

Il faut arrêter l’hypocrisie qui consiste à parler d’intégration, d’inclusion et d’égalité, pour cacher le fait qu’on fait des économies en fermant des structures utiles mais qui coûtent cher (parce qu’on y paye beaucoup de professionnels pour peu d’élèves).

wouah, tu vas passer pour un réactionnaire toi !
Bienvenue au club