Enseigner après une formation univ histoire de l'art ? ...

Bonjour j'ai entammé des études d'histoire de l'art avant que ça devienne obligatoire au collège et qu'ironiquement ça soit enseigné sans poste histoire de l'art. Je remet pas en cause les capacités des enseignants histoire/géo, lettres, et arts, biensûr c'est ironique parce que l'éducation nationale a sois disant besoin de plus d'enseignants, et voilà une mesure destinée à les "économiser", voire rentabiliser...

Aujourd'hui j'ai mon M2, et je vivote. Suite à une illumination j'ai décidé d'être prof d'arts plastiques, ce qui au "pire" inclut de me former aux arts plas que j'ai délaissés depuis le lycée, c'est plutot sympa comme pire. J'avais aussi pensé au CAPLP lettres/langues, mais je préfère le rapport à la création plastique.

Avez vous des conseils sur la façon d'adapter cette formation initiale à l'enseignement secondaire ?
Certains d'entre vous viennent ils d'histoire de l'art ?

Je viens d'histoire de l'art (école du Louvre jusqu'au M2), mais j'enseigne en histoire, après avoir passé les concours. C'est dramatique pour notre matière que des professeurs qui ne connaissent ni les méthodes, ni les buts de l'hda se voient obligés de l'enseigner - et ce, sans jeter la pierre aux collègues, mais ils le savent bien eux-même, et ce, même quand ils sont animés de la meilleure volonté du monde. Il n'y a pas meilleur moyen pour dégoûter les élèves. Remarque, c'est peut-être une manière de lutter contre le trop grand nombre d'étudiants en histoire de l'art.

Il existe dans l'EN une "certification" en histoire de l'art, qui permet d'enseigner l'option en lycée. Dans les faits, c'est une vaste foutaise. Lorsque l'option existe dans un lycée, elle peut tout à fait être enseignée par des gens qui n'ont pas la certification (voire qui la ratent lorsqu'ils la passent, et qui continuent pour autant à enseigner). Inversement, avoir la certification ne garantit nullement d'avoir un poste. L'option histoire de l'art en lyvée est menée par plusieurs professeurs de diverses matières. Il y en a des très bien, évidemment, et beaucoup de très à l'ouest (j'ai fait les jurys de bac dans le centre "histoire de l'art" de mon académie, on a pas mal discuté).

Ensuite, il faut voir qui la donne, et à qui, cette certification. Certes, il y a des gens parfaitement formés - soit à l'université, soit par eux-mêmes - et compétents (voir par exemple sur ce forum Olive-in-Oil), encore heureux. Mais beaucoup de profs qui ont fréquenté des expositions et fait un ou deux projets pensent que c'est amplement suffisant... et il n'ont pas tort ! Il n'y a pas d'historien d'art dans les jurys. Et quand j'ai entendu l'IPR d'HG de mon académie qui s'occupait de l'histoire de l'art (et participait donc aux jurys), c'était juste une catastrophe, entre erreurs grossières et approximations.
Quand j'ai passé la certification, le jury (très gentil au demeurant, mais c'est pas le souci) a quand même pris des notes sur ce que je lui racontais - certes, dans un domaine très spécialisé où il avait droit de ne rien entendre (question de l'occidentalisme dans les arts de l'Islam), mais ça la fiche mal.

Vivre d'histoire de l'art... dans l'EN, il y a des référents musée, qui font souvent ça en HSE. On trouve aussi quelques postes détachés en musées. Mais enfin, il ne faut pas rêver. Être historien d'art dans l'EN, c'est risquer la crise cardiaque à chaque instant. (Un de mes collègues était extrêêêêmement fier d'avoir fait faire de l'histoire des arts en demandant des dossiers sur la vie de Vivaldi. Je pense qu'il a à jamais dégoûté 72 élèves de Vivaldi).

Comme Al-Qalam je sors de l'Ecole du Louvre (sauf que je suis en lettres et non en HG). Pas mieux à ajouter, alors que lorsque la "matière" a été annoncée en collège j'avais fondé de "grands espoirs" (si tant est que cela soit possible dans l'EN). Faire enseigner l'HDA sans heures et par des collègues soit très réticents soit trop enthousiastes, malheureusement, ça n'aboutit que très rarement à quelque chose de bon. Une excellente idée donc, à l'origine, et une usine à gaz à l'arrivée.
Al-Qalam, on a le même collègue (ou à peu près, parce que si ce n'est Vivaldi qui a été donné à étudier, c'est donc son frère...) ?

Idem pour moi, Ecole du Louvre puis capes d'histoire-géo en espérant pouvoir passer la certification d'histoire des arts (et que ça mène à quelque chose...). C'est quand même possible d'inclure un peu d'HIDA dans le cours d'histoire mais sans grande marge de manoeuvre et sans grande collaboration extérieure en effet.

Je ne connais pas du tout les exigences du capes d'arts plastiques... moi je n'ai jamais pratiqué alors je ne me suis jamais posé la question

Si tu connais l'Histoire de l'Art, tu connais les enjeux esthétiques posés par les artistes, et selon les contextes particuliers, les inventions, découvertes, avancées technologiques... La création artistique témoigne et éclaire chaque période de l'Histoire, connaître ces "détails" est important en arts plastiques afin d'apporter un discours cohérent et en phase avec l'interdisciplinarité.
Ensuite pour la matière elle-même, le programme évidemment, les questions d'enseignement, une progression claire et éclairante afin d'enrichir les compétences. Va voir aussi sur les sites académiques arts plastiques pour les séquences, si elles sont en ligne c'est qu'elles ont été validées par l'inspection. Et puis bien sûr les rapports de jury !

Al-qalam a écrit:Il existe dans l'EN une "certification" en histoire de l'art, qui permet d'enseigner l'option en lycée. Dans les faits, c'est une vaste foutaise. Lorsque l'option existe dans un lycée, elle peut tout à fait être enseignée par des gens qui n'ont pas la certification (voire qui la ratent lorsqu'ils la passent, et qui continuent pour autant à enseigner). Inversement, avoir la certification ne garantit nullement d'avoir un poste. L'option histoire de l'art en lyvée est menée par plusieurs professeurs de diverses matières. Il y en a des très bien, évidemment, et beaucoup de très à l'ouest (j'ai fait les jurys de bac dans le centre "histoire de l'art" de mon académie, on a pas mal discuté).

Ensuite, il faut voir qui la donne, et à qui, cette certification. Certes, il y a des gens parfaitement formés - soit à l'université, soit par eux-mêmes - et compétents (voir par exemple sur ce forum Olive-in-Oil), encore heureux. Mais beaucoup de profs qui ont fréquenté des expositions et fait un ou deux projets pensent que c'est amplement suffisant... et il n'ont pas tort !   Il n'y a pas d'historien d'art dans les jurys.

On peut ajouter que la certification en histoire de l'art est censée permettre d'enseigner l'histoire des arts. Etrange...
Sauf si on est prof d'arts plastiques ou de musique, cette certification ne donne pas accès à des postes spécifiques. Vous pouvez très bien avoir cette certification, débarquer dans un des rares établissements qui offre l'option via votre matière et non un recrutement spécifique, et ne pas enseigner l'HDA puisqu'il y a déjà des non-spécialistes en place...
Il y a un effort ces dernières années pour mettre des historiens de l'art dans les jurys: François Robichon à Lille, Nadeige Laneyrie-Dagen pour Paris-Créteil-Versailles.

May Lee a écrit: Je remet pas en cause les capacités des enseignants histoire/géo, lettres, et arts, biensûr

La partie "littérature" du programme de lettres fait partie de cet enseignement. Aucune raison que les enseignants ne soient pas capables s'ils traitent le domaine qui les concerne.

J'ai une licence d'histoire de l'art depuis 2003, j'enseigne en collège les arts plastiques depuis 2005.
En vue de faire un master art pla j'ai la licence d'arts plastiques depuis l'an passé; cela a perfectionné ma formation histoire de l'art plus tourné vers l'actualité artistique ;
La formation des deux disciplines est complémentaires au collège.
Je passe dans un mois l'oral du Capes interne, c'est vrai qu'il faut une bonne connaissance dans le champ de l'histoire des arts. Ces 2 cursus me sont utiles.