Ennui au collège : Najat Vallaud-Belkacem sort des chiffres de son chapeau.

Comment Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle justifié sa réforme du « mieux apprendre pour mieux réussir » qui sabre dans les heures de cours, éradique le latin, le grec, les classes bilangues et européennes ? Le dossier de présentation de la réforme part d'un « constat » : « Vingt-cinq pour cent des élèves de l'école primaire s'ennuient souvent, voire tout le temps. Ils sont 71 % à être dans ce cas au collège. » D'où le remède à cet ennui scolaire : la mise en place d'enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). On construira donc en classe de troisième - exemple proposé par le ministère - des maquettes d'éoliennes, activité qui débouchera sur un reportage vidéo pour le blog du collège. Un petit peu d'aide personnalisée là-dessus, et c'est une demi-heure de français, de mathématiques, de LV2, de technologie et de physique - deux heures et demie en tout - qui s'envolent.

Le problème est que ces chiffres sur « l'ennui scolaire », vieille rengaine pédagogiste, sont sortis de nulle part (ou presque) ! D'où vient en effet ce constat d'un tel calvaire des élèves ? D'une enquête menée en 2010 auprès de 760 enfants scolarisés en primaire et au collège, tous issus de quartiers populaires. Et par qui a été faite cette enquête ? Par un étudiant de l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev), « réseau d'étudiants solidaires intervenant dans les quartiers populaires ». Au lieu de faire une généralité de cette enquête très partielle, le ministère aurait dû préciser que 71 % d'un nombre indéterminé de collégiens (le document n'explique pas quelle proportion d'élèves de primaire et de collégiens ont été interrogés), issus de quartiers populaires (ce que Mme la Ministre a omis de préciser), disaient s'ennuyer en classe. Il aurait dû préciser aussi que ces 71 % comprenaient une part (laquelle ?) d'élèves disant s'ennuyer « quelquefois » en classe (et que celui qui ne s'est pas ennuyé « quelquefois » en classe leur jette la première pierre !), ce que ne comprenait pas le chiffre des 25 % pour l'école primaire.

http://www.marianne.net/agora-reforme-du-college-au-nom-quel-ennui-scolaire-100233223.html

Mince, si ça continue je vais être obligé de prendre un abonnement à Marianne! pale

Trêve de blague, coup de chapeau au SEUL organe de presse papier à avoir consacré plusieurs articles de fond à ce sujet. C'est tout de même triste que Marianne en vienne à être le dernier refuge (hormis le Canard enchaîné of course) des journalistes qui font vraiment leur travail, qui n'est ni celui d'éditorialiste ni celui de sycophante ou d'interprète de l'AFP...

Et même s'ils s'ennuyaient, quel est le problème? L'école n'est pas un centre de loisirs...

C'est sûr que sur six ou sept heures de cours, il s'ennuient parfois mais je ne vois pas comment on pourrait remédier à cela. J'aime beaucoup l'anglais mais il m'est arrivé de m'ennuyer dans certains cours ou en apprenant des listes de vocabulaire (fleurs, poisson,s parties d'un bateau à voile...). Imaginons un monde où tous les élèves s'éclateraient toute la journée au collège, ce serait un peu flippant aussi finalement... Very Happy

Sans compter que les préparer à "l'éclate" permanente ne les prépare pas au monde du travail et des adultes en général. Ça m'étonnerait bien qu'ils ne s’ennuient jamais dans leur futur métier.

Ce qui est contestable, au-delà des chiffres, c'est le raisonnement selon lequel on apprend moins bien si on s'ennuie, étant donné que c'est l'argument de la ministre, qui explique l'échec scolaire par l'ennui. Beaucoup de gens se sont ennuyés copieusement à l'école et sont devenus très instruits.

Un de mes anciens CDE m'avait dit que les élèves devaient arriver chaque matin au collège avec "le sourire aux lèvres et la joie au cœur". Bon, ben c'est pas gagné... Rolling Eyes

Marianne aurait donc écouté Audrey sur France Inter ? Very Happy

Je remonte ce sujet :
- Quelqu'un sait-il où on peut consulter cette "étude" de l'afev, sur laquelle repose une très grosse partie de l'argumentaire de la réforme pour mettre en avant les EPI ?
- Dans un article du Figaro qui reprend cette étude, on lit ceci :

Ce sentiment d'ennui est plus important encore chez les collégiens, qui déclarent s'ennuyer à plus de 71%! Les résultats de cette étude menée auprès d'enfants de quartiers populaires corroborent des enquêtes antérieures, qui concernaient un plus large public, en 2001 ou en 2003, notamment.

(http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2010/09/23/01016-20100923ARTFIG00776-71-des-collegiens-disent-s-ennuyera-l-ecole.php)
Quelqu'un sait-il à quelles études antérieures le journaliste fait allusion ?

D'après un sondage auprès de mes élèves :

- 100% des collégiens pensent qu'ils écrivent trop.
- 100% des collégiens estiment qu'ils ont trop de devoirs.
- 100% des collégiens pensent que donner des exercices de grammaire, m'sieur, c'est abuser.
- 100% des collégiens sont persuadés que les dictées ne servent à rien et qu'il ne faut pas en faire.
- 100% des collégiens estiment qu'il est inutile de lire le livre quand il y a un film, et qu'il faut regarder le film en classe.
- 100% des collégiens estiment normal de prendre une heure à fêter chaque anniversaire de la classe (avec des ballons, des clowns et des gâteaux) au lieu de travailler.

Qu'attend la ministre pour prendre les mesures qui s'imposent ?

Catalunya a écrit:Et même s'ils s'ennuyaient, quel est le problème? L'école n'est pas un centre de loisirs...

C'est là que tu te trompes. Tout lieu de vie est un centre de loisirs en puissance. :sorciere:

Celadon a écrit:

Catalunya a écrit:Et même s'ils s'ennuyaient, quel est le problème? L'école n'est pas un centre de loisirs...

C'est là que tu te trompes. Tout lieu de vie est un centre de loisirs en puissance. :sorciere:

Ce n'est pas un bagne non plus.
Ce genre d'affirmations me laissent rêveur.

Caspar Goodwood a écrit:Un de mes anciens CDE m'avait dit que les élèves devaient arriver chaque matin au collège avec "le sourire aux lèvres et la joie au cœur". Bon, ben c'est pas gagné...

Et les collègues doivent faire la trogne....

Ras-le-bol de cette culture de l'éclate, du fun, du spectacle....

doctor who a écrit:

Celadon a écrit:

Catalunya a écrit:Et même s'ils s'ennuyaient, quel est le problème? L'école n'est pas un centre de loisirs...

C'est là que tu te trompes. Tout lieu de vie est un centre de loisirs en puissance. :sorciere:

Ce n'est pas un bagne non plus.
Ce genre d'affirmations me laissent rêveur.

Le bouffon immature nommé Purina ou un truc comme ça avec sa page Facebook est-il le pédagogue du 21ème siècle ?

La connaissance nécessite tout de même l'effort....

amalricu a écrit:La connaissance nécessite tout de même l'effort....

Oui mais ça, NVB n'en sait rien... Puisqu'elle ne sait rien, puisqu'elle n'a jamais fait d'effort. cqfd

Je propose de transformer la Sorbonne en base de loisirs avec piscines à balles et toboggan avec option bulles de savon... On sera raccord avec l'air du temps.

amalricu a écrit:

doctor who a écrit:

Celadon a écrit:

Catalunya a écrit:Et même s'ils s'ennuyaient, quel est le problème? L'école n'est pas un centre de loisirs...

C'est là que tu te trompes. Tout lieu de vie est un centre de loisirs en puissance. :sorciere:

Ce n'est pas un bagne non plus.
Ce genre d'affirmations me laissent rêveur.

Le bouffon immature nommé Purina ou un truc comme ça avec sa page Facebook est-il le pédagogue du 21ème siècle ?

La connaissance nécessite tout de même l'effort....

Ennui au collège : Najat Vallaud-Belkacem sort des chiffres de son chapeau. Purina

Salut,

doctor who a écrit:Ce n'est pas un bagne non plus.
Ce genre d'affirmations me laissent rêveur.

amalricu a écrit:Ras-le-bol de cette culture de l'éclate, du fun, du spectacle....

Je suis d’accord avec doctor who. On n’est pas obligé de tomber dans une binarité caricaturale, et on peut apprendre, faire des efforts, travailler… en dehors d’une caserne. Perso, j’ai aimé mes études parce que c’était l’éclate et le fun. Le problème culturel présent, je trouve que c’est plus le culte de l’immédiateté et de la consommation. Si face à ça, on arrive à dire que le travail patient et sur le long terme amène est aussi une source d’éclate et de fun, différente, retardée mais plus satisfaisante, c’est nettement plus sain que l’espèce de survalorisation masochiste des gens fiers d’en baver.

Par ailleurs, l’idée de « ça les prépare au monde du travail… » : le rôle de l’école n’est pas de former des travailleurs dociles qui font sagement leur bullshit job. Si demain, les citoyens se mettent à rechigner face aux tâches abrutissantes, stupides, ennuyeuses, ou à les refuser, bah tant mieux. Et ce serait sacrément moche que l’école se pose en gardien de l’ordre.

Bref, faites du latin parce que c’est cool et fun.

Enfin, je trouve le sondage incomplet : l’idée n’est pas de savoir si les élèves s’ennuient, mais s’ils trouvent ça anormal, si ça les gêne. On plaque des représentations d’adultes sur des réponses d’éleve, mais perso, j’ai l’impression de m’être parfois ennuyé dans ma vie, sans en éprouver de volonté que la situation change.

Certes, un enfant qui apprend, et a conscience d'apprendre, peut ne pas s'ennuyer.
Mais ce n'est pas parce qu'un enfant ne s'ennuie pas qu'il apprend.
Pourquoi vouloir absolument lier l'apprentissage à la présence ou à l'absence d'ennui ?
C'est ainsi qu'on arrive à l'équivalence terrible en termes de résultats : activité (quelle qu'elle soit, pourvu qu'elle occupe) = apprentissage.

On attend les résultats de cette politique dans trois ou quatre ans...

Et surtout, où sont les études qui prouvent que l'ennui est nocif ?
Alors qu'il me semble au contraire avoir lu à plusieurs reprises, et sous la plume de divers chercheurs et penseurs, que l'ennui est essentiel, au même titre que le sommeil.

Alors certes, l'école n'est sans doute pas le meilleur endroit où s'ennuyer, puisque c'est l'endroit où l'on est censé s'occuper à réfléchir, travailler, être attentif, etc.

J'aimerais bien savoir aussi qui sont ces élèves qui s'ennuient, et pourquoi ? Ne serait-ce pas parce que ça va trop lentement, et que ce qui se dit, ils le savent déjà ? Et pour d'autres, ne serait-ce pas parce que ça va trop vite, et qu'il leur manque tant et tant de connaissances pour suivre, qu'ils ne comprennent plus rien et décrochent ?

Pour répondre à l'ennui, pour l'éviter, ne serait-il pas judicieux de proposer des... options, qui permettraient aux élèves les plus vifs et les plus à l'aise d'aller plus loin, d'approfondir ? (Oui, je sais, c'est une idée un peu folle.) Ne serait-il pas judicieux de s'assurer, en primaire, l'acquisition de bases solides, peut-être moins nombreuses ?

Je me demande bien aussi d'où vient cette histoire d'ennui...

Et comment sait-on qu'avec les EPI les élèves ne vont pas s'ennuyer ? Comme les EPI quoiqu'on en disent vont ressembler aux IDD, et bien nous avons bien vu que ceux qui en profitent le plus sont nos "bons" élèves qui s'ennuient peut-être par ailleurs, je n'en sais rien, mais ils sont toujours partant pour participer, pour faire des exposés, leurs parents sont souvent passionnés par les exposés de leurs enfants et cela nous fait un sujet de discussion plus profond pour les rencontres parents/prof au lieu de l'ennuyeux de classique : Félicitations comme chaque année...

Les réformes qui doivent tout résoudre s'enchaînent tellement vite qu'on détruit une réforme avec des enquêtes qui portent sur la génération de la réforme précédente... Mais bon comme chaque réforme ne réforme pas grand chose on peut aussi admettre que l'erreur d'échantillon n'est pas bien grave...

De plus si la réforme était si importante pour lutter contre l'ennui, elle serait sans doute mieux expliquée et plus claire, car à chaque journée de formation on apprend le contraire de la précédente. C'est comme le socle commun, on reproche aux profs ne n'avoir pas jouer le jeu, mais quel jeu ? D'habitude à un jeu il y a des règles et si personne ne comprend et bien personne ne joue le jeu... Là c'est pareil, certains profs hyper motivés étaient tous contents de faire de la coanimation avec des petits groupes et bien quand on leur a dit que l'on devait choisir entre petits groupes et coanimation car les deux en même temps ce n'est pas possible et bien la motivation est vite retombée... L'ennui a même pointé son nez...

Dalva a écrit:Et surtout, où sont les études qui prouvent que l'ennui est nocif ?
Alors qu'il me semble au contraire avoir lu à plusieurs reprises, et sous la plume de divers chercheurs et penseurs, que l'ennui est essentiel, au même titre que le sommeil.

J'ai dû lire les mêmes trucs. Je suis d'accord avec votre propos. J'aime beaucoup m'ennuyer, et j'encourage mon fils de 5 ans à ne pas être toujours occupé à quelque chose, mais aussi à s'ennuyer un peu. Ca ne me gêne pas du tout qu'un élève s'ennuie un peu dans mon cours, sur une journée de 7 ou 8 créneaux, difficile de toutes façons d'être en état de vigilance chaque seconde. On oublie un peu aussi que ne rien faire d'autre qu'écouter, c'est déjà travailler.

Et puis nous constatons souvent que ce ne sont pas les renoncements qui développent l'intérêt et la curiosité. Au contraire, c'est lorsque nous sommes un peu exigeants que l'intérêt devient plus évident.

Je trouve souvent que, malgré leurs grands discours moralisateurs à l'adresse des réacs que beaucoup d'entre nous ici seraient, ce sont les "pédagogues" qui postulent a priori que les élèves sont des imbéciles incapables de s'intéresser à quoi que ce soit. Je ne trouve pas du tout que ce soit vrai.

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