Ennui au collège : Najat Vallaud-Belkacem sort des chiffres de son chapeau.

Dalva a écrit:Tiens, à propos du jeu, du ludique...
Je vous rapporte la parole d'un enfant à ses parents au moment de quitter le centre aéré : "On a beaucoup joué, oui, mais on ne s'est pas beaucoup amusés."

Mon fils a fait sa quatrième rentrée dans une nouvelle école, qui s'avère cumuler le statut de REP et école d'application de l'ESPE. Au bout d'une semaine, il rentre de l'école maternelle en disant " Bon cette école c'est pas une école où on travaille et où on apprend. Cette école c'est un endroit où on fait des activités".

Dalva a écrit:Tiens, à propos du jeu, du ludique...
Je vous rapporte la parole d'un enfant à ses parents au moment de quitter le centre aéré : "On a beaucoup joué, oui, mais on ne s'est pas beaucoup amusés."

A l'inverse, j'ai eu pas mal d'élèves pour qui les multiplications étaient amusantes. Juste les multiplications, sans enrobage, sans petite histoire idiote ni images colorées.
Une ardoise et le défi d'être plus rapide que le professeur. C'est tout.

Je ne vois pas en quoi parler de ce qui est lointain ou faire des multiplications serait a priori ennuyeux. On ne peut pas défendre l'ennui à l'école avec ces exemples. A moins de présupposer que pour ses contradicteurs, il faut forcément partir du proche et ne pas faire d'entraînement au calcul.

C'est bien ce qui est préconisé (pour ne pas parler d'injonction). C'est ce qui a conduit à faire des programmes de géographie de CE1 (pardon espace) où l'on passe 6 mois sur le plan de la classe, la maquette de l'école et le plan du quartier. C'est ce qui fait proposer des séquences de slams en ZEP. C'est ce qui fait privilégier des textes proches du langage des enfants (absence de négation, vocabulaire pauvre, pas de sujet inversé dans les phrases interrogatives...). Et puis les thèmes puisés dans la littérature de jeunesse bas de gamme.

coindeparadis a écrit:C'est bien ce qui est préconisé (pour ne pas parler d'injonction). C'est ce qui a conduit à faire des programmes de géographie de CE1  (pardon espace) où l'on passe 6 mois sur le plan de la classe, la maquette de l'école et le plan du quartier. C'est ce qui fait proposer des séquences de slams en ZEP. C'est ce qui fait privilégier des textes proches du langage des enfants (absence de négation, vocabulaire pauvre, pas de sujet inversé dans les phrases interrogatives...). Et puis les thèmes puisés dans la littérature de jeunesse bas de gamme.

Tu as raison. Je le déplore aussi. Mais parce que l'Antiquité, les dinosaures, et les textes classiques sont "lointains" et qu'il faut apprendre aux enfants à s'"ennuyer.
Ce sont au contraire des choses très proches d'eux, au moins potentiellement, qui n'attendent que d'être découvertes. C'est du "proche inconnu", par opposition au "proche connu" dont on se contente trop souvent.

Et voilà un philosophe, qui a bénéficié d'une vraie formation et qui maintenant préconise une école proche du quotidien des élèves, pour chasser l'ennui. Ces intellos qui veulent créer un monde d'abrutis après eux me dégoûtent.
http://www.cles.com/debats-entretiens/article/l-ecole-doit-redevenir-un-lieu-qui-stimule-l-esprit-creatif-et-le-bonheur#.VmyJyVbjw8N.facebook

doctor who a écrit:Je ne vois pas en quoi parler de ce qui est lointain ou faire des multiplications serait a priori ennuyeux. On ne peut pas défendre l'ennui à l'école avec ces exemples. A moins de présupposer que pour ses contradicteurs, il faut forcément partir du proche et ne pas faire d'entraînement au calcul.

Je crois bien que personne n'a voulu ici faire de l'ennui une finalité. Mais que beaucoup s'effraient d'une société qui, à l'inverse, voit dans la lutte contre l'ennui un remède aux maux de son école, et en fait une priorité.

Ventre-Saint-Gris a écrit:

doctor who a écrit:Je ne vois pas en quoi parler de ce qui est lointain ou faire des multiplications serait a priori ennuyeux. On ne peut pas défendre l'ennui à l'école avec ces exemples. A moins de présupposer que pour ses contradicteurs, il faut forcément partir du proche et ne pas faire d'entraînement au calcul.

Je crois bien que personne n'a voulu ici faire de l'ennui une finalité. Mais que beaucoup s'effraient d'une société qui, à l'inverse, voit dans la lutte contre l'ennui un remède aux maux de son école, et en fait une priorité.

Bien  résumé. Si les élèves aiment, tant mieux, c'est un plus. Sinon, tant pis, et d'ailleurs, il est rare que tout le monde soit du même avis. En lettres, une oeuvre patrimoniale reste une oeuvre patrimoniale, avec ou sans l'assentiment ou  le plaisir de certains élèves, et on ne les instruit pas pour flatter le puéril qui demeure en eux, mais pour l'adulte qu'ils seront plus tard. C'est avec le recul que j'ai bien été content, en des temps reculés, d'avoir étudié l'Odyssée, la chanson de Roland, Corneille, Racine, Victor Hugo, Balzac, Stendhal et autres   qui m'ont pourtant fait bâiller à l'âge crétino- bolos (et que j'aurais zappés si j'avais eu le choix) et d'avoir été contraint de rendre une version tous les 15 -20 jours (sur laquelle je transpirais, internet n'existait pas).

coindeparadis a écrit:Et voilà un philosophe, qui a bénéficié d'une vraie formation et qui maintenant préconise une école proche du quotidien des élèves, pour chasser l'ennui. Ces intellos qui veulent créer un monde d'abrutis après eux me dégoûtent.
http://www.cles.com/debats-entretiens/article/l-ecole-doit-redevenir-un-lieu-qui-stimule-l-esprit-creatif-et-le-bonheur#.VmyJyVbjw8N.facebook

J'ai effectivement bien peur que ce Monsieur, s'il avait bénéficié de l'instruction qu'il appelle de ses vœux ne serait pas lu car illisible.

Hi hi, grosse rigolade lundi.

Deux nouvelles élèves sont arrivées la semaine dernière en première. Etrangères, venues des Balkans, en France depuis un an. Elles parlent un français impeccable, sans en avoir fait avant

Je discute un peu avec elles, regarde leur cahier pour voir ce qu'elles avaient fait jusqu'alors ; et dans leur cahier, je vois beaucoup de zactivités, tout bien tout comme y faut, label ESPE approved. L'opposé de ce que je fais, surtout avec un chapitre très dense que je développe à fond (les totalitarismes) pour cause de voyage en février. En trois heures, elles ont plus écrit qu'en deux mois >_<'
Forcément, je m'inquiète un peu de savoir si elles arrivent à suivre et à prendre les notes (je leur donne le cours imprimé, mais en fin d'heure, pour qu'elles puissent quand même travailler leur prise de notes et leur compréhension) : la réponse a été sans appel.

"On écrit beaucoup, mais on comprend mieux comme ça, c'est comme ce qu'on faisait en *pays d'origine*, et pouis sourtout on apprend plousse des choses alors on s'ennouie pas".



Voilà. Elles apprennent beaucoup de choses, donc elles ne s'ennuient pas. Tout est dit.
Et comme elles écriront beaucoup, je pourrai ramasser leur cahier, corriger leurs quelques erreurs, et les aider à progresser sur ce point. Ce qui, visiblement, n'est pas ESPE approved.

Ces petites sont impressionnantes. Elles ont une maîtrise de la langue supérieure à celle de la plupart de mes élèves.

bruno09 a écrit:

coindeparadis a écrit:Et voilà un philosophe, qui a bénéficié d'une vraie formation et qui maintenant préconise une école proche du quotidien des élèves, pour chasser l'ennui. Ces intellos qui veulent créer un monde d'abrutis après eux me dégoûtent.
http://www.cles.com/debats-entretiens/article/l-ecole-doit-redevenir-un-lieu-qui-stimule-l-esprit-creatif-et-le-bonheur#.VmyJyVbjw8N.facebook

J'ai effectivement bien peur que ce Monsieur, s'il avait bénéficié de l'instruction qu'il appelle de ses vœux ne serait pas lu car illisible.

J'ai surtout baillé au bout de la troisième réponse. On a déjà lu ça des dizaines de fois. Il veut faire une révolution qui a eu lieu il y a quelques années déjà et qui est un échec.

Je viens de voir que sur facebook, de nombreux parents encensaient cet homme, à la lecture de l'article, et appelaient NVB à s'en inspirer.