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- GrypheMédiateur
Adri a écrit:Gryphe, tu dis disparition de facto de la moitié des bilangues, tu as des chiffres ou bien c'est une estimation ?
C'était très très à la louche, une estimation sur cette base :
- Il y a 15,9% d'élèves en bi-langue en 2013.
Source : rapport IGEN, intro, p.5 en bas. http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/08/1/2014-083_bilangues_et_SELO_412081.pdf
- Ces dispositifs bi-langues concernent en très très très grande majorité l'allemand (à 90% ?).
Source : rapport IGEN p.17 (numérotation bas de page) - 27 (numérotation du PDF). http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/08/1/2014-083_bilangues_et_SELO_412081.pdf
- Les élèves choisissent à 93% l'anglais en langue 1 en primaire.
Source : http://eduscol.education.fr/cid45682/chiffres-cles.html
SI les bi-langues concernent désormais les 7% d'élèves qui ont fait autre chose que l'anglais à l'école,
SI on imagine que tous les élèves qui ont fait autre chose que de l'anglais à l'école continuent à faire autre chose au collège (ce qui n’est pas le cas actuellement, je vois tous les ans des élèves qui changent de langue),
ALORS ça veut bien dire que seuls 7% des élèves vont rester en bi-langue, contre 15,9% aujourd'hui.
La réalité est beaucoup plus complexe que ça, mais je comprends qu'il y aura deux fois moins de bi-langues qu'aujourd'hui (7% contre 15,9%),
. soit plus que ce qu'on a cru au début, où on a cru que toutes les bi-langues disparaissaient,
. soit moins que ce qui est dit dans beaucoup d'articles, sur le mode "mais non, les bi-langues continuent partout où la langue commencée en primaire est autre que l'anglais, il n'y a rien qui change".
Je pense que la réalité est beaucoup plus complexe et que ce que ça va donner est totalement inchiffrable en termes de "postes" de profs d'allemand, mais ça ne peut qu'être à la baisse, à mon avis.
Si vous ne comptez pas comme moi, merci de préciser.
- KeaFidèle du forum
freche a écrit:Les sections internationales sont maintenues
Cela m'intéresse, et je ne l'ai pas vu apparaître dans les docs ou discours du ministère.
Est-ce que tu as une référence, une source ?
freche a écrit:Christian-HG-TZR67 a écrit:Question idiote : quid des postes profilés DNL avec la suppression des euros ?
Il y a des postes profilés dnl en collège ?
Oui, et ils ne sont pas forcément liés à des sections euro (il y en a par exemple pour les sections internationales).
D'ailleurs, si quelqu'un a des infos sur le sort réservé aux DNL hors section euro, je prends !
- KeaFidèle du forum
Gryphe a écrit:ALORS ça veut bien dire que seuls 7% des élèves vont rester en bi-langue, contre 15,9% aujourd'hui.
Que va-t-on faire de ces élèves en 5e ? Je veux dire : ils ne pourront pas être mis dans un groupe de "LV2 débutants"... mais s'ils sont moins nombreux qu'actuellement, les effectifs permettront-ils de créer des groupes de "LV2 avancés" ?!
- GrypheMédiateur
Kea a écrit:Gryphe a écrit:ALORS ça veut bien dire que seuls 7% des élèves vont rester en bi-langue, contre 15,9% aujourd'hui.
Que va-t-on faire de ces élèves en 5e ? Je veux dire : ils ne pourront pas être mis dans un groupe de "LV2 débutants"... mais s'ils sont moins nombreux qu'actuellement, les effectifs permettront-ils de créer des groupes de "LV2 avancés" ?!
Je ne suis pas sûre de comprendre la question.
En tout cas, ceux qui ne seront pas en bi-langue pourront choisir allemand en LV2 en cinquième si c'est proposé dans l'établissement, ce qui permettrait du coup de "regagner" une partie des élèves "perdus" à l'entrée en bi-langue en sixième.
Mais très honnêtement, je ne vois pas comment on peut spéculer à l'avance sur ce que cela donnera.
- fraisedesboisNiveau 9
Gryphe a écrit:pailleauquebec a écrit:Que deviennent ces classes avec la réforme ?
- Euro : officiellement supprimées. Cf. FAQ Eduscol page 26.
- Bilangues : communication floue. Supprimées, sauf dans les zones où les élèves faisaient une autre langue que l'anglais en primaire. Mais pour cela, il ne faut pas avoir suivi juste un petit enseignement d'allemand, mais que ce soit un vrai cours, avec poste de PE fléché depuis le début de l'école primaire.
Ce qui revient de fait à supprimer presque toutes les bilangues, puisqu'en primaire, la langue choisie est l'anglais en majorité (à 93%, cf. lien suivant).
http://eduscol.education.fr/cid45682/chiffres-cles.html
Les dispositifs bi-langues concernent aujourd'hui 15,9% des élèves, en quasi totalité l'allemand (cf. rapport IGEN bi-langues-euro intro + p. 17).
Ça revient donc bien à supprimer la moitié des bi-langues, très à la louche.
Cf. aussi : http://www.education.gouv.fr/cid4105/la-cooperation-franco-allemande.html
l'article 8 du projet d'arrêté
m'a tout l'air de dire que ce ne serait que la 6e qui pourrait être bilangue. c'est moins net que dans la version précédente, mais ça ne me parait pas avoir changé (et du coup, si c'est pour rejoindre des LV2 débutants en 5e, .... aheum... bon, ça, encore, ça peut se contrer en gardant des groupes de langues "bilangues" séparés, mais ça ne fait pas revenir à 3h en 5e-4e-3e)Article 8
Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin.
Gryphe, lis-tu cela comme moi ?
_________________
:lecteur: Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre -
Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
- kensingtonEsprit éclairé
Un sujet dans le 20h de France 2 tout à l'heure.
- OlympiasProphète
Tout à fait. Je reste sur la 2 pour écouter. Mais ON va encore nous dire que....gnagnagna nous avons tortkensington a écrit:
Un sujet dans le 20h de France 2 tout à l'heure.
- GrypheMédiateur
fraisedesbois a écrit:l'article 8 du projet d'arrêté
m'a tout l'air de dire que ce ne serait que la 6e qui pourrait être bilangue. c'est moins net que dans la version précédente, mais ça ne me parait pas avoir changé (et du coup, si c'est pour rejoindre des LV2 débutants en 5e, .... aheum... bon, ça, encore, ça peut se contrer en gardant des groupes de langues "bilangues" séparés, mais ça ne fait pas revenir à 3h en 5e-4e-3e)Article 8
Les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin.
Gryphe, lis-tu cela comme moi ?
Je n'ai pas imaginé que les bi-langues de 6ème, pratiquant, au hasard, l'allemand depuis le CP, puissent rejoindre ceux commençant l'allemand en cinquième.
En revanche, j'ai surtout noté la modalisation de l'article : quand ça "peut", ça veut dire que ce n'est pas systématique.
J'ai aussi noté dans la FAQ d'Eduscol (p. 27) que les exemples choisis sont dans les académies frontalières. Du coup, je me pose la question pour les autres académies.
- frecheGrand sage
Voilà:Kea a écrit:freche a écrit:Les sections internationales sont maintenues
Cela m'intéresse, et je ne l'ai pas vu apparaître dans les docs ou discours du ministère.
Est-ce que tu as une référence, une source ?
http://eduscol.education.fr/cid87584/questions-reponses-sur-la-nouvelle-organisation-du-college.html#c13
- mafalda16Modérateur
En même temps les sections internationales commencent au lycée non?
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"Si no luchas, al menos ten la decencia de respetar a quienes lo hacen", José Martí.
- frecheGrand sage
mafalda16 a écrit:En même temps les sections internationales commencent au lycée non?
Non, il y en a en collège aussi
http://www.education.gouv.fr/cid23084/les-sections-internationales-au-college.html#Où_trouver les sections internationales au collège par langue vivante et par académie
- ysabelDevin
Olympias a écrit:Tout à fait. Je reste sur la 2 pour écouter. Mais ON va encore nous dire que....gnagnagna nous avons tortkensington a écrit:
Un sujet dans le 20h de France 2 tout à l'heure.
Ben pas vraiment en fait... et puis le foutage de gueule en règle sur le vocabulaire ! J'ai aimé les coups de téléphone au "milieu aquatique profond standardisé" !
Le vent commencerait-il a tourner ?
_________________
« vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dante
« Il vaut mieux n’avoir rien promis que promettre sans accomplir » (L’Ecclésiaste)
- CasparProphète
Donc 25 élèves de mon collège (pas tous des petits génies, ni des petits bourgeois) vont perdre 144 heures d'anglais, et on va encore nous dire que les Français sont "nuls en langues" (comme ce matin sur l'émission Service Public, où deux invitées soi-disant spécialistes de la question ont été incapables d'expliquer ce qu'était l'intonation, et l'une des deux nous a doctement expliqué que les Français étaient mauvais en langues pour des raisons "biologiques" :shock:, mais je m'égare...)
- KeaFidèle du forum
freche a écrit:Voilà:Kea a écrit:freche a écrit:Les sections internationales sont maintenues
Cela m'intéresse, et je ne l'ai pas vu apparaître dans les docs ou discours du ministère.
Est-ce que tu as une référence, une source ?
http://eduscol.education.fr/cid87584/questions-reponses-sur-la-nouvelle-organisation-du-college.html#c13
Merci Freche !
Gryphe a écrit:Je n'ai pas imaginé que les bi-langues de 6ème, pratiquant, au hasard, l'allemand depuis le CP, puissent rejoindre ceux commençant l'allemand en cinquième.
Voilà ce que je voulais dire.
Si on a 93% des élèves qui font anglais depuis le CP, 7% qui font autre chose, on ne peut quand même pas les mettre dans les mêmes groupes d'anglais en 6e ?! Et en 5e, on ne va pas imposer aux ex-bilangues de faire, mettons de l'allemand, à partir du niveau 0 ?!
Bref, pour être cohérent, il faudrait des groupes de langues, très déséquilibrés, de la 6e à la 3e ?
C'est potentiellement plus coûteux que le système de bi-langue actuel, non ?
- GrypheMédiateur
Kea a écrit:Gryphe a écrit:Je n'ai pas imaginé que les bi-langues de 6ème, pratiquant, au hasard, l'allemand depuis le CP, puissent rejoindre ceux commençant l'allemand en cinquième.
Voilà ce que je voulais dire.
Si on a 93% des élèves qui font anglais depuis le CP, 7% qui font autre chose, on ne peut quand même pas les mettre dans les mêmes groupes d'anglais en 6e ?!
Bref, pour être cohérent, il faudrait des groupes de langues, très déséquilibrés, de la 6e à la 3e ?
C'est potentiellement plus coûteux que le système de bi-langue actuel, non ?
Ça y est, j'ai compris.
- RosamondNiveau 5
Bonsoir à tous,
Je vous encourage (si ce n'est déjà fait) à venir lire le témoignage que des enseignants de LV de l'académie de Toulouse dont je fais partie ont publié sur le site de l'APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes) avec un forum modéré attaché où nous avons plus de 90 commentaires, lisez-les - vous y lirez le désarroi de collègues ayant mis en place des sections euro et voyant leur travail anéanti par cette réforme car non, les EPI ne remplaceront pas ces sections....
Et n'hésitez pas à ajouter vous aussi un commentaire !
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article5805
Je vous encourage (si ce n'est déjà fait) à venir lire le témoignage que des enseignants de LV de l'académie de Toulouse dont je fais partie ont publié sur le site de l'APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes) avec un forum modéré attaché où nous avons plus de 90 commentaires, lisez-les - vous y lirez le désarroi de collègues ayant mis en place des sections euro et voyant leur travail anéanti par cette réforme car non, les EPI ne remplaceront pas ces sections....
Et n'hésitez pas à ajouter vous aussi un commentaire !
http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article5805
- SimgajulNeoprof expérimenté
Et les classes de langue régionales en 6e, elles continuent? on les appelle bilingue, donc ça correspond à quoi?
Ce que je ne comprends pas c'est qu'au lycée il y aura encore des classes euro en 2016, alors il va se passer quoi? on les arrête ou on continue avec un recrutement uniquement en seconde?
Il me semble avoir lu que les élèves régressaient entre la 3e et la terminale quand ils n'avaient que 2h de LV1 au lycée... Pourquoi ne pas tout simplement avoir mis européen pour tous avec 5 h d'anglais par semaine !
Ce que je ne comprends pas c'est qu'au lycée il y aura encore des classes euro en 2016, alors il va se passer quoi? on les arrête ou on continue avec un recrutement uniquement en seconde?
Il me semble avoir lu que les élèves régressaient entre la 3e et la terminale quand ils n'avaient que 2h de LV1 au lycée... Pourquoi ne pas tout simplement avoir mis européen pour tous avec 5 h d'anglais par semaine !
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When you doubt your power, you give power to your doubt.
- AdriGrand Maître
Merci pour les réf, Gryphe. Le rapport su les bilangues est très instructif...
Ils ont chiffré le coût de la suppression des sections bilangues et euro : 1200 ETP...
J'aime beaucoup la conclusion, qu'il faudrait répéter à notre ministre: elle parle de l'importance de ne pas sacrifier les objectifs pédagogiques d'amélioration du niveau des élèves en LV à cause de considérations économiques...
Ils ont chiffré le coût de la suppression des sections bilangues et euro : 1200 ETP...
J'aime beaucoup la conclusion, qu'il faudrait répéter à notre ministre: elle parle de l'importance de ne pas sacrifier les objectifs pédagogiques d'amélioration du niveau des élèves en LV à cause de considérations économiques...
- KeaFidèle du forum
Simgajul a écrit:Et les classes de langue régionales en 6e, elles continuent? on les appelle bilingue, donc ça correspond à quoi?
Les classes bilingues de langue régionale correspondent à un enseignement de langue et "en langue" depuis l'école maternelle.
Au collège, les élèves ont chaque semaine 3h de langue régionale et une ou plusieurs DNL (par ex. les maths enseignées dans la langue régionale), le tout financé par des heures qui viennent en plus de la DHG.
Ils suivent les autres LV selon les mêmes horaires que les autres élèves (ils ont donc 2 langues en 6e, 3 à partir de la 4e).
Ils peuvent poursuivre au lycée.
Ces sections ont donc certaines caractéristiques des classes bi-langues (continuation d'une langue commencée en primaire + ajout d'une autre LV en 6e) et des sections euro ou internationales (les DNL).
Je n'arrive pas à avoir d'info étayée sur l'avenir de ces sections bilingues (et pourtant, ça m'intéresse, j'y enseigne). Mon syndicat m'a dit que les DNL allaient disparaître mais je ne suis pas sûre qu'il saisisse bien la nuance bilingue / euro, j'attends des infos complémentaires. J'ai écrit à deux députés, et à la ministre. J'espère des réponses...
Je ne vois que deux possibilités si la réforme est menée à son terme : en 2016, soit tous les lycées se mettent à recruter en euro à partir de la 2de seulement (certains procèdent déjà ainsi), soit on supprime les classes euro en lycée...Simgajul a écrit:Ce que je ne comprends pas c'est qu'au lycée il y aura encore des classes euro en 2016, alors il va se passer quoi? on les arrête ou on continue avec un recrutement uniquement en seconde?
Il me semble avoir lu que les élèves régressaient entre la 3e et la terminale quand ils n'avaient que 2h de LV1 au lycée... Pourquoi ne pas tout simplement avoir mis européen pour tous avec 5 h d'anglais par semaine !
- RosamondNiveau 5
Communiqué de l’APLV du 20 avril 2015 sur la réforme du collège
lundi 20 avril 2015
Dans son communiqué daté du 21 mars 2015, l’APLV a fait part de ses inquiétudes à propos de l’enseignement des langues vivantes, en réaction à la présentation du projet de réforme du collège par la Ministre de l’Éducation Nationale. Ces inquiétudes ont été largement partagées par les syndicats de l’éducation, les associations de linguistes, et bien au-delà, comme en témoigne le retentissement médiatique qui ne faiblit pas autour de la question.
Lors de la présentation de la réforme devant le CES le 10 avril, le Ministère a montré que nous avions été entendus sur le problème de la diminution des horaires de langues : l’horaire de LV1 en classe de 6ème est maintenu à 4 heures hebdomadaires (contre 3 envisagées) et l’horaire de LV2 est porté à 2 heures 30 (contre 2) pour chacune des trois années d’enseignement, de la 5ème à la 3ème. Nous nous réjouissons de ces évolutions, mais plusieurs sujets d’inquiétude demeurent.
En termes d’efficacité, 2 heures 30 hebdomadaires ne sauraient suffire, surtout lors de la première année d’apprentissage d’une langue. Le temps d’exposition et la fréquence des séances sont des facteurs importants, et les pays étrangers qui ont fait le choix de la promotion des langues vivantes proposent au minimum 3 heures hebdomadaires, et souvent plus.
En outre, l’APLV déplore que le projet de réforme fasse toujours le silence le plus total sur la formation en langues étrangères des professeurs des écoles, qui ont la charge d’enseigner une langue appelée à devenir la LV1 des élèves. Tant que les professeurs de LV1 en 6ème ne pourront pas s’appuyer en toute confiance sur un enseignement efficace dispensé par des spécialistes bien formés, les inégalités entre apprenants, classes et collèges perdureront.
La quasi-disparition des sections bilangues et des sections européennes et de langues orientales va dans le même sens. Ces sections ont permis à des milliers de jeunes d’apprendre toute une gamme de langues de manière plus intensive, plus réflexive, et cela a permis le développement de ces langues dans le paysage scolaire français et le maintien d’une ouverture sur l’autre et l’étranger, bénéfique aux élèves, aux établissements scolaires mais aussi à toute la société, à une époque où la crise économique pousse certains à un repli sur eux-mêmes et sur leurs idées. Sections bilangues et SELO ont constitué un modèle qu’il faudrait généraliser à tout le système éducatif, au lieu de le supprimer ou de le réduire sous accusation d’élitisme, en perdant les avancées pédagogiques pour les langues concernées et l’expérience souvent interdisciplinaire des équipes qui les ont portées. Les différentes options du baccalauréat international mises en place très progressivement dans quelques lycées par académie seront ainsi réservées à des élèves privilégiés bien préparés dès le plus jeune âge désormais en dehors des structures publiques, au lieu d’être multipliées et ouvertes au plus grand nombre.
La quasi-généralisation de l’anglais en LV1 à l’école primaire (même si le discours ministériel laisse entendre qu’il y aura quelques exceptions) va nuire considérablement à la diversité des langues apprises. Le monde dans lequel nous vivons nécessite, pour la compétitivité économique et le rayonnement touristique et culturel de la France, que les futures générations soient capables de pratiquer plusieurs langues les plus diverses. Si l’offre se limite à l’anglais en LV1 pour 95% des élèves et à l’espagnol en LV2 pour 70 ou 80% d’entre eux, non seulement la France perdra des contrats et de l’influence dans le monde comme au sein de l’Union Européenne où elle a un rôle majeur, mais elle appauvrira de facto l’enseignement de ces deux langues, tout en suscitant des divisions entre leurs enseignants et représentants et les enseignants et représentants des autres langues vivantes étrangères et régionales. C’est pour cette raison que l’APLV s’abstient de signer des textes et pétitions liés à des langues vivantes étrangères ou régionales prises isolément, tout en s’élevant, dès que l’occasion lui en est donnée dans les médias comme auprès des autorités, contre les conséquences néfastes de la réforme du collège préjudiciable à l’ensemble des langues vivantes.
L’APLV déplore que le pilotage du système éducatif et particulièrement la politique des langues se fassent dans un souci d’économies à courte vue. Elle rappelle que l‘enseignement intensif et diversifié des langues vivantes qu’elle réclame est un outil irremplaçable pour améliorer les performances et réduire les inégalités au sein du système éducatif. L’APLV demande un cadrage national avec une véritable politique de l’enseignement des langues vivantes étrangères comme régionales intégrant une véritable diversification linguistique, les dimensions culturelles, humaines, économiques et politiques en articulation avec cette diversification, dans l’intérêt de notre pays, et le continuum pédagogique de l’enseignement élémentaire à l’enseignement supérieur. La part de décentralisation décisionnelle envisagée par la réforme, et donc l’accroissement du pouvoir des instances locales dans un cadre budgétaire restreint décrété par le pouvoir central, ne peuvent que susciter les plus grandes inquiétudes pour les disciplines représentées dans les établissements par un(e) seul(e) enseignant(e), comme c’est souvent le cas pour les langues vivantes étrangères ou régionales dont les effectifs sont les moins élevés.
La présentation du projet de programmes pour l’école élémentaire et le collège effectuée par la Ministre de l’Éducation Nationale le 13 avril dernier ne peut être dissociée de ce contexte. Si ce projet laisse une très grande liberté aux enseignants de langues vivantes avec une part importante vouée à l’interdisciplinarité, il inscrit aussi la réalisation de celle-ci dans un cadre défini localement pour l’utilisation des moyens octroyés par la tutelle de l’établissement. La nécessité d’une formation des enseignants du primaire comme du secondaire, avec en particulier la problématique de la continuité entre le CM2 et la 6ème, semble tout simplement ignorée et ne saurait en aucun cas être assurée au coup par coup en fonction de la disponibilité d’éventuelles ressources humaines locales. L’APLV qui étudie ces programmes sera amenée à formuler prochainement son analyse plus en détail pour que ses remarques soient prises en considération dans le cadre de la consultation en cours.
Jean-Marc DELAGNEAU, Président de l’APLV
Jean-Luc BRETON, Vice-Président de l’APLV
lundi 20 avril 2015
Dans son communiqué daté du 21 mars 2015, l’APLV a fait part de ses inquiétudes à propos de l’enseignement des langues vivantes, en réaction à la présentation du projet de réforme du collège par la Ministre de l’Éducation Nationale. Ces inquiétudes ont été largement partagées par les syndicats de l’éducation, les associations de linguistes, et bien au-delà, comme en témoigne le retentissement médiatique qui ne faiblit pas autour de la question.
Lors de la présentation de la réforme devant le CES le 10 avril, le Ministère a montré que nous avions été entendus sur le problème de la diminution des horaires de langues : l’horaire de LV1 en classe de 6ème est maintenu à 4 heures hebdomadaires (contre 3 envisagées) et l’horaire de LV2 est porté à 2 heures 30 (contre 2) pour chacune des trois années d’enseignement, de la 5ème à la 3ème. Nous nous réjouissons de ces évolutions, mais plusieurs sujets d’inquiétude demeurent.
En termes d’efficacité, 2 heures 30 hebdomadaires ne sauraient suffire, surtout lors de la première année d’apprentissage d’une langue. Le temps d’exposition et la fréquence des séances sont des facteurs importants, et les pays étrangers qui ont fait le choix de la promotion des langues vivantes proposent au minimum 3 heures hebdomadaires, et souvent plus.
En outre, l’APLV déplore que le projet de réforme fasse toujours le silence le plus total sur la formation en langues étrangères des professeurs des écoles, qui ont la charge d’enseigner une langue appelée à devenir la LV1 des élèves. Tant que les professeurs de LV1 en 6ème ne pourront pas s’appuyer en toute confiance sur un enseignement efficace dispensé par des spécialistes bien formés, les inégalités entre apprenants, classes et collèges perdureront.
La quasi-disparition des sections bilangues et des sections européennes et de langues orientales va dans le même sens. Ces sections ont permis à des milliers de jeunes d’apprendre toute une gamme de langues de manière plus intensive, plus réflexive, et cela a permis le développement de ces langues dans le paysage scolaire français et le maintien d’une ouverture sur l’autre et l’étranger, bénéfique aux élèves, aux établissements scolaires mais aussi à toute la société, à une époque où la crise économique pousse certains à un repli sur eux-mêmes et sur leurs idées. Sections bilangues et SELO ont constitué un modèle qu’il faudrait généraliser à tout le système éducatif, au lieu de le supprimer ou de le réduire sous accusation d’élitisme, en perdant les avancées pédagogiques pour les langues concernées et l’expérience souvent interdisciplinaire des équipes qui les ont portées. Les différentes options du baccalauréat international mises en place très progressivement dans quelques lycées par académie seront ainsi réservées à des élèves privilégiés bien préparés dès le plus jeune âge désormais en dehors des structures publiques, au lieu d’être multipliées et ouvertes au plus grand nombre.
La quasi-généralisation de l’anglais en LV1 à l’école primaire (même si le discours ministériel laisse entendre qu’il y aura quelques exceptions) va nuire considérablement à la diversité des langues apprises. Le monde dans lequel nous vivons nécessite, pour la compétitivité économique et le rayonnement touristique et culturel de la France, que les futures générations soient capables de pratiquer plusieurs langues les plus diverses. Si l’offre se limite à l’anglais en LV1 pour 95% des élèves et à l’espagnol en LV2 pour 70 ou 80% d’entre eux, non seulement la France perdra des contrats et de l’influence dans le monde comme au sein de l’Union Européenne où elle a un rôle majeur, mais elle appauvrira de facto l’enseignement de ces deux langues, tout en suscitant des divisions entre leurs enseignants et représentants et les enseignants et représentants des autres langues vivantes étrangères et régionales. C’est pour cette raison que l’APLV s’abstient de signer des textes et pétitions liés à des langues vivantes étrangères ou régionales prises isolément, tout en s’élevant, dès que l’occasion lui en est donnée dans les médias comme auprès des autorités, contre les conséquences néfastes de la réforme du collège préjudiciable à l’ensemble des langues vivantes.
L’APLV déplore que le pilotage du système éducatif et particulièrement la politique des langues se fassent dans un souci d’économies à courte vue. Elle rappelle que l‘enseignement intensif et diversifié des langues vivantes qu’elle réclame est un outil irremplaçable pour améliorer les performances et réduire les inégalités au sein du système éducatif. L’APLV demande un cadrage national avec une véritable politique de l’enseignement des langues vivantes étrangères comme régionales intégrant une véritable diversification linguistique, les dimensions culturelles, humaines, économiques et politiques en articulation avec cette diversification, dans l’intérêt de notre pays, et le continuum pédagogique de l’enseignement élémentaire à l’enseignement supérieur. La part de décentralisation décisionnelle envisagée par la réforme, et donc l’accroissement du pouvoir des instances locales dans un cadre budgétaire restreint décrété par le pouvoir central, ne peuvent que susciter les plus grandes inquiétudes pour les disciplines représentées dans les établissements par un(e) seul(e) enseignant(e), comme c’est souvent le cas pour les langues vivantes étrangères ou régionales dont les effectifs sont les moins élevés.
La présentation du projet de programmes pour l’école élémentaire et le collège effectuée par la Ministre de l’Éducation Nationale le 13 avril dernier ne peut être dissociée de ce contexte. Si ce projet laisse une très grande liberté aux enseignants de langues vivantes avec une part importante vouée à l’interdisciplinarité, il inscrit aussi la réalisation de celle-ci dans un cadre défini localement pour l’utilisation des moyens octroyés par la tutelle de l’établissement. La nécessité d’une formation des enseignants du primaire comme du secondaire, avec en particulier la problématique de la continuité entre le CM2 et la 6ème, semble tout simplement ignorée et ne saurait en aucun cas être assurée au coup par coup en fonction de la disponibilité d’éventuelles ressources humaines locales. L’APLV qui étudie ces programmes sera amenée à formuler prochainement son analyse plus en détail pour que ses remarques soient prises en considération dans le cadre de la consultation en cours.
Jean-Marc DELAGNEAU, Président de l’APLV
Jean-Luc BRETON, Vice-Président de l’APLV
- fraisedesboisNiveau 9
même lecture du verbe "pouvoir".Gryphe a écrit:Je n'ai pas imaginé que les bi-langues de 6ème, pratiquant, au hasard, l'allemand depuis le CP, puissent rejoindre ceux commençant l'allemand en cinquième.
En revanche, j'ai surtout noté la modalisation de l'article : quand ça "peut", ça veut dire que ce n'est pas systématique.
J'ai aussi noté dans la FAQ d'Eduscol (p. 27) que les exemples choisis sont dans les académies frontalières. Du coup, je me pose la question pour les autres académies.
pour ce qui est des bi-langues, il faut se figurer que dans une académie pilote ayant la joie et l'honneur de tester la nouvelle organisation des LV, un élève bi-langue de la 6e à la la 3e rejoint en 2nde les LV2 non bilangues. parait qu'ils s'ennuient un peu pendant un an (ouh, ça sent la re-réforme du lycée), mais c'est tout.
Kea a écrit:Si on a 93% des élèves qui font anglais depuis le CP, 7% qui font autre chose, on ne peut quand même pas les mettre dans les mêmes groupes d'anglais en 6e ?!
Et en 5e, on ne va pas imposer aux ex-bilangues de faire, mettons de l'allemand, à partir du niveau 0 ?!
Bref, pour être cohérent, il faudrait des groupes de langues, très déséquilibrés, de la 6e à la 3e ?
C'est potentiellement plus coûteux que le système de bi-langue actuel, non ?
toujours dans une de ces merveilleuses académies pilotes, il y a des écoles primaires qui ne font pas anglais comme LV (les 2 + grosses sur les 8 sur le secteur d'un collège que je connais pas trop mal).
que pensez-vous qu'il advienne en 6e ?
bien entendu, ils ont toujours été mélangés avec les autres (qui font de l'anglais depuis le CP).
tant qu'on expliquait que "de toutes façons pour ce qu'ils font en primaire, les autres n'auront pas de mal à tout rattraper en un trimestre", personne ne trouvait matière à discussion.
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:lecteur: Il faut beaucoup d'indisciplinés pour faire un peuple libre -
Georges Bernanos, Les enfants humiliés, 1949
- mtyNiveau 4
Kea a écrit:Simgajul a écrit:Et les classes de langue régionales en 6e, elles continuent? on les appelle bilingue, donc ça correspond à quoi?
Les classes bilingues de langue régionale correspondent à un enseignement de langue et "en langue" depuis l'école maternelle.
Au collège, les élèves ont chaque semaine 3h de langue régionale et une ou plusieurs DNL (par ex. les maths enseignées dans la langue régionale), le tout financé par des heures qui viennent en plus de la DHG.
Ils suivent les autres LV selon les mêmes horaires que les autres élèves (ils ont donc 2 langues en 6e, 3 à partir de la 4e).
Ils peuvent poursuivre au lycée.
Ces sections ont donc certaines caractéristiques des classes bi-langues (continuation d'une langue commencée en primaire + ajout d'une autre LV en 6e) et des sections euro ou internationales (les DNL).
Je n'arrive pas à avoir d'info étayée sur l'avenir de ces sections bilingues (et pourtant, ça m'intéresse, j'y enseigne). Mon syndicat m'a dit que les DNL allaient disparaître mais je ne suis pas sûre qu'il saisisse bien la nuance bilingue / euro, j'attends des infos complémentaires. J'ai écrit à deux députés, et à la ministre. J'espère des réponses...
Il n'y a pas d'informations non plus pour les sections bilingues de langue étrangère je suppose?
Si les sections internationales sont maintenues on peut espérer que les différentes sections bilingues le soient aussi.
- lalivrophileNiveau 6
mty a écrit:
Si les sections internationales sont maintenues on peut espérer que les différentes sections bilingues le soient aussi.
Les établissements avec Sections Internationales (et autres sections maintenues) vont donc limiter les dégâts. Résultat : Cela va encore accroître les écarts avec les établissements qui avaient réussi à mettre en place euro et bilangue et qui vont les perdre. Certains établissements vont avoir de longues listes d'attente...
- AndmaExpert spécialisé
On va creuser les inégalités, encore et encore. C'est triste
Moi qui aurait voulu que ma fille fasse bilingue en 6eme dans mon petit collège de secteur...
Moi qui aurait voulu que ma fille fasse bilingue en 6eme dans mon petit collège de secteur...
_________________
Nelson Mandela : « en faisant scintiller notre lumière nous offrons la possibilité aux autres d'en faire autant »
- mtyNiveau 4
lalivrophile a écrit:mty a écrit:
Si les sections internationales sont maintenues on peut espérer que les différentes sections bilingues le soient aussi.
Les établissements avec Sections Internationales (et autres sections maintenues) vont donc limiter les dégâts. Résultat : Cela va encore accroître les écarts avec les établissements qui avaient réussi à mettre en place euro et bilangue et qui vont les perdre. Certains établissements vont avoir de longues listes d'attente...
Est-ce que les sections internationales sont nombreuses?
Je suis en Alsace et nous en avons vraiment très peu. La section bilingue allemand est par contre assez développée mais son maintien ne devrait rien changer: a priori les sections bilangues devraient ici pouvoir être conservées, l'enseignement de l'allemand en primaire étant largement répandu.
- lalivrophileNiveau 6
mty a écrit:
Est-ce que les sections internationales sont nombreuses?
Je suis en Alsace et nous en avons vraiment très peu. La section bilingue allemand est par contre assez développée mais son maintien ne devrait rien changer: a priori les sections bilangues devraient ici pouvoir être conservées, l'enseignement de l'allemand en primaire étant largement répandu.
Non justement, elles ne sont pas nombreuses, donc les établissements avec SI vont attirer encore plus de monde. (Les parents préfèrent mettre leur enfant dans un établissement avec SI, car même si l'enfant n'est pas en SI, ce sera selon eux mieux que dans un autre. Résultat: établissement à plus de 40 % de hors secteur...).
Les SI sont indiquées ici : http://www.education.gouv.fr/cid23084/les-sections-internationales-au-college.html
Dans mon secteur il y a aussi des SI "espagnol" à l'école primaire: http://www.education.gouv.fr/cid22541/sections-internationales-a-l-ecole-primaire.html
Donc on peut penser que si des élèves ne peuvent entrer en SI dans mon collège, il y a possibilité d'être en bilangue...
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