Comment évaluez-vous une copie illisible ?

J'ai  tendance à être indulgente envers les élèves qui écrivent mal; il est vrai que j'écris très mal depuis toujours...Déjà, à l'école primaire, mes notes n'étaient pas bonnes dans ce domaine.
Certes, le choix du stylo est important (je privilégie les pilotes) mais cela ne fait pas tout...
Ecrire à peu près correctement me demande énormément de temps, ce n'est pas toujours possible !

Longyearbyen's lover a écrit:Une copie mal écrite est plus longue à corriger qu'une autre. Perder du temps pour des petits cochos, quelle galère ! Avant, les profs déchiraient les copies.
Déchirer et mettre zéro, quelle tentation !
Mais comme on est à l'ère ne-me-dites-rien-qui-puisse-m'offenser, les profs corrigent quand même.

Il va falloir trouver une version moderne et pédagogiquement correcte du "déchirer et mettre 0" : peut-être rendre une copie non corrigée et non notée, avec écrit dessus "je n'arrive pas à lire" ?

Oliv396 a écrit:Je viens de découvrir qu'il y a des cycles de rééducation de l'écriture pour les adultes dysgraphique. Pas encore reconnu, mais en plein développement, apparemment. Je vais signaler cela à la rentrée à mes étudiants, après, ils font ce qu'ils veulent avec l'info.

De quoi parles-tu précisément Oliv396? Que sont ces cycles?

En tout cas, vu que c'est mon job, comme Rikki, je peux vous dire qu'une écriture se rééduque quelque soit l'âge. La motivation est évidemment importante mais c'est possible. Avoir une écriture illisible n'est en aucun cas une fatalité, pour peu qu'on trouve l'aide adéquate.

En fait, une collègue m'a donné l'adresse d'un orthophoniste qui fait de la rééducation sur "un cycle" de 10 séances.

Oliv396 a écrit:En fait, une collègue m'a donné l'adresse d'un orthophoniste qui fait de la rééducation sur "un cycle" de 10 séances.

Tu nous diras ? Je n'ai jamais entendu parler de "cycle de rééducation" et personnellement je rééduque les adultes en 3 à 5 séances d'habitude, mais si ça marche ça m'intéresse de le savoir.

Le cycle de 10 ressemble au principe de prise en charge orthophonique...

Serge a écrit:

Ajupouet a écrit:Une copie illisible n'a pas à être corrigée ni évaluée. Point.

Que proposes-tu alors ?
Si l'élève te rend cela à la fin de l'heure, et que tu ne l'évalues pas, il sera tenté de recommencer (dans l'optique que le contenu soit à l'avenant du gloubiboulga visuel).
Il préfèrera sans doute ne pas être évalué qu'avoir une mauvaise note et sera d'autant plus tenté de ne pas améliorer son écriture. Il aurait d'ailleurs tout à y gagner dans ce cas.

Je note qu'on ne m'a toujours pas dit comment je peux évaluer ce que je ne peux pas lire.

JPhMM a écrit:
Je note qu'on ne m'a toujours pas dit comment je peux évaluer ce que je ne peux pas lire.

Es-tu le seul à ne pas pouvoir lire cet élève? Comment font les autres profs avec ce gamin?

Cébès a écrit:Quand un élève rend des copies illisibles, je pense qu'il vaut mieux lui donner deux trois tuyaux pour qu'il écrive mieux, comme
- changer de stylo
- se redresser
- tenir son stylo autrement.

S'il le fait et que l'écriture laisse toujours à désirer, c'est que c'est autre chose que de la mauvaise volonté, donc il lui faut un suivi.

- s’entraîner (apprendre) à bien écrire. Quelques heures d’entraînement suffisent aux élèves qui n’ont tout simplement pas appris ou mal appris (je ne parle pas de ceux qui ont des besoins particuliers).
Il y a des cahiers d’exercices qui sont bien faits et ça peut aider.

Boubous a écrit:

Cébès a écrit:Quand un élève rend des copies illisibles, je pense qu'il vaut mieux lui donner deux trois tuyaux pour qu'il écrive mieux, comme
- changer de stylo
- se redresser
- tenir son stylo autrement.

S'il le fait et que l'écriture laisse toujours à désirer, c'est que c'est autre chose que de la mauvaise volonté, donc il lui faut un suivi.

- s’entraîner (apprendre) à bien écrire. Quelques heures d’entraînement suffisent aux élèves qui n’ont tout simplement pas appris ou mal appris (je ne parle pas de ceux qui ont des besoins particuliers).
Il y a des cahiers d’exercices qui sont bien faits et ça peut aider.

Au lycée ou dans le supérieur ??? Je ne proposerais jamais ces supports ...

Boubous, les cahiers de primaire ne sont pas adaptés, un collégien ( ou pire un lycéen) ne peut se permettre de ralentir son écriture , il doit prendre ses cours.... Sans même parler de cette histoire de vitesse, rien de tel pour dégoûter un ado que de lui proposer un cahier de primaire.  
Et puis si ces cahiers avaient dû marcher, ils écriraient bien, les parents leur en ont acheté un paquet pour les vacances d'été le plus souvent.
Quant à " tenir son stylo autrement" , certes. Mais quand l'écriture est automatisée , changer sa tenue de crayon alors que l'on doit écrire plusieures heures par jour est mission impossible ( ou peu s'en faut) sans aide extérieure.
On en revient donc à leur faire comprendre qu'il faut une aide extérieure, que ce soit une prise en charge en rééducation ou l'usage d'un ordi.

Boubous, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt les liens donnés pour la rééducation en écriture mais de quel cahier parles-tu ?

Bien que nous ne soyons pas des professionnels, il n'y a pas d'offre de ce type dans mon secteur et les rdv avec orthophonistes sont souvent le parcours du combattant, sans compter que beaucoup de parents auraient surtout envie qu'on accompagne leurs enfants nous-mêmes - du coup, nous envisageons une sorte d'atelier mis en place par nous-mêmes (pas pour les élèves à besoins particuliers, comme les dys, car eux sont souvent pris en charge, mais pour des élèves qui, simplement, écrivent mal).

Ecriture CE1
Marie Louise Meckert
Hatier - 2001

C’était le cahier d’écriture de ma fille aînée, mais j'imagine qu'il y a des éditions plus récentes.
Sa sœur (en première) et son cousin (en quatrième) l’ont utilisé l’année dernière pendant les vacances de la Toussaint (2 X 1 heure pendant 5 jours). Le résultat était clairement visible et je pense qu’ils en étaient très satisfaits.
Vous pensez vraiment qu’on va plus vite quand on écrit mal ?
Donc, je pense que l’argument "il doit prendre son cours" ne tient pas.

Merci !

JPhMM a écrit:Je note qu'on ne m'a toujours pas dit comment je peux évaluer ce que je ne peux pas lire.

Tu mets illisible, avec 0 et si tu es de bonne humeur tu lui demandes de recopier proprement durant le cours afin de noter. Puis, tu fais la moyenne des deux (en gros, tu divises la note par deux). Il n'est pas content, pas grave, tu n'enseignes pas le grec ancien... Au mieux, il ferait bcp mieux à partir de maintenant, au pire, tu auras une copie à corriger en moins !

JPhMM a écrit:Je note qu'on ne m'a toujours pas dit comment je peux évaluer ce que je ne peux pas lire.

Tu ne peux pas, donc pas de points.

Bouboule a écrit:

JPhMM a écrit:Je note qu'on ne m'a toujours pas dit comment je peux évaluer ce que je ne peux pas lire.

Tu ne peux pas, donc pas de points.

Il y a consensus la dessus.
Le débat si j'ai bien suivi est que veut dire "pas de points"? zéro ou non noté?

balthamos a écrit:

Bouboule a écrit:

JPhMM a écrit:Je note qu'on ne m'a toujours pas dit comment je peux évaluer ce que je ne peux pas lire.

Tu ne peux pas, donc pas de points.

Il y a consensus la dessus.
Le débat si j'ai bien suivi est que veut dire "pas de points"? zéro ou non noté?

S'il ne peut pas trancher, c'est qu'il n'a pas d'élément expliquant que ce soit illisible. C'est donc zéro (pour moi).

J'ai trouvé ça sur le site d'un orthophoniste :



Je me suis interrogé sur la formule "note de dégradation" - qui semble évoquer un pratique pas vraiment dans l'air du temps, en termes de notation.

Boubous a écrit:Ecriture CE1
Marie Louise Meckert
Hatier - 2001

C’était le cahier d’écriture de ma fille aînée, mais j'imagine qu'il y a des éditions plus récentes.
Sa sœur (en première) et son cousin (en quatrième) l’ont utilisé l’année dernière pendant les vacances de la Toussaint (2 X 1 heure pendant 5 jours). Le résultat était clairement visible et je pense qu’ils en étaient très satisfaits.
Vous pensez vraiment qu’on va plus vite quand on écrit mal ?
Donc, je pense que l’argument "il doit prendre son cours" ne tient pas.

Je ne connais pas ce cahier, je vais jeter un oeil, merci.
Question : aurais-tu qualifié l'écriture des deux ados dont tu parles d'illisible?
Au delà d'un certain stade, les cahiers de vacances sont illusoires. Cela ne veut évidemment pas dire qu'ils sont toujours inutiles.

Tu as raison de dire qu'on n'écrit pas nécessairement plus vite quand on écrit mal, c'est même souvent le contraire, je vais donc préciser mon propos. L'écriture, passé le stade dit calligraphique, est un geste automatisé. On ne réfléchit plus, on pense à la lettre que l'on doit écrire, et elle se retrouve sur le papier, notre main a bougé pour faire cela. D'ailleurs, ton écriture ne ressemble pas à la mienne, et j'aurais un mal de chien à me faire passer pour toi sur le papier.
Pour écrire bien, un mauvais scripteur ralentit parce qu'il n'utilise pas cette écriture automatique et qu'il doit réfléchir et se forcer pour utiliser de meilleurs gestes, mais qui ne sont pas spontanés. Ainsi, écrire bien un cours dicté est impossible, les mauvaises habitudes sont là!
C'est là tout le travail de rééducation: automatiser de nouveaux gestes.

Pour ma part, j'ai appris à bien écrire. Je suis donc encore capable de calligraphier. Mais je le fais rarement. Je suis prêt à faire de gros effort pour déchiffrer les copies. Mais quand je ne peux pas, je ne peux pas...

Oliv396 a écrit:J'ai trouvé ça sur le site d'un orthophoniste :



Je me suis interrogé sur la formule "note de dégradation" - qui semble évoquer un pratique pas vraiment dans l'air du temps, en termes de notation.

Je connais bien ce test, que je n'aime pas. On obtient effectivement une note de dégradation, ce qui veut dire que plus la note est élevée, moins l'écriture est lisible, tout simplement.
Les items qui sont observés et cotés permettent de mettre un chiffre sur le fait que l'écriture est franchement moche. Mais le test ne dit absolument rien sur la cause de ce problème d'écriture, ni surtout sur le moyen d'y remédier.

henriette a écrit:
Par contre, ce que je vois, ce sont des élèves qui écrivent lentement, et/ou qui fatiguent très vite, car ils tiennent leur stylo n'importe comment, et sont complètement crispés. Leur écriture est lisible, mais pas du tout fluide, et ils souffrent visiblement lorsqu'il doivent "gratter" pendant une heure. Des élèves comme ça, j'en rencontre de plus en plus souvent au collège.

Voilà, un comme ça, j'en ai un, et un seul sur ces dernières années. Dont j'ai réussi à convaincre la famille de trouver quelqu'un pour une rééducation (je le suis depuis 2 ans) car c'est le meilleur élève de la classe et il a souffert d'être considéré comme un attardé durant tout son collège.

Je n'ai pas d'élève qui écrit vraiment mal, le plus gros soucis que j'ai, c'est quand ils écrivent en turquoise au stylo à bille, mais je n'ai pas de "gros cochon de l'écriture". C'est pour ça que je vois d'abord les solutions simples. Pour les cas plus embêtants, il faut une rééducation.
Pour ma part, je n'ai jamais eu une belle écriture. Je me suis toujours efforcée d'être lisible, mais ce ne sera jamais joli. Donc je ne leur en veux pas pour l'écriture, sauf quand c'est vraiment un torchon (tâches, ratures, pâtés avec le blanc).

Personnellement je note en fonction de ce que j'ai pu déchiffrer. Mais vu que mon public est constitué de migrants, je n'ai pas le choix car certains d'entre n'ont pas encore complètement intégré l'alphabétisation...

Ajupouet a écrit:Je ne connais pas ce cahier, je vais jeter un oeil, merci.
Question : aurais-tu qualifié l'écriture des deux ados dont tu parles d'illisible?
Au delà d'un certain stade, les cahiers de vacances sont illusoires. Cela ne veut évidemment pas dire qu'ils sont toujours inutile.

Les deux avaient une mauvaise écriture qui ne respectait pas les règles et les normes élémentaires. Donc, la correction était nécessaire même s’ils écrivaient encore lisiblement.

Les cahiers d’écriture de Hatier sont des cahiers d’apprentissage et d’entraînement ; ça n’a rien à voir avec les cahiers de vacances (à utiliser sur la plage, à ne jamais terminer, à jeter dès la première occasion).