- NLM76Grand Maître
A la recherche d'un sujet de commentaire pour mes 1re, je suis tombé sur cet extrait, donné l'an dernier :
J'aime beaucoup George Sand ; mais là vraiment, la parodie de Lamartine à grands renforts d'adjectifs, c'est trop ! A moins que ce soit vraiment une parodie ?
Ai-je tort de n'être pas bouleversé par ce morceau de bravoure romantique ?
George Sand a écrit:Stenio, un jeune poète, est animé d’un amour passionné pour Lélia, qui y est insensible. Il sympathise avec Trenmor, un homme jadis condamné aux travaux forcés, qu’il a vu en compagnie de Lélia et qu’il jalouse.
Le lac était calme ce soir-là, calme comme les derniers jours de l’automne, alors que le vent d’hiver n’ose pas encore troubler les flots muets, et que les glaïeuls roses de la rive dorment à peine, bercés par de molles ondulations. De pâles vapeurs mangèrent insensiblement les contours anguleux de la montagne, et, se laissant tomber sur les eaux, semblèrent reculer l’horizon, qu’elles finirent par faire entièrement disparaître. Alors la surface du lac sembla devenir aussi vaste que celle de la mer. Nul objet riant ou bizarre ne se dessina plus dans la vallée : il n’y eut plus de distraction possible, plus de sensation imposée par les images extérieures. La rêverie devint solennelle et profonde, vague comme le lac brumeux, immense comme le ciel sans bornes. Il n’y avait plus dans la nature que les cieux et l’homme, que l’âme et le doute.
Trenmor, debout au gouvernail de la barque, dessinait dans l’air bleu de la nuit sa grande taille enveloppée d’un sombre manteau. Il élevait son large front et sa vaste pensée vers ce ciel si longtemps irrité contre lui.
ꟷ Sténio, dit-il au jeune poète, ne saurais-tu ramer moins vite et nous laisser écouter plus à loisir le bruit harmonieux et frais de l’eau soulevée par les avirons ? En mesure, poète, en mesure ! Cela est aussi beau, aussi important que la cadence des plus beaux vers. Bien, maintenant ! Entendez-vous le son plaintif de l’eau qui se brise et s’écarte ? Entendez-vous ces frêles gouttes qui tombent une à une en mourant derrière nous, comme les petites notes grêles d’un refrain qui s’éloigne ?
ꟷ J’ai passé bien des heures ainsi, ajouta Trenmor, assis au rivage des mers paisibles sous le beau ciel de la Méditerranée. C’est ainsi que j’écoutais avec délices le remous des canots au bas de nos remparts. La nuit, dans cet affreux silence de l’insomnie qui succède au bruit du travail et aux malédictions infernales de la douleur, le bruit faible et mystérieux des vagues, qui battaient le pied de ma prison, réussissait toujours à me calmer. Et plus tard, quand je me suis senti aussi fort que ma destinée, quand mon âme affermie n’a plus été forcée de demander secours aux influences extérieures, ce doux bruit de l’eau venait bercer mes rêveries, et me plongeait dans une délicieuse extase.
En ce moment un goéland cendré traversa le lac, et, perdu dans la vapeur, effleura les cheveux humides de Trenmor.
J'aime beaucoup George Sand ; mais là vraiment, la parodie de Lamartine à grands renforts d'adjectifs, c'est trop ! A moins que ce soit vraiment une parodie ?
Ai-je tort de n'être pas bouleversé par ce morceau de bravoure romantique ?
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- DeliaEsprit éclairé
J'avoue humblement ne pas avoir eu la force de lire l'extrait jusqu'au bout !
Je n'ai pas pu non plus lire Lélia... Pauvres candidats !
Je n'ai pas pu non plus lire Lélia... Pauvres candidats !
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- yranohHabitué du forum
C'est vrai que c'est pénible à lire. Ce qui me marque c'est les passés simples de la première partie, le Trenmor dessinait sa grande taille et la prise en charge de la description par Trenmor après celle du narrateur. Le texte me semble intéressant par ce qu'il fait de la description, de la place de Stenio dans cette description. Je dis peut-être n'importe quoi je l ai lu une fois en me forçant.
- IllianeExpert
Je suis plutôt bonne lectrice je pense, mais là ça fait quand même un peu beaucoup... Un peu plus de subtilité ne nuirait pas.
- yranohHabitué du forum
C'est peut-être parodique en effet, le pauvre Stenio qui rame, sur ce lac où le rivage et les possibilités de distraction ont disparu, à côté de Stenmor au gouvernail et comme soutenu par la nature. À la relecture c'est assez amusant, cet emploi du paysage romantique pour railler Stenio. Mais je ne connais pas le roman, je m'appuie sur le chapeau.
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