Vague terroriste : mes élèves croient au complot contre les musulmans. Que leur répondre ?

Avec Cripure, on ne sait pas toujours si c'est du lard ou du cochon de l'agneau ou du mouton.

Dimka a écrit:

LouisBarthas a écrit:

JaneB a écrit:Et des élèves qui font une caricature de vous en tant que profs? On salue leur insolence au nom de la liberté d'expression? Ou on se dit que des limites ont été franchies?
Cette notion de " liberté d'expression" est infiniment complexe, non?

Et alors, quelle conclusion en tirez-vous ? il est normal qu'on les ait assassinés ?

Ce serait peut-être intéressant de lire ce que les gens écrivent réellement, et non ce qu’on a envie de lire ou ce que l’on fantasme. Personne n’a tenu les propos ici sous-entendus.

Merci! Evidemment que je suis la première à condamner cette tuerie...

JaneB a écrit:Et des élèves qui font une caricature de vous en tant que profs? On salue leur insolence au nom de la liberté d'expression? Ou on se dit que des limites ont été franchies ?
Cette notion de " liberté d'expression" est infiniment complexe, non?

Oui, cette notion de "liberté d'expression" est très complexe, mais le cas d'école soulevé ici ne l'est pas : à moins de suivre la doxa pédagogiste, le rapport entre élève et professeur n'est pas symétrique, la salle de classe n'est pas une démocratie et la parole est censée y être encadrée.
Cela dit, une caricature, si elle n'est pas insultante, on peut laisser passer...

kero a écrit:Il y a un paradoxe entre le fait d'ériger l'insolence, la désobéissance, le refus des symboles et des règles établies, au rang de vertus majeures, et la constatation que ce processus est, au final, destructeur. On est censés enseigner aux élèves les vertus de la révolte, mais condamner la leur.

Ce que me disait hier un ami. Certains criaient "CRS = SS", lorsqu'il était question de condamner la mort de Rémi Fraisse, et les mêmes encensent les forces de l'ordre aujourd'hui.

On revient à la problématique des deux poids/deux mesures dont il a déjà été question. On peut cracher sur les policiers lorsqu'ils matent un coup de force écologiste, mais heureusement qu'ils sont là lorsque la révolte vient des banlieues. On baigne en plein imaginaire de la révolte pensée dans les termes classiques (Révolution française, 1830, 1848, 1968), mais la société établie, qui est fille de ces révoltes et en conserve la mémoire, mais se trouve maintenant dans la position socialement supérieure, ne veut admettre que les nouvelles franges marginalisées de la société (qui ne sont plus les ouvriers travaillant dans les mines, mais les populations immigrées placées en position de ségrégation), fassent la leur.

Paradoxes de la société contemporaine...

NB: bien évidemment, je ne range pas l'acte de mercredi dans la catégorie "révolte". (qu'on soit clairs...)

Le terme "ségrégation" n'est-il pas disproportionné et inadapté à la situation française ?

Aspasie a écrit:

Rendash a écrit:On peut montrer ce dessin à ces élèves :

Volontiers... si toutefois quelqu'un peut me traduire le texte qui accompagne l'image... car ma connaissance de l'arabe, malheureusement, se limite au nom d'Allah.

nitescence a écrit:Précisément, si ça avait été le cas, on aurait trouvé plus crédible : le côté invraisemblable prouve précisément que ça n'a pas été inventé...

credo quia absurdum... belle ironie non ? Mais la logique reste la même : ce qui veut passer pour vrai prend toujours les allures du vraisemblable. Et paradoxalement, plus une chose est absurde, plus elle est donc crédible. C'est un topos de la psychologie, mais c'est aussi quelque chose qu'on peut expliquer aux élèves.

Bonjour,
En fait il y a écrit : "Nous nous vengerons ainsi de ceux qui ont tués les dessinateurs de charlie hebdo.

e-wandererer super dessin, il vient d'où ? Je n'ai pas pu acheter Charlie Hebdo ce matin si c'est un extrait...

Serviteur a écrit:

Aspasie a écrit:

Rendash a écrit:On peut montrer ce dessin à ces élèves :

Volontiers... si toutefois quelqu'un peut me traduire le texte qui accompagne l'image... car ma connaissance de l'arabe, malheureusement, se limite au nom d'Allah.

Bonjour,
En fait il y a écrit : "Nous nous vengerons ainsi de ceux qui ont tués les dessinateurs de charlie hebdo.

Merci beaucoup

Nicolatsar a écrit:e-wandererer super dessin, il vient d'où ? Je n'ai pas pu acheter Charlie Hebdo ce matin si c'est un extrait...

Je ne sais pas, je l'ai trouvé sur un autre forum (qui n'a absolument rien à voir avec ce genre de discussions, d'habitude).

Bon, clairement il n'y a pas que les élèves qui croient au complot : Libération nous apprend qu'une enseignante d'anglais tient un blog 'complotiste', expose ses théories à ses élèves, se flatte de son audience... Dommage, son prénom a été modifié et l'adresse de son blog non divulguée, pour éviter sa mise à pied?
http://www.liberation.fr/societe/2015/01/20/severine-infatigable-pourfendeuse-du-systeme_1185020
(Désolé, article réservé aux abonnés... peut-être disponible gratuitement dans quelques jours?)

Edgar a écrit:On n'est surtout pas sortis de l'auberge avec une partie de ces gens, vraiment pas sortis de l'auberge et pas prêts de réparer la fracture indiscutable avec eux. On a bien longtemps péché par excès d'optimisme. Ces théories du complot à la mode deviennent grotesques et la marque systématique d'esprits mal en point.

Pas du tout d'accord. Cette volonté d'unanimisme fait le terreau du totalitarisme. La diversité des opinions est saine et l'esprit critique, d'après les textes, doit être valorisé par l'école. Il faut arrêter de médicaliser les idées contraires. Comme si nous vivions dans un système si transparent et parfait qu'aucun complot ne pourrait s'y développer.

Les complots, conjurations et attentats/assassinats sous faux drapeaux existent depuis qu'il y a des gouvernés et des gouvernants. Tant qu'il en sera ainsi, les gouvernants auront intérêt à cacher des choses aux gouvernés. Aujourd'hui, le canal de la vérité vraie appartient à la presse d'Etat (publique ou subventionnée) ou celle des industriels, également subventionnée (sauf les gratuits). Tant qu'il en sera ainsi, certains gouvernants auront des doutes sur les récits qu'on leur vendra.

Les fausses accusations aussi existent. Souvenons-nous de l'incendie de Rome sous Néron en 64 ou celui du Reichstag en 1933.

L'assassinat du dessinateur palestinien Naji Al-Ali en 1987 avait d'abord été attribué à l'OLP. 10 mois plus tard, l'enquête de la police britannique menait au Mossad et une crise diplomatique entre la Grande-Bretagne et Israël éclatait...

Pour moi, la seule chose que nous savons dans nos démocratures modernes c'est que nous ne savons pas grand chose.

Le numéro de Courrier international de la semaine dernière (sur l'islam) est une mine

L'adolescent par nature réagit davantage par sentiment que par raison, d'où son émoi exacerbé pour les amourettes, les films d'horreur et les mysticismes en tout genre (le gothique, série Twilight, la mort, le sang, la douleur et ses scarifications...).
Des pensées jouant sur des notions de complots (Illuminatis, loges judéo-maçonniques, sectes ésotériques...) ont en ce sens beaucoup d'impact sur leur sensibilité car véhiculant les mêmes influx émotifs (frayeurs, pouvoirs, domination, soumission).

Le plus marrant c'est que la culture mainstream aux réseaux de diffusion bien établis, joue également en ce sens. Le cinéma américain et ses séries sont les rois du scénario complotiste, en France les journalistes accrochés à leurs chaises musicales deviennent les "chiens de garde" de leurs patrons, distillant une information lisse et bien loin de l'investigation, souci d'enquête peu médiatisé sauf sur internet et relayé immédiatemment au moindre soupçon de censure...
En somme le savant de la bien-pensance ne cesse de créer des monstres qui de fait lui échappent...

Olympias a écrit:Le numéro de Courrier international de la semaine dernière (sur l'islam) est une mine

Le hors-série ?

Roumégueur Ier a écrit:Bon, clairement il n'y a pas que les élèves qui croient au complot : Libération nous apprend qu'une enseignante d'anglais tient un blog 'complotiste', expose ses théories à ses élèves, se flatte de son audience... Dommage, son prénom a été modifié et l'adresse de son blog non divulguée, pour éviter sa mise à pied?
http://www.liberation.fr/societe/2015/01/20/severine-infatigable-pourfendeuse-du-systeme_1185020
(Désolé, article réservé aux abonnés... peut-être disponible gratuitement dans quelques jours?)

Une enseignante de l'EN, identifiée clairement, qui tient ces propos là officiellement sur un blog !

JaneB a écrit:

Dimka a écrit:

LouisBarthas a écrit:
Et alors, quelle conclusion en tirez-vous ? il est normal qu'on les ait assassinés ?

Ce serait peut-être intéressant de lire ce que les gens écrivent réellement, et non ce qu’on a envie de lire ou ce que l’on fantasme. Personne n’a tenu les propos ici sous-entendus.

Merci! Evidemment que je suis la première à condamner cette tuerie...

Justement, quand j'étais ado des caricatures circulaient (et j'en ai moi même dessiné). D'une part non seulement la relation prof/élève n'est pas symétrique et on m'avait bien fait comprendre que je ne devais pas en faire pendant les cours (ce qui est normal) mais d'autre part certains profs étaient friands de nos dessins, certains ont été publiés dans un journal au lycée (l'un des caricaturistes avait beaucoup de talent même si depuis il a fait carrière dans un tout autre domaine) et les professeurs ont toujours été très fair play (même le proviseur avait été croqué et ornait la couverture du journal qui était vendu en toute légalité dans l'enceinte de l'établissement). Et même dans le lycée sévère de mon père dans les années 50 il nous racontait des spectacles de fin d'année où les élèves se déguisaient et imitaient les professeurs, qui apparemment appréciaient la plaisanterie.
Au contraire je pense que le fait que ces caricatures soient bien passées montre qu'il y avait un réel climat de respect de part et d'autre dans ces établissements, et pour ma part j'aurais mieux supporté des caricatures talentueuses et signées que des insultes lâchement écrites au tableau quand j'étais prof.