L'Alsace maintiendra ses classes bilangues car "chaque recteur reste maître chez lui" (Jacques-Pierre Gougeon).

Le projet de réforme des collèges présenté en mars par la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, prévoit la disparition des classes bilangues, ces classes qui permettent d'apprendre deux langues dès la sixième. Au niveau national, les classes bilangues concernent 15,9% des collégiens contre 60% en Alsace. Le projet du gouvernement propose de commencer l'apprentissage de la seconde langue en cinquième à raison de deux heures par semaine.

L’Alsace ne devrait pas être concernée par cette suppression, comme d'autres régions frontalières. C'est en tout cas la position du recteur de l'académie de Strasbourg, Jacques-Pierre Gougeon. "Comme chaque recteur reste maître chez lui. En Alsace, la politique en faveur du bilinguisme et en faveur des langues en général demeure et je me suis battu pour cela." Un régime d'exception qui devrait être étendu aux classes européennes au lycée.

http://www.francebleu.fr/infos/education/reforme-des-colleges-l-alsace-garde-ses-classes-bilangues-2302783

Je me demande ce qu'il va en être en Moselle, notamment à la frontière. Les classes bilangues sont très nombreuses, et les IPR d'allemand poussent à la roue pour qu'il y en ait, et contexte oblige, l'allemand est souvent enseigné dans les écoles primaires. Dans les collèges où je suis passée, on était entre 25 et pas loin de 50% de bilangues d'après mes souvenirs, selon la taille de l'établissement.

Illustration caricaturale qu'en prétendant imposer l'égalité, on creuse les inégalités, un peu comme pour la réforme des rythmes scolaires qui a dispensé le privé.

Je me réjouis, très égoïstement pour mon petit-fils, né Alsacien de parents non-Alsaciens. Beaucoup de régions, me semble-t-il, connaissent cette proximité parfois quasiment native avec une autre langue (dans la région grenobloise, celle que je connais, l'italien va de soi) et je salue le courage de ce recteur : "Comme chaque recteur reste maître chez lui. En Alsace, la politique en faveur du bilinguisme et en faveur des langues en général demeure et je me suis battu pour cela". Si tous pouvaient réagir comme lui.

Spoiler:

En Alsace, la politique en faveur du bilinguisme et en faveur des langues en général demeure et je me suis battu pour cela.
http://www.francebleu.fr/infos/education/reforme-des-colleges-l-alsace-garde-ses-classes-bilangues-2302783

tatatatata   Qu'est-ce que c'est que ces histoires de se battre pour le bilinguisme, en faveur des langues, comme si la réforme du collège allait à l'encontre de cette volonté ? Mais non, au contraire...

Réforme du collège: "Il y a une ambition de développer l'allemand en France" (Vallaud-Belkacem)

(Sujet sur Neoprofs)

Ce recteur m'est antipathique mais c'est une véritable déclaration de guerre à la ministre...

Il a quand même un notion assez personnelle de la république, ce monsieur, non ?

C'est le même qui avait suspendu un collègue d'arts pla après la minute de silence... J'ai l'impression que la reprise en main de l'affaire par la Ministre a laissé quelques traces...

http://loractu.fr/metz/10087-classes-bilangues-pas-de-derogation-pour-l-alsace-lorraine-selon-le-recteur.html

Pas de dérogation, ce Monsieur est-il au courant qu'en Alsace les classes bilingues sont très répandues en élémentaire et que de nouvelles ouvrent tous les ans? Si un collège se retrouve sans bilangue les élèves seront sensés faire quoi? Arrêter l'allemand pendant un an? Prendre l'anglais en LV2?

Il a été posé par Ayrault, c'est un très bon ami à lui et un véritable germaniste... Ceci peut expliquer cela...

C'est pas faux a écrit:Il a quand même un notion assez personnelle de la république, ce monsieur, non ?

En même temps, l'Alsace a traditionnellement une notion assez particulière de la République une et indivisible, non?

Thalia de G a écrit:Je me réjouis, très égoïstement pour mon petit-fils, né Alsacien de parents non-Alsaciens.

J'admire ta naïveté à penser qu'il sera considéré comme Alsacien si ses parents ne le sont pas

Spoiler:

Hermione0908 a écrit:Je me demande ce qu'il va en être en Moselle, notamment à la frontière.

Facile: tout le monde s'en foutra parce que ce n'est pas l'Alsace. La Moselle dialectophone est la 5e roue du carrosse depuis des siècles, ça ne risque pas de changer du jour au lendemain. Il n'y a pas là le "prestige" et surtout les moyens de pression de l'Alsace.

Supprimer les classes bilingues en Alsace serait une aberration d'un crétinisme incommensurable. Une bonne part de l'économie de la région dépend des échanges avec l'Allemagne. Pour trouver du travail ici, la maitrise de l'Allemand est un grand avantage. Un recteur qui accepterait la suppression de l'Allemand deviendrait vite M. Chômage.

Quant à "la République", si elle consiste à suivre aveuglément les mesures les plus débiles et économiquement suicidaires prises dans un bureau, à Paris, par des technocrates qui ont perdu tout contact avec les réalités les plus simples (l'Alsace est frontalière, si, si, incroyable !), il ne faut pas s'attendre à ce que les gens d'ici la célèbrent.

Par pitié, ne relançons pas le débat sur la République et l'Alsace

S'il y a des règles à géométrie variable, ceux qui sont déjà perdus avec l'Alsace vont être encore plus largués :

Le "chez lui" me laisse perplexe. Ce recteur manifeste un sens de la propriété très prononcé.

Si c'est un alsacien, c'est normal :lol:

Tangleding a écrit:Ce recteur m'est antipathique mais c'est une véritable déclaration de guerre à la ministre...

Oui.

Gougeon s'est déjà bien fait remarquer en mal mais là je trouve marrant de le voir en frondeur. Ce serait marrant si d'autres se joignaient.

Moi je le trouve très bien ce Recteur: il montre clairement que la réforme est inutile: la ségrégation qu'elle tend dans les faits à installer (entre les établissements autonomes) est donc déjà en place.

Pierre-Henri a écrit:Supprimer les classes bilingues en Alsace serait une aberration d'un crétinisme incommensurable. Une bonne part de l'économie de la région dépend des échanges avec l'Allemagne. Pour trouver du travail ici, la maitrise de l'Allemand est un grand avantage. Un recteur qui accepterait la suppression de l'Allemand deviendrait vite M. Chômage.

Quant à "la République", si elle consiste à suivre aveuglément les mesures les plus débiles et économiquement suicidaires prises dans un bureau, à Paris, par des technocrates qui ont perdu tout contact avec les réalités les plus simples (l'Alsace est frontalière, si, si, incroyable !), il ne faut pas s'attendre à ce que les gens d'ici la célèbrent.

Effectivement, ce serait aberrant de supprimer ces classes vu tout ce qui est fait au primaire. Il y a une réalité économique, mais il y a évidemment d'autres raisons de faire de l'allemand.

Il y a une politique locale en faveur du bilinguisme, depuis fort longtemps. Du coup, il y a aussi des groupes de pression, j'imagine, dans la sphère politique.
Je ne connais pas la situation de la Moselle, mais que les Mosellans se mobilisent !

Sinon : l'Alsace n'est pas peuplée que d'autonomistes et de fachos, non non. Incroyable !

kero a écrit:

Tangleding a écrit:Ce recteur m'est antipathique mais c'est une véritable déclaration de guerre à la ministre...

Oui.

Gougeon s'est déjà bien fait remarquer en mal mais là je trouve marrant de le voir en frondeur. Ce serait marrant si d'autres se joignaient.

Oui. Il y a d'autres régions frontalières.

C'est peut-être bien qu'il fronde, mais sa formule, je suis désolée, je la trouve pour le moins malheureuse, voire tout à fait détestable par ses connotations historiques... particulières, tout de même, non ?

"Chaque recteur reste maître chez lui" : est-ce une manière de rappeler la marge de manoeuvre des recteurs ?

Quelle est-elle, d'ailleurs ?

Pour que l'Alsace ne se différencie pas du reste de la France, il n'y a qu'à mettre en place partout les dispositifs alsaciens concernant les classes bilangues et euro

ninaaa a écrit:
Sinon : l'Alsace n'est pas peuplée que d'autonomistes et de fachos, non non. Incroyable !

Hé non, c'est même le contraire : apprendre les langues étrangères est une preuve d'ouverture ; refuser de les enseigner une marque, sinon de xénophobie, au moins de repli culturel. Il suffit d'ailleurs de marcher quelques minutes dans le centre de Strasbourg pour entendre parler 10 langues différentes dans la rue. Peu de villes en France laissent la même impression de brassage culturel et religieux.

Cependant, le question ne pose pas vraiment sur la suppression des classes bilingues. Cette suppression est une telle aberration qu'elle est impossible, quoi qu'il advienne. La question réelle pose sur leur privatisation. Si l'Etat refuse d'enseigner l'allemand dans une région frontalière avec l'Allemagne, le privé (sous ou hors contrat) s'en chargera, pas de problème. Quant aux pauvres qui n'ont pas les moyens, tant pis pour eux. Ils passeront à côté des nombreuses offres d'emplois locales qui stipulent, en toutes lettres, "bilingue français-allemand requis".

Ce recteur, quel bonhomme!