Mohamed Kacimi dans un lycée pro de Bondy.

http://www.marianne.net/agora-monsieur-ils-ont-bien-cherche-1421429745.html

Ecrivain et dramaturge, Mohamed Kacimi devait parler théâtre dans un lycée professionnel de Bondy. La discussion a dérivé sur les attentats. Il en est ressorti estomaqué. Juste de la "provoc" ou plus grave ? Témoignagne

Le proviseur de ce lycée de Bondy a écrit:On a des professeurs qui ont refusé de faire la minute de silence.

Je suppose qu'ils prennent quand même le salaire à la fin du mois, ces irresponsables ? Là, ils ne font pas la fine bouche ? Il y a quand même des révocations qui se perdent dans ce ministère incapable de faire respecter une décision du Président de la République.

Non mais Cripure, tu as lu l'article ? Jusqu'au bout ? Les propos du proviseur ? Et tu t'étonnes que certains collègues n'aient pas voulu essayer de faire respecter une minute de silence dont ils savaient par avance qu'ils ne parviendraient pas à la faire respecter ? Je te trouve incroyablement "judgmental" vis-à-vis de collègues qui sont dans des bahuts ingérables, face à des classes ingérables et face à une démission de leur hiérarchie exceptionnelle (suffit de voir comment le proviseur, que je ne condamne d'ailleurs pas, achète la paix sociale dans son discours). Et toi, tu voudrais qu'on révoque ces collègues ? Non mais je rêve !

Cripure, Celeborn, je pense que vous n'avez pas compris de la même façon la phrase qui est, de fait, ambiguë : on peut penser, comme Celeborn, que certains ne se sont pas risqués à imposer la minute de silence à leurs élèves (et le comportement de la direction fournit des explications à cette attitude), mais on peut aussi comprendre que certains professeurs ont refusé, en ce qui les concernait, de respecter cette minute, indépendamment de la réaction des élèves (interprétation de Cripure). La phrase n'est pas claire et prête à confusion.

hypermnestre a écrit:Cripure, Celeborn, je pense que vous n'avez pas compris de la même façon la phrase qui est, de fait, ambiguë : on peut penser, comme Celeborn, que certains ne se sont pas risqués à imposer la minute de silence à leurs élèves (et le comportement de la direction fournit des explications à cette attitude), mais on peut aussi comprendre que certains professeurs ont refusé, en ce qui les concernait, de respecter cette minute, indépendamment de la réaction des élèves (interprétation de Cripure). La phrase n'est pas claire et prête à confusion.

OK, je comprends mieux. Moi je n'ai eu des remontées que du premier cas, hormis la collègue de Bobigny dont il est question sur un autre sujet et qui a été mise à pied.

Je ne sais comment ça s'est passé chez vous, mais nous, on 'n'a été avertis qu'à la récréation par l'adjointe (point de CDE) de la minute de silence , à faire chacun dans sa classe à midi après la sonnerie. Et puis, c'est tout, démerdez-vous.

Intéressant mais pas nouveau du tout. J'ai un beau-frère bien plus jeune que moi qui a vécu dans une banlieue non privilégiée durant les années 80  et qui était au collège. Il ne s'aimait pas en tant que blanc-européen car c'était mal vu, ils étaient des "petits-blancs", leur opinion n'avait pas le droit d'être exprimée, il s'est mis à aimer le basket américain et s'identifier aux noirs américains, à n'écouter que du rap noir ou des musiques connotées ethniquement, il m'a dit qu'il regrettait d'être blanc à l'époque et que de toutes façons, tout ce qui était jugé "français" était systématiquement dévalorisé dans sa classe. Il le vivait mal jeune mais s'adaptait, il en a gardé adulte une sorte de rejet de tout ça, de réaction anti-multiculturaliste forte car il s'est senti humilié dans ses valeurs et ses origines.

Celeborn a écrit:Non mais Cripure, tu as lu l'article ? Jusqu'au bout ? Les propos du proviseur ? Et tu t'étonnes que certains collègues n'aient pas voulu essayer de faire respecter une minute de silence dont ils savaient par avance qu'ils ne parviendraient pas à la faire respecter ? Je te trouve incroyablement "judgmental" vis-à-vis de collègues qui sont dans des bahuts ingérables, face à des classes ingérables et face à une démission de leur hiérarchie exceptionnelle (suffit de voir comment le proviseur, que je ne condamne d'ailleurs pas, achète la paix sociale dans son discours). Et toi, tu voudrais qu'on révoque ces collègues ? Non mais je rêve !

Ah, je te demande pardon, j'ai lu l'article, je n'ai pas lu que des professeurs ont estimé que la minute de silence serait impossible avec la classe qu'ils avaient en charge, ce que là, bien sûr, je comprendrais, mais j'ai lu une formule qui me semble claire en français : "Des professeurs ont refusé de faire la minute de silence". J'ai compris ça comme une décision libre.

En même temps, le chef d'établissement semble assez bon pour utiliser des mots qui ne veulent pas dire ce qu'ils veulent dire, d'après l'article .

En fait on est d'accord : si des collègues ont refusé de faire la minute de silence pour des raisons personnelles, type "ils l'ont bien cherché", c'est grave. J'émets un léger doute néanmoins.

hypermnestre a écrit:Cripure, Celeborn, je pense que vous n'avez pas compris de la même façon la phrase qui est, de fait, ambiguë : on peut penser, comme Celeborn, que certains ne se sont pas risqués à imposer la minute de silence à leurs élèves (et le comportement de la direction fournit des explications à cette attitude), mais on peut aussi comprendre que certains professeurs ont refusé, en ce qui les concernait, de respecter cette minute, indépendamment de la réaction des élèves (interprétation de Cripure). La phrase n'est pas claire et prête à confusion.

Je voyais la 1re interprétation. Si j'étais restée dans ma zep avec 90% d'élèves de confession musulmane, je me serais portée pâle le 8 janvier. Je sais, c'est pas bien, mais bon.

Quand même, quand on lit cet article, on ne peut s'empêcher de se demander comment on a fait pour en arriver là.  

Quel gâchis.

Gryphe a écrit:Quand même, quand on lit cet article, on ne peut s'empêcher de se demander comment on a fait pour en arriver là.  

Quel gâchis.

Oui !
Mais franchement, c'est grave d'en arriver là.
Et que ces propos soient acceptés sans autre réaction, comment dire ???
Le discours du proviseur et le fait qu'il baisse la tête (pour ne pas voir ce qui se passe, si je comprends bien) pendant la minute de silence sont consternants.

Comme quoi les concours personnels d'encadrement/direction ne sont peut-être pas à la hauteur des circonstances...

Celadon a écrit:Comme quoi les concours personnels d'encadrement/direction ne sont peut-être pas à la hauteur des circonstances...

Qui peut vraiment être à la hauteur des circonstances ?  
Pour le coup, les CDE se sont vraiment (globalement) mobilisés sur ces questions. Je n'arrête pas de recevoir des notifications dans ma boîte mail d'articles sur CDE et valeurs de la République (alors que d'habitude, j'en reçois assez peu).
De fait, c'est ce que j'ai vécu pour moi-même. Quand il se passe quelque chose de grave : se recentrer sur les valeurs de la République, rassurer, rassembler, protéger, expliquer, convaincre, rassembler encore et toujours.
Mais j'ai la chance d'être dans un établissement plus facile que ceux qui sont cités dans divers topics ces jours-ci.

Celadon a écrit:Comme quoi les concours personnels d'encadrement/direction ne sont peut-être pas à la hauteur des circonstances...

S'ils ne sont pas davantage soutenus par leur hiérarchie que nous, les meilleurs d'entre eux n'ont que bien peu de chance d'être à la hauteur.

Vous avez raison Gryphe, ce n'est pas facile.
Mais doit-on baisser la tête devant les manifestations d'intolérance et laisser faire pour éviter les problèmes ?
Je pense tout de même que nous aurions tous intérêt à relever la tête et à réagir.
Bon allez, je vais me changer les idées en allant voir... Timbuktu ! :lol:

Gryphe a écrit:

Celadon a écrit:Comme quoi les concours personnels d'encadrement/direction ne sont peut-être pas à la hauteur des circonstances...

Qui peut vraiment être à la hauteur des circonstances ?  
Pour le coup, les CDE se sont vraiment (globalement) mobilisés sur ces questions. Je n'arrête pas de recevoir des notifications dans ma boîte mail d'articles sur CDE et valeurs de la République (alors que d'habitude, j'en reçois assez peu).
De fait, c'est ce que j'ai vécu pour moi-même. Quand il se passe quelque chose de grave : se recentrer sur les valeurs de la République, rassurer, rassembler, protéger, expliquer, convaincre, rassembler encore et toujours.
Mais j'ai la chance d'être dans un établissement plus facile que ceux qui sont cités dans divers topics ces jours-ci.

Je suis d'accord sur ce point. Mon CDE actuel va réunir le conseil pédagogique pour tenter de trouver un angle d'approche de ces questions.

Par contre, là où j'hallucine vraiment, c'est que nous avons vu resurgir la fameuse charte de la laïcité dans certains établissements, elle est bien en évidence désormais. Ceci-dit, elle a été "balancée" aux établissements sans aucun travail en amont pour permettre aux enseignants de mettre en place des actions. Mon ancien CDE a dit texto "ce sont aux profs de LHG, ils ont l'habitude de ces questions" :shock: .

MUTIS a écrit:Mais doit-on baisser la tête devant les manifestations d'intolérance et laisser faire pour éviter les problèmes ?

C'est pour cela que je m'intéresse à l'affaire Villon...

J'ai rencontré M. Kacimi quand j'étais remplaçante à St Ouen. Il était venu présenter un de ses romans pour la jeunesse à mes 5e. Je suis bien contente que des progressistes tel que lui ose parler.

Par contre, j'ai vu un reportage sur un lycée musulman, des élèves calmes, un prof très ouvert, un vrai dialogue.

roxanne a écrit:Par contre, j'ai vu un reportage  sur un lycée musulman, des élèves calmes, un prof très ouvert, un vrai dialogue.

Peut-être l'auteur de cet article :

http://www.liberation.fr/societe/2015/01/14/aujourd-hui-le-prophete-est-aussi-charlie_1180802

roxanne a écrit:Par contre, j'ai vu un reportage  sur un lycée musulman, des élèves calmes, un prof très ouvert, un vrai dialogue.

moi aussi. Et que j'aimerais que mes élèves de lycée s'expriment aussi bien que ces gamins...