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- CNFANiveau 10
Voici le courrier adressé par Alain Morvan au cabinet de NVB. Ses arguments me semblent souvent très pertinents et il accepte que cette lettre soit diffusée.
- Spoiler:
- Alain MORVAN
Ancien recteur d’académie,
Professeur émérite à l’Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris 3),
15 bis, rue de l’Abbaye, 92160 ANTONY
06 83 75 06 94
ajfmorvan@yahoo.fr
à Monsieur Serge BARBET
Conseiller au Cabinet de la Ministre,
Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche,
110, rue de Grenelle, 75007 PARIS
29 avril 2015
Monsieur le Conseiller, Cher Serge,
J’ai examiné avec grande attention votre lettre et les documents que vous m’avez transmis. J’y réponds avec d’autant plus de liberté et de franchise que – vous le soulignez vous-même – les projets actuels « n’engagent à ce stade que le Conseil supérieur des programmes », et que la phase de consultation « ne s’achèvera que le 12 juin. » J’en conclus donc que la discussion est encore ouverte et que proposer des modifications à ces projets ne saurait relever de ces « présentations volontairement polémiques » que vous dites craindre dans votre lettre. Je ne souhaite pas polémiquer, mais seulement commenter et suggérer. Je n’ai pas davantage l’intention de « politiser » un débat pédagogique, le Conseil supérieur des programmes n’étant pas, à ma connaissance, une instance de caractère politique. La ministre n’a donc pas à considérer comme des attaques personnelles ou partisanes les réserves nombreuses et assez souvent pertinentes qui se font jour depuis la publication de ces documents. J’incline à penser que les conseils qui lui sont donnés çà et là sont, pour la plupart, désintéressés. En ce qui me concerne, soyez assuré qu’il n’est pas dans mon intention de viser l’autorité ministérielle : je suis un ancien fonctionnaire d’autorité, conscient des obligations attachées à cette situation. Je n’ai aucune ambition personnelle, ce qui serait risible à mon âge. J’ai toujours tenté de faire coïncider mon devoir de réserve avec ma réputation d’homme libre. Et si j’ai transgressé, une fois dans ma vie, la sacro-sainte obligation de réserve, c’était, en 2007, pour ne pas me rendre complice, dans l’affaire Al Kindi, d’un authentique mensonge d’État. Vous comprendrez, j’en suis certain, que les propos qui vont suivre ont pour seul but la défense de l’intérêt général et qu’ils ressortissent tout simplement à l’esprit de libre discussion, lui-même étroitement corrélé aux valeurs républicaines que le futur collège a l’ambition de promouvoir.
On trouve, je suis heureux de le constater, des propositions fort intéressantes dans ce document. Le souci du bien-être physique de l’élève est à juste titre pris en compte : la rubrique « Une attention nouvelle portée au temps du collégien » est singulièrement bienvenue, avec la limitation, en sixième, d’une journée de classe qui ne dépasse pas six heures.
Les textes transmis font état d’« innovations » qui me conduisent à formuler un jugement plus circonstancié, voire critique. Je le dis sans détours : si ces textes devaient être in fine validés en l’état, la qualité de notre enseignement scolaire risquerait d’être durablement obérée, et seuls pourront s’en réjouir l’enseignement privé et les officines qui, faisant leur miel de l’inquiétude des parents, font profession de vendre des cours particuliers aux élèves. Ne voyez pas dans ce constat l’expression d’une nostalgie passéiste, mais le fruit de la réflexion d’un homme qui croit pouvoir se prévaloir d’une certaine expérience des choses de l’enseignement. Bien sûr, je ne prétends nullement rivaliser avec ce puits de science pédagogique et de sagesse sociétale qu’est le Conseil susnommé. Mes seuls titres sont d’être entré au service de l’État et de l’Éducation nationale en 1965, d’être resté en service actif jusqu’en 2010, et d’avoir œuvré près de quatorze ans comme recteur de trois académies. Je passe délibérément sous silence mon expérience de quelques mois comme directeur-adjoint du cabinet d’un ministre de l’Éducation nationale et directeur de cabinet d’un secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur. Je ne cite ici pas leurs noms (tout est dans ma notice officielle), afin de ne pas m’exposer à quelque suspicion de nature idéologique. J’ajoute – même si je ne ressens pas particulièrement le besoin de me dédouaner – que j’ai cessé depuis belle lurette d’avoir avec ces hommes au demeurant estimables quelque contact que ce soit. Un homme libre, vous dis-je. Mais qui a le sentiment de pouvoir être encore de quelque utilité.
Mes réserves techniques et pédagogiques sont simples. J’ai d’abord le sentiment que les quelques priorités que j’avais faites miennes comme recteur à propos du second degré sont aujourd’hui niées. Ce n’est pas grave en soi, car seul me préoccupe l’intérêt des élèves et de notre pays.
Les langues anciennes se voient réduites à si peu de choses qu’on se demande s’il n’aurait pas mieux valu les supprimer totalement du premier coup. Une heure d’initiation au latin en classe de 5ème, c’est une aumône si chétive qu’elle risque fort d’être nulle et non avenue. C’est tout juste si les élèves auront le temps d’apprendre une ou deux déclinaisons et la conjugaison du verbe amo. Je n’ose, par un tact que vous ne manquerez pas d’apprécier, mentionner le verbe deleo, par lequel on s’initie traditionnellement à la deuxième conjugaison! Qui plus est, l’insertion de cette chiche portion au sein d’un Enseignement Pratique Interdisciplinaire ou EPI, loin de la faire fructifier, risque de la diluer. Les spécialistes sérieux des langues anciennes savent que celles-ci doivent bien, tôt ou tard, être étudiées en tant que telles, si l’on veut préserver leur vertu formatrice de l’esprit analytique. La « résonance avec d’autres enseignements » dont parle le document constitue – je suis le premier à le dire – une idée à ne pas rejeter ; mais cet entrelacs de « résonances » hétérogènes risque, si les disciplines ne reprennent pas la place qui leur revient, de brouiller le message et de devenir simple cacophonie. Voici comment devrait procéder un enseignement cohérent : d’abord les disciplines. Leur croisement, ensuite. Sinon, on met le quadrige avant les chevaux. Ce dont j’ai peur, c’est que, sous le vocable pudique d’« Enjeux relatifs aux langues anciennes », on n’aboutisse à leur éviction pure et simple de la culture scolaire. Plus de latin, plus de grec… Permettez-moi de vous parler ici avec la sincérité d’un homme dont toute la vie a été marquée par la passion d’enseigner : je me suis battu comme un chien pour préserver les langues anciennes et pour les développer, et ce n’est pas sans tristesse que je m’imagine, dans quelques années, en train d’initier mes petits-enfants à ces matières nobles, sources de tant de savoir, de tant de beauté, de tant de grandeur, mais abandonnées par l’Éducation nationale. Quand je lis les productions de « pédagogues » autoproclamés (ou de certains inspecteurs généraux abreuvés de lectures mal assimilées de Pierre Bourdieu), je me dis qu’il faudra peut-être le faire en secret, comme nos parents ou nos grands-parents écoutaient la radio de Londres à la grande époque. Je plaisante, bien sûr – encore que…
Que vous dirai-je des dispositions préconisées pour les langues vivantes ? Il se trouve (vous le savez peut-être) que je suis un peu linguiste. Tout angliciste que je suis (et peut-être parce que je suis angliciste), j’ai eu l’occasion de mesurer les périls que charrie avec elle la « globalisation » linguistique. Je les cite : uniformisation de la pensée, des références culturelles (quand la culture est présente, ce qui n’est guère le cas avec le globish d’aéroport) ; affront inutile aux humanités, aussi et à cette universalité propre aux Lumières, qui vivait de cosmopolitisme partagé et non d’alignement réducteur sur un plus petit commun dénominateur ; non-sens économique, enfin, quand on sait par exemple l’importance des échanges franco-allemands. Mais plutôt que de verser dans la déploration, je tiens à rappeler que ma réflexion de linguiste, adossée à une vision géopolitique, m’a conduit, comme recteur, à élaborer une politique des langues forte, volontariste, et que deux ministres aussi différents que MM. Jack Lang et Luc Ferry ont approuvée, encouragée et même défendue – souvent à l’encontre des élus de leurs partis respectifs qui, par faiblesse, auraient préféré que je privilégie la voie du renoncement et du tout anglais LV1/espagnol LV2.
Premier axe d’une bonne politique linguistique, la défense de langues minoritaires en nombre dans notre système scolaire actuel, mais essentielles à l’échelle de la planète, de l’Europe, ou de la culture : allemand, italien, portugais. Les chefs d’établissement de Clermont-ferrand, d’Amiens puis de Lyon savaient qu’à mes yeux, c’est la demande qui doit précéder l’offre et l’entraîner avec elle. Les résultats ont été quasi prodigieux. L’allemand, toujours menacé, se sentait soutenu. Les germanistes aussi, ce qui les changeait des situations ordinaires où l’anglais et l’espagnol progressent même lorsque nous dormons. Surtout lorsque nous dormons. Je suis donc navré de voir l’allemand désormais menacé. Les projets en cours proposent des classes bilangues avec allemand dès lors que cette langue aura été enseignée en primaire. Mais les documents reçus de vous reconnaissent que seuls 6% d’élèves du premier degré choisissent cette langue, faute d’une offre et de moyens suffisants. Puis-je rappeler que dans l’académie de Lyon, le nombre d’élèves en bilangues anglais-allemand est passé entre la rentrée 2004 et la rentrée 2005 de 1441 à 2814, soit une croissance de 1373 élèves? Ce n’est pas pour rien qu’à la rentrée 2005, toujours dans le ressort de l’académie de Lyon, la pratique de l’allemand en 6ème atteignait son plus haut niveau depuis plus de 10 ans. C’est cet élan que la « rénovation » des bilangues va remettre en cause. Il m’est douloureux de constater que l’affaiblissement des trois langues précitées (allemand, italien, portugais) reçoive un encouragement officiel. Et qu’advient-il du traité de l’Élysée ? Sans doute Charles de Gaulle et Konrad Adenauer manquaient-ils de prescience politique… Que tous les efforts déployés il y a peu encore par quelques recteurs déterminés soient ainsi compromis ne serait pas à l’honneur de notre pays. Je suis sûr que Mme Vallaud-Belkacem le comprendra.
Deuxième axe d’une politique linguistique ambitieuse : les sections européennes. Et là – pardonnez la vigueur du trait – les bras m’en tombent. Que des responsables pédagogiques osent écrire, en 2012, dans leur français approximatif, que ces fleurons de notre enseignement, ces pépinières d’excellence « n’ont plus vocation d’[sic] être », conduit les esprits libres à se demander si ce n’est pas là, au fond, que se situerait la véritable intention idéologique, la véritable manipulation politicienne. Ces classes ont amplement démontré leur efficacité. Témoin l’enthousiasme avec lequel parents et établissements les ont plébiscitées. Si je puis une fois encore mettre en avant mon action de recteur – mais j’étais un homme de terrain, non un pédagogue en chambre ou un gourou fréquentant davantage les plateaux de télévision que les vraies classes avec de vrais élèves –, je me permets de porter à votre connaissance que, tous niveaux confondus, de la rentrée 2004 à la rentrée 2005, le nombre de sections européennes de l’académie de Lyon est passé de 177 à 208. Sur ces 208 sections, 121 se situaient en collège. Et ce dispositif n’a pas été étranger, tant s’en faut, à la reprise de l’allemand, de l’italien, du portugais. Les professeurs de ces trois langues ont sûrement gardé le souvenir des années 2002-2007. Au nom de quelle efficacité faudrait-il donc supprimer ce qui a fait ses preuves ?
Le discours à la mode dans certains cercles est de dénoncer les matières « élitistes » que seraient les langues anciennes et les langues vivantes réputées rares ou difficiles. On les accuse de favoriser cette fameuse « reproduction sociale » que les pédagogues les plus sagaces ont depuis quelques décennies érigée en cible prioritaire de leur détestation. Mais, je l’ai déjà écrit, trop de Bourdieu tue Bourdieu. Comment ne pas voir que c’est en minorant la place de ces matières essentielles (et je n’ignore pas non plus les craintes des professeurs d’histoire-géographie) que l’on favorise les enfants issus des milieux les plus aisés ? Leurs camarades moins bien lotis socialement n’auront pas la ressource de bénéficier de l’effet compensatoire de la culture familiale (ou, hélas, de la fuite vers le privé). Et cette carence, ils devront en payer le prix tôt ou tard, soit dans leur poursuite d’études, soit lorsqu’ils auront accédé à l’emploi. Pour en revenir à l’exemple des sections européennes, il est avéré qu’elles sont génératrices de succès (je n’ose parler d’excellence, tant ce terme paraît désormais tabou) et qu’elles tirent les élèves comme les établissements vers le haut. Reste à savoir si la réforme qu’envisagent certains vise réellement à promouvoir le succès. Il n’est pas indécent de poser la question. Sinon, pourquoi s’évertuerait-on à dénigrer et à démanteler ce qui a fait ses preuves ?
Un mot encore. Ce n’est pas tant ce qui figure dans les textes que vous m’avez communiqués qui m’alarme, que ce qui ne s’y trouve pas. Il est certes judicieux qu’ils fassent à plusieurs reprises référence aux « savoirs », mais on aimerait que l’accent soit mis aussi sur la notion de « disciplines ». Et jamais on n’y parle d’effort. Si l’on veut que l’élève prenne conscience du sens de sa présence au collège, s’il faut qu’il y discerne un défi sain à relever chaque jour, c’est bien par la valorisation de l’effort, porteuse d’une meilleure image de soi, que l’on y réussira. Occulter ce concept, c’est encourager à envisager la scolarité comme un parcours hédoniste, où la difficulté est contournée, où l’émulation est proscrite, où l’évaluation est euphémisée par le truchement de gommettes de couleurs. Vous direz que j’exagère. Non, tout cela je l’ai lu chez ceux qui poussent la ministre à aller dans une direction qui n’est pas celle de la véritable école républicaine. L’école républicaine, c’est celle où le mérite doit être le seul déterminant qui compte.. C’est celle où les meilleurs élèves ont le droit d’être les meilleurs, et le devoir d’inciter leurs camarades à s’inspirer de leur exemple.
Mes propos, vous le voyez, ne sont pas ceux d’un courtisan. Je considère que je faillirais gravement à mon devoir de fonctionnaire, d’intellectuel, et de militant acharné du service public si je ne les exprimais pas, du fond de ma retraite, avec la détermination et la clarté dont je me suis toujours fait une règle. En l’état actuel des choses, ma plus grande satisfaction serait que cette lettre, fût-ce d’une façon minime, contribue à faire évoluer un dossier que je juge essentiel pour l’avenir de la jeunesse et de la France.
Restant à votre disposition pour tout échange supplémentaire, je vous prie d’agréer, Monsieur le Conseiller et cher Serge, les assurances de mes sentiments les plus cordiaux.
Alain Morvan
- JPhMMDemi-dieu
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- IlseÉrudit
Merci!
(attention, il y a son adresse et son numéro de portable !)
(attention, il y a son adresse et son numéro de portable !)
- ysabelDevin
C'est beau ! !
Il se moque, mais il se moque ! C'est boon !
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- AudreyOracle
Superbe texte... deleo.. gnark gnark gnark!
- RoninMonarque
Mais pourquoi est-ce qu'il n'existe pas plus d'hommes de cette trempes aux manettes ?
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- MamousseHabitué du forum
Chapeau bas.
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"Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis." (Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle)
"C'est véritablement utile, puisque c'est joli." (Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince)
- AudreyOracle
En même temps... il n'est plus recteur. C'est plus simple.
Je n'ai pas souvenir de l'avoir vu valoriser particulièrement latin et grec quand il était dans mon académie.
Je n'ai pas souvenir de l'avoir vu valoriser particulièrement latin et grec quand il était dans mon académie.
- SibylleNeoprof expérimenté
Un très beau texte, dont j'apprécie énormément le ton.
- WabiSabiHabitué du forum
+1Sibylle a écrit:Un très beau texte, dont j'apprécie énormément le ton.
Un texte qui respire l'humanisme et... l'humanité, tout simplement. On sent une culture de l'écrit immense, je ne suis pas sûr qu'on ponde encore des recteurs de cette trempe de nos jours...
- palomitaNeoprof expérimenté
Beau texte, rédigé de manière remarquable
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"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit"
Oscar wilde.
- ethelredNiveau 6
sublime tant sur le fond que sur la forme, tout est dit, avec humour, humilité, humanité.
(par contre, il faudrait vraiment rendre inaccessibles les coordonnées personnelles)
(par contre, il faudrait vraiment rendre inaccessibles les coordonnées personnelles)
- GrypheMédiateur
Il les diffuse de lui-même sur Twitter, donc il me semble qu'on peut les laisser ici aussi.ethelred a écrit:(par contre, il faudrait vraiment rendre inaccessibles les coordonnées personnelles)
https://twitter.com/ajfmorvan/status/596740677897166848
- henrietteMédiateur
En effet. J'avais édité le spoiler pour les ôter, du coup je les ai laissées.
- ethelredNiveau 6
:Oups: merci de préciser
- AnaxagoreGuide spirituel
Gryphe a écrit:Il les diffuse de lui-même sur Twitter, donc il me semble qu'on peut les laisser ici aussi.ethelred a écrit:(par contre, il faudrait vraiment rendre inaccessibles les coordonnées personnelles)
https://twitter.com/ajfmorvan/status/596740677897166848
Ceci dit il peut les éditer sur twitter s'il le souhaite mais pas sur le forum, non?
- ZenxyaGrand sage
Très bien écrit, c'est même jouissif la façon dont il parle de certains pédagogues, je pense notamment à :
mais j’étais un homme de terrain, non un pédagogue en chambre ou un gourou fréquentant davantage les plateaux de télévision que les vraies classes avec de vrais élèves
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Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres - La Boétie
La folie c’est faire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent - Albert Einstein
L'École est le lieu où l'on va s'instruire de ce que l'on ignore ou de ce que l'on sait mal pour pouvoir, le moment venu, se passer de maître - Jacques Muglioni
- e-WandererGrand sage
Excellent ! Mais j'ai peur que notre ministre ne soit sensible qu'à l'ironie et ne jette illico ce très beau texte à la corbeille. Un recteur, ça doit se ranger sans trop de problème dans la catégorie des pseudo Z'intellectuels, n'est-ce pas ?
- AdsoNiveau 6
J'aime particulièrement: " Les Lumières qui vivaient de cosmopolitisme partagé et non d'alignement réducteur sur un plus petit commun dénominateur". Cette lecture fait un bien fou au moral.
- OxfordNeoprof expérimenté
Adso a écrit:J'aime particulièrement: " Les Lumières qui vivaient de cosmopolitisme partagé et non d'alignement réducteur sur un plus petit commun dénominateur". Cette lecture fait un bien fou au moral.
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- User21714Expert spécialisé
Un grand moment de plaisir tant l'ironie est omniprésente!
- Thalia de GMédiateur
Alain Morvan a écrit:Un mot encore. Ce n’est pas tant ce qui figure dans les textes que vous m’avez communiqués qui m’alarme, que ce qui ne s’y trouve pas. Il est certes judicieux qu’ils fassent à plusieurs reprises référence aux « savoirs », mais on aimerait que l’accent soit mis aussi sur la notion de « disciplines ». Et jamais on n’y parle d’effort. Si l’on veut que l’élève prenne conscience du sens de sa présence au collège, s’il faut qu’il y discerne un défi sain à relever chaque jour, c’est bien par la valorisation de l’effort, porteuse d’une meilleure image de soi, que l’on y réussira. Occulter ce concept, c’est encourager à envisager la scolarité comme un parcours hédoniste, où la difficulté est contournée, où l’émulation est proscrite, où l’évaluation est euphémisée par le truchement de gommettes de couleurs.
Je ne cite que ce passage, tant d'autres mériteraient d'être relevés.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- User21714Expert spécialisé
Thalia de G a écrit:Alain Morvan a écrit:Un mot encore. Ce n’est pas tant ce qui figure dans les textes que vous m’avez communiqués qui m’alarme, que ce qui ne s’y trouve pas. Il est certes judicieux qu’ils fassent à plusieurs reprises référence aux « savoirs », mais on aimerait que l’accent soit mis aussi sur la notion de « disciplines ». Et jamais on n’y parle d’effort. Si l’on veut que l’élève prenne conscience du sens de sa présence au collège, s’il faut qu’il y discerne un défi sain à relever chaque jour, c’est bien par la valorisation de l’effort, porteuse d’une meilleure image de soi, que l’on y réussira. Occulter ce concept, c’est encourager à envisager la scolarité comme un parcours hédoniste, où la difficulté est contournée, où l’émulation est proscrite, où l’évaluation est euphémisée par le truchement de gommettes de couleurs.
Je ne cite que ce passage, tant d'autres mériteraient d'être relevés.
Merci d'avoir relevé ce passage!
Je voulais le faire, mais mon ordi refuse obstinément de "copier:coller" du texte! Encore un coup du ministère?
- archebocEsprit éclairé
Pour l'affaire Al Kindi, évoqué au début du texte, voici ce que j'ai trouvé par une recherche rapide :
http://www.lalettredeleducation.fr/Alain-Morvan-sur-l-affaire-Al.html
- ysabelDevin
archeboc a écrit:
Pour l'affaire Al Kindi, évoqué au début du texte, voici ce que j'ai trouvé par une recherche rapide :
http://www.lalettredeleducation.fr/Alain-Morvan-sur-l-affaire-Al.html
Il ne mâche pas ses mots ce monsieur !
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« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
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- Alain Morvan, ancien recteur de Lyon, s'oppose à la réforme
- Alain Morvan, ancien recteur, sur la rentrée 2015 : "L'hostilité du corps enseignant à son ministère de tutelle est massive et frise la révolte".
- Dans le dernier numéro de Marianne, tribune d'Alain Morvan: Contre la réforme du collège, les élus doivent se mobiliser.
- Le recteur d'Aix-Marseille et la réforme
- Alain Finkielkraut et la réforme
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