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- doctor whoDoyen
Il me semblait bien que j'avais compris l'intention de nlm (qui est un garçon) dans son long exposé introductif.
Je crois être d'accord. Les élèves ont besoin de se créer un contexte, de mettre une tête sur un texte.
La "situation" telle que j'ai pu la faire dans le supérieur (choix des infos utiles pour expliquer le texte) est inabordable pour la grande majorité des élèves. Et ceux qui le peuvent me sembleraient aidés si on leur imposait de toute façon une "situation" un peu étoffée, en leur indiquant ensuite les éléments les plus pertinents.
Et puis on peut tout de même distinguer les informations biographiques et historiques complètement débiles débitées par les cossards et le petit topo informé de l'élève qui a appris son cours, voire s'y est intéressé (rêvons un peu !)
Je crois être d'accord. Les élèves ont besoin de se créer un contexte, de mettre une tête sur un texte.
La "situation" telle que j'ai pu la faire dans le supérieur (choix des infos utiles pour expliquer le texte) est inabordable pour la grande majorité des élèves. Et ceux qui le peuvent me sembleraient aidés si on leur imposait de toute façon une "situation" un peu étoffée, en leur indiquant ensuite les éléments les plus pertinents.
Et puis on peut tout de même distinguer les informations biographiques et historiques complètement débiles débitées par les cossards et le petit topo informé de l'élève qui a appris son cours, voire s'y est intéressé (rêvons un peu !)
- Longyearbyen's loverNiveau 5
OK, édité !
Je vais à un stage sur la correction du bac en mars, je vous raconterai.
Je vais à un stage sur la correction du bac en mars, je vous raconterai.
- NLM76Grand Maître
@ Philomèle : j'ai ajouté de petites précisions sur les significations des mots "humanités" et "humanité" dans mon introduction, suite à votre remarque. En fait, dans mon cours d'introduction sur la renaissance, je leur dis humaniste < humanitas = culture + (civilisation=douceur, clémence), et qu'un humaniste est un homme qui se tourne vers les humanités et vers l'homme (le "microcosme"). Cela vous semble vague et incantatoire ?
Reste la question essentielle de savoir si les indispensables connaissances historiques que je propose d'étaler ici devraient ne pas apparaître ici. Je comprends bien le point de vue de Cripure et le vôtre, même si j'ai expliqué pourquoi cette situation me semblait pertinente. Elle n'est pas indispensable; on peut comprendre dès lors qu'on invite l'élève à aller droit au but, à se dispenser du dispensable.
Je dois avouer que si je propose cela, c'est aussi dans une logique de bachotage : afin de profiter de la sanction du bac pour les obliger à apprendre deux ou trois choses en histoire générale et culturelle, dans la mesure où si l'étalage de ces connaissances n'est pas indispensable, leur possession, elle, l'est. Or, il n'est pas question que je m'amuse à corriger autre chose que des devoirs type bac; c'est pourquoi je fais du commentaire aussi, autant que possible, un digeste de ce que je veux qu'ils apprennent. En fait, je crois que la situation historique est, au plan méthodologique, indispensable, de même que la problématisation : le fait de poser correctement le problème en écartant dès l'abord la paraphrase permettra au devoir d'être un commentaire littéraire ; le fait de situer suffisamment le texte au plan historique permettra d'éviter un certain nombre de contresens malheureux qui surgissent bien souvent dans les copies.
D'autre part, sur "la sympathie et l'admiration" vous m'étonnez un peu. D'abord, je vous trouve de mauvaise foi quant à la pétition de principe opposée à la mienne sur la liberté du lecteur. Nous sommes bien d'accord sur la liberté du lecteur. Mais en l'occurrence, j'ai affirmé qu'une amitié exceptionnelle suscitait de tels sentiments : je m'appuie ici, selon de sains principes rhétoriques, sur une doxa assez indiscutable. Surtout, je ne fais pas partie de ceux qui cherchent à découvrir quelle était l'intention (cachée!) de l'auteur. Ce que voulait Montaigne est une chose, l'effet qu'il produit en est une autre.
Reste la question essentielle de savoir si les indispensables connaissances historiques que je propose d'étaler ici devraient ne pas apparaître ici. Je comprends bien le point de vue de Cripure et le vôtre, même si j'ai expliqué pourquoi cette situation me semblait pertinente. Elle n'est pas indispensable; on peut comprendre dès lors qu'on invite l'élève à aller droit au but, à se dispenser du dispensable.
Je dois avouer que si je propose cela, c'est aussi dans une logique de bachotage : afin de profiter de la sanction du bac pour les obliger à apprendre deux ou trois choses en histoire générale et culturelle, dans la mesure où si l'étalage de ces connaissances n'est pas indispensable, leur possession, elle, l'est. Or, il n'est pas question que je m'amuse à corriger autre chose que des devoirs type bac; c'est pourquoi je fais du commentaire aussi, autant que possible, un digeste de ce que je veux qu'ils apprennent. En fait, je crois que la situation historique est, au plan méthodologique, indispensable, de même que la problématisation : le fait de poser correctement le problème en écartant dès l'abord la paraphrase permettra au devoir d'être un commentaire littéraire ; le fait de situer suffisamment le texte au plan historique permettra d'éviter un certain nombre de contresens malheureux qui surgissent bien souvent dans les copies.
D'autre part, sur "la sympathie et l'admiration" vous m'étonnez un peu. D'abord, je vous trouve de mauvaise foi quant à la pétition de principe opposée à la mienne sur la liberté du lecteur. Nous sommes bien d'accord sur la liberté du lecteur. Mais en l'occurrence, j'ai affirmé qu'une amitié exceptionnelle suscitait de tels sentiments : je m'appuie ici, selon de sains principes rhétoriques, sur une doxa assez indiscutable. Surtout, je ne fais pas partie de ceux qui cherchent à découvrir quelle était l'intention (cachée!) de l'auteur. Ce que voulait Montaigne est une chose, l'effet qu'il produit en est une autre.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- nitescenceÉrudit
Hum... je ne suis pas sûr que Montaigne parle ici de l'amitié : c'est un euphémisme pour désigner l'amour, ou en tout cas c'est une amitié amoureuse... comme la notion d'homosexualité n'existait pas à l'époque, Montaigne n'avait pas d'autres mots pour désigner sa relation avec La Boétie...
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- NLM76Grand Maître
Pourquoi pas. Mais avez-vous lu le début du chapitre ?
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- nitescenceÉrudit
Oui, et cela confirme d'ailleurs mon hypothèse : il y parle d’une "si amoureuse recommandation", mais je ne sais pas très bien le sens que pouvait avoir ce terme à l'époque...
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- NLM76Grand Maître
Avez-vous lu ce qu'il dit sur l'amour pour une femme et des amours pédérastiques des Grecs anciens?
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- nitescenceÉrudit
"cette autre licence grecque justement abhorrée par nos moeurs" ? C'est ce qu'on appelle faire preuve de prudence... D'ailleurs, dans son Journal de Voyage en Italie, qui n'était pas destiné à la publication, Montaigne porte un regard beaucoup moins sévère et se garde bien de condamner ce qu'il appelle "la belle secte".
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- NLM76Grand Maître
Bien sûr ; mais surtout il distingue ces différentes sortes d'amitié. En particulier, si cette amitié-là est supérieure, c'est parce qu'elle ne s'intéresse pas à la satisfaction du désir.
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- NLM76Grand Maître
Longyearbyen's lover a écrit:Cette castagne intellectuelle m'inquiète au plus haut point, pour les élèves : si, au bac, un élève de nlm suit les conseils qu'il a donnés et qu'il a Cripure comme correcteur ...
Mais s'il a Cripure comme professeur et nlm comme correcteur ?
Bon, sur ce, je vous laisse, je vais donner un coup de main à mon cher neveu qui est en première. Mais ça ne me rassure pas, de telles castagnes.
S'il a Cripure comme professeur, et NLM comme correcteur, no problemo : NLM n'enlèvera pas de point parce qu'il n'y aura pas de contextualisation. S'il a Cripure comme correcteur et NLM comme professeur, de deux choses l'une : ou son commentaire est comme presque tous les commentaires, une paraphrase plus ou moins bien tournée, et Cripure lui attribuera une sale note méritée — Cripure dit qu'elle serait pire que s'il s'était abstenu de la contextualisation, mais je n'en crois rien. Ou son commentaire présente quelques remarques pertinentes, et la mauvaise humeur de Cripure liée à son entame sera vite dissipée — c'est tellement rare de lire des remarques pertinentes dans un commentaire ! —, de sorte qu'il aura une note convenable.
En somme, la contextualisation, pour la note ça ne compte presque pas. Là n'est pas le problème : je n'enseigne pas pour que mes élèves aient une bonne note au bac, mais pour qu'ils s'instruisent. Le bac me permet juste de vérifier que je ne délire pas trop.
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- NLM76Grand Maître
Bon. J'ai terminé la correction de mes copies. Je reviens aux très intéressants commentaires de Philomèle :
Je ne comprends pas votre critique sur mon polyptote (humaniste/humanités/humanité). Peut-être n'est-il pas clair que ma proposition de corrigé ne saurait constituer un cours sur Montaigne ou sur la renaissance : j'ai évidemment expliqué (partiellement, bien sûr) tout cela à mes élèves dans mon cours d'introduction sur la renaissance. Mais est-ce que je me trompe en pensant que vous seriez plus atticiste qu'asianiste ? Ou s'agit-il de la même chose que ce que vous me reprochez plus loin, à propos du verbe "dévoiler" ? J'ai cru remarquer chez certains universitaires qu'ils détestaient qu'on sorte, justement, du style universitaire, froid et technique. L'idéal d'efficacité me paraît louable, et on peut répugner à un style trop chatoyant, qui pourrait détourner de l'essentiel. Cependant, il me semble que si l'ornement sert la signification, l'atticiste ne peut que s'incliner devant l'asianiste, et sinon l'apprécier, du moins le tolérer.
Votre critique de l'utilisation des verbes "raconter" et du nom "récit" m'intéresse beaucoup. D'une part, même du point de la technique littéraire, on ne saurait nier que le récit est présent dans ce texte. Mais je n'affirme nulle part que "la dimension narrative [est] la plus caractéristique de cet extrait". Votre gêne me paraît être liée à un dogme universitaire : ce qu'on appelle pompeusement la question générique — dans quelle mesure tel texte appartient à tel ou tel genre. C'est certes une question intéressante; mais si on ne la laisse pas à sa place — secondaire—, on tombe dans un formalisme creux. Ainsi, la question ici n'est pas de savoir s'il s'agit de récit ou de poésie — il est d'ailleurs bien évident que l'un n'empêche pas l'autre. Il s'agit de montrer pourquoi ce texte vaut d'être lu. Et, bien sûr, une des raisons essentielles pour lesquelles ce textes vaut d'être lu est qu'il relève, d'une certaine façon, de la poésie pure. Mais ceci, je ne le dirai qu'en conclusion.
Venons-en à l'utilisation du verbe "dévoiler". Vous affirmez que l'écriture du commentaire ne doit pas imiter son objet. Bien sûr que si. Précisons quand même: elle ne le doit pas, mais elle le peut, et cette imitation est bienvenue. Les élèves sont en classe pour apprendre à écrire, et nul mieux que les auteurs ne peut les y aider. J'invite le plus souvent possible mes élèves à imiter les auteurs pour acquérir un style correct et efficace. Je leur répète même que je préfère qu'ils imitent Hugo et Baudelaire plutôt que NLM76: le modèle que je souhaite leur proposer, ce n'est pas leur professeur, ce sont les auteurs. Ce qui est merveilleux dans une classe de français, c'est que le professeur n'est pas le maître, qu'il s'efface devant les maîtres qu'il tente de transmettre à ses élèves. C'est pourquoi en général, j'évite de donner des corrigés de commentaire, des modèles: ce n'est pas sur ce patron-là que je veux qu'ils modèlent leur style. En l'occurrence, le verbe dévoiler me paraît être tout à fait idoine dans le cadre de l'explication de texte et du commentaire (qui sont kif-kif bourricot, n'en déplaise à maître Cripure): il s'agit bien de montrer ce qui n'est pas évident, et de le rendre évident: de soulever le capot de la voiture pour voir comment le moteur est fichu. "Dévoiler" en quelque sorte n'est qu'une reprise de la métaphore qu'implique étymologiquement "expliquer". Quant au verbe "entrevoir" je le maintiens avec fermeté. Il dit en effet mon humilité face au texte, face à l'art, au talent : je sais que je ne peux m'en approcher qu'avec délicatesse et que la mécanique textuelle, lorsqu'elle atteint au sublime, ne saurait être véritablement démontée.
Quant à la situation plus précise de l'extrait dans le chapitre sur l'amitié, vous avez tout à fait raison, c'est très important. A la correction du commentaire, j'ajouterai une explication de texte plus complète. Mais il s'agit ici d'une proposition de corrigé de commentaire, faisable avec le texte seul, sans avoir lu ce qui précède ou ce qui suit. Cependant, je passerai sur beaucoup d'éléments intéressants que vous évoquez et me contenterai de les inviter à lire le chapitre intégral, en me contentant d'évoquer les catégories d'amitiés que Montaigne recense, afin, en particulier, d'écarter le contresens aplatissant que suggéra Nitescence naguère.
Je ne parlerai certainement pas des "conventions sociales du moment", expression qui m'agace prodigieusement. Je ne suis pas un historien assez fort pour pouvoir affirmer quelles sont les "conventions sociales du moment", et je suis un philosophe assez fort pour savoir que les "conventions sociales d'une époque sont chose fort complexe, beaucoup plus complexe que ce que le café du commerce peut en dire. Cela dit, en l'espèce, j'aimerais beaucoup en apprendre plus sur les conventions sociales qui ont cours à la fin du XVIe siècle chez les notables bordelais. Je serai d'ailleurs d'autant plus humble à ce propos que la première source à ce sujet me paraît être Montaigne, et que je n'en ai toujours pas terminé la lecture (honni sois-je !).
Enfin, nous sommes bien d'accord : les éléments de commentaire que vous suggérez à propos de "parce que c'était moi..." , "la couture..." seront présents dans le développement. Ce serait vraiment étrange de ne pas s'y arrêter. Mais je ne comprends absolument pas le qualificatif d’impressionniste que vous avancez. Où donc est l'impressionnisme dans le texte que j'ai écrit ?!
P.S. La rédaction du corrigé avance... et demande toujours critiques et encouragements.
Je ne comprends pas votre critique sur mon polyptote (humaniste/humanités/humanité). Peut-être n'est-il pas clair que ma proposition de corrigé ne saurait constituer un cours sur Montaigne ou sur la renaissance : j'ai évidemment expliqué (partiellement, bien sûr) tout cela à mes élèves dans mon cours d'introduction sur la renaissance. Mais est-ce que je me trompe en pensant que vous seriez plus atticiste qu'asianiste ? Ou s'agit-il de la même chose que ce que vous me reprochez plus loin, à propos du verbe "dévoiler" ? J'ai cru remarquer chez certains universitaires qu'ils détestaient qu'on sorte, justement, du style universitaire, froid et technique. L'idéal d'efficacité me paraît louable, et on peut répugner à un style trop chatoyant, qui pourrait détourner de l'essentiel. Cependant, il me semble que si l'ornement sert la signification, l'atticiste ne peut que s'incliner devant l'asianiste, et sinon l'apprécier, du moins le tolérer.
Votre critique de l'utilisation des verbes "raconter" et du nom "récit" m'intéresse beaucoup. D'une part, même du point de la technique littéraire, on ne saurait nier que le récit est présent dans ce texte. Mais je n'affirme nulle part que "la dimension narrative [est] la plus caractéristique de cet extrait". Votre gêne me paraît être liée à un dogme universitaire : ce qu'on appelle pompeusement la question générique — dans quelle mesure tel texte appartient à tel ou tel genre. C'est certes une question intéressante; mais si on ne la laisse pas à sa place — secondaire—, on tombe dans un formalisme creux. Ainsi, la question ici n'est pas de savoir s'il s'agit de récit ou de poésie — il est d'ailleurs bien évident que l'un n'empêche pas l'autre. Il s'agit de montrer pourquoi ce texte vaut d'être lu. Et, bien sûr, une des raisons essentielles pour lesquelles ce textes vaut d'être lu est qu'il relève, d'une certaine façon, de la poésie pure. Mais ceci, je ne le dirai qu'en conclusion.
Venons-en à l'utilisation du verbe "dévoiler". Vous affirmez que l'écriture du commentaire ne doit pas imiter son objet. Bien sûr que si. Précisons quand même: elle ne le doit pas, mais elle le peut, et cette imitation est bienvenue. Les élèves sont en classe pour apprendre à écrire, et nul mieux que les auteurs ne peut les y aider. J'invite le plus souvent possible mes élèves à imiter les auteurs pour acquérir un style correct et efficace. Je leur répète même que je préfère qu'ils imitent Hugo et Baudelaire plutôt que NLM76: le modèle que je souhaite leur proposer, ce n'est pas leur professeur, ce sont les auteurs. Ce qui est merveilleux dans une classe de français, c'est que le professeur n'est pas le maître, qu'il s'efface devant les maîtres qu'il tente de transmettre à ses élèves. C'est pourquoi en général, j'évite de donner des corrigés de commentaire, des modèles: ce n'est pas sur ce patron-là que je veux qu'ils modèlent leur style. En l'occurrence, le verbe dévoiler me paraît être tout à fait idoine dans le cadre de l'explication de texte et du commentaire (qui sont kif-kif bourricot, n'en déplaise à maître Cripure): il s'agit bien de montrer ce qui n'est pas évident, et de le rendre évident: de soulever le capot de la voiture pour voir comment le moteur est fichu. "Dévoiler" en quelque sorte n'est qu'une reprise de la métaphore qu'implique étymologiquement "expliquer". Quant au verbe "entrevoir" je le maintiens avec fermeté. Il dit en effet mon humilité face au texte, face à l'art, au talent : je sais que je ne peux m'en approcher qu'avec délicatesse et que la mécanique textuelle, lorsqu'elle atteint au sublime, ne saurait être véritablement démontée.
Quant à la situation plus précise de l'extrait dans le chapitre sur l'amitié, vous avez tout à fait raison, c'est très important. A la correction du commentaire, j'ajouterai une explication de texte plus complète. Mais il s'agit ici d'une proposition de corrigé de commentaire, faisable avec le texte seul, sans avoir lu ce qui précède ou ce qui suit. Cependant, je passerai sur beaucoup d'éléments intéressants que vous évoquez et me contenterai de les inviter à lire le chapitre intégral, en me contentant d'évoquer les catégories d'amitiés que Montaigne recense, afin, en particulier, d'écarter le contresens aplatissant que suggéra Nitescence naguère.
Je ne parlerai certainement pas des "conventions sociales du moment", expression qui m'agace prodigieusement. Je ne suis pas un historien assez fort pour pouvoir affirmer quelles sont les "conventions sociales du moment", et je suis un philosophe assez fort pour savoir que les "conventions sociales d'une époque sont chose fort complexe, beaucoup plus complexe que ce que le café du commerce peut en dire. Cela dit, en l'espèce, j'aimerais beaucoup en apprendre plus sur les conventions sociales qui ont cours à la fin du XVIe siècle chez les notables bordelais. Je serai d'ailleurs d'autant plus humble à ce propos que la première source à ce sujet me paraît être Montaigne, et que je n'en ai toujours pas terminé la lecture (honni sois-je !).
Enfin, nous sommes bien d'accord : les éléments de commentaire que vous suggérez à propos de "parce que c'était moi..." , "la couture..." seront présents dans le développement. Ce serait vraiment étrange de ne pas s'y arrêter. Mais je ne comprends absolument pas le qualificatif d’impressionniste que vous avancez. Où donc est l'impressionnisme dans le texte que j'ai écrit ?!
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- nitescenceÉrudit
nlm76 a écrit:Bien sûr ; mais surtout il distingue ces différentes sortes d'amitié. En particulier, si cette amitié-là est supérieure, c'est parce qu'elle ne s'intéresse pas à la satisfaction du désir.
Et ?
Ce n'est pas parce que l'on ne s'*** pas que l'on n'est pas un peu pédé sur les bords...
- NLM76Grand Maître
Quel est l'intérêt de savoir si Montaigne est un peu pédé sur les bords ou pas ?
Pour vous dire le fond de ma pensée : je pense que toute relation humaine est marquée par le désir sexuel. Nous sommes des animaux, les hormones nous travaillent, et pas uniquement pour nous faire désirer l'autre sexe. Certains ont plus de penchants d'un côté, de l'autre, des deux. Certains les assouvissent, certains pas, d'autres plus ou moins. Et après ? Quand je m'empile dans une mêlée ouverte sur les corps des copains au rugby, vous croyez qu'il n'y a pas un peu de plaisir plus ou moins sexuel ? Quand je serre dans mes bras un ami, vous croyez qu'il n'y a pas de plaisir charnel ? Et alors ?
En outre il est tout de même bien évident que le sexe n'est pas forcément un atout pour soutenir des relations harmonieuses entre deux humains. En l'espèce, Montaigne écrit bien que ce qui l'intéresse dans cette amitié, c'est en particulier parce que les violences de Vénus sont mises de côté. Cela dit, si ça vous amuse d'appliquer des catégories post-modernes à Montaigne, aucun problème. J'utilise bien des concepts plus ou moins freudiens quand je considère qu'il y a là du désir et que ce désir est sublimé; mais ce sont des idées vieilles comme le monde. Cela dit revenons à nos moutons et sortons de ce qui est, pour un commentaire littéraire, un délire psychologisant.
Pour vous dire le fond de ma pensée : je pense que toute relation humaine est marquée par le désir sexuel. Nous sommes des animaux, les hormones nous travaillent, et pas uniquement pour nous faire désirer l'autre sexe. Certains ont plus de penchants d'un côté, de l'autre, des deux. Certains les assouvissent, certains pas, d'autres plus ou moins. Et après ? Quand je m'empile dans une mêlée ouverte sur les corps des copains au rugby, vous croyez qu'il n'y a pas un peu de plaisir plus ou moins sexuel ? Quand je serre dans mes bras un ami, vous croyez qu'il n'y a pas de plaisir charnel ? Et alors ?
En outre il est tout de même bien évident que le sexe n'est pas forcément un atout pour soutenir des relations harmonieuses entre deux humains. En l'espèce, Montaigne écrit bien que ce qui l'intéresse dans cette amitié, c'est en particulier parce que les violences de Vénus sont mises de côté. Cela dit, si ça vous amuse d'appliquer des catégories post-modernes à Montaigne, aucun problème. J'utilise bien des concepts plus ou moins freudiens quand je considère qu'il y a là du désir et que ce désir est sublimé; mais ce sont des idées vieilles comme le monde. Cela dit revenons à nos moutons et sortons de ce qui est, pour un commentaire littéraire, un délire psychologisant.
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- IphigénieProphète
Voir de l'homosexualité partout, c'est un truc qui date des années 70: tout le monde "y est passé" de Jésus à Montaigne . Il se trouve que Montaigne, à mon avis est beaucoup plus romain que grec et qu'au surplus, comme le dit NLM, on s'en fout.
Cela dit c'est une des raisons qui me font éviter ce beau texte justement: les inévitables ricanements imbéciles qui empêchent toute autre entrée dans le texte...
Cela dit c'est une des raisons qui me font éviter ce beau texte justement: les inévitables ricanements imbéciles qui empêchent toute autre entrée dans le texte...
- nitescenceÉrudit
nlm76 a écrit:Quel est l'intérêt de savoir si Montaigne est un peu pédé sur les bords ou pas ?
Iphigénie a écrit: comme le dit NLM, on s'en fout.
Je trouve que la biographie est intéressante et qu'elle permet d'expliquer l'oeuvre et ici en l'occurrence que l'amitié n'était peut-être pas aussi innocente qu'on le prétend souvent...
"En quoi nous importe les aventures sexuelles d'un grand écrivain ? N'est-ce pas réduire son oeuvre que de l'expliquer par sa vie privée ? [...] Il est devenu de bon ton et littérairement correct d'ignorer les sources profondes d'une oeuvre et de la traiter au mépris de toute intelligence critique comme si ça n'était qu'un mécanisme d'horlogerie à démonter et remonter sans prendre en compte la personnalité de l'auteur" (Dominique Fernandez).
- NLM76Grand Maître
La vie privée, d'accord, mais la qualité intrinsèque d'homosexuel ou d'hétérosexuel ou autre... Je préfère m'intéresser au fait que chez l'être humain, l'amitié, fût-elle "chaste", a quand même quelque chose d'érotique. Cela n'a pas grand chose à voir avec les catégories "homosexuel" ou "hétérosexuel".
Cela dit, la vie de l'auteur continue à m'intéresser modérément, tout comme le point de vue de Dominique Fernandez, qui est fort bien à sa place à l'académie française.
Cela dit, la vie de l'auteur continue à m'intéresser modérément, tout comme le point de vue de Dominique Fernandez, qui est fort bien à sa place à l'académie française.
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- nitescenceÉrudit
C'est pour ça que je parlerais plus d'amitié amoureuse que d'homosexualité...
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- LefterisEsprit sacré
Je crois que Montaigne veut montrer surtout le caractère exceptionnel de cette amitié, détachée de toute autre contingence qu'elle-même, qui n'est ni "accointance et familiarité", ni mue par un intérêt quelconque. Montaigne a en toile de fond le De amicitia, de Cicéron. C'est plutôt cette volonté qu'il faut voir, qu'essayer de faire une enquête sur la nature des liens avec La Boétie (du reste je partage l'avis d'Iphigénie sur la chose), qui ne changerait rien au ton très particulier de cet essai.
Montaigne essaie de la dire tout en la reconnaissant indicible, et cherche une manière de le dire, en creux , un vide entouré de "grotesques" . C'est cette recherche d'un langage qui tente de suppléer à l'insuffisance des mots, tout en reconnaissant sa propre insuffisance, que l'on peut qualifier de poétique.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- NLM76Grand Maître
Nitescence ! Tout ça pour ça ? Ah d'accord ! C'était pour alimenter mon fil... C'est trop gentil ! ευχαρίστω.
Cela dit, je souhaiterais avoir votre avis à propos d'une méthode concurrente, qui est celle des élèves, et, me semble-t-il, de certains collègues. Il s'agit de la méthode "en quoi?" composiste, qui aboutit à mon sens assez systématiquement à une pure paraphrase... enfin non : à une impure paraphrase, parce qu'elle fait du texte un gloubi-boulga en le remettant dans un autre sens, ou au mieux se contente de l'aplatir avec un plan thématique (le texte dit que..., et puis que..., et enfin que... ; ou pire : le texte parle de..., mais aussi de...). En voici un exemple (non d'un collègue, mais d'un élève), repris de "bacdefrançais.net", où le projet n'est pas d'étudier le texte, mais l'amitié décrite par le texte. Lequel projet de paraphrase est mené à son terme avec brio:
Dans une première partie nous étudierons la présence du destin dans leur amitié, puis dans une seconde partie nous analyserons en quoi cette amitié est différente des autres, enfin dans une dernière partie nous verrons en quoi cette amitié est indicible.
Commentaire
I – Une amitié prédestinée
- Un amour fatal, le destin les a liés.
- Amitié parfaite car non préméditée (l. 15) « Nous nous cherchions avant que de nous êtres vus » -> ils devaient se trouver -> union anticipée.
- La Boétie est mort lorsque Montaigne rajoute la ligne 28 -> « Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, …»
- C’était une grande fête (l. 21) mais le destin les a quand même rapproché.
- Le ciel (l. 19) les a réunis-> « quelque ordonnance du ciel »
II - Une amitié différente des autres
- Amitié fusionnelle
- Champ lexical de l’union
- Cette amitié fait penser à une expérience mystique – élection divine
- Une expérience chimique avec « quintessence »
- Mélange chimique -> « mélange » (l. 7), « confonde » (l. 6), « quintessence » (l. 37)
III - Une amitié indicible
« ne sais quelle » l. 13
« je crois par … » l. 19
« je ne sais quelle » l. 37
-> amitié indicible
- Amitié ineffable car parfaite (elle n’a aucun modèle).
- « Parce que c’était lui ; parce que c’était moi » -> vers blanc (seul), parallélisme, alexandrin : définition poétique de l'amitié.
- Mélange des deux âmes pour n’en former plus qu’une -> (l. 8) métaphore des deux âmes cousues, donc qui sont inséparables. « ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. »
- Une amitié indicible à tel point que Montaigne rajoutera plus tard des notes dans la marge qui seront publiés en 1595. (C’est le texte qui n’est pas souligné)
Conclusion
Ainsi Montaigne décrit son amitié parfaite avec La Boétie. Une amitié rare, car réciproque au point que les deux âmes se confondent. Montaigne fait donc l’éloge d’une amitié exceptionnelle, à l’inverse de Molière qui après lui fera une critique de l’hypocrisie dans l’amitié.
Cela dit, je souhaiterais avoir votre avis à propos d'une méthode concurrente, qui est celle des élèves, et, me semble-t-il, de certains collègues. Il s'agit de la méthode "en quoi?" composiste, qui aboutit à mon sens assez systématiquement à une pure paraphrase... enfin non : à une impure paraphrase, parce qu'elle fait du texte un gloubi-boulga en le remettant dans un autre sens, ou au mieux se contente de l'aplatir avec un plan thématique (le texte dit que..., et puis que..., et enfin que... ; ou pire : le texte parle de..., mais aussi de...). En voici un exemple (non d'un collègue, mais d'un élève), repris de "bacdefrançais.net", où le projet n'est pas d'étudier le texte, mais l'amitié décrite par le texte. Lequel projet de paraphrase est mené à son terme avec brio:
Dans une première partie nous étudierons la présence du destin dans leur amitié, puis dans une seconde partie nous analyserons en quoi cette amitié est différente des autres, enfin dans une dernière partie nous verrons en quoi cette amitié est indicible.
Commentaire
I – Une amitié prédestinée
- Un amour fatal, le destin les a liés.
- Amitié parfaite car non préméditée (l. 15) « Nous nous cherchions avant que de nous êtres vus » -> ils devaient se trouver -> union anticipée.
- La Boétie est mort lorsque Montaigne rajoute la ligne 28 -> « Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, …»
- C’était une grande fête (l. 21) mais le destin les a quand même rapproché.
- Le ciel (l. 19) les a réunis-> « quelque ordonnance du ciel »
II - Une amitié différente des autres
- Amitié fusionnelle
- Champ lexical de l’union
- Cette amitié fait penser à une expérience mystique – élection divine
- Une expérience chimique avec « quintessence »
- Mélange chimique -> « mélange » (l. 7), « confonde » (l. 6), « quintessence » (l. 37)
III - Une amitié indicible
« ne sais quelle » l. 13
« je crois par … » l. 19
« je ne sais quelle » l. 37
-> amitié indicible
- Amitié ineffable car parfaite (elle n’a aucun modèle).
- « Parce que c’était lui ; parce que c’était moi » -> vers blanc (seul), parallélisme, alexandrin : définition poétique de l'amitié.
- Mélange des deux âmes pour n’en former plus qu’une -> (l. 8) métaphore des deux âmes cousues, donc qui sont inséparables. « ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. »
- Une amitié indicible à tel point que Montaigne rajoutera plus tard des notes dans la marge qui seront publiés en 1595. (C’est le texte qui n’est pas souligné)
Conclusion
Ainsi Montaigne décrit son amitié parfaite avec La Boétie. Une amitié rare, car réciproque au point que les deux âmes se confondent. Montaigne fait donc l’éloge d’une amitié exceptionnelle, à l’inverse de Molière qui après lui fera une critique de l’hypocrisie dans l’amitié.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- NLM76Grand Maître
Trois minutes ? J'ai testé : cela prend dix-sept secondes.Cripure a écrit:Je dois avouer que je barre le tout d'un gros trait rouge avec "HS" en marge et que je vire 2 points mentalement pour m'avoir mangé trois minutes pour rien (trois minutes fois trente-cinq font une heure quarante cinq de HS, c'est énorme).
Cela dit, j'ai terminé la rédaction de mon "corrigé". D'ailleurs je pense que vous pourrez y critiquer quelques "références culturelles" pas indispensables. J'ai déjà été critiqué par des collègues parce que mes élèves s'y essayaient maladroitement. Or j'y tiens encore, considérant que la maladresse n'est pas un vice chez un élève, mais presque une qualité plaisante — considérant surtout qu'une copie de bac est le lieu idoine pour l'étalage ostentatoire de la culture.
http://lettresclassiques.fr/index.php/article/Commentaire-de-%C2%ABparce-que-c-%C3%A9tait-lui%2C-parce-que-c-%C3%A9tait-moi%C2%BB%2C-de-Montaigne.
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- LefterisEsprit sacré
Bon, avec ça, tes élèves peuvent directement se présenter devant un jury d'agreg sans faire mauvaise figure.nlm76 a écrit:Trois minutes ? J'ai testé : cela prend dix-sept secondes.Cripure a écrit:Je dois avouer que je barre le tout d'un gros trait rouge avec "HS" en marge et que je vire 2 points mentalement pour m'avoir mangé trois minutes pour rien (trois minutes fois trente-cinq font une heure quarante cinq de HS, c'est énorme).
Cela dit, j'ai terminé la rédaction de mon "corrigé". D'ailleurs je pense que vous pourrez y critiquer quelques "références culturelles" pas indispensables. J'ai déjà été critiqué par des collègues parce que mes élèves s'y essayaient maladroitement. Or j'y tiens encore, considérant que la maladresse n'est pas un vice chez un élève, mais presque une qualité plaisante — considérant surtout qu'une copie de bac est le lieu idoine pour l'étalage ostentatoire de la culture.
Blague à part, je pense qu'il manque un mot clef dans cette explication, où tu mentionnes la tonalité : la mélancolie. Cet essai est sans doute un des plus teintés de mélancolie de toute l'oeuvre, dont il explique en partie la genèse, puisqu'elle se construit autour du "vuide". On n'y trouve pas de facéties, d'humour, comme dans de nombreux essais, et le propos est très explicite : la vie de Montaigne n'est selon lui depuis la disparition de son ami "que fumée , ce n'est qu'une nuit obscure et ennuyeuse".
Le quotidien rappelle sans cesse la perte
"Je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs mesmes qui s'offrent à moy , au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte".
et c'est ce rapprochement incessant entre le passé idéalisé et perdu à jamais qui provoque l'écriture en général, et le développement de cet essai en particulier (additions successives) sur le mode du traité plus général, qui cherche à définir cette amitié, sans toutefois y parvenir,même en évoquant les Anciens, modèles habituels de référence :
"Car les discours mesmes que l'Antiquité nous a laissé sur ce subject me semblent lâches au pris du sentiment que j'en ay".
Donc, dans l'étude littéraire que tu proposes à tes élèves, il me semble que remarquer la tonalité mélancolique, sentiment qui est tout autant cause de l'écriture que conséquence (parce que Montaigne, en essayant de dire cette amitié, ravive la douleur de la perte), permet d'entrevoir la singularité de ce texte et de mieux cerner la nature du propos général sur l'amitié qui est développé.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- NLM76Grand Maître
Il me semble que ce que tu évoques ne peut être perçu dans l'extrait (ce n'est pas une "étude littéraire" du chapitre dans son ensemble, mais un simple commentaire) que je propose : tous tes exemples y sont extérieurs. Dans l'extrait, on peut percevoir une nostalgie, un plaisir d'évoquer le passé, et non la douleur que le passé ne soit plus. Me semble-t-il.
Il y a un autre truc douteux dans mon affaire, du fait que je n'ai pas encore lu les Poemata (à condition que la "satire latine" dont il parle soit bien l'un de ces poèmes) de La Boétie : ai-je raison de supposer qu'ils ne disent pas que leur amitié a peu à durer ?
Il y a un autre truc douteux dans mon affaire, du fait que je n'ai pas encore lu les Poemata (à condition que la "satire latine" dont il parle soit bien l'un de ces poèmes) de La Boétie : ai-je raison de supposer qu'ils ne disent pas que leur amitié a peu à durer ?
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- LefterisEsprit sacré
Ah ! je n'ai pas vu les limites de l'extrait, dans le début du fil ... ce que je cite est bien en I, 28 sinon .nlm76 a écrit:Il me semble que ce que tu évoques ne peut être perçu dans l'extrait (ce n'est pas une "étude de littéraire" du chapitre dans son ensemble, mais un simple commentaire) que je propose : tous tes exemples y sont extérieurs. Dans l'extrait, on peut percevoir une nostalgie, un plaisir d'évoquer le passé, et non la douleur que le passé ne soit plus. Me semble-t-il.
Il y a un autre truc douteux dans mon affaire, du fait que je n'ai pas encore lu les Poemata (à condition que la "satire latine" dont il parle soit bien l'un de ces poèmes) de La Boétie : ai-je raison de supposer qu'ils ne disent pas que leur amitié a peu à durer ?
Pour ta seconde question, je passe mon tour, je ne me suis jamais penché sur ces poèmes.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
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- NLM76Grand Maître
Merci à ceux qui ont suivi ce fil, et m'ont aidé à aboutir à quelque chose ; c'est publié sur lettresclassiques.fr :
http://lettresclassiques.fr/index.php/article/Commentaire-de-%C2%ABparce-que-c-%C3%A9tait-lui%2C-parce-que-c-%C3%A9tait-moi%C2%BB%2C-de-Montaigne.
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