- e-WandererGrand sage
Hier après-midi, je me suis rendu dans une banlieue tranquille du sud de Paris. Rue déserte. Sur le trottoir d'en face, trois gamins, je dirais 10-12 ans, qui criaient "Je suis musulman, je suis Al-Qaida, Je suis Coulibaly" (c'était comme une sorte de jeu entre eux, aucune agressivité à mon égard, je crois qu'ils ne m'ont même pas remarqué). Clairement immatures, mais je plains quand même leurs professeurs…
- egometDoyen
kero a écrit:egomet a écrit:kellogs a écrit:@kero
C'était pour répondre aux inquiétudes d'enfants qui me demandaient si la guerre allait arriver sur notre sol et pour les rassurer. On peut remonter au delà de 200 ans, non ? J'ai expliqué que la France et le Royaume-Uni (l'Angleterre) étaient les deux plus vieilles nations en Europe, pour les rassurer. La question d'origine d'un enfant était "La France va-t-elle disparaître si les combattants du djihad arrivent sur notre sol". Alors j'ai posé la question concernant l'ancienneté de notre nation ...
A l'attention des professeurs d'histoire :
www.neoprofs.org/t85921-reference-a-l-islam-politique-en-cours-d-histoire
Ne répondez pas si vous n'êtes pas prof. d'histoire.
Ce n'est pas parce qu'on est plus vieux qu'on est moins mortel...
Certes, il y a des seuils critiques. L'ancienneté peut indiquer une certaine solidité... ou une certaine usure.
Pour les individus, on a une forte probabilité de mourir avant 5 ans ou après 70 ans.
Pour les pays, peuples, civilisations, régimes politiques je ne sais pas quels sont les seuils.
Je dirais surtout, moi, que la métaphore biologiste montre ici sa limite. Une civilisation, un pays, une nation, sont moins des organismes qui naissent, vivent et meurent, que des entités qui connaissent des transformations incessantes.
On ne peut pas réellement donner une date de naissance la la "nation France". Quoi qu'en pensent les défenseurs invétérés du roman national.
Accessoirement, l'élève qui répond "200 ans, monsieur", n'a pas totalement tort.
Tout ce que tu dis est juste, et toute métaphore a ses limites. Toutefois, un organisme vivant aussi se renouvelle en permanence.
Il existe une autre naïveté, qui serait de croire que les civilisations ne font que se transformer et qu'elles laissent toujours un héritage. Il y a aussi de vrais effondrements.
Bien plus, si on s'en tient à une organisation politique ou à un corpus de lois, il y a nécessairement un moment où ça finit par se scléroser, par se détruire de l'intérieur. On peut préférer parler d'Antiquité tardive plutot que de décadence romaine. Il n'empêche qu'il est bel et bien arrivé un moment où l'on a cessé de croire en Rome. Ou plutôt de faire semblant d'y croire. Ce qui est intéressant dans ce débat, c'est de constater que l'effondrement politique suit de peu de grandes réalisations. Comme si la réalisation de ces derniers chefs d'oeuvre, puis la simple maintenance de l'héritage, avaient englouti l'essentiel des ressources, en ne laissant que très peu de capacités de mobilisation. Une manifestation de la loi des rendements marginaux décroissants, en somme.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- IphigénieProphète
Peut-être que le sens des nuances qui accompagne toute culture élaborée la réduit à ne plus être accessible qu'à une petite minorité et la rend plus faible que la virulence de l'inculture de masse: c'est tout le désespoir de Zweig dans le Joueur d'échecs.
- egometDoyen
Iphigénie a écrit:Peut-être que le sens des nuances qui accompagne toute culture élaborée la réduit à ne plus être accessible qu'à une petite minorité et la rend plus faible que la virulence de l'inculture de masse: c'est tout le désespoir de Zweig dans le Joueur d'échecs.
C'est une évidence.
Et plus encore qu'un problème d'accessibilité, c'est un problème de volonté. Le savoir est une belle chose, mais il est coûteux, coûteux en temps, en fatigue, et surtout en inquiétude. Accéder au savoir comporte un risque de se perdre.
Le sentiment de n'avoir plus rien à gagner dans l'approfondissement d'un sujet nous prend plus ou moins tôt, mais il touche tout le monde à un moment ou à un autre, dans certains domaines un peu plus vite que dans d'autres. Certains ont une passion pour leur spécialité et continuent dans leur spécialité toute leur vie, mais en abandonnant tout le reste à l'opinion.
Au fond, il y a un moment ou nous ne voulons plus savoir. "Passe-moi les détails, ça me fatigue."
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Ubi bene, ibi patria.
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- almuixeNeoprof expérimenté
A ce propos, un journal un peu hors norme a publié un entretien avec un professeur en zep dans le Nord-Pas de Calais, entretien que j'ai bien aimé pour sa franchise et son combativité.
Pour lui, il est très clair qu'une partie des jeunes de banlieue sont dans un univers mental très différent de celui des français en général. Et évidemment on le traite de raciste !
http://dailynord.fr/2015/01/damien-professeur-de-francais-il-faut-affronter-les-eleves-pour-leur-apporter-la-lumiere/
Pour lui, il est très clair qu'une partie des jeunes de banlieue sont dans un univers mental très différent de celui des français en général. Et évidemment on le traite de raciste !
http://dailynord.fr/2015/01/damien-professeur-de-francais-il-faut-affronter-les-eleves-pour-leur-apporter-la-lumiere/
Damien, professeur de français : « Il faut affronter les élèves pour leur apporter la lumière »
A l’heure où le gouvernement présente ses mesures pour réaffirmer la laïcité à l’école suite aux attentats de début janvier, nous avons rencontré Damien (*), 37 ans, professeur de français depuis quinze ans dans un collège roubaisien considéré comme l’un des plus difficiles de France. Des élèves boursiers pour la plupart, d’origine maghrébine à plus de 80%, le reste étant constitué de « Khalouchs » (les Noirs) et de « Gwères » (les Blancs). Témoin de l’abandon par l’école de certaines valeurs républicaines, Damien, qui se revendique de gauche, ne décolère pas contre une institution aujourd’hui totalement décrédibilisée aux yeux de ses élèves.
DailyNord : Comment s’est passée votre journée le lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo ?
Damien : Sur le coup, j’espérais que les élèves ne m’en parlent pas le jour même. J’étais tellement abattu que je savais que j’allais péter un plomb si l’un d’eux me sortait une connerie.
DailyNord : Des « conneries », depuis deux semaines, il y en a eu ?
Damien : Oui : ceux qui ont rigolé pendant la minute de silence, ceux qui font mine de tirer à la kalachnikov… L’un d’eux m’a dit qu’il était trop jeune, mais qu’il aurait fait la même chose que les frères Kouachi. La semaine dernière, le couloir de l’école était taggué de croix gammées avec des inscriptions « Nique Charlie » et « Vive Al Qaïda ». En général, on tait ce genre d’incidents. Pour avancer dans leur carrière, les chefs d’établissement doivent faire le moins de vagues possibles et ils ne disent rien. Quant aux profs, certains d’entre eux ont peur de passer pour mauvais s’ils relatent leurs problèmes en classe. Sans parler des démissionnaires qui, à force, ont fini par banaliser ce genre d’incidents. Ça explique pourquoi le rectorat n’a mentionné qu’un incident dans le Nord-Pas de Calais après les attentats… avant de se rendre compte qu’il allait se ridiculiser et de demander aux chefs d’établissement de témoigner vraiment pour une fois.
DailyNord : Vous allez donc les chercher sur ce terrain délicat qu’est la religion ?
Damien : Bien sûr. Il faut les affronter pour leur apporter les lumières. Je mets les pieds dans le plat et je ne me gêne pas pour provoquer une réaction qui permet d’ouvrir le débat : je dessine Dieu au tableau, je leur montre L’origine du monde de Courbet.
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- coindeparadisGuide spirituel
C'est bon de lire cela !!! Je me sens moins seule à raisonner ainsi !
DailyNord : Vous sentez-vous soutenu dans cette démarche ?
Damien : Absolument pas. Tout ça vient d’une démarche personnelle. Pendant des années, l’école a encouragé le repli communautaire. On nous a demandé de faire des projets tournés vers le vécu des élèves: travailler sur leurs origines, raconter leurs vacances au bled, écrire des morceaux de rap, organiser des classes foot. Eux, eux, eux, toujours eux ! On leur parle d’eux tout le temps, de leur identité, de leur communauté, au lieu de leur montrer ce qu’il se passe ailleurs ! Les quartiers sont devenus des ghettos parce qu’on n’exige plus rien de ces gamins. A force de tout psychologiser, on leur trouve des excuses. Le discours de victimisation de l’Education nationale a complètement décrédibilisé l’institution.
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
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